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lundi 27 février 2023

LES DÉBORDEMENTS DE LA NIVELLE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MARS 1931

LES DÉBORDEMENTS DE LA NIVELLE EN 1931.


Au cours de l'Histoire, Saint-Jean-de-Luz a connu de nombreuses crues de la Nivelle.



pays basque autrefois labourd corsaires
SAINT-JEAN-DE-LUZ 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse locale dans diverses éditions :



  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 7 mars 1931 :

"Les Inondations d’Errepira à Saint-Jean-de-Luz.

Le barrage de fortune a été rompu. 


La Nivelle a de nouveau détruit le barrage de fortune élevé à l’emplacement de la brèche que les eaux avaient faite dans le barrage. 


De ce fait, tout le quartier Errepira a été inondé. 


Dans certains endroits, la hauteur de l'inondation a dépassé un mètre. Les pompiers de la ville assurent les communications à l’aide de barques et charrettes. 


Un détachement du 18e comprenant cinquante hommes, commandé par le lieutenant-colonel Nadal et le lieutenant-colonel du génie de Chomereau, s’occupent à réparer, à l’aide de madriers et de sacs de ciment, la brèche qui s'ouvre dans le barrage, sur une largeur de dix mètres environ. 


Parmi les personnalités reconnues sur les lieux citons : MM. le Sous-Préfet, Barelle, des ponts et chaussées, un inspecteur des eaux et forêts, M. Iribarren, maire, et M. Lalague, adjoint. 


Les dégâts, assez importants, ne peuvent être encore évalués. Les maisons de commerce continuent leur trafic."




pays basque autrefois labourd corsaires
SAINT-JEAN-DE-LUZ 1931
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 9 mars 1931 :


"Les débordements de la Nivelle à St-Jean-de-Luz.


Les secours.


La situation était meilleure hier dimanche. Le retour de l’inondation qui a couvert le quartier d’Errepira s'est produit samedi matin comme nous le faisions prévoir dans notre chronique de vendredi. Les mesures de précaution prises après la première invasion des eaux de la Nivelle avaient fait espérer qu'elle ne se renouvellerait pas. Mais samedi, vers 5 heures du matin, le barrage de fortune était renversé par la marée, et les eaux envahissaient ce quartier avec une raPidité déconcertante. Un quart d’heure après l’affaissement du barrage tout le quartier était couvert par les eaux de la Nivelle jusqu'à une hauteur de 1 m. 25 à certains endroits. 



Bon nombre d'habitants des rez-de-chaussée qui ne croyaient pas à un retour de l'inondation ou qui jugeaient suffisantes les précautions prises la veille, se trouvèrent désarmés contre cette nouvelle attaque des eaux qui donnait un niveau supérieur de cinquante centimètres à celui de vendredi. Aussi, la surélévation des meubles faite la veille avec des moyens de fortune, briques, pièces de bois et autres matériaux, se trouva-t-elle insuffisante. De ce fait les pertes furent importantes : mobilier détérioré, effets d'habillement perdus à jamais, lingerie souillée, poules noyées, légumes, fruit d'un patient labeur, inutilisables. Le désarroi fut grand, d'autant plus que les maisons étaient cernées par les eaux, et qu’on ne pouvait en sortir qu'en ayant de l’eau jusqu'à mi-corps. 



De robustes et dévoués sauveteurs vont heureusement de porte en porte, et chargeant sur les épaules ou sur leurs bras de respectables mères de famille. Ce devoir d’assistance se nuance de quelque plaisir quand il s'agit de transporter d'accortes jeunes filles.



De légères embarcations aidaient au sauvetage. Et comme la gaieté française ne perd jamais ses droits, il fallait voir nos marins aller prendre un peu plus tard aux limites de l’inondation les habitants qui réintégraient leur domicile le premier émoi passé. "Votre adresse, mademoiselle ? — Rue des Ormeaux, monsieur", tel un conducteur de taxi et sa cliente. Et les rires fusent. On oublie le malheur présent ; on fera demain le bilan des pertes. 



Vers 9 heures du matin, une cinquantaine d’hommes de troupe, demandés par téléphone, arrivaient dans le quartier inondé, transportés dans des autobus. Sous les ordres du colonel Nadal, de l’infanterie, et du colonel de Chomereau, du génie, ils s'employaient immédiatement à construire un nouveau barrage plus résistant que celui de la veille. En fait, il remplit complètement son office, à la grande marée de 6 heures du soir, la Nivelle endiguée resta dans son lit. 



Après le retrait des eaux nous avons pu, dans la journée, visiter le quartier inondé. De l’eau subsiste encore dans les jardins. Les chaussées sont à sec. Dans les maisons on balaie, on assèche, on remet toutes choses dans un ordre relatif ; on constate aussi avec chagrin les dégâts et les pertes. 



Nous avons pu voir dans quelques rez-de-chaussée les meubles surélevés par les moyens de fortune dont nous avons parlé. Sur le haut des armoires subsistent encore des objets mis à l'abri, des poules même préservées des eaux par ce moyen. 



Mais nous avons vu aussi pas mal de camions chargés de meubles déménagés à la hâte par des habitants qui ont cru nécessaire de chercher un nouveau domicile dans un quartier plus abrité. 



L’inondation qui s’est produite par une brèche d'une vingtaine de mètres, occupait sur le bord de la Nivelle un front de 400 mètres, réduit à 250 environ sur la route d'Ascain. 



Les usines de conserve ont eu des dégâts sérieux : conserves déjà emboîtées couvertes par le limon, boites vides dispersées, conserves en cours de travail perdues, approvisionnements divers inutilisables. Le bilan des pertes était encore impossible, dans le désordre du premier moment, et il est à l'heure actuelle difficile de l’évaluer même approximativement, tant pour les usines et les commerçants que pour les particuliers. Des maisons d’épicerie et comestibles sont sérieusement éprouvées. 



Signalons l'énergique ténacité du boulanger du quartier, M. E. Lhespitaou, qui, pour ne pas laisser ses clients manquer de pain, eut le courage de faire sa fournée plongé dans l’eau presque jusqu’à mi-corps. 



M. le sous-préfet de Bayonne, le maire, les adjoints, de nombreux conseillers municipaux, l’ingénieur de la ville, le président du Syndicat d’initiative, l’ingénieur des ponts et chaussées, le commissaire de police qui organisa un efficace service d’ordre sont restés en permanence dans le quartier inondé. Les gendarmes, les sapeurs-pompiers, ont fait preuve du plus grand dévouement, aidés dans leur tâche par des marins et citoyens de bonne volonté. Le devoir d’aide mutuelle a été parfaitement compris et rempli par les Luziens. Il est juste de le reconnaître et de les en remercier comme il sied. 



M. Forestier, conseiller municipal du quartier fut tout à tous dès la première heure, circulant dans l'eau pour porter à tous ses conseils et son aide avisée. 



L’ingénieur de la ville, M. Poletti, a droit à une mention spéciale et à des remerciements particuliers. Habitant le quartier où son domicile était envahi par les eaux, il alla à son devoir dans l’oubli complet de ses propres intérêts. S’il est particulièrement éprouvé dans ses biens, faute d’avoir veillé à leur préservation, il le doit au sentiment élevé des devoirs de sa fonction. Le constater est un devoir que nous sommes heureux de remplir. 



Ajoutons que les hommes de troupe sous les ordres du colonel Nadal, et du colonel de Chomereau travaillèrent avec une activité fiévreuse à établir le nouveau barrage qui opposa une barrière victorieuse au retour de l’inondation. On leur doit de justes et chaleureux remerciements. 



Nous ne devons pas oublier non plus M. Berkmanns, le grand entrepreneur de Bidart qui, dès les premières nouvelles de l’inondation, put envoyer en hâte à Errepira vingt ouvriers et 150 sacs de ciment. 



Rencontré au cours de notre visite, M. Prat, le dévoué chef des scouts basques luziens, qui, dans son costume de scout servit pendant deux jours d’agent de liaison. On est toujours sûr de le trouver partout où son concours peut être utile. Cette constatation est le meilleur éloge qu’on en puisse faire. 



Dimanche un ordre et un calme relatifs sont rétablis dans le quartier. Sur les murs, dans nombre de maisons, des raies tracées à l’extérieur indiquent le niveau atteint par la Nivelle le 7 mars 1931. De légères embarcations, des "plattes" semées de distance en distance, maintenant à sec, témoignent aussi qu'à diverses reprises, pendant deux jours, le Quartier "Errepira" fut un lac navigable. 



Nous ne nous attarderons pas à établir les conséquences de ce triste événement local. Il nous suffit, pour aujourd’hui, de constater que dans ces regrettables circonstances, autorités civiles, autorités municipales, gendarmes, pompiers, hommes de troupes, marins et Luziens firent leur devoir et tout leur devoir. Il est toujours consolant d’avoir à signaler les exemples de solidarité et d’entr’aide qu’on est toujours sûr de trouver en France, quand la nécessité s’en fait sentir. 




Un effondrement.



Le long de la Nivelle et du mur de l'usine à gaz, la route s’est effondrée sur une longueur d’une dizaine de mètres. La dénivellation dans la partie centrale semble être de 1 mètre environ. Cet accident est dû sans doute à l’affouillement souterrain produit par les eaux de la Nivelle. 



Le mur qui borde la Nivelle se serait sans doute effondré sans la précaution immédiatement prise par M. Dussouy, directeur de l’usine à gaz, de le faire immédiatement étançonner. 



La circulation n'est pas interrompue, la moitié environ de la largeur de la chaussée n'ayant subi aucun dommage. La Nivelle veut décidément conquérir cette année une regrettable notoriété."







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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