HISTOIRE DE LA FORTIFICATION DU "PETIT BAYONNE" AUTREFOIS.
Dès le 2ème siècle, les Romains fortifient la cité de Bayonne, à l'époque simple Camp d'Observation.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne dans son
Bulletin N°8, le 1er janvier 1931, sous la plume de l'Intendant Général Lacrampe :
"Histoire de la Fortification du Petit Bayonne.
Fausse alerte de 1636. (Extrait de Ducéré).
— Menacé par les Espagnols en 1636, les Bayonnais pourvoient à leur sûreté en mettant la fortification en état de défense, en accumulant dans les magasins de la Ville des armes et des munitions.
Pendant qu’elle se préparait à repousser l’ennemi, une fausse alerte vint la surprendre et mit à l’épreuve le courage des Bayonnais. Les habitants d’Espelette et d’Itxassou avaient passé un traité avec leurs voisins du Bastan pour le libre pacage de leurs bestiaux dans les pâturages des montagnes. Or, aussitôt la déclaration de guerre connue, les Hauts-Navarrais s’emparèrent d’une partie des troupeaux français qu’ils trouvèrent paissant sur leurs terres ; les Français leur rendirent la pareille, et voilà déjà les hostilités commencées.
Un jour les pasteurs français aperçurent un parti de Navarrais bien armés et au nombre de soixante ou quatre-vingts environ ; ils avertirent les habitants d’Espelette et d’Itxassou qui se réunirent pour les repousser et qui firent en même temps sonner le tocsin. L’alarme se propagea jusqu’à Larressore et de là à Ustaritz et Villefranque et vint enfin attirer l’attention des sentinelles qui veillaient sur les remparts de Bayonne, une heure environ après minuit.
REMPARTS LACHEPAILLET BAYONNE PAYS BASQUE D"ANTAN |
Celles-ci croyant à une attaque nocturne des Espagnols, donnèrent l’alarme, et alors "par toute la ville tout le peuple, tant bourgeois que gentilshommes se lèvent à cet effroi ; tout le monde court aux armes, se range à son quartier, mais avec une vitesse et ordre si incroyable, qu’en moins de demi-heure il y eut en pied seize ou dix-sept cents mousquetaires et plus de huit cent piquiers, pertuisaniers, et en tout, pour le moins, deux mille bons soldats armés, et avec un silence et une obéissance merveilleuse aux ordres de leurs magistrats."
M. d’Artaignan, lieutenant de M. de Gramont, estant en personne allé faire la ronde dans toute la ville, leur donna mille louanges ainsi qu’aux seigneurs de notre gouvernement qui arrivèrent le même jour en ville ; nous en sommes tellement satisfait « que nous ne vouldrions pas pour rien au monde que cest alarme ne fust arrivée pour reconnaître et essayer le courage et l’affection de nos habitants en pareille occasion."
Pendant la période que nous venons de parcourir de 1451 à 1643 la fortification du Petit-Bavonne s’est fixée sur le terrain ; son tracé ne changera qu’entre le bastion St-Jacques et la Nive, où la fortification est reportée en amont. Quant aux autres ouvrages ils seront complétés parachevés, mais leur physionomie générale ne sera pas changée.
De Louis XIV à la Révolution (1646-1789).
En 1652 Bayonne étant menacée par les Espagnols, l’Ingénieur Dubois complète les fortifications ; il améliore le bastion des Cordeliers, qui disparaîtra quelques années plus tard ; à la limite des lices on éleva une masse de terre soutenue par un mur du côté de la ville qui fut la plate-forme du Bourg-Neuf.
En 1658 et 1667 la Nive déborde emportant chaînes et pilotis.
En 1674 Louis XIV envoie l’Ingénieur Deshoulières pour améliorer la fortification. Cet ingénieur fit construire un grand cavalier en terre en arrière de la courtine du Château-Neuf ; la terre fut prise dans le fossé approfondi et élargi ce qui permit aux eaux de la Nive de se déverser dans l’Adour.
CHÂTEAU NEUF BAYONNE 1893 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il commença un demi bastion détaché en avant de la porte de Mousserolles ; il fallut fonder sur un grillage de bois ; la première pierre fut posée le 5 Novembre 1674 en grande pompe, par le 1er échevin, en l’absence du Gouverneur.
PORTE MOUSSEROLLES BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Deshoulières fut malheureux dans ses travaux sur la Nive ; un bâtardeau construit entre les tours de Sault et des Menons, fut emporté le 10 Juillet 1675 par une crue de la Nive ; on répare le bâtardeau ; une nouvelle crue se produit le 25 Janvier 1677 emportant batardeau, bastion, tour des Menons, mur du quai, maisons de la rue des Cordeliers. Ce fut un désastre.
La Nive s’est toujours refusée à se jeter dans l’Adour par les fossés de la fortification.
Le bastion Royal en amont des Cordeliers et de la tour des Menons fut amorcé.
Venue de Vauban à Bayonne.
— Vauban fut envoyé à Bayonne en 1680 par Louis XIV pour faire de la ville un boulevard inexpugnable ; Vauban n’a rien innové, mais il a donné à ses ouvrages, qui se plient merveilleusement au terrain, une marque personnelle qui le font considérer comme un très grand chef d’école.
BAYONNE FORTIFIEE EN 1680 |
Il avait l’art merveilleux de marier la fortification au terrain.
La construction de la Citadelle, les transformations du Grand-Bayonne ont fait l’objet de deux conférences ; je ne parlerai que des améliorations qu’il apporta aux fortifications du Petit-Bayonne et qui furent les suivantes.
Au Réduit, il fait élever sur la place bourgeoise un front bastionné pour rendre cet ouvrage indépendant.
PORTE DU REDUIT BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il fit embellir la porte de St-Esprit qui ne reçut la forme définitive qu’en 1760 et qui prit le nom de Porte de France. Les ouvrages du Réduit ont été rasés il y a 20 ans, comme gênant la vue de la ville et empêchant la circulation.
Vauban déplace la porte de Mousserolles et la reporte sous le mur d’enceinte, à l’endroit où elle est actuellement.
Il crée la contre-garde de Mousserolles, en avant du rempart pour le protéger, cette contre-garde est incurvée vers le bastion Notre-Dame ; les deux portes de sortie de la ville sont ainsi l’une sous le mur d’enceinte, la suivante sous la contre-garde.
Les voûtes des portes sont de modèles variés et elles sont intéressantes au point de vue de la taille des pierres.
Cette partie de la fortification qui va du Château-Neuf à l’Adour est très intéressante à étudier, elle a un aspect de force et de robustesse et constitue une des beautés de la ville.
Voici ce qu’écrit Ducéré :
"C’est surtout de l’intérieur de la porte Mousserolles qu’on distingue bien le profil du donjon du Château-Neuf. Lorsqu’on a pénétré sous la première voûte, on se trouve au milieu d’un ensemble d’ouvrages militaires des plus intéressants à étudier. Ici tout le monde trouve son compte, l’archéologue comme l’artiste, et la masse imposante de ces énormes murailles ne contribue pas peu au pittoresque achevé du lieu.
Le soleil de midi produit les oppositions les plus curieuses d’ombre et de lumière chers aux aquafortistes et au milieu de ces puissants ouvrages, de ces sombres meurtrières qui s’ouvrent au ras des fossés, l’esprit aime à évoquer les scènes terribles de l’ancienne guerre de siège, lorsqu’après être descendu dans le fossé, l’assiégeant, cheminant péniblement, il s’attachait aux robustes fondations des murs. Dans un coin, un joli jardin fait éclater au milieu de la gamme des verts de la plus luxuriante végétation, les couleurs diaprées des fleurs de son parterre et, sur la terrasse supérieure, plusieurs canons en batterie regardent curieusement, à travers les larges embrasures, les eaux étincelantes de l’Adour.
Vauban aurait voulu établir un pont fortifié sur la Nive, rejeter les eaux de la Nive dans les fossés du Bourg-Neuf, il y renonça à cause des nombreux bâtardeaux qu’il aurait fallu construire et qui n’auraient probablement pas résisté aux crues de la Nive.
Il fait achever le bastion Royal et le munit d’une grande traverse maçonnée.
Ce bastion comme grandeur, comme site, avec les beaux arbres qui l’ombragent est le plus intéressant de toute la fortification.
Vauban supprima les retranchements de Ste-Claire devenus inutiles, fit construire des magasins qui furent l’embryon de l’Arsenal d’Artillerie qui rendit les plus grands services pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire et en 1870 comme cartoucherie .
En 1698 on renforce la courtine des Jacobins le long de l’Adour, son fossé est élargi et les terres provenant de la fouille permirent de créer une plate-forme qui furent les Allées Boufflers.
De 1789 à 1816.
Pendant la Révolution aucun travail important ne fut fait aux fortifications.
En 1808, lors de son séjour à Bayonne, Napoléon Ier décréta que l’Hôpital Militaire serait construit sur le couvent des Cordeliers, que la fosse aux mâts serait comblée et reportée à l’Arsenal Maritime, ce qui élargit les Allées Boufflers.
NAPOLEON BAYONNE 1808 PAYS BASQUE D'ANTAN |
En 1814 la défense de Bayonne fut reportée pour le secteur du Petit Bayonne vers St-Pierre ; on créa à gauche de la route de St-Jean-Pied-de-Port, le grand ouvrage à cornes du Camp de Prats ; à droite on éleva le bastion des Mineurs et trois redoutes : celle de Vespalis, celle des Canonniers et des Auxiliaires.
Les 10, 11 et 12 Novembre 1813 eut lieu la bataille de St-Pierre.
BATAILLE DE SAINT-PIERRE NOVEMBRE 1813 |
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