LES CHUTES DE BANCA EN 1929.
Le ruisseau Banca se jette dans la Nive des Aldudes.
Voici ce que rapporta à ce sujet M. Rocq dans le Bulletin N°12 de la Société des Pêcheurs de la
Nive :
"L'enquête sur les chutes de Banca.
Nous sommes convaincus que, après cette inspection, il ne pourra que conclure à la nécessité de maintenir nos rivières "merveilleuses pour la truite", nous ajoutons "merveilleuses pour le saumon", et pour cela il faudra qu'on leur laisse leur débit naturel.
Un point intéressant fut enregistré ; devant toutes les personnalités officielles, le représentant de la Société des Chutes de Banca, dont l'avis fut corroboré par M. le professeur Roule, déclara que la Nive de Baïgorry produisait plus de cent kilos de truites par kilomètres et par an.
Nous avons énuméré tous les travaux de pisciculture effectués depuis cinq ans, principalement dans la Nive de Baïgorry.
Chacun sait les dizaines de milliers d'alevins qui sortent chaque année de nos piscicultures pour cette seule rivière, nos comptes rendus sont publiés, et nous avons eu notamment pour Urepel, plusieurs articles de journaux très élogieux émanant de correspondants locaux.
A la suite de cette enquête, je fus invité à fournir un rapport détaillé.
Je l'ai fait aussi scrupuleusement que possible, le rapport lui-même a douze pages dactylographiées, mais avec les annexes il atteint 45 pages, plus les extraits de nos bulletins ; nos camarades peuvent en consulter un exemplaire au bureau de Bayonne.
Je donne ici un résumé succinct des annexes.
La première est une enquête faite auprès des inscrits maritimes de Bayonne, en présence de M. l'administrateur en chef de l'Inscription maritime.
Cette enquête indique que les montées de saumon se capturaient non seulement dans la basse Nive, mais entre le confluent et la Barre et encore lors des crues de la Nive dans l'Adour entre le pont Saint-Esprit et le pont de Mousserolles ; c'est là que le saumon est refoulé. De plus, les inscrits signalaient que les montées en Nive vont en augmentant et que cette année en particulier il a été pris autant de saumons dans la seule basse Nive que dans tout l'Adour.
C'est là un point capital.
La deuxième annexe comprend les rapports de notre directeur des piscicultures, M. Antchartechahar, garde commissionné des Eaux et Forêts, sur les frayères de saumon relevées par lui chaque année sur mes ordres.
Ces relevés faits depuis 1925-1926 ont une importance considérable.
Au 21 janvier 1926 on relevait dans la Nive, d'Arrossa aux Trois-Eaux (pool. 1) : 32 grandes frayères ; sur la Nive d'Arnéguy, six frayères jusqu'au barrage Haramburu ; sur la Nive d'Esterençuby, trois frayères des Trois-Eaux au barrage Anxo ; sur le Laurhibar, trois frayères jusqu'au barrage Haramburu.
Sur la Nive de Baïgorry : huit grandes frayères jusqu'à Eyhéralde.
Pour la saison 1926-1927 on relevait au 3 janvier :
Trente grandes frayères d'Arrossa à la digue Inchauspé à Saint-Jean-Pied-de-Port ; sur la Nive d'Arnéguy, six frayères ; sur la Nive de Baïgorry, six grandes frayères.
Durant l'année 1927, le barrage d'Halsou opposa une barrière presque infranchissable au saumon. Résultat :
Nive de Baïgorry : pas de frayères.
Nive de Saint-Jean-Pied-de-Port : trois frayères.
Même situation en 1928. Et en 1929-1930 :
Nive de Baïgorry : trois frayères.
Nive de Saint-Jean-Pied-de-Port : 7 frayères.
Laurhibar : 1 frayère.
La troisième annexe est un extrait du livre de M. J.M. Menzies, inspecteur adjoint des pêcheries de saumon pour l'Ecosse, relatant les statistiques qui établissent nettement l'existence d'une race séparée de saumon par district.
L'annexe IV est une carte de la Nive au 1/50 000 où les zones de frayères à saumon sont indiquées, et classées en frayères principales et secondaires.
L'annexe V comprend les bilans de notre Société pour 1924, 1925, 1926, 1927, 1928, afin de montrer l'effort financier.
L'annexe VI est une suite de rapports :
a) Sur la valeur économique du saumon en France et l'évaluation des montées dans l'Adour.
b) Sur la valeur économique et touristique du saumon en Pays Basque.
c) Sur les dommages à la valeur des propriétés par la suppression du saumon en Nive.
J'attire particulièrement l'attention des propriétaires sur ce dernier point.
Depuis trois ans, donc bien après la revalorisation relative du banc, on assiste à une hausse considérable de toutes les propriétés situées le long du Gave d'Oloron, hausse uniquement due à l'attraction de la pêche du saumon. Dans une petite localité près de Navarrenx, telle propriété vendue 60 000 francs il y a deux ans, est vendue 300 000 francs. Le même mouvement va se produire le long de la Nive si le saumon est protégé comme il l'est actuellement, sa suppression priverait au contraire les riverains de cette plus-value, et par voie de conséquence le Trésor y perdrait les droits importants sur les mutations. Car lorsqu'une propriété se vend 300 000 francs, il ne faut pas oublier que l'Etat encaisse près de 75 000 francs, et cela grâce au saumon, le long du Gave d'Oloron.
d) Sur la perte directe subie par l'Etat en cas de suppression du saumon, ceci concerne le régime d'exploitation des rivières à saumon.
e) Sur l'organisation piscicole créée par la Société des Pêcheurs de la Nive.
Enfin des extraits de nos bulletins sur le déversement d'alevins et nos travaux de pisciculture.
Nous espérons que ce rapport suffira à montrer à la Commission que les barrages projetés sont contraires à l'intérêt public comme à tous les intérêts particuliers.
Nous serons particulièrement heureux si nous avons pu convaincre toute la Commission et faire maintenir ainsi une des plus admirables richesses de notre région.
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| BULLETIN N°12 SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE |


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