LES CHIENS AU PAYS BASQUE AUTREFOIS.
Au début du 20ème siècle, les chiens, en particulier errants, sont un problème au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse locale, dans plusieurs éditions :
- La Gazette de Biarritz, le 29 mai 1903 :
Conseil Municipal de Biarritz :
Les chiens errants et la propreté des rues.
... M. Long-Savigny parle de d’animation que l’on a pu constater ces derniers temps aux alentours de la Halle. Cette animation était due à l’intervention du Cassegus. Les employés à la poursuite des chiens errants ne rempliraient pas leur rôle avec tout le tact désirable, ni avec la douceur que l’on peut exiger même pour des animaux. M. Long-Savigny demande à ce sujet si la taxe réclamée aux propriétaires des chiens capturés est fixe, et s'il est vrai qu’elle doive contribuer à payer les frais d'envoi d’un enfant mordu, à un institut antirabique.
M. le Maire répond que la taxe est uniformément fixée à 3 francs. Elle ne sert en rien à payer les frais d’envoi d’un enfant qui, ayant été mordu au quartier Chélitz par un chien suspect, a été envoyé, par mesure de précaution, à l’institut de Bordeaux, bien qu’on ne croie pas que le chien fut enragé.
M. Long-Savigny reconnaît que les chiens errants sont un inconvénient, surtout aux abords de la Halle. Ils fouillent dans les amas de détritus de toute sorte que l’on laisse s’accumuler toute la matinée sans les mettre hors de leur atteinte, si bien que, journellement, les trottoirs des rues avoisinantes sont encombrés de têtes de moutons, d’os de boucherie, qui ont été semés çà et là par les chiens, il réclame un nettoyage sévère et régulier des détritus de la Halle, et leur enlèvement rapide..."
LES HALLES BIARRITZ 1904 PAYS BASQUE D'ANTAN |
- La Gazette de Biarritz, le 19 août 1904, sous la plume d'Ursus :
"Les chiens.
Le chien est l’ami de l’homme, c’est entendu - jusqu’aux mollets inclusivement. Mais cet ami a des défauts très graves : il devient enragé et dès lors constitue le plus sérieux danger, non pour son maître - il n’y aurait que demi-mal — mais pour le reste des humains Or, le département des Basses-Pyrénées tient le record du nombre des cas de rage annuels et, en particulier, l’arrondissement de Bayonne est celui qui en fournit le plus. Record peu enviable. Il y a donc, comme l’on dit, quelque chose à faire pour une ville qui a sa réputation à garder, comme Biarritz.
On ne sait que trop l’inutilité des arrêtés municipaux sur la muselière et la laisse : ils sont toujours en vigueur, mais on ne les applique jamais. Les propriétaires de chiens ne veulent pas s’en ennuyer, et comme ils savent que leur chien, s’il vient à enrager, ne les mordra pas, eux, ils se moquent du reste. Il faut donc les prendre autrement. Dans une ville le chien n’est pas chien de garde, il est chien de luxe quelle que soit sa taille. Il faut donc le taxer com me tel. Autant qu’il me semble d’après des expériences réitérées, il doit y avoir dans les 12 000 chiens dans le canton de Biarritz, si on en formait une colonne par quatre, la longueur du chien moyen mesurée du bout du nez à l’extrémité de la queue, tendue horizontalement, étant de 0,70, la colonne s’allongerait de la gare de la Négresse à la Mairie ; si donc on frappait chaque chien d’une taxe municipale de 3 frs la recette permettrait, et fort au-delà, de payer l’Inspecteur de la Voirie à qui incomberait, moyennant prime, la recherche des animaux et l’abattage de ceux qui sont sans maître, ainsi que la perception du droit. Je parie que si l’on mettait à l’encan la ferme de la recherche des chiens, on s’y battrait.
On raconte qu’au Mexique, il y a une ville, géographiquement très bien placée, mais qui manque complètement d’eau. La profession d’aguador y est très lucrative, cette ville renferme un grand nombre de chiens qui y remplissent des fonctions de voirie que les nôtres ne remplissent pas du tout, au contraire. Or, chaque jour, sur les quatre heures, un certain sifflement, bruissement ou aboiement particulier se fait entendre : ce sont les chiens qui s’appellent pour aller boire. Ils partent au petit trot, tous ensemble, et reviennent de même, après s’être désaltérés, ayant fait deux petites lieues. Ici, comme chacun sait, l’eau court dans les rues, la gent canine n’a donc pas ce besoin à satisfaire, mais ses instincts sociables ne s’en manifestent pas moins sous une autre forme. Vers neuf heures du soir, une clameur monte vers le ciel, c’est le couvre-feu des chiens. Je n’en conteste ni le pittoresque, ni la poésie, mais combien les nerfs délicats en pâtissent ! Parfois, la nuit, ils engagent conversation à distance et alors adieu le sommeil. Ah ! c’est un ami bien encombrant que nous avons là et comme il s’en va temps d’en battre monnaie !"
31 TOULOUSE ATTRAPEUR DE CHIENS ERRANTS |
- La Gazette de Biarritz, le 3 décembre 1911 :
"Les chiens.
Il y a environ trois semaines, un chien que l'on croit avoir été enragé, fut abattu à Biarritz.
