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dimanche 14 avril 2024

L'ART ET L'ARCHITECTURE BASQUE PAR HENRI GODBARGE EN AVRIL 1921 (première partie)

L'ARCHITECTURE AU PAYS BASQUE EN 1921.


Depuis longtemps, il existe au Pays Basque un art architectural.




pays basque autrefois architecture maison
MAISON BASQUE 1892
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien local La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luz, le 3 avril 1921.



"Y a-t-il un Art Basque ? 


Le distingué architecte basque M. Henri Godbarge pense qu’il a tout au moins une architecture basque.



Dans une récente interview accordée à un collaborateur de la Gazette, M. Petit, maire de Biarritz, disait entre autres choses : "Les architectes pourront bientôt recommencer leurs travaux et égrener, avec la diversité de styles qui leur assura tant de succès, un chapelet de gracieuses et confortables villas le long des falaises encore libres". 




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VILLAS SUR LA FALAISE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les admirateurs de Biarritz souhaiteraient que, dans cet accès vers la beauté de notre région, les futurs propriétaires de villas fussent bien persuadés que le style basque est celui qui convient le mieux à notre pays. 



Mais y a-t-il un style basque ? 



Il y a en tous cas, une architecture basque.



Je veux dire qu’il y a des exemples d’une architecture locale qui ne doit rien à aucun emprunt étranger qui est issu directement des besoins des matériaux du pays et de la main-d’œuvre locale, donc une architecture originale, qui présente ses caractéristiques, au même titre qu’une architecture normande, bretonne, alsacienne, etc... 



On a, certes, écrit sur l’architecture basque. Bien des écrivains, en particulier, ont tracé les grandes lignes de l'histoire des différentes habitations, aux diverses époques précédentes ; et en effet il est nécessaire, pour bien saisir dans ces caractéristiques cette architecture, d’avoir tout au moins quelques notions de l’histoire du pays basque. 




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MAISON
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais je n’ai pas la prétention de rivaliser de science avec tous ces écrivains distingués. Là n’est pas du reste le but de cet article. Je veux simplement résumer quelques-unes de mes impressions personnelles recueillies au cours du voyages d’études en pays basque, notamment en pays basque français. Des villages presque entièrement ont gardé leur caractère de vieux villages euskariens, avec leur vieille église, leur cimetière juxtaposé, leurs maisons en pans de bois ou en pierre de la Rhune, jaunie par le temps et le soleil. Certaines villes même, telles Fontarabie et Ciboure, ont encore des quartiers entiers, des ruelles complètes sans une bâtisse moderne. — Il y a matière à méditation. Il y a des sources inépuisables de documentation pour le dilettante éduqué, comme pour le technicien curieux.— Ces habitations visiblement construites à des époques différentes, avaient aussi manifestement des destinations différentes suivant les conditions sociales de ceux qui les habitaient. Construites en matériaux solides plus ou moins bien employés, généralement peu déformées cependant, peu transformées au cours des âges, elles évoquent en leurs diversités, la vie historique, les coutumes, les besoins de ceux qui les habitaient. 



Même d'un rapide examen, il apparaît que trois types principaux se dégagent : 

La métairie, habitée par le laboureur. 

La maison de ville, habitée par l’homme du bourg en général, artisan ou marchand. 

Le Castel ou Caserio habités par le noble ou le gentilhomme. 



En pays basque Français, la plus répandue, la plus caractéristique. donc la plus intéressante, c’est la métairie. 



Pour le voyageur qui croit connaître un pays, en le parcourant, dans un compartiment de chemin de fer, la ferme qu’il aperçoit dans l'encadrement de sa fenêtre à guillotine, est pour lui le prototype et le seul de la maison basque. Ce jugement quoique excessif et incomplet contient, cependant, une partie de la vérité. La ferme basque, en France, est, en effet, celle qui symbolise le mieux l’abri nécessaire à la famille basque "Etche-Ondoa". Elle est la maison souche, bâtie pour abriter les générations de cultivateurs, de pasteurs, d’éleveur de bétail, comme l’ont été les Basques de tout temps. 



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FERME
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette maison est bien celle qui convient aux besoins du paysan basque, celle qui lui est nécessaire, sans enjolivements superflus, sans luxe dont il n’a nul souci. 



L'extérieur et l'intérieur d'une habitation basque



La métairie est judicieusement placée à l'endroit le plus favorable pour préserver des intempéries. Elle est la plupart du temps adossée à une colline qui amortit le choc des grands vents de mer et qui préserve en partie son mur postérieur et son toit. La façade presque généralement en pans de bois de chêne au contraire, est tournée vers l'Est, vers le soleil ; sur cette façade donnent les jours des pièces d’habitation, les entrées de bétail, toutes baies à l'abri du mauvais temps. Les trois autres façades sont constituées par de grands murs en grosses maçonneries percées strictement de jour nécessaires à l’éclairage ou à la ventilation, fortement abritées généralement par de grands auvents débordants. La toiture est à deux eaux, la plus facile à construire. Deux versants souvent inégaux, en tuiles creuses du pays retenues par de grosses pierres. Le grand versant abrite ou des hangars ou des écuries. Voilà, dans ses grandes lignes extérieures, ces fermes de gracieux aspect ou isolées sur le fond vert de la colline, ou agglomérées, formant un village basque, nichées comme un campement à mi-côte, se détachant en notes blanches rayées de lignes brunes ou rouges entre des bouquets de chênes ou de platanes, non loin du clocher trapu de la vieille église. 



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FERME
PAYS BASQUE D'ANTAN



La distribution intérieure, parfaitement délimitée par de gros murs, dont le prolongement se manifeste en façade, est presque toujours semblable, répondant à de simples besoins traditionnellement les mêmes. 



Au rez-de-chaussée : l’étable, la place des instruments aratoires, les charrettes, l’aire pour le froment et le maïs. 




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GRANGE ESCARATZA MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Au premier étage, généralement, les pièces d'habitation. D’un côté, les logements du vieux ménage, de l’autre ceux du jeune ménage, chaque logement ayant sa cuisine ; cette intéressante cuisine basque, pièce commune de la famille, avec sa cheminée en hotte sur gros corbeaux, ses vaisseliers, son évier de dure pierre, ses grosses poutres noircies. Des balcons en bois de chêne sur la façade en pans de bois, doré, au levant, ajoutent aux commodités de l'intérieur et au pittoresque de l’extérieur. D'ailleurs, nulle superfluité ; tout est la traduction d’une nécessité. La fenêtre n’est pas disposée pour le souci de la symétrie, mais elle éclaire la pièce qui a besoin de lumière et elle a la dimension qui convient. Les portes sont à la demande des passages réclamés par les besoins. La pierre est celle de la carrière voisine et posée sans taille, sans art même, les poutres sont celles du bois voisin simplement équarries par des outils primitifs, mais d'un chêne bien choisi et séché. 



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CUISINE MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Tous les détails architectoniques dérivent également des nécessités les plus strictes et de la variété do celles-ci naît la variété de ceux-là, formant un ensemble parfois d’une originalité que les constructeurs modernes plus instruits recherchent, provoquent par des artifices, mais qui, certes, était le moindre des soucis de ces simples constructeurs d'autrefois. Tantôt c'est un escalier extérieur qui permet l'accès au premier étage et forme l'ensemble des lignes imprévues d’un fort heureux effet. 



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CASERIO
PAYS BASQUE D'ANTAN


Tantôt de longues contrefiches allongent la silhouette du toit pour préserver certains côtés particulièrement exposés. Tantôt c’est une véranda qui forme sur le blanc de chaux de la façade une tâche sombre, un coin d'ombre qui a sa fraîcheur, certains jours de grand soleil. Tantôt ce sont des balcons qui, juchés sous le grand auvent protecteur, soulignent d’une ligne horizontale plus fortement accusée, les différentes hauteur d’étage, encore qu'ils aient, bien entendu, leur utilité pour établir une communication ou servir de séchoir, certains jours. Tantôt, c’est la porte principale en plein centre, avec de longs clavaux en pierre dure qui, pour laisser passage à des charriots ou au bétail, troue, fort agréablement, la façade crépie de mortier de chaux. Tantôt des encorbellements ou en lignes verticales ou en lignes horizontales et du plus heureux effet, permettent d’agrandir l’espace intérieur des étages et ils enlèvent, ainsi, la platitude à la façade principale, forment des jeux d’ombres sur ces murs ensoleillés. Tantôt des linteaux surchargés d’inscriptions, aux lettres sculptées en relief, se détachent, en notes sombres, sur le blanc laiteux des murs. Tantôt, c'est un mur ou extérieur ou intérieur qui se prolonge pour préserver le plus d'espace de la bourrasque d’Ouest."



A suivre..







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