UN CRIME À ISPOURE EN 1854.
En octobre 1854, un crime odieux secoue le village d'Ispoure, en Basse-Navarre, village comptant alors environ 580 habitants.
ISPOURE 1932 BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Droit, le 11 février 1855 :
"Juridiction criminelle.
Cour d’Assises des Basses-Pyrénées (Pau). Présidence de M. Delaman.
Audience du 7 février. (Corresp. particulière du Droit, Journal des Tribunaux.)
Meurtre suivi de vol.
L’intérêt qu’offrait cette affaire, et que la présence de M. le procureur général, M. de Moulon, sur le siège du ministère public, semblait augmenter encore, s’est tout à coup affaiblie par des aveux que l’accusé s’est décidé à faire presque au moment de l’audience.
C’est, comme toujours, du pays basque que viennent les grands crimes dont la Cour d’assises des Basses-Pyrénées a trop souvent à s’occuper. On dirait que ces bandes nomades de bohémiens, qui habitent constamment ces contrées, communiquent parfois aux populations voisines leurs coupables instincts.
Le 10 octobre dernier, Elissondo d’Ironléguy allait allait faire ses adieux à une de ses sœurs demeurant à Ispoure, qui devait le lendemain partir pour Montevideo. Huit heures avaient sonné à l’église d’Ascarat, lorsqu’il arriva dans un quartier connu sous le nom de Chokoa. Ