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lundi 22 septembre 2025

DEUX VICTIMES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE À SARE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1794 (quatrième et dernière partie)

 

DEUX VICTIMES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE À SARE EN 1794.


La Révolution française a fait disparaître les institutions particulières du Pays Basque Nord.



pays basque autrefois révolution histoire
COMPAGNIE FRANCHE DE BAYONNE 1793
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet J. -B. Daranatz, dans le bulletin de la Société des Sciences, Lettres 

& Arts de Bayonne, en octobre 1936 :



"Deux victimes de la Révolution à Sare.



Conclusions.



Ainsi donc, au point de vue officiel, la cause est jugée. Madeleine était une "tisseranne" de Sare. Elle avait 35 ans. Elle a porté de la toile à Véra. "Elle avait reçu d'Espagne le fil nécessaire pour la fabrication de cette toile."



Elle est restée sur le territoire Espagnol "tandis que nous étions déjà en guerre". Elle a travaillé à Véra "pour l'alcalde du tyran de Madrid". "Lorsque nos troupes victorieuses sont entrées à Véra, elle s'y est tenue cachée". Elle "a entretenu des intelligences avec les ennemis de la République." "Conséquemment elle est émigrée".



Et, au point de vue traditionnel, Madeleine avait 15 ou 16 ans. Elle était fille de charpentier. Elle fut déclarée émigrée, parce qu'elle avait été recevoir les sacrements chez les Capucins de Véra, qu'elle le déclara hautement jusqu'à la fin, et ne voulut pas sauver sa tête en dissimulant la vérité ou par un mensonge formel.



Quel désaccord entre l'écho populaire et le glas officiel ! entre les notes argentines du Salve Regina et le bruit sourd du couperet !



Comment départager une double version aussi dissemblable ? Il semblerait au moins que la question d'âge ne souffrît pas de difficultés, grâce aux Registres de Baptêmes. Et la question est insoluble.



L'acte de baptême de Madeleine Larralde est introuvable, qu'on lui attribue, en 1794, 15 ou 16 ans, ou bien de 34 à 36 ans. Les documents sur lesquels l'abbé Haristoy se basa pour donner à Madeleine cinq frères et soeurs : Gracianne en 1749, Saubat en 1754, Garachina en 1755, Marie en 1765, Pierre en 1766, font totalement défaut. Il nous semble tout à fait inadmissible que la même mère Gratianne de Luc, qui aurait mis au monde l'aînée de ses enfants en 1749, ait donné le jour à Madeleine en 1779 — à trente ans de distance... Point d'acte de baptême de Madeleine, ni en 1779, ni les années précédentes.



Reste la réalité de Madeleine, âgée de 35 ans en 1794, car le Tribunal révolutionnaire n'a pas pu se tromper de 20 ans. La victime a dû dire son âge certainement, elle qui avait le mensonge en horreur.



Son acte de baptême devrait se trouver entre 1758 et 1760. Eh ! bien, non, il n'existe pas. M. Amirin, le très obligeant secrétaire de la Mairie de Sare, l'a cherché vainement, pour nous, aux Archives communales. 



Voici le résultat de ses recherches :


"Je trouve bien pour l'année 1758 une liasse, n° 6 de l'inventaire, contenant 5 feuilles volantes et 56 actes de baptême signés : Robin, curé, ou Lorda et Pagez vicaires, savoir : janvier 3, février 11, mars 8, avril 6, mai 5, du 10 au 14 juin 3, du 14 juin au 1er 8bre néant, 8 bre 7, 9 bre 9 et X bre 4. Total : 56.


La liasse n° 5 comprend les baptêmes de 1719 à 1723, un cahier bien conservé : celle n° 7, trois feuilles volantes pour les naissances de 1764. Rien entre 1723 et 1758, ni entre 1759 et 1764.


Les actes de la liasse n° 6 n'étant pas numérotés, on peut croire que Magdeleine Larralde serait née entre le 14 juin et le 1er octobre 1758 et que la feuille comprenant son acte de baptême aura été détruite ou enlevé à dessein, car cette lacune de juin à octobre est assez significative." La supposition de M. Amirin est erronée, car Madeleine aurait eu 36 ans en 1794.



Comme on voit, l'acte de baptême de Madeleine Larralde est introuvable, comme celui de Marie Harotsenne d'ailleurs. M. Duvoisin, on a pu le constater, n'indique pas son âge. Faute de documents, il nous est impossible de le préciser, à notre tour. Cependant le texte de la loi du 28 Mars 1793 qui lui fut appliqué est formel : "Les juges du Tribunal condamneront l'émigré à mort, ou à la déportation s'il s'agit d'une femme de 21 ans et au-dessous jusqu'à 14 ans." Marie Harotsenne n'avait pas 21 ans ; Madeleine Larralde avait dépassé 21 ans. Âgée de 35 ans en septembre 1794, Madeleine serait donc née en 1759 ; mais, avons-nous dit déjà, cette année manque dans les Archives municipales de Sare.



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GUILLOTINE SOUS LA TERREUR



Même difficulté pour la maison natale. Etait-ce Larrondo-zahar ou Belchanea, Hirigoyenea ou Larralde-Chaharria ? M. Haristoy, qui avait vu les actes de Baptêmes des frères et soeurs de Madeleine, de 1749, 1754, 1755, 1765 et 1766, dit Larrondo-zahar ou Belchanea (Mgr Diharassarry parle aussi de Belchanea, dans sa poésie). Ces actes ont disparu. Mais un second Pierre, autre frère de Madeleine, échappé aux investigations de M. Haristoy, et dont l'acte de baptême subsiste, naquit en 1767, à Hirigoyenea, dont Michel Larralde, maître charpentier et Gratianne de Luc ses père et mère étaient locataires. Et les documents officiels (Registre des Domaines, Jugement de condamnation et Procès-verbal d'exécution) appellent Madeleine, fille de Larralde-chaharria. Peut-être bien, après avoir habité Larrondo-zahar que, d'après Haristoy, Michel Larralde avait "acquise" et "appelée depuis, de son nom, Belchanea", celui-ci aurait fait de mauvaises affaires, au point d'être simple locataire, à Hirigoyenea en 1767, et à Larralde-chaharria en 1794. On comprend ainsi comment Madeleine , habitant alors Larralde-chaharria, et âgée de 35 ans, fût née à Larrondo-zahar ou Belchanea.



Inutile de chercher à accorder les dissemblances bien plus grimaçantes des motifs d'arrestation et de mort. Pour le lecteur non prévenu, l'impression générale qui se dégage de la double version, officielle et populaire, est très nette :


Pour asseoir une condamnation suprême, la loi d'émigration du 28 Mars 1793 suffisait aux juges ; il paraît assez naturel, vu leurs convictions familiales et personnelles, que des militaires n'aient pas voulu y entremêler de considérations religieuses. Mais comment attribuer à de l'imagination pure la tradition unanime et constante de tout un peuple, depuis près d'un siècle et demi, sur l'arrestation et le supplice de Madeleine ?



M. Duvoisin a raison. Son récit est vrai. La tradition populaire n'a jamais subiet ne trahit encore aucune discordance sur la fin de Madeleine Larralde.



L'acte de condamnation ne parle pas du motif principal qui avait amené Madeleine à Véra (confession, communion, et, comme conséquence, refus de mensonge). Il nous aurait fallu, pour nous en assurer, les détails de la "procédure" et des "débats" dont parle l'acte de condamnation, c'est-à-dire l'interrogatoire de l'accusée. Rien de tout cela n'a été conservé.



Faute de pièce officielle, les éléments d'une Cause de Béatification manquent décidément.



C'est bien dommage."










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