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lundi 29 avril 2024

BIARRITZ EN LABOURD ET LES BASQUES EN 1858

BIARRITZ ET LES BASQUES EN 1858.


La ville de Biarritz, en 1858, compte un peu plus de 2 000 habitants et est administrée par un Maire Bonapartiste, Jean-Henri Adéma.




pays basque autrefois empereur labourd napoléon III pelote
BIARRITZ 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire Journal de Montélimar, dans son édition du 7 

octobre 1858, sous la plume de Boutillon, abonné du Journal de Montélimar :



"Biarritz et les Basques. 



Au moment où la famille impériale s’apprête à quitter sa résidence de Biarritz, les lecteurs du Journal de Montélimar accueilleront avec intérêt quelques détails sur les Basques ou Bas-Navarrais, qui donnèrent Henri IV à la France et Bernadette à la Suède. 



Descendants des anciens Cantabres et des Vascons, héritiers des sentiments et de la liberté de leurs aïeux, les Basques surent se dérober constamment au joug des peuples qui dominèrent en Espagne ; et c’est à cette liberté vierge, à cette indépendance toujours respectée, qu’ils doivent la conservation, à travers la suite des siècles, de leurs mœurs, leur caractère et leur langue. Tels les auteurs grecs et latins nous ont dépeint le génie et la manière de vivre des Cantabres, tels sont encore le caractère et les mœurs des Basques de nos jours : même fierté dans les sentiments, même activité dans les entreprises, même intrépidité dans les combats, même simplicité d’extérieur, et même constance dans l’amitié comme dans la haine. On a vu successivement les langues les plus célèbres passer et disparaître avec les peuples de l’antiquité : le grec et le latin ne vivent plus que dans les œuvres sublimes qu’ils enfantèrent ; de leur mélange, de leur combinaison avec les idiomes barbares se sont formés par degrés l’italien, le français, l’espagnol, l’anglais, etc. Seule la langue basque, conservée dans les montagnes par l’amour de la liberté, n’a éprouvé aucun changement. Riche de son propre fonds, elle n’a rien emprunté aux autres ; elle se soutient dans les mêmes contrées, depuis plus de trois mille ans, avec la même énergie, la même force et la même abondance, et sert de vivant témoignage à l’antique indépendance des peuples qui la parlent. Rien n’est plus propre à l’expression des pensées mélancoliques que la langue des Basques : c’est ainsi qu’ils appellent Dieu Jaungoica, seigneur d’en haut ; la nuit, gaba, absence de lumière ; la mort, eriotza, maladie froide, etc. ; aussi le chant des Basques est-il monotone et langoureux, et il semble que le séjour de ces hommes au milieu des montagnes dispose leur âme aux sentiments les plus tendres. 



Exempts de ce polythéisme grossier dans lequel furent plongés, jusqu’à l’avènement du Messie, les peuples les plus éclairés du monde, les Basques surent également se préserver de l’athéisme que l’histoire reproche à quelques nations de l’antiquité. D’après Strabon, ils adoraient un seul Dieu, Gingoa, celui qui viendra. 



Quant aux mœurs guerrières, les Basques eurent le privilège de marcher à l’avant-garde des armées de Carthage, et souvent de se mesurer les premiers avec l’ennemi ; Annibal rendit hommage à la valeur et à l’intrépidité de leurs soldats. 



Des peuples d’un caractère aussi fier et aussi indépendant, devaient mépriser le joug des lois féodales ; les Basques n’acceptaient aucun impôt avant qu’il ne fut admis et librement consenti par le corps de la nation ; et ce mode de gouvernement libre devait exister ainsi chez un peuple où tout le monde est noble, depuis le soldat obscur qui voue son épée au service de la patrie, jusqu’au général qui commande les armées ; depuis le ricombre, jusqu’à l’homme du peuple. Un étranger s’étonnait de cet orgueil d’origine, et demandait quel rôle pouvait jouer un homme de qualité dans un pays où toutes les classes sont nobles : "Chez nous, répondit un vieux Basque, le rôle des premiers est celui que jouent les planètes au milieu des étoiles fixes." 



Leur ardeur pour la chasse aux palombes, égale presque leur amour pour la danse et et le noble jeu de la longue-paulme.


 

pays basque autrefois empereur labourd napoléon III pelote
JEU DE LONGUE PAUME
PUBLICITE DE LA BELLE JARDINIERE



Nous prions le lecteur d’accueillir avec indulgence les vers suivants, inspirés à un étranger par l’aspect de cet exercice original et si peu familier aux coutumes de nos contrées. 



On excusera la faiblesse de l’inspiration poétique, en faveur de la fidélité scrupuleuse des détails. 


pays basque autrefois empereur labourd napoléon III pelote
JEU DE LONGUE PAUME
CHÂTEAU DE LIACOURT OISE VERS 1650


Cinq athlètes choisis que l’honneur seul amène, 

Les armes à la main descendent dans l’arène, 

Où cinq rivaux altiers dont ils sont attendus, 

Pour le noble défi déjà se sont rendus : 

Les moments sont comptés, on se place, on s’accorde, 

Deux tierceurs sont au fond, trois occupent la corde

On sert : la balle part, vole, perce les airs, 

Sur sa route à l’instant tous les yeux sont ouverts ; 

Elle arrive, retourne et reviendrait encore, 

Si le joueur surpris, qui des yeux la dévore, 

D’un faux-bond imprévu n’était déconcerté ; 

Un second coup succède avec rapidité : 

Plus prompte et s’échappant d’une main moins novice, 

La balle, cette fois, s’élève, tombe, glisse, 

Et d’un éclair si vif étonne le regard, 

Qu’à peine le tierceur, par un effort de l’art, 

Parvient à la remettre à son fier adversaire, 

Qui l'empaulme avec grâce et franchit la barrière... 

La lutte alors s’échauffe entre les concurrents,  

On suit mieux la partie, on garde mieux les rangs, 

Le dépit, la vengeance animent la querelle, 

On redouble d’efforts, on s’agite, on se mêle, 

Et la balle à tout coup perçant de fond en fond,

Est prise à la volée, au bond, à l'entre-bond

L’un raidissant le bras et serrant sa raquette, 

Va frapper avec force : on y compte, il s’arrête ; 

Au milieu de la corde, en ce même moment, 

Un joueur mal placé se tient négligemment,

Il le sert, et remporte une victoire aisée. 

L'autre, au plus maladroit de la troupe opposée, 

Dans un angle du jeu qu’on sait mal défendu, 

Feint de vouloir porter un coup inattendu ; 

L’adversaire aux aguets croit voir le stratagème, 

Avance, se tient prêt, mais l’autre, à l’instant même, 

D’un bras souple et nerveux rassemblant la vigueur, 

Renverse son rival, et rit de son erreur. 

Tel un chef de soldats, sur le champ du carnage, 

Prépare des assauts qu’il ne veut pas livrer, 

Evite des combats qu’il semblait désirer, 

Et marchant au midi quand le nord seul l’occupe, 

Trompe ses ennemis, et n’en est jamais dupe. 


Cependant le combat jusqu’au soir prolongé 

Voit sur le gazon vert, dans la foule rangé 

Un tribunal nombreux de spectateurs sévères, 

Tandis que de plus loin des juges moins austères 

Observent sans danger les coups bons ou mauvais, 

Et souvent d’un regard décident le succès.


 

pays basque autrefois empereur labourd napoléon III pelote
PLACE DE LONGUE PAUME 64 GARRIS
PAYS BASQUE D'ANTAN



C’est ainsi qu’aux beaux jours de cette ancienne Grèce 

Dont nous aimons encore à vanter la sagesse,

Dans les jeux solennels consacrés à la fois 

Par la religion, la morale et les lois, 

Les sages, les héros, les chefs de républiques 

Venaient se disputer les palmes olympiques, 

Et qu’immortalisant l’adresse et la vigueur, 

Pindare en vers pompeux célébrait le vainqueur. 



pays basque autrefois empereur labourd napoléon III pelote
CHÂTEAU 89 ANCY-LE-FRANC
VU DU CÔTE DU JEU DE LONGUE PAUME



Tel est le peuple au milieu duquel l’Empereur vient se reposer du lourd fardeau des affaires, telle est la contrée où l’Impératrice aime à respirer l’air natal qui souffle à travers les Pyrénées. Ajoutons, pour clore cette légère esquisse, que LL. MM., dans leurs longues promenades, où le plus sévère incognito est souvent trahi par l’admiration et la reconnaissance populaires, se plaisent à donner un moment d’attention au noble exercice de la longue-paulme, quand le hasard fait rencontrer sur leurs pas cet amusement favori des Basques."






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