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mardi 8 mars 2022

LA REVENDICATION DE FEMMES BASQUES DU LABOURD PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

UN CAHIER DE DOLÉANCES FÉMININES BASQUES EN 1789.



En 1789, de nombreux cahiers de doléance sont envoyés au roi, et parmi ceux-ci rares sont les cahiers de doléance émanant de femmes. Ce fut le cas, au Pays Basque, dans la province du Labourd.





pays basque autrefois port labourd
PORT DE SAINT-JEAN-DE-LUZ VU DU QUAI DE CIBOURE
EN 1776



Tous les 8 mars, à l'occasion de la journée internationale des femmes (le 8 mars est devenu la 

journée internationale des femmes suite à une décision du congrès des femmes socialistes, à 

Copenhague en 1910), je vous propose de découvrir ou de redécouvrir le portrait de femmes 

remarquables du Pays Basque, comme les femmes Républicaines emprisonnées à la prison de 

Saturraran (entre 1937 et 1946), Marga d'AndurainMargot Duhalde,  les soeurs 

Feillet et  Maria Luixa Erdozio Bertoslari d'Ascain.





Cette année, c'est un document unique que je vous propose, document qu'on pensait avoir perdu 

en 1940, et que la revue Gure Herria avait publié en 1922. Il s'agit d'un cahier de doléances de 

femmes de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, en 1789.






Voici ce que relata à ce propos la revue Gure Herria, en juin 1922 :



"Doléances du sexe de st jean de luz et cibour au roi.



L'original, dont il est donné ci-dessous une copie, a été recueilli dans des papiers provenant de la famille de Haraneder, branche des vicomtes de Macaye.

Il se compose de quatre feuilles réunies en un cahier, avec une première formant couverture et portant sur l'un des coins l'inscription suivante : "pour Mademoiselle Haraneder".

Il est à remarquer que le bailliage du Labourd avait, comme député de la noblesse à l'Assemblée nationale de 1789, Pierre-Nicolas de Haraneder, vicomte de Macaye.



Sire



Permettez aux plus respectueuses et aux plus fidèles de vos sujettes de porter au pied de votre trône les justes doléances sur la formation des états généraux que sa majesté vient de convoquer.



Cette formation est vraiment flétrissante pour la dignité de notre sexe. Pourrions-nous garder le silence sur une injure si grave sans achever de nous déshonorer nous-mêmes quoi ! sire, votre majesté déclare à la face de l'Europe vouloir assembler la nation entière, et elle nous oublie dans la convocation ! cet oubli dédaigneux ne vient point de votre coeur, il est trop bon, ni de votre raison, elle est trop éclairée, ni de votre volonté, elle est trop droite ; c'est l'oeuvre malignement réfléchie d'un ministre partial qui n'a cherché à nous exclure de cette auguste assemblée que pour consommer notre néant politique.


 

Ne nous compte t'il donc pour rien dans l'Etat ? ou ne nous croit-il pas assez affectionnées au bien de l'Etat ? ou nous regarde t'il comme incapables de de traiter des affaires de l'Etat ? qu'il réponde !



Compter pour rien quatorze millions d'âmes, ce serait indubitablement la preuve de l'impéritie la plus complète en fait de calcul, comme en fait de législation. Cependant, c'est ici la faute insultante dans laquelle tombe à notre égard ce prétendu grand homme que l'on se plait à prôner comme le plus habile des calculateurs politiques. Oui, sire, nous formons dans votre empire une population au moins de quatorze millions ; si votre majesté en doutait, qu'elle assemble les deux sexes ; qu'elle les sépare ensuite en deux corps similaires ! elle verra par elle-même de quel côté sera le plus grand nombre.



Ce fait causé et constaté, nous demandons si une assemblée nationale de laquelle est injustement proscrite la classe la plus multipliée, peut être raisonnablement dénommée l'assemblée représentative de cette même nation, si elle a cette universalité morale, cette légalité suffisante pour sanctionner des lois, si ces lois prononcées à l'insu et contre le gré de ces quatorze millions d'âmes rejetées pourraient lier ces dernières si celles-ci ne sont pas en droit de se plaindre de l'omission injurieuse que l'on fait de leurs personnes dans une affaire qui les intéresse autant, en un mot si elles ne sont pas fondées à demander à être entendues ? la raison et la justice ont d'avance répondu à cette question.



Représenter à votre majesté, pour annuler nos titres civils et politiques, que nous ne sommes point assez affectionnées au bien de son service, ce serait en imposer indignement à votre religion. Sire, si votre ministre avait été capable de vous tenir un pareil langage, nous demandons vengeance contre lui...ah ! nous accuser, nous la portion la plus aimante et la plus sensible de votre royaume, d'être toutes de glace pour les intérêts de votre personne adorable à cette idée seules nos têtes s'échauffent, nos coeurs se soulèvent d'indignation, et nos mains brûlent d'étouffer l'indigne calomniateur.




ministre finances louis XVI
JACQUES NECKER
PRINCIPAL MINISTRE D'ETAT



Mettez à l'épreuve notre amour, sire ; vous verrez si les sacrifices les plus chers arrêteront la vivacité de notre sexe. Sans doute nous sommes bien attachées à nos bracelets, à nos bijoux, à nos pompons, à nos colliers, à nos pendants, à tous les objets brillants des modes impérieuses, nous y tenons plus que le haut clergé ne tient à ses immunités, la noblesse a ses prérogatives, la magistrature a ses privilèges, le financier a son or, que votre majesté parle ! Soudain à son ordre nous nous en dépouillerons toutes sans contestation, sans réclamation, sans protestation, sans regret des coeurs comme les nôtres ne savent rien refuser à leur souverain ; ils ne savent autre chose que lui obéir, l'aimer, le chérir, l'adorer et c'est pour eux la plus délicieuse de toutes les voluptés.



Attaquer pour motif d'exclusion notre incapacité préjugée pour les affaires d'Etat, ce serait un autre prétexte aussi peu recevable, d'abord nous défions notre ministre de nous citer un empire uniquement composé d'hommes sans aucune femme, géré par eux seuls dans toutes les branches de notre administration, et qui aïe subsiste avec cette organisation seulement l'espace d'une année ; et nous avec toute l'histoire, nous lui en produirons un tout formé de femmes sans aucun homme, gouverné par elles seules avec honneur, avec gloire, avec toute la sagesse désirée pendant des siècles entiers, ce fait unique réfute d'une manière invincible l'opinion malhonnête et défavorable à notre capacité pour les affaires. Rome naquit, il est vrai sans le ministère des femmes ; mais sans les Sabines, que serait devenu Rome ? elle eut disparu de dessus la surface de la terre presque aussitôt après sa naissance ?



En outre que votre ministre ouvre les annales de nos ancêtres, il verra que jadis dans nos Gaules, nos princes, nos chefs, nos magistrats ne prenaient aucune délibération importante soit pour la paix, soit pour la guerre, qu'ils ne formaient aucun projet essentiel, qu'ils ne l'exécutaient point sans avoir préalablement consulté notre sexe. Ils nous reconnaissaient donc capables des grandes affaires, les hommes d'alors : ils rendaient donc hommage à nos talents, ils étaient donc plus justes que les hommes d'aujourd'hui ; pourquoi cela ? Parce qu'ils étaient moins superbes et moins tyranniques, nous étions à leurs yeux autant de déesses, mais des déesses d'un autre genre que les déesses de nos jours.



Ces heureux temps ne sont plus, ils sont écoulés, ces siècles si glorieux pour nous, aussi qu'en est-il résulté ? Une multitude d'abus destructifs, une foule de malheurs déplorables, le despotisme enfin avec toutes ses fureurs, ce monstre ne pouvait naître que d'une tête masculine.



Quel bonheur pour la France, si la révolution qui s'élabore ramenait ces beaux siècles sur son horizon ! le patriotisme renaîtrait avec toutes les vertus dans les âmes françaises associées à la législation, rendues à notre liberté primitive, nous deviendrons autant de héroïnes, et nous donnerions une nouvelle race de héros à la patrie, prononcés en un seul mot ; sire, à votre voix reviendront ces âges fortunés.



A la vérité, il faut en convenir, nous n'avons point en général pour le moment les lumières requises pour redresser un mauvais gouvernement ; et pour en créer un bon. Mais il est un commencement à toutes choses. L'époque est favorable ; l'amour de la liberté échauffe nos âmes, le désir si naturel d'améliorer notre sort nous consume, la noble passion de la gloire parle à nos coeurs, la force de l'exemple que nous donnent les hommes nous anime ; saisissez donc, sire, l'occasion présente et n'écoutez point ces lâches courtisans qui, après nous avoir vanté nous mêmes à nous mêmes vont vous dire bassement que nous sommes inhabiles à acquérir les connaissances nécessaires à la représentation dans les Etats.



Si ces connaissances nous manquent actuellement, ce n'est certainement point à la nature que nous sommes redevables de ce défaut ; elle n'a pas été plus marâtre pour nous que pour nos despotes ; sans vanité elle nous a départi autant de génie, autant de jugement, autant de tête qu'à eux. A côté des grands personnages brillent avec éclat nos Blanches de Castille ; notre Elisabeth d'Angleterre, nos Marie d'Hongrie d'immortelle mémoire, et l'impératrice actuelle de toutes les Russies, cette souveraine admiration de l'Europe entière et la terreur du stupide croissant. Ce ne peut donc être qu'au despotisme masculin que nous devons cette ignorance universelle dans laquelle on tient tous nos talents ensevelis ; ce ne peut être qu'à cette tyrannie voluptueuse des hommes qui ont fait de nous prequ'autant d'automates assez plaisants pour les divertir et les amuser. Et c'est ainsi que l'homme a dégradé son semblable, et il n'en rougit pas !...Vous seul, sire, oui, vous seul êtes digne de réparer cet ouvrage fait à la nature, à la moitié du genre humain.



Au reste nous voyons appeler par vos ordres, aux assemblées de paroisse, aux assemblées de bailliage, et de sénéchaussées, des laboureurs, des paysans, des rustres qui certainement sont moins instruits que nous ne le sommes la plupart - quel conseil utile peuvent donner ces représentants ignobles que nous ne puissions pas donner nous-mêmes ? Pourquoi donc la loi qui par essence doit être impartiale, aux yeux de laquelle il ne doit point y avoir d'acception de personnes, les convoque t-elle de préférence à nous ? Ce n'est pas à raison de leurs lumières, puisqu'il sont dans l'impuissance d'en fournir ? Ce n'est pas non plus à raison de leur titre de possesseurs, puisque ce titre est commun aux deux sexes. C'est donc parce qu'ils sont hommes qu'on les appelle au conseil de la nation ; et nous on nous en exclut, pace que nous ne le sommes pas. Quelle indigne partialité ? Est-ce donc une tâche ignominieuse d'être né femme ? Sera-t-il dit que sous un règne si éclairé nous ayons à rougir de notre sexe ? Assurément si le bons sens et l'équité président aux états oecuméniques des français, ils abrogeront une loi odieuse qui met une distance presque infinie entre des êtres si étroitement rapprochés par la nature et la religion.



De plus voici une de ces vérités incontestables et lumineuses sur laquelle nous défions toute la France d'élever le moindre doute raisonnable. Il paraît évidemment d'après les déclarations émanées de votre conseil que les Etats généraux vont être une assemblée vraiment économique. Il est certain de toute certitude que l'économie publique, pour avoir une consistance solide, doit être moulée sur les principes de l'économie domestique ; et il est clair que quiconque entend le mieux celle-ci, est le plus capable d'éclairer celle-là ; or je demande actuellement les deux sexes est le plus familiarisé avec les opérations et les règles de l'économie particulière ? La réponse est donnée ; partout les faits déposent en notre faveur.



Oui, nous comptons dans notre classe beaucoup d'économistes et encore plus d'économes ; nos parties adverses ne l'ignorent point ; très souvent ils en ont fait l'utile expérience ; s'ils étaient justes ils l'avoueraient franchement. Qui sait même si parmi ceux qui suffrageront aux Etats généraux, quelques uns y apporteront d'autres lumières que celles de leurs épouses, ou de leurs servantes maîtresses ?




revolution francaise etats généraux
OUVERTURE ETATS GENERAUX 5 MAI 1789



Nous avons des mères de famille parfaitement stylées au gouvernement d'un ménage, source première, quoiqu'éloignée, de l'aisance nationale. Parfaitement entendues à la régie de vastes possessions territoriales, parfaitement exercées à la conduite de plusieurs branches de commerce ; elles seraient à même de communiquer d'amples instructions sur ce triple objet ; et l'on ne voudrait pas les entendre ? Ah ! Ce serait visiblement fuir la lumière en affectant un violent désir de la connaître. La vérité sur nos lèvres ferait elle donc peur aux hommes ? Y perdrait-elle de son prix et de son amabilité ?



D'ailleurs nous avons à proposer quantité d'objets avantageux dont positivement ne s'occuperaient que les membres appelés à l'assemblée générale, objets qui cependant tendent tous à la régénération entière de l'empire.



1° Nous avons à solliciter la réforme de l'éducation frivole que l'on nous donne. N'est-il pas criant que l'on ne cultive en nous que nos facultés corporelles, comme si nous n'étions que matière, comme si nous n'avions pas d'âme ? N'est-il pas honteux que l'on se borne à nous apprendre à composer notre maintien, à symétriser nos gestes, à cadencer nos pas, à danser avec grâce, à chanter avec mélodie, comme si l'on ne voyait en nous que des marionnettes et des linottes à tête légère ? N'est-il pas humiliant que les oeuvres manuelles, telles que la couture, la broderie, le tricotage, soient les seules choses dont on occupe notre précieuse jeunesse, tandis que nous pourrions faire autant et même plus de progrès que les hommes dans les sciences et les arts nobles, surtout dans ceux qui ressortent du gout et de l'imagination, témoins, les Desnouliéres, les Duchatelet, les du Bocage etc ; pour arrêter à jamais le cours de ces abus, nous avons à proposer des écoles, des collèges, des universités à établir, où nous soyons admises pour y recevoir les instructions nécessaires au développement entier de nos facultés intellectuelles, afin que nous puissions concourir, autant qu'il sera en nous, à l'oeuvre immortelle du bonheur général.



2° Nous avons à dénoncer aux Etats un autre abus qui excitera toujours les réclamations de tout être qui sent et dont la propagation si l'on n'y prend garde, inutilisera peu à peu les sources les plus fécondes de la population, nous voulons parler de ce célibat monstrueux qui ne cherche que des plaisirs sans peine, qui multiplie les crimes, qui dessèche les âmes, perpétue l'égoïsme, corrompt les moeurs, porte le déshonneur avec le trouble dans le sein des familles, même les plus honnêtes, il gagne insensiblement nos villes, nos campagnes, nos provinces. Qu'en résulte-t-il ?Sire, il en résulte que de toutes les filles qui naissent dans votre royaume à peine s'en établit-il la moitié, et que les délaissées n'ont que des voeux ardents, mais stériles, à faire pour la multiplication des forces de l'Etat, car ce n'est point à elles qu'il faut attribuer ce fléau destructeur de la société.


Ce vice si opposé aux vues de la nature ainsi qu'à celles d'une sage constitution mériterait toute l'attention des législateurs. Combien de fois ne les a-t-on pas sollicité au nom cher de la patrie d'arrêter au plus tôt un désordre aussi dangereux ? Et cependant quel remède y ont-ils apporté ? Aucun, car ils sont juges et parties.


Il en est pourtant de très salutaires ; le plus efficace, ce serait de noter d'infamie tous ces célibataires de gout, de les déclarer inhabiles à posséder les charges, de les exhéréder, d'adjuger leurs hérédités aux filles sans biens, ou trop peu favorisées de la fortune, de les en doter en un mot.



Mais une sage précaution à prendre serait de ne les investir de ces dots qu'à proportion qu'elles trouveraient des établissements et ces dots devraient être proportionnées :

1° à leur naissance, une fille de condition serait privilégiée ;

2° à leur âge, trente ans par exemple, obtiendraient une dot considérable, parce que le temps presse ;

3° aux avantages de leur corps, les disgraciées de la nature seraient abondamment pourvues, et la beauté et les grâces tiendraient lieu de supplément légitimaire ; l'amour murmurerait de ce règlement ; mais la loi n'a pas les yeux de l'amour, une loi pareille à l'exécution de laquelle on veillerait attentivement vivifierait la population, et les bonnes moeurs y gagneraient prodigieusement.



Il est, sire, une infinité d'autres abus de non moins grande importance, et dont le bien de l'Etat exige une prompte suppression ; par exemple, ces assemblées anglomanes de moderne création établies sous le nom de clubs, inconnues à nos mères, où les jeux et les plaisirs bien plus que les nouvelles du temps rassemblent régulièrement tous les jours la jeunesse de nos villes, assemblées antisociales qui ont élevé entr'eux et nous un mur de séparation, nous isolent, et nous réduisent la plupart au triste sort de la malheureuse fille de Jephté.



Nous seules, sire, sentons les funestes inconvénients de cette foule d'abus ; nous seules par conséquent sommes capables de rendre sensible la nécessité pressante de les supprimer, parce que nous seules en souffrons, et que l'éloquence de la souffrance est plus pathétique, plus touchante, et plus lumineuse que l'éloquence de la froide raison. Des hommes chargés de plaider notre cause n'y mettraient pas cette chaleur, ce qui fait éclore la vérité  la persuade, et entraîne en sa faveur la majorité des suffrages ; leur intérêt, leurs préjugés, leurs passions, leurs préventions sexuelles, et peut-être aussi leur indifférence s'y opposeraient. Accordez-nous donc, sire, la liberté de la discuter nous même en présence de la nation assemblée. Notre admission est d'autant plus nécessaire que, suivant les annonces publiques, on doit soumettre à son auguste tribunal une question des plus délicates et des plus importantes pour notre existence civile.



Nous voulons parler de la question du divorce sur lequel la raison et la nature ne permettent pas de prononcer sans notre participation et sans nous entendre, attendu que, si le divorce passait en loi, nos législateurs toujours tyranniques pourraient y annexer des clauses toutes à notre charge auxquelles ils serait injuste de nous assujettir forcément.



Pour cet effet qu'il plaise à votre majesté d'ordonner la tenue de nos états préparatoires aux Etats généraux, d'en déterminer l'organisation, de régler les formes de nos élections, de fixer le nombre de nos représentants, de nous prescrire les règlements que nous devons suivre, et de nous adresser ensuite les lettres convocatives.



Que votre majesté ne craigne point d'éprouver de notre part aucun de ces obstacles que l'ambition, l'orgueil, le vil intérêt de certaines classes d'hommes n'ont pas rougi d'apporter à la sagesse de vos vues ! Non, non, sire, nous n'avons ni droits chimériques, ni coutumes abusives, ni franchises onéreuses, ni méfiances injurieuses, ni mauvaise volonté à opposer à la bienfaisance et à la droiture de vos intentions ?



Que vous convoquiez ou par sénéchaussées ou par bailliages, ou d'une autre manière, toute forme de convocation prescrite par vos ordres sera légitime à nos yeux. Que notre tiers Etat aie égalité de voix avec notre noblesse ou que notre noblesse aie deux suffrages contre notre tiers Etat, nous nous soumettrons avec joie au règlement que vous voudrez nous tracer sur cet article ; en tout votre voeu sera le notre ; nous abandonnons toutes ces pointilleries ridicules et scandaleuses à l'orgueil masculin.



Il n'est qu'une seule grâce que nous osions demander avec instance à votre majesté ; c'est que nos opinions soient prises, non par ordre, mais par tête, parce que, plus nous serons à opiner, mieux nos intérêts seront à discuter et mieux ils seront connus.



Les dispositions générales de nos esprits, comme votre majesté peut le voir, sont bien peu concordantes avec celles de nos rivaux. C'est que leurs coeurs sont divisés, et que les nôtres ne le sont pas, étant tous réunis par les sentiments profonds dont nous pénètrent vos bontés paternelles. Heureuses et mille fois heureuses, si par les exemples de notre obéissance, et de notre respect, nous pouvions rappeler les ennemis aveugles de la félicité publique à la soumission qu'ils doivent à votre autorité suprême !



Sire, il est de l'honneur de votre couronne d'accéder à notre demande ; car s'il est glorieux pour un monarque de régner sur des hommes libres, il ne l'est pas moins pour lui de régner sur des femmes élevées à la même dignité.



Nous sommes avec la vénération la plus profonde de votre majesté les très humbles et très soumises sujettes citoyennes de S. jean de luz et Cibourre."





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