LES DANSES BASQUES EN SEPTEMBRE 1923.
Les danses Basques constituent, depuis très longtemps, une partie très importante de la culture Basque et la base de son folklore.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue bi-mensuelle, Paris qui Chante, le 15 octobre 1923, sous
la plume d'Alphonse Dufau :
'Les Danses au pays basque.
Biarritz. — En cette fin maussade de septembre, il pleut sur la Côte d’argent, comme il pleut partout, mais tout de même, pour nous consoler et nous réchauffer, nous avons le souvenir d’une quinzaine ensoleillée où tout était lumière, parfums, danses, musique et chansons. Ah ! le beau, reposant et magnifique pays ! Comme il doit être aimé des Dieux pour être ainsi paré par la nature de toutes les grâces et de tous les charmes. Et comme sa population, fine et nerveuse, accueillante et gaie, s’harmonise bien avec ses horizons d’un chaud coloris que borde la ligne bleuâtre des Pyrénées dentelées ou la frange verte poudrée d’écume de la mer immense...
Nous négligerons cette fois, si vous le voulez bien, l’histoire de la saison mondaine. Cosmopolis a d’ailleurs ses chroniqueurs qui vont obligatoirement de Deauville à Biarritz pour filer ensuite vers la Côte d’azur. Laissons-les monter leurs potins en épingles. Ne nous embarquons point dans leur galère dorée. Reposons-nous à regarder le paysage, emplissons nos yeux de la magie des couleurs qui le composent et observons la race, au caractère si fortement marqué qui vit dans ce cadre incomparable, observons-la sous l’angle qui nous intéresse, c’est-à-dire pour les lecteurs de Paris qui Chante ... et qui danse.
Le saviez-vous ? En dépit de l’influence envahissante de la chorégraphie moderne et des figures à la mode, le culte des danses anciennes et de la si caractéristique musique qui les anime se perpétue sur le versant pyrénéen français.
L’autre jour, au cours de la fête traditionnelle des basques, nous en avons eu une magnifique démonstration. Au centre d’un terrain verdoyant, entouré de tribunes bondées à craquer, sur une estrade, pendant plusieurs heures, des danseuses et danseurs réputés du pays se chargèrent d’interpréter un programme dont je voudrais esquisser les principales figures, d’un pittoresque si attrayant.
Il y eut d’abord le saut basque (Dantza jauziac), danse des plus originales par le rythme de sa musique et le charme de ses attitudes. Seuls les hommes y prennent part. Ils forment un cercle qui se meut aux accords d’un tambourin ou d’un violon obéissant à des règles dont le musicien dicte les phases. Les pas s’exécutent et se succèdent à son commandement.
SAUTS BASQUES PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il y eut ensuite la Farandole (Dantza luzia). Une longue théorie se constitue. En tête un jeune homme porte un rameau fleuri et alternant derrière lui, filles et garçons, reliés par des mouchoirs, se succèdent. Un danseur, porteur aussi d’un rameau vert, achève la file. L’orchestre donne le branle. Le long ruban humain se déroule, décrit des courbes diverses, glisse, se tord, trace des arabesques, s’éloigne, revient, s’enroule, repart et termine par une galopade folle.
FARANDOLE EN BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il y eut enfin la Danse des Volants (Belant Dantzac) qui est la danse pompeuse par excellence.
DANSE DES VOLANTS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un certain nombre de jeunes gens sont habillés en danseurs ou "volants". Leur habillement se compose : d’un bonnet de structure compliquée fait d’aigrettes, de verroteries, de broderies de soie diverse ment teintées, de petites glaces; d’une chemise blanche recouverte d’une foule de bijoux, de broches, de chaînes en or, de rubans flottants multicolores; une ceinture de soie rouge, un pantalon blanc agrémenté de lisérés divers et piqués de multiples petits grelots, de sandales blanches ornées, d’une petite baguette tenue à la main.
DANSEURS "VOLANTS" BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Viennent après les cavaliers, des sapeurs, deux ou quatre gorriac, quêteurs à veste rouge, deux géantes (gigantiac), dont la haute charpente abrite généralement deux excellents danseurs, les "fausses demoiselles", deux maréchaux ferrants à tablier de cuir, au visage barbouillé de suie, qui interviennent à l’improviste pour poser un fer au pied de ceux dont la générosité envers les gorriac n’a pas paru suffisante, enfin le barde (globaria) qui sur un thème et une musique donnés, improvise en basque des sonnets, des versets, des rimes, des satires animées d’une gaîté du meilleur aloi et de l’esprit le plus délié.
Sur ce cortège flotte un drapeau et sur deux rangs, au son de la musique, les volants exécutent les pas traditionnels.
Cette année, M. Henry Paté, haut commissaire à la guerre, présidait la fête annuelle des basques. On peut enregistrer sa présence avec satisfaction. Il est bon, en effet, que le gouvernement encourage des manifestations de ce genre, qui contribuent si puissamment à conserver les coutumes et les réjouissances de jadis, et font apparaître, avec diversité, suivant les régions, la physionomie curieuse de la France d’autrefois, ce qui n’est point sans charme en notre siècle trépidant d’une uniformité si ennuyeuse. Ainsi, en outre, n’est point rompue la chaîne qui nous relie à ceux qui nous précédèrent. On doit féliciter aussi les dévoués organisateurs de ces fêtes locales et régionales. En l’occurrence le Syndicat d’initiative de Biarritz, qui serait à citer en exemple à beaucoup, s’est surpassé.
HENRY PATE 1920 HAUT COMMISSSAIRE A LA GUERRE |
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