LA CHASSE AU RENARD EN BÉARN ET AU PAYS BASQUE EN 1900.
Dans les années 1900, il est fréquent pour les gens de la haute société de se réunir pour chasser à cheval le renard, à la fois en Béarn et au Pays Basque Nord.
Voici ce que rapporta le journal La Vie au grand air, le 8 avril 1900, sous la plume de Paul
Mégnin :
"La chasse au renard à Pau.
La saison des chasses au renard à Pau, que certains amateurs craignaient de voir compromise par la guerre Sud-Africaine — est cette année aussi élégamment suivie que les années précédentes. Il est vrai que le temps est merveilleux dans notre jolie station hivernale des Pyrénées, et si l'on compte quelques défections parmi les gentlemen d'outre-Manche, le goût de la chasse au renard a fait de tels progrès en France que nos sportsmen ont comblé les vides.
Lorsque nous avons présenté aux lecteurs de la Vie au Grand Air la Société des drags de Lyon, — qui, notons-le en passant, continue très brillamment la série de ses laisser-courre hebdomadaires et offrait encore dimanche dernier un drag d'honneur aux officiers de la garnison — nous avons parlé des divers procédés employés par les équipages de drags pour courre le renard. Quelques-uns se servent de bêtes vivantes, d'autres de traînées que les chiens suivent à la piste cette dernière méthode est souvent préférée car elle permet de tracer le parcours à sa guise, et de faire l'hallali dans un endroit propice à ces charmantes fêtes qui terminent toujours si agréablement une après-midi de chasse.
CHASSE AU RENARD BIARRITZ PHARE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Si on jette un coup d'oeil sur les équipages de chasses à courre que nous avons en France, on peut voir que dans le Béarn, la vénerie n'est représentée que par ces chasses au renard introduites dans le Midi, d'abord, par la colonie anglaise, fidèle chaque année. Ce sport très intéressant, captivant même, et qui exige une parfaite connaissance de la chasse, des chiens et de l'équitation, tient, on le sait, une grande place dans l'existence des grands seigneurs et des simples gentlemen farmers d'outre-Manche ; ils l'apprécient surtout comme exercice de cheval ; ils veulent dévorer l'espace à la suite des chiens qui donnent toute leur voix, franchir aux allures folles les passages les plus difficiles, sauter les sérieux obstacles naturels qu'ils rencontrent dans leur envolée, comme les haies, les troncs d'arbres, les murs qui abondent sur les parcours, la plupart du temps très durs, mettant à profit les qualités de fond et de cœur de leur hunters.
Il y a bientôt cinquante ans que quelques anglais venus à Pau pour passer l'hiver, imaginèrent de chasser le renard ; le terrain se prêtait très bien à ce genre de plaisir, les animaux étaient, même abondants — aujourd'hui ils se font de plus en plus rares — de sorte que ce sport nouveau en France eut un plein succès. MM. Henry Oxenden, le Colonel White, Cornewal, J. Stewart, H. Livingstone furent de ceux qui contribuèrent le plus à en assurer l'avenir. Les laisser-courre, aux débuts, furent de la vraie chasse, des limiers relevaient les traces de la bête qu'on chassait et qu'on attaquait de "meute à mort" ; aujourd'hui ce sont de véritables drags, et l'on ne remplace même plus les animaux sauvages par des sujets tenus en cage et apportés sur le terrain ; la voie est tracée par un piqueur à cheval qui part-du rendez-vous avant l'arrivée des chiens en traînant derrière lui — de là l'expression de drag — soit une peau de renard, soit un lièvre, soit quelquefois de simples harengs-saurs au bout d'une ficelle, ou un bouchon de paille arrosé d'essence d'anis. Cela permet, il est vrai, des parcours plus intéressants au point de vue du sport hippique. Trouver une piste de drag est un art. Le béarnais Perey, qui fut très longtemps attaché à la Société des chasses de Pau - je crois même qu'il y est encore — est un de ceux qui s'acquittent le mieux de cette mission. En fin de chasse, on donne la mouée aux chiens pour remplacer la curée absente et simuler l'hallali.
DEPART CHASSE AU RENARD PAU BEARN D'ANTAN |
C'est en 1867 que les amateurs de Pau s'organisèrent en Société par souscription avec un maître d'équipage élu.
Après diverses transformations, la Société actuelle dite des Chasses de Pau est établie dans les meilleures conditions et donne chaque année de très charmantes réunions suivies de charmants bals champêtres, etc. ; elle fut longtemps dirigée par le baronnet irlandais sir Victor Broocke, que secondaient l'excellent gentleman-rider M. Thorn, qui se tua si malheureusement à la Croix de Berny et le colonel Talbot Crosbie.
Et ce n'est plus seulement en Béarn qu'ont lieu des drags, mais dans la région Lyonnaise, en Bretagne où les officiers de plusieurs de nos régiments de cavalerie possèdent des équipages ; en Italie aussi, depuis quelques années, ce sport est très en honneur.
Quatre fois par semaine on chasse ; ce sont en général des drags, cependant au cours de la saison ont lieu un certain nombre de vraies chasses dans les bois de Sene-Morlaas, d'Andoins et d'Ahêre où il reste encore quelques animaux. Dernièrement le Club, à l'occasion d'un grand event automobile, avait offert aux chauffeurs qui avaient fait le déplacement un drag d'honneur. Il fut supprimé à cause du mauvais temps.
CHASSE AU RENARD ALLEE DE MORLAAS PAU BEARN D'ANTAN |
Les membres du Club sont : le baron d'Este, M. H. Ridgway, M. W. Forbes Morgan, le baron Lejeune, le comte J. de Gontaut-Biron, M. W.K. Thorn, M. S. Platt, M. C.-J. Morse, le Dr Bagouell.
Et parmi les fervents qui suivent les chasses, citons : le prince et la princesse de Poix, le vicomte et la vicomtesse Charles de la Rochefoucauld, le comte et la comtesse de Ganay, le comte et la comtesse Potocki, sir John Nugent, le comte d'Astorg, le comte et la comtesse de Castellane, Miss Porter, M. Th. Burges, la baronne d'Este, le comte d'Evry, M. F. Roy, M. Barron, le vicomte d'Elva, Mme et Mlle Forbes-Morgan, Mme Donna, M. du Pré de Saint-Maur, M. Raoul Duval, le baron de Muratel, M. Kingsland, le vicomte de Gourguff, M. J. Stewart, etc., etc.
Biarritz possède aussi une Société de chasses au renard et même au sanglier, établie sur le même modèle. MM. Dubrocq et P. Lasalle-Héron en furent longtemps les maîtres d'équipage. Ces chasses sont tout aussi intéressantes, car le pays basque où elles se déroulent est l'un des plus pittoresques, et les animaux sont en assez grand nombre. Mousset, qui pilota si brillamment nombre de chevaux de courses, entre autres le fameux Le Torpilleur dans le grand steeple international de 1889 et qui fut le premier jockey français ayant gagné une semblable épreuve, avait fait ses débuts équestres comme piqueur dans l'équipage de Biarritz.
CHASSE AU RENARD ANGLET BLANCPIGNON PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire