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samedi 29 janvier 2022

LE CHÂTEAU DE CHARRITTE EN SOULE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième et dernière partie)

 

LE CHÂTEAU DE CHARRITTE.


Dans la commune de Charritte-de-Bas, en Soule, existait autrefois un château.




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CHÂTEAU DE CHARRITTE
DESSIN DE P. GARMENDIA



Voici ce que rapporta Joseph Nogaret, dans le Bulletin du Musée Basque n°9, en 1935 :



"...Charles eut douze enfants qui eurent des destinées très différentes. L'un, chanoine à Lescar, émigra à la Révolution et mourut à l'étranger. Un autre, aide-major aux Gardes-Françaises, mourut jeune ainsi qu'un troisième qui était maréchal des camps et armées du roi. Mais celui qui se distingua le plus fut Charles-Borromée. Il entra dans la marine et prit part à la guerre de l'Indépendance de l'Amérique à bord du vaisseau La Bourgogne. Sa brillante conduite lui valut sa nomination de chef d'escadre et une riche épée, don des Américains. Nommé, un peu plus tard, à la direction du port de Rochefort, il s'y fait remarquer par ses qualités d'administrateur, comme, sur mer, il avait fait admirer son courage. Ayant cessé de servir durant la Révolution, il se retira en Touraine où il possédait une terre et y vécut tranquillement. Il mourut quelques jours après la seconde abdication de Napoléon.




François, le fils aîné de Charles, eut, comme son père, une belle carrière dans la magistrature. Il devint rapidement une des personnalités marquantes de Pau car, outre des fonctions particulièrement recherchées, il avait une situation personnelle qui en faisait un des membres les plus en vue du Parlement. Son train de vie était des plus luxueux et son hôtel, démoli pendant la Révolution, passait pour un des plus élégants de la capitale du Béarn.



Sa femme, nièce de Mgr de Montillet, archevêque d'Auch, était très connue dans la société paloise par son originalité. Elle aurait pu être la femme la plus élégante de la ville ; mais elle se distinguait surtout par un souverain mépris pour la toilette. Aussi ne lui ménageait-on pas les commentaires en voyant une personne de sa qualité si modestement mise. Elle laissait dire et suivait son goût.



Elle élevait ses enfants avec sévérité, ce qui était, disait-elle, leur rendre service. Mais, à côté de cette simplicité, elle avait un grand orgueil de sa situation et une ambition sans bornes pour son mari. Aussi, n'eut-elle de repos que lorsque le président Charritte eut acheté, pour cent cinquante mille livres, la charge de premier président. Encore n'en jouit-il pas longtemps car cela se passait en l'année 1789 et la Révolution la supprima.



François de Charritte se retira alors à Lichos puis à Orthez et, lorsque les choses commencèrent à se gâter pour les aristocrates, il émigra avec plusieurs autres membres de la famille et il se fixa en Espagne, à Benavente, où il mourut en 1799.



La magistrature à Pau était une sorte de fief des Charritte car, lorsque le Parlement ne fut plus qu'un souvenir, on les retrouva dans leurs anciennes fonctions. Jean, fils de François, commença en effet par être avocat ; puis, lors de la réorganisation des tribunaux en 1811, il fut nommé conseiller à la cour et, en 1816, président de chambre. Mis à la retraite en 1848, il se retira dans sa propriété d'Aren que lui avait apporté en dot sa femme, Valentine d'Aren, une de ses cousines. Il y mourut à l'âge de 87 ans.



Du mariage de François et de Valentine naquirent trois fils :

François-Bernard fit sa carrière dans l'Enregistrement et mourut, à Pau, en 1843.

Charles-Victor entra dans la marine de l'Etat ; prit part, comme officier, à la campagne de Morée, pour l'indépendance de la Grèce, puis à celle du Mexique et mourut, de maladie, à bord du Magellan, à l'âge de trente-sept ans.

Charles-François-Bernard l'aîné, conseiller à la cour d'appel de Pau, fut le dernier marquis de Charritte.

Aucun des trois frères n'ayant eu de postérité mâle, avec eux, s'éteignit la lignée des potestats et des marquis de Charritte.



Leurs biens revinrent à Mme Alegro, une des dernières descendantes connues de la famille. Elle les vendit, il y a une trentaine d'années, à M. Queller, qui installa une fabrique de chocolat dans le parc du château. Quelque temps après sa mort, sa veuve revendit le domaine à la Société Industrielle de Charritte-de-Bas qui en est le propriétaire actuel. 



Le château est situé dans la plaine, non loin du village du même nom et sur les bords de la rivière le Saison. Il ne semble pas que la construction actuelle remonte à plus de deux cents ans. On n'y remarque la trace d'aucun style architectural. C'est un bâtiment à un étage, long et étroit, avec un toit couvert de tuiles plates, mode de couverture peu en usage dans la Soule et employée surtout en Béarn. Il donne, à l'Est, sur un parc bien diminué de nos jours et qui couvrait autrefois les deux rives du Saison, tandis que, de l'autre côté, s'étage une large terrasse bordée de deux allées de tilleuls. On y accède par une allée d'arbres centenaires précédée d'un portail qui a une certaine allure. C'est là, de toute la propriété, ce qui donne l'impression la plus exacte de ce qu'a pu être ce domaine à la belle époque des potestats et des marquis de Charritte.




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CHÂTEAU DU MARQUIS DE CHARRITTE-ETCHEGOYEN
CHARRITTE-DE-BAS SOULE



L'intérieur comprend de vastes pièces ouvrant sur deux corridors. Elles ont toutes de larges fenêtres d'où l'on découvre de riantes perspectives sur les bords du Saison et les coteaux environnants. Plusieurs conservent des traces d'anciennes décorations qui durent être fort belles. On remarque en particulier le salon avec, de tous côtés, des boiseries sculptées en parfait état de conservation, une ancienne chapelle bien délabrée et un bel escalier en bois travaillé.



Malgré ces vestiges d'une belle et agréable habitation, cette ancienne demeure seigneuriale laisse une impression de mélancolie, lorsqu'on voit ce qu'elle est devenue de nos jours, après avoir été, du temps de ses anciens propriétaires, le lieu de rendez-vous de toute la bonne société de la Soule et du Béarn."



A suivre...






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