LA COMMUNE DE MACAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE AU 18ÈME SIÈCLE (quatrième et dernière partie)
LA COMMUNE DE MACAYE AU 18ÈME SIÈCLE.
En 1793, la commune de Macaye compte 861 habitants.
 |
BLASON DE MACAYE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le bulletin de la Société des Sciences, Lettres & Arts de Bayonne,
le 1er juillet 1933, sous la plume de Michel Etcheverry :
"Une paroisse Basque au XVIIIe siècle : Macaye.
... Le budget communal comportait des charges assez lourdes. Déjà grevé des 600 livres annuelles que l'on payait à la famille d'Etchehandy, il s'était enflé peu à peu en raison des dettes contractées un peu partout ; pour construction d'édifices publics (maison commune en 1718 — église en 1729) — pour frais de procès — pour acquittement des impôts royaux de plus en plus onéreux. A la colonne des dépenses s'inscrivaient encore les menus frais ordinaires : entretien des chemins, (les grosses réparations étaient faites, par corvée des habitants), entretien des armes des soldats de la milice rétribution du régent, du messager, des députés au Bilçar, des garde-bois, rémunération des jurats en tournée ou mission officielle, des avocats, des procureurs envoyés de divers cités pour soutenir les intérêts de la paroisse.
Les recettes communales provenaient de ventes aux particuliers de terres incultes ou de bois, et surtout du produit des "encans" ou de l'afferme, système universellement employé alors en notre pays. A Macaye on délivre aux enchères la maison commune et son jardin, à la réserve de la salle de mairie et de l'étal de la boucherie, la fourniture de l'huile, celle du vin ou les droits d'octroi et de débit frappant cet article, la vente de la viande (parfois l'afferme de la boucherie se fait en commun pour Macaye et Louhossoa) enfin la perception de la moitié des moulandes. (Il est intéressant de souligner à cette occasion que les jurades de chez nous ne craignaient pas de taxer les objets et denrées de première nécessité). Toute contravention à la taxe ou à une clause des contrats d'afferme entraînait une amende ou une saisie dont la caisse communale profitait pour partie.
Enfin une source importante de revenus c'étaient les ventes ou locations faites par l'association des trois paroisses de Mendionde (comprenant, au civil, St-Martin de Garro) Louhossoa, Macaye. Il y avait là, en effet, superposée aux unités respectives, une collectivité possédant et gérant des domaines propres. Cette triade qui déclare elle-même à tout instant "former une seule et même communauté, quant aux biens et terres communes à elle appartenant", tenait périodiquement ses réunions en un lieu appelé Chindilette dont, chose curieuse, l'emplacement n'est plus connu des habitants que j'ai pu interroger. Ce super-Etat n'avait pas ses dirigeants à lui et ressortissait aux jurats des trois villages. Les questions un peu importantes qui avaient trait à l'administration de la société à trois relevaient de la compétence du populaire et les propriétaires des quatre localités les traitaient en des palabres qui ne devaient pas manquer de couleur, d'animation ni d'éloquence. Vraiment l'électeur-roi d'aujourd'hui n'est qu'un roi Mérovingien, comparé à ces professionnels de la politique, au sens noble du mot, à ces rudes citoyens qu'on rencontre si fréquemment sur les sentiers caillouteux menant au rendez-vous de labeur public. Cet hommage rendu au zèle civique de ces montagnards, il est permis de se demander si l'indivision était vraiment un bien. Des heurts d'intérêt se sont produits à plusieurs reprises, des divergences et même des dissentiments ont éclaté parfois. Lorsqu'en 1803 on songera et on travaillera au partage, l'une des raisons alléguées sera que l'exploitation en commun avait donné des résultats médiocres.
Avec les terres et les forêts — de vastes forêts puisque par moments il y avait jusqu'à dix garde-bois — la triade possédait des carrières dont on retirait de belles pièces appelées dans les documents "pierres mulles", ou "mulles fromentières". Elles trouvaient fermiers à un prix avantageux pour la communauté, avantageux également — parfois du moins — pour le fermier, qu'on voit ici ou là sous-affermer avec bénéfice. Les carrières ne seraient pas d'ailleurs comprises dans le plan de partage de 1803. Chaque année la collectivité trinitaire vérifiait l'exercice financier de l'année précédente. Les maire-abbés et les jurats des paroisses-soeurs se rendaient à jour convenus à Chindilette pour dresser le bilan des recettes et dépenses. Le compte ainsi établi était quelques jours après soumis à l'examen et au contrôle des habitants rassemblés au même endroit.
L'apport du fonds commun se répartissait en vertu d'une transaction du 22 Janvier 1691 dans la proportion de 10 1/2 sur 27 pour Macaye, autant pour Mendionde-St-Martin de Garro et de 6 pour Louhossoa. On constate dans ce rendement des variations considérables. En 1701 Mendionde-St-Martin de Garro et Macaye reçoivent 1 751 livres 16 sols 4 deniers pour leur part respective de bénéfices, Louhossoa 429 livres 12 sols 6 deniers. En 1736 les deux premières communautés descendent à 340 livres 9 sols 4 deniers, Louhossoa à 194 livres 11 sols.
