Libellés

dimanche 28 septembre 2025

LE FILM "GACHUCHA FILLE BASQUE" EN 1922 (septième et dernière partie)

   

LE FILM "GACHUCHA FILLE BASQUE" EN 1922.


C'est un film muet, en noir et blanc, de 45 mn, réalisé en 1922 par Maurice Challiot et projeté pour la première fois le 9 février 1923.





pays basque autrefois cinéma gachucha
FILM GACHUCHA LA FILLE BASQUE 1922



Le scénariste de ce film est Charles Torquet.

La société de production est Natura Films.

Les principaux acteurs sont : Ninon Balzan, Hugues de Bagratide, Paulette Ray et Raoul Paoli.



Le synopsis de ce film est le suivant : Gachucha veut venger la mort de son frère, le contrebandier, qu'une dénonciation a envoyé en prison. Elle est fiancée à un honnête garçon, mais courtisée par un homme habile qui lui promet de livrer le mouchard s'il est choisi comme époux. Adroitement ce rival arrive à compromettre le fiancé de Gachucha...



Depuis 2017, je vous ai parlé de plusieurs films tournés au Pays Basque ou avec des histoires se 

passant au Pays Basque, tels que Euskadi (1936), l'Appel du stade (1941), la Robe Rouge (1933), 

Au Pays des Basques (1930), Emak Bakia (1925), le Pays basque espagnol (1931), Sinfonia Vasca 

(1936), El Mayorazgo de Basterretxe (1928), Im Lande Der Basken (1944), Odette (1928), Vicenta 

(1920), Le Mariage de Ramuntxo (1947), Gure Sor Lekua (1956), l'Athlète aux mains nues (1952), 

The Land of the Basques (1955), La Reine de Biarritz (1934), Haut-le-Vent ou Air Natal (1942),

Ramuntcho (1938), le film "Véronica" (1923) et le film "Gachucha fille basque" (1922).




Voici ce que rapporta au sujet du film "Gachucha fille basque" l'hebdomadaire Le Film Complet

le 6 mai 1923 :



"Gachucha par Jean Morlaix. — (Natura-Film).



pays basque autrefois cinéma gachucha
MLLE PAULETTE RAY GACHUCHA 

... Et ils marchaient, le coeur gonflé de bonheur, la tête lourde de pensées. Au tournant d'un chemin, ils entendirent tout à coup une exclamation étouffée.


— Ah !



Un homme était devant eux qui, allant vite, courant presque, avait failli se cogner contre eux. C'était Mendiaz. Embusqué à peu de distance du lieu de débarquement de José, il avait assisté à toute la première partie de son combat contre les quatre agents du fisc. Il en avait suivi passionnément les phases, tremblant quand José paraissait près de se dégager, exultant quand c'étaient ses assaillants qui prenaient le dessus. Un moment était venu où il avait vu José immobile sous les quatre hommes qui, déjà, tiraient de leurs poches des menottes qu'ils allaient passer au contrebandier.


— Allons, s'était-il dit, ça y est bien. Cette fois, l'affaire est dans le sac. C'est moi le vainqueur !



Sans en voir plus, il était parti en courant. Arrivé chez lui, il avait fait sa plus belle toilette, impatient d'aller annoncer à Gachucha le triomphe de sa vilaine combinaison, de présenter sa demande et de recueillir le prix de sa trahison. Et puis, il était venu se buter dans son ennemi, libre quand il le croyait captif, et traité favorablement quand il l'estimait, perdu dans l'esprit de celle qu'ils aimaient tous deux. Il est impossible de peindre ce qu'inscrivirent, sur son visage bouleversé, la surprise, la déception et la terreur tout à la fois.



Son premier mouvement fut de rebrousser chemin et de s'enfuir. Mais il n'en eut pas le temps. A sa vue, la colère s'était emparée de José. C'était donc là l'artisan de tant de peine et de malheurs ! Avant que Mendiaz eût fait un mouvement, l'athlète avait allongé le bras et saisi le traître dans une poigne qui ne lâchait pas facilement ce qu'elle tenait. Dans l'excès de son émoi, l'autre ne pouvait même plus crier. José le retourna comme une feuille sèche et, pieds en l'air et tête en bas, il lui appliqua sur la gorge sa main formidable. Et puis, avec un rictus de rage, il commença à serrer et à l'étrangler méthodiquement. Toute tremblante, muette d'effroi, Gachucha, les yeux dilatés, assistait à cette scène atroce sans trouver un geste, ni une parole.



pays basque autrefois cinéma gachucha
JOSE RETOURNE MENDIAZ COMME UNE FEUILLE
FILM GACHUCHA FILLE BASQUE 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN



Déjà Mendiaz râlait. Elle eut un mouvement pour courir à son secours et user de son empire sur l'exécuteur, mais, une première fois, elle se contint. Celui-là, qui geignait sous la main de José, c'était précisément le meurtrier de Chico, l'ignoble délateur qui avait trahi son ennemi. Et pourquoi ? Sans doute parce que Chico n'avait pas voulu s'entremettre auprès de sa soeur et la convaincre d'accueillir les assiduités du toucheur de boeufs. Eh bien, il allait payer, et pour Chico, et pour José, et pour elle-même ! C'était juste : qu'il souffrit, qu'il mourût !



Mais, si l'esprit de Gachucha était impitoyable, elle avait le coeur tendre. Le spectacle affreux qu'elle avait sous les yeux émut ses sentiments de pitié. Ce malheureux qui e débattait contre la mort, c'était l'infâme Mendiaz, mais aussi, c'était un homme. Elle reprit possession d'elle-même. Non, un meurtre ne souillerait pas son amour. C'était assez qu'elle ait pu soupçonner son noble José et le mener au traquenard. Elle s'élança et, de toute la force de ses petites mains, elle s'efforça d'ouvrir l'étau de fer qui serrait Mendiaz :

— José, José, laisse-le ! Tu ne vas pas commettre un crime ?


José n'écoutait pas. Elle reprit :

— José, un homme comme toi. Tu abuses de ta force !


Cette fois, José entendit. Il la regarda. Il vit l'expression épouvantée de ces yeux qu'il aimait. Graduellement, son étreinte se desserra à mesure que la pitié pénétrait dans son coeur.


— Tu as raison, dit-il simplement, j'étais lâche.



Mendiaz se reprit à vivre et s'étonna d'être sauvé, car il savait bien, lui, qu'il ne le méritait pas.



Sans même regarder l'infime canaille qu'il tenait dans ses griffes, d'un geste, sec et aisé, l'athlète rejeta derrière lui, comme bout de cigarette, le toucheur de boeufs. Mendia prit un peu durement contact avec la terre mais, après ce qu'il venait de passer, il n'en était pas à un bleu près.



Il resta un instant étourdi, puis, avec des mouvements rampants et félins, il se releva, se mit sur ses pieds, tituba une seconde avant de reprendre son équilibre et s'enfuit sans demander d'explications, bien heureux d'en être quitte à aussi bon compte.



José avait déjà oublié sa colère. Il rit de bon coeur de la pantomime de Mendiaz et, reprenant le bras de Gachucha, il l'emmena vers la ville.



Au moment de rentrer à Saint-Jean-de-Luz, José s'arrêta brusquement. Il venait de se souvenir que si l'orage sentimental était passé, sa situation, au regard de la loi, restait fâcheusement modifiée. Il était contrebandier avéré et a lutte avec les représentants de la loi n'était pas pour améliorer son cas. S'ils n'avaient pas réussi à s'emparer de sa personne, ils avaient pu s'assurer de son identité et le ballot de Joroba était resté sur le terrain, pièce à conviction qu'il ne pouvait puérilement récuser. Déjà des mesures de précaution avaient été prises contre lui et, s'il se représentait à son domicile, il était sûr d'y trouver des sbires auxquels il n'échapperait plus aussi facilement que la première fois. Il regarda Gachucha avec perplexité et dit :


— Il faut que je me sauve en Espagne. Ici, je serais arrêté. Je veux bien qu'on me prenne pour un contrebandier, mais je ne veux pas aller en prison. J'y mourrais comme le pauvre Chico, et je ne te verrais plus...

— Mais que vas-tu devenir ?

— Je travaillerai. Il y a du travail en Espagne, pour un pêcheur, comme en France.

— Eh bien, et moi ?

— Tu viendras me rejoindre et nous nous marierons.

— Je ne peux pas quitter ma mère.

— Tu l'emmèneras avec toi. C'était sous-entendu.

— Ecoute, avant de prendre une pareille résolution, laisse-moi rentrer à la ville. Nos amis me renseigneront et, une fois que je saurai parfaitement où nous en sommes, nous déciderons. Moi non plus, je ne veux pas que tu ailles en prison, d'autant plus que ce serait par ma faute et que j'en aurais un remords qui ne me quitterait plus. Retourne te cacher dans le rochers de la grève. Je viendrai te renseigner à la nuit tombée.



Et elle partit en courant, malgré sa fatigue.



A force de taper à la porte de la remise, les quatre agents avaient réussi à attirer l'attention du fermier, qui, aidé de ses valets, avait écarté le char à boeufs de la porte et les avait ainsi rendus à la liberté. Il était trop tard pour reprendre la poursuite.


— Bah ! vous verrez qu'on le reprendra au gîte, dit l'un d'eux.


— Et le ballot ? dit l'autre.



Ils se hâtèrent de retourner au lieu du combat. Le ballot était resté là. C'était le principal. On tenait la preuve et l'homme était "bon !".



Ils se mirent donc en devoir d'ouvrir le sac et d'en vérifier le contenu.


— Bougre ! c'est lourd, dit le chef. Le gaillard est solide !


— On en sait quelque chose, répondit l'un des hommes en se frottant les côtes.



Du sac, ils tirèrent d'abord de vieux papiers, de la fibre de bois.


— Il y a du bourrage. Il paraît que c'est fragile, ce qu'il y a là dedans.



Et puis ils virent ce qu'il y avait là dedans ; un certain nombre de grandes briques en ciment aggloméré... C'était tout. Ils se regardaient avec ébahissement :


— Il s'est bien payé notre tête ! dit le brigadier.


— Tout de même, brigadier, reprit un des agents. Il faut que ce gars-là ait joliment du temps à perdre, pour s'envoyer un voyage à Fontarabie, aller et retour, et une bataille comme celle que nous avons eue, dans le seul but de nous faire une farce. Il y a autre chose...


— Mais quoi ?



Quoi ? Oh ! c'était bien simple. Joroba, qui avait parfois entendu parler de José par Mendiaz, Joroba n'avait pas eu confiance. La marchandise qu'il avait à expédier était de prix. Il ne voulut pas l'aventurer et joua ce tour à José de lui donner quelques briques espagnoles à transporter en France. Il n'y avait pas de contrebande ; le corps du délit manquait.



Restait la résistance aux agents de l'autorité. Mais ces agents étaient en civils ! La défense de José serait facile. Il serait acquitté et l'administration bafouée une fois de plus dans un pays où, déjà, elle manquait un peu de prestige. On étouffa l'affaire et, le soir, dans l'ombre propice de la plage, quand Gachucha vint dire à José ce qui s'était passé autour du sac, ils rirent tous les deux si fort que, par distraction, sans doute, ils échangèrent leur premier baiser, mais un baiser bien honnête, un baiser sur les joues.



pays basque autrefois cinéma gachucha
IL RIT DE BON COEUR
FILM GACHUCHA FILLE BASQUE 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN


Fin."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 600 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire