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jeudi 27 janvier 2022

LES GUERRES NAPOLÉONIENNES EN PAYS BASQUE SUD EN JUIN 1813

LES GUERRES NAPOLÉONIENNES EN 1813.


A partir de 1808 et jusqu'en 1813, Napoléon et ses généraux vont faire la guerre en Espagne.




alava guerra antes
BATAILLE DE VITORIA-GASTEIZ 21 JUIN 1813
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Propagateur, le 26 juin 1813 :



"Intérieur. Paris, 20 juin. 

Ministère de la Guerre.

Armée du Nord de l’Espagne. 



Le général Clausel, chargé, d’après les ordres de l’Empereur, de s’occuper exclusivement de la destruction des bandes et du rétablissement de l'ordre dans les provinces du nord de l'Espagne, a rendu compte, par plusieurs dépêches successives du résultat de ses opérations. On a déjà fait connaître au public (Moniteur), du 17 de ce mois les succès obtenus, sur la côte de Biscaye, par les divisions Foy et Palombini, la prise du port de Castro, et la destruction de plusieurs bataillons insurgés, dans cette province. Pendant que les généraux Foy et Palombini opéraient en Biscaye, le général Clausel s'était porté de sa personne en Navarre, où Mina avait établi le siège de ses opérations et de son influence, et où des retraites, presque inaccessibles, semblaient lui garantir un abri contre toutes les poursuites de nos troupes. Mina néanmoins, malgré l’activité de ses mouvements, n’a pu échapper à diverses rencontres, où ses bandes ont essuyé des échecs plus ou moins graves ; le résumé suivant contient le détail de ces différentes affaires.




GENERAL BERTRAND CLAUZEL



Le général Clausel, parti de Vittoria le 11 avril, après s’être fait rejoindre à Logrono par la division Vandermaessen, se porta, par Viana et Lerin, sur Puente-la-Reyna, centre des principales communications de la Navarre. Au moment d’arriver à Larraga, on aperçut deux bataillons et 100 cavaliers ennemis, postés à Artacona ; mais cette démonstration de leur part, n’était qu’une feinte, et cachait la retraite de leurs principales forces, qui déjà s'étalent divisées, se dirigeait en partie sur les Amescoa, partie sur Tafalla et Sanguessa : même, pendant cet intervalle, certains de l’éloignement de nos forces, ils cherchèrent à enlever quelques postes isolés, et se montrèrent sur toute la ligne de communication de Tolosa à Pampelune ; leur attaque fut partout infructueuse : ils furent surtout repoussés avec vigueur, par les commandants d’Irurzun, de Lecumherri et d'Arriba, et perdirent 250 hommes à l’attaque de ces postes. 



Le général Clausel sut que trois bataillons insurgés occupaient les Amescoa, regardés, avec la vallée du Roncal, comme leur retraite la moins accessible ; il y porta aussitôt des troupes, dont l’approche les mit en fuite ; le général Abbé pénétrait en même temps dans la vallée d’Araquil, où l’on ne put saisir que des grains, qui furent dirigés sur Pampelune.



A près des manœuvres diverses de la part de nos troupes pour joindre l’ennemi, de la part de l’ennemi pour éviter nos troupes, le général Abbé rencontra, le 26, à Santa-Cruz , le bataillon du Cortazas et lui prit des équipages ; il fit sauter, au couvent d'Iruche, un moulin à poudre des bandes , détruisit des amas de salpêtre trouvés dans des bergeries, et plusieurs dépôts de munitions cachés dans les montagnes. 



Le 28, il découvrit dans les environs de Santa-Cruz, et fit briser 1 000 baïonnettes, 600 lances, 12 à  1 500 canons de fusil, et détruisit l’hôpital de Santa-Cruz. Il saisit également, sur le même point, quantité de munitions pour des canons de 3, des cartouches d'infanterie, des bois de fusils, des balles, du plomb, du cuir et des souliers.



Le 29, la division Barbot découvrit, dans la vallée de Lana, 1 200 pantalons de drap, des souliers, divers effets d’habillement, et plusieurs barils de poudre anglaise.



La division Vandermaessen trouva , dans les bois de Marano , 400 baïonnettes neuves, des canons de fusil, beaucoup d'éperons en fer, et des tonneaux remplis de souliers.



Après avoir parcouru les Amescoa, les montagnes de Santa-Cruz-de-Bampezo , toutes les vallées qui sont entre l’Ega, l’Arga et l’Araquil, le général Clausel pensa à se porter dans la vallée de Roncal, dernière retraite de Mina, et considérée comme son plus important boulevard. C’était dans les villages de cette vallée qu’il avait formé des magasins d’habillement, des hôpitaux, des dépôts d’armes et de munitions ; c’était là qu’il avait réuni ses blessés et ses malades ; aussi était-ce dans cette vallée que l’on pouvait espérer de le rencontrer : la facilité de se défendre sur des hauteurs inaccessibles, dans des passages étroits, où de faibles détachements sont en état d’arrêter de fortes colonnes, pouvaient lui donner assez de confiance pour le décider à nous attendre et à nous combattre. En effet, persuadé qu'il pourrait se maintenir et se défendre dans le Roncal, Mina avait occupé, avec cinq bataillons, tous les passages qui y conduisent. Ces bataillons étaient placés à Sanguessa ; à Lumbier, à Aoiz, à Tiermas, et à Salvatierra ; des détachements gardaient Ysaba, village situé au sommet de la vallée. Mina avait ainsi réparti ses troupes, dans la pensée que l’on chercherait à pénétrer dans le Roncal par Sanguessa et Lumbier, en remontant la vallée. Le général Clausel trompa son attente et ses combinaisons ; il ordonna au général Abbé de partir de Pampelune, avec 4 000 hommes, et de se porter directement sur Ysaba, au point le plus élevé du Roncal, tandis que le général Vandermaessen, se dirigeant sur Sanguessa, et de là sur Salvatierra, attendrait, aux issues de la vallée, les bataillons ennemis que le général Abbé chasserait devant lui, en descendant des montagnes.




GENERAL LOUIS JEAN NICOLAS ABBE



Le 10 mai, le général Abbé trouva un bataillon ennemi à Aoiz, et l’en chassa ; le 12, il arriva à Ysaba, où il ne trouva que des douaniers.



En même temps, le général Vandermaessen se rapprochait des débouchés de la vallée ; et le 12, il eut devant lui la cavalerie de Mina.




GENERAL FRANCISCO ESPOZ Y MINA



Mina, convaincu par la marche du général Abbé, que l’entrée du Roncal était forcée, ne pensa plus qu’à tenter l’événement d’un combat. Dans la nuit du 12 au 13, il réunit ses troupes près d’Ysaba, sur la route du Roncal à Ochagavia ; le i3, au point du jour, il fut reconnu par le général Abbé, qui, sans attendre davantage, le fit attaquer de front, le chassa successivement de trois positions différentes et le mit en déroute : Mina perdit 1 000 hommes dans ce combat ; et si le général Abbé eut différé l’attaque un jour de plus, la troupe ennemie se trouvait rejetée sur la colonne du général Vandermaessen, qui entrait en ce moment dans la vallée, par Signes et Salvatierra ; et selon toute apparence, elle eût été détruite jusqu’au dernier homme.



Le lieu que Mina avait choisi pour combattre, le 13, se trouvait à peu de distance d'une position où les habitants du Roncal, s’il faut en croire la tradition qu’ils ont conservée, avaient autrefois défait l’armée du roi maure Abderame. Au combat du 13 , les habitants du Roncal déployèrent le drapeau, que, depuis la mort d’Abderame, ils ont le droit de porter à la guerre. Ce drapeau, mal défendu cette fois, a été abandonné dans les bois, et trouvé par un soldat français.



Précipité de ces positions par le général Abbé, et pressé par l’approche du général Vandermaessen, qui n’était plus qu’à deux lieues, Mina abandonna le Roncal, par la route de Burgui, se jeta dans la vallée d’Anso, passa l’Arragon au pont de Santa-Cilia, et chercha à regagner les montagnes par Sanguessa. Au moment de la déroute, il dispersa les troupes par compagnies, se sépara d’elles, et fut même sur le point d’être pris, à Villaréal, par des éclaireurs du 15e de chasseurs, qui entrèrent dans le village au moment où il venait d’en sortir.



Toujours poursuivi, Mina se dirigea successivement sur Martès, Pintano, Undues-de-Lerda et Sos, tandis qu’à l’exemple de leur chef, une partie des bandes se répandait dans l’Arragon, et que la junte insurrectionnelle fuyait jusqu’à Carcastillo. A Sofuentes, le colonel Desmichel, avec son régiment et une soixantaine de gendarmes, atteignit l’escorte de Mina, lui prit plusieurs hommes, des chevaux et une brigade de mulets portant des vivres ; dans le même moment, 250 cavaliers débouchèrent sur lui par la route de Caseda : il marcha à eux, en sabra et tua une soixantaine, et fit reprendre au reste le chemin de Caseda.



Pendant qu’une partie de la cavalerie s’attachait à la poursuite de Mina, et atteignait trois fois son escorte, les bataillons insurgés, isolés de leur chef, désolés sur plusieurs points, divisés par pelotons, cherchant les bois et les cavernes, erraient au hasard dans les montagnes, les uns dans l’Arragon, les autres vers les issues du Roncal, et d’autres dans les Amescoa. Le général Abbé revint le 19 mai, à l’entrée du Roncal, poursuivant un bataillon d’Assura. Le général Vandermaessen se porta à Uncastillo, pour couper aux bandes jetées dans l’Arragon le retour dans la Navarre. Pendant ce temps, le général Taupin, placé à Estella, épiait les mouvements de quatre bataillons que Mina avait laissés dans les Amescoa, à Santa-Cruz, et dans la vallée d’Araquil ; il parvint, le 24, à joindre l’un de ces bataillons à Muestu : les espagnols, surpris avant d’être habillés, s'enfuirent en abandonnant leurs armes : plusieurs furent pris ou tués.



Dans ses poursuites et ces recherches, le général Clausel a donné une attention particulière à la découverte des dépôts d’armes, des magasins, des hôpitaux et des établissements de tout genre, que les insurgés avaient eu soin de placer dans les lieux les plus cachés et les moins accessibles. La vallée de Roncal a été trois fois parcourue en tout sens ; les vallées d’Ancella, d'Arragon, d’Anso, Fayo et Salazar, toutes celles qui se trouvent entre Salazar et et Pampelune, ont été également fouillées avec le plus grand soin. Des approvisionnements de tout genre ont été enlevés ou détruits ; des malades espagnols au nombre de deux mille, qui avaient quitté leurs hôpitaux à notre arrivée dans le Roncal, ont été trouvés cachés dans les bois, et abandonnés par leurs officiers de santé. Une grande partie a péri faute de soins ; ceux qui ont survécu ont été recueillis par le général Vandermaessen, qui les a fait traiter et rentrer dans les hôpitaux.



Pendant ce temps, Mina errait dans le pays, réduit à une escorte de 10 à 12 hommes, fuyant la poursuite de notre cavalerie  et cherchant à rejoindre ses bandes découragées. Un renversement si prompt de fortune a affaibli la confiance que les habitants avaient en lui, et paraît l’avoir abattu lui-même. Le capitaine don Nicolas Uriz, son ancien secrétaire, homme d’une grande influence dans la Navarre, est venu se rendre à nos troupes ; tous les villages ont commencé à demander des garnisons françaises ; les paysans pensaient à acquitter leurs contributions, et tous les vœux se prononçaient pour le retour de la paix et de l’ordre.



Mina lui-même, qui naguère défendait, sous peine de mort, la moindre communication avec une place occupée par des français, a engagé les villes à recevoir nos troupes, à leur préparer des vivres et à payer les impôts. La nouvelle des succès de S. M I. en Allemagne a produit une grande sensation dans le pays ; des chefs d’insurgés eux-mêmes, en apprenant que l’Empereur avait battu les russes et les prussiens, ont répondu à ceux qui leur donnaient ces nouvelles : "Tant mieux ; que S. M. les batte encore une fois, et que nous soyons tranquilles."



Le général Clausel a pris toutes les mesures pour empêcher les bandes de la Navarre de se reformer, pour atteindre leurs débris encore dispersés sur plusieurs points, et pour compléter, par de nouveaux et derniers résultats, une opération conduite jusqu'ici avec autant de vigueur que d’intelligence."




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