Au-dessus de la porte d'entrée de la mairie de Macaye un blason d'une naïve et délicieuse gaucherie attire l'attention ; un personnage sculpté d'un ciseau plutôt rustique tient en mains deux poids emblème du plus redoutable des attributs humains : la justice. Cette petite bourgade avait en effet son tribunal qui fonctionna jusqu'à la Révolution. Où était, avant sa translation dans la maison commune, le siège de ce prétoire ? Nous ne serions pas surpris que ce fut dans la primitive demeure vicomtale, à Pagandoure. En tout cas c'est certainement ce vénérable logis qui abritait l'institution en 1676 comme en témoigne le billet suivant adressé le 30 janvier 1676 à M. de Casalar notaire royal à Hasparren par un certain Dabadie, d'Ustaritz, "Monsieur vous prandrez s'il vous plaist la peyne de vous rendre vendredy prochain à pagandoure pour y tenir l'audience. Je ne manueray de my rendre dieu aidant pour y recepvoir vos commndemens puisque je suis vec respect vostre très humble et très obéissant serviteur".
La compétence de ce parquet — qui semble avoir été uniquement civile — s'étendait à des affaires assez importantes. Nous y rencontrons des procès où étaient engagées des sommes s'élevant à 410 livres et même 585 livres. Les appels allaient au bailliage d'Ustaritz.
Naturellement le tribunal avait son greffier et ses procureurs c'est-à-dire ses avocats. Les noms des greffiers — de Hiriart, d'Inhartiry, de Béhéran, de Belsunce et autres, indiquent une origine indigène. Ceux des procureurs Diharce, Duhart, Heguy, D'Iron, Duhalde, Larreteguy etc. attestent aussi le terroir basque. Quant aux juges, c'étaient toujours des notaires. Nous relevons parmi eux Jean d'Artagnietto d'Iron, notaire à Mendionde, qui tint l'emploi au moins de 1735 à 1738 (ils étaient tous deux anciens syndics généraux du Labourd), Lesca Lohits, notaire à Espelette, qui exerça cette charge pendant au moins 27 ans (de 1748 à 1767), Belsunce, notaire à Macaye, qui rendit la justice au moins de 1783 à 1785.
En dehors de la voie judiciaire on soumettait parfois les litiges à l'arbitrage. Il arrivait même que les instances prenant un développement trop coûteux on remplaçât par la procédure à l'amiable l'action de la justice qui se laissait dessaisir.
Permettez-moi de citer en terminant une de ces espèces qui furent arbitrées par des tiers. Elle donnera une idée des conflits qui s'élevaient quelquefois entre habitants de Macaye. Le fait se passe en 1727-1728. Deux couples, Camino et Dondicolla, sa femme, d'une part, Detchegaray et Harriague, son épouse, de l'autre, sont aux prises en cours d'Ustaritz. On y a plaidé ; le lieutenant du bailliage a retenu l'affaire, deux enquêtes ont été faites par les représentants de chaque partie, les défenseurs ont introduit une demande reconventionnelle sur laquelle information a été ouverte. J'en passe, lorsqu'enfin la fatigue et la dépense amènent les adversaires à nommer des arbitres qui seront de Ségure notaire à Larressore et Sorhaiz greffier au bailliage d'Ustaritz. De quoi s'agissait-il ? La sentence de ces deux Salomon nous l'apprendra : "Nous, arbitres arbitrateurs et amiables compositeurs, décidant les contestations respectives des parties suivant le pouvoir à nous donné et leur faisant droit au fond et principal après que nous avons veu et examiné les lieux contentieux en présence des parties et de plusieurs autres personnes et ouy les rous, ayant trouvé que depuis la marque quy fixe le chemin d'aller à l'offrande en l'église du présent bien de Macaye jusques au bord de la pierre et tombeau où est enterré feu de M. Salvador de Hiriart prêtre, il n'y a pas suffisamment de place pour que deux femmes puissent s'asseoir ou s'agenouiller l'une à côté de l'autre, avons maintenu lad. Dondicolla en la possession de la place qui borde led. chemin et de tout autant de terrain qu'il y a puis la marque dud. chemin jusques à un des trous quy ont sté cy-devant faicts à une planche du sol de lad. Eglise et celluy quy est le plus reculé devers la grande porte avec son panier devant. Faisons deffanses à lad. Harriague de la troubler en lad. possession et à lad. Dondicolla de s'étendre ny empieter au delà du trou vers la droite sans préjudice à la même de Harriague de se placer et agenouiller à cité d'icelle Dondicolla et d'occuper la place quy reste depuis led. trou jusqu'au tombeau même une partie dud. tombeau".
Dans une lettre adressée le 23 Novembre 1784 à M. de Calonne Contrôleur Général et citée par M. Dussarp au cours d'un travail sur "le Labourd à la fin du XVIIIe siècle" M de Camus de Neville, Intendant de Bayonne, écrivait : "Dans un pays aussi processif que le Labourt l'esprit de litige est à peu près la seule branche d'industrie mise en activité". C'est peut-être aller trop loin et la production industrielle de cette petite province ne paraît pas avoir été à ce point négligeable. Mais il faut reconnaître que cette branche-là y était bien vivante, à en juger par Macaye."
(Source : Wikipédia)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 6 600 autres articles vous attendent dans mon blog :
N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire