LE RAID HIPPIQUE BIARRITZ-PARIS EN MAI 1913.
Peu de temps avant le début de la première Guerre Mondiale, des cavaliers de l'armée française participent, comme chaque année à un raid hippique de plus de 700 kilomètres, entre Biarritz et Paris.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Vie au grand air, le 10 mai 1913, sous la plume de
Jean Simonard :
"Le raid hippique.
Une hécatombe de records.
Nous n'avons pas l'intention de raconter ici l'épique chevauchée des officiers de complément sur les 700 kilomètres qui séparent Biarritz de Paris. Nous ne voulons rapporter à nos lecteurs que les faits intéressants que nous avons constatés personnellement ou recueillis des concurrents eux-mêmes, les ayant vus à l'œuvre, sur la route, et le jour de l'arrivée, aux présentations de Bagatelle et de l'Ecole Militaire.
LES CONCURRENTS QUITTENT BIARRITZ 1913 |
Le vainqueur, le sous-lieutenant Crespiat, du 1er chasseurs, a marché à l'allure plutôt coquette de 160 kilomètres de moyenne par jour. Sa jument "Bibi", choisie par lui dans le Polo du marquis de Quinsonas, qu'il dirige, non pas pur sang, comme on l'a prétendu, mais issue d'un étalon anglo-arabe d'Aurillac et d'une jument normande, est âgée de 10 ans. Elle a été soumise, depuis quatre mois, à un entraînement des plus sérieux, arrivant au résultat fantastique de boucler des temps de trot de 50 kilomètres ! Ce n'est plus un cheval, c'est une vraie machine qui, durant tout le trajet, a supporté des "trotting" de 20 à 25 kilomètres, mangeant en une heure et demie et repartant "fraîche comme l'œil". Son cavalier est resté presque continuellement en selle et n'a pas fait 10 kilomètres de "footing" depuis Biarritz. A l'arrivée, la jument était si gaie et si souple dans ses actions, que nous estimons qu'elle aurait pu retourner à Biarritz, dans le même style.
SALUT A LA COMMISSION BIARRITZ 1913 |
Le 1er chasseur a réussi, en un mois, un joli "coup de trois", gagnant le military d'Auteuil avec "Lalla Rouk", au lieutenant de Royer, monté par le lieutenant Marc, quelques jours après le Grand Prix de Paris, à l'Hippique, avec "Noëline", au lieutenant Brault, enfin, le raid avec un de ses officiers de complément.
On ne peut séparer le sous lieutenant Crespiat de son co-équipier le sous-lieutenant Tourte, du 5e hussards. Sa monture pur sang, par "Gay Lad" et "Coulaine", 7 ans, très racée, a suivi "Bibi" jusqu'à Vendôme ; victime d'une coupure au boulet, elle se classait cependant 12e.
PREMIER DU RAID : SOUS-LIEUTENANT CRESPIAT |
Le second, le capitaine Lebrun, du 20e d'artillerie, avec une vaillante jument bretonne de 10 ans, qui a déjà couru plusieurs "raids", est revenu de très loin ; cavalier sage et très réglé dans ses allures, il a remonté presque toute la colonne.
DEUXIEME RAID : CAPITAINE LEBRUN |
Le 4e, le lieutenant d'Amboex, du 6e dragons, vainqueur de nombreux militarys, a fini en parfait état et aurait certainement fait mieux encore si sa jument n'avait été handicapée par une blessure provoquée au membre P. G., par une guêtre défectueuse.
Le 5e, le lieutenant Pichon, du 20e chasseurs, pilotait "Visitandine", pur sang, 15 ans, par "Krakatoa" et "Varsovie", gagnante d'une centaine de mille francs en courses plates, réformée comme poulinière, après avoir produit deux vainqueurs "Vaugirard" et "Voix Lactée". Il y a un mois, elle gagnait le Raid de Saint-Germain, couvrant 75 kilomètres pendant 3 jours, 108 le quatrième, dont 92 kilomètres à 15 à l'heure et les 13 derniers kilomètres dans le temps incroyable de 18 minutes !
Le sous-lieutenant Pierre Escudier, du 1er cuirassiers, un spécialiste aussi, vainqueur du Raid de 1912, avait amené une équipe formidable de cinq chevaux. Lui-même fut obligé d'abandonner à Poitiers, laissant ses quatre camarades continuer et se classer tous honorablement : le capitaine Doussaud du 95e territorial, 7e avec "Riquiqui" ; le lieutenant Marcel Guyot, du 6e chasseurs, un de nos bons gentlemen en Hippique, 16e avec "War-Gate", pur sang d'origine anglaise, partie et arrivée assez basse d'état ; le lieutenant Guillaud, du 94e territorial, 41e avec un produit de "Fair Boy", pur sang et une jument de demi-sang ; enfin le sous lieutenant Talvayrac, du 11e d'artillerie, 29e avec "Fatma".
Cette équipe s'est couverte de gloire ; les deux premiers, le capitaine Doussaud, député et le lieutenant Marcel Guyot ont eu l'honneur de battre le record germanique de "Berlin-Vienne" : partis de Poitiers à 4 h. 45 du matin, ils arrivaient à Versailles, le lendemain soir, à 11 h. 25, ayant couvert 354 kilomètres en 40 heures !
ARRIVEE A VERSAILLES MAI 1913 |
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