Aussitôt — et comme il est d’usage — les animaux présumés mordus ou roulés par la bête enragée ont été sacrifiés et les chiens errants non pourvus de collier et de muselière ont été capturés par le service municipal.
Ce service a fonctionné pendant six jours, les 14, 15 et 16 Novembre, et les 20, 21 et 22 Novembre.
Il a été capturé respectivement chacun de ces jours, 29, 7, 10, 24, 6, 7 chiens, en tout 83. Sur ce nombre, 23 ont été réclamés par leurs propriétaires et remis contre paiement d’une amende. Les 60 autres ont été détruits par asphyxie.
Actuellement, la "charrette aux chiens" ne circule plus et nos toutous peuvent circuler en liberté... jusqu'à nouvel ordre. Mais nos concitoyens feront bien de ne pas trop laisser errer leurs chiens, par crainte d’un nouveau cas suspect, qui pourrait donner des inquiétudes.
J’en connais qui s’apitoient bien vivement sur le sort des pauvres bêtes sacrifiées par mesure d'ordre et de prophylaxie, qui même incriminent la Municipalité qui a autorisé ces hécatombes.
Mais j'en connais d’autres qui trouvent la Ville insuffisamment purgée des chiens très nombreux qui vaquent partout en liberté, qui fouillent et éparpillent les ordures ménagères, qui font, la nuit, dans certains quartiers, des concerts somnifugés.
Et, parmi les doléances qui nous sont parvenues, deux nous semblent fort justes et dignes d’attention.
D’abord que — si, jour une raison quelconque, la capture des chiens fut décidée — connaissance en soit donnée aussitôt au public par la voie de publication et par l’intermédiaire des journaux locaux et régionaux.
Puis, que l'on essaie d’un système avantageusement utilisé dans quelques villes : la capture des chiens errants pendant la nuit. C’est, par un service de nuit, après 9 heures du soir, qu’on attendrait plus sûrement les chiens errants, les chiens sans maîtres et sans soins, qui sont surtout des suspects. Comme nous le disait un de nos amis, "les chiens honnêtes" sont rentrés à l’heure du repos et les autres — parce qu’ils offrent moins de garantie de surveillance — ne sauraient nous émouvoir autant, s’ils sont capturés, que tant de pauvres toutous victimes de leur humeur gaillarde ou de leurs instincts de propreté et que la charrette diurne enlève sans discernement."
- La Gazette de Biarritz, le 7 janvier 1912 :
"Les chiens et la rage.
Quoiqu’on n’ait pas signalé de cas de rage à Biarritz depuis assez longtemps, il n’en faut pas moins user de vigilance et prévenir pour n’avoir pas à guérir.
Dans plusieurs communes des environs, des chiens suspects ou reconnus enragés ont été abattus et le Maire de Bayonne a cru de voir prendre de sévères mesures, tout en faisant communiquer à la presse la note suivante :
"Le Maire de Bayonne a l’honneur d’informer le public qu’à la suite d’un cas de rage qui vient de se produire sur le territoire de la commune de Bayonne, l’arrêté concernant les chiens est remis en vigueur.
Les propriétaires de chiens sont avisés qu’ils sont susceptibles de contravention pour le cas où ils laisseraient circuler leurs animaux sans muselière.
Le Maire appelle tout particulièrement l'attention de ses administrés sur la fréquence des cas de rage, et la nécessité pour les propriétaires de chiens de se conformer à l'arrêté municipal, afin d’éviter les conséquences fâcheuses qui peuvent résulter de l’inobservation des prescriptions de cet arrêté.
Il est à remarquer que dès que l’arrêté n’est plus mis en vigueur, les cas de rage réapparaissent, et qu’au contraire, ils cessent complètement dès qu’il est appliqué.
L’expérience a donc démontré que le seul moyen de combattre la rage est d’interdire la circulation des chiens sans muselière.
Le Maire de Bayonne fait de nouveau appel au bon vouloir de ses concitoyens pour que les prescriptions de l'arrêté soient rigoureusement suivies.
Des démarches vont être faites auprès des représentants des communes voisines pour que des mesures analogues soient prises, afin de combattre de façon efficace ce mal redoutable de la rage qui fait des victimes d’une façon continue."
On ne peut qu'approuver l’initiative de la Municipalité de Bayonne.
D’ailleurs, nombre de personnes se plaignent qu’il y ait encore trop de chiens errants à Biarritz, que ces chiens, par leurs courses continues, le tapage nocturne qu’ils font dans certains quartiers, et les risques de maladie qu’ils présentent sont un danger pour leurs congénères et pourraient être un péril pour la population.
Ce serait le moment peut-être de rappeler une pratique déjà préconisée par la "Gazette", celle qui consiste à faire courir, de temps en temps, après neuf heures du soir, la "voiture aux chiens", afin de recueillir les bêtes errantes, celles qui n’ont pas de maître la plupart du temps et qui, sans soin ni surveillance, sont une proie tout indiquée pour la maladie et la rage.
Cela n’empêcherait pas d’exiger, si cela devient nécessaire, le port de la muselière et l'usage de la laisse pour les chiens vaguant pendant la journée."
FONTAINE ET INSCRIPTION MARITIME BAYONNE 1912 |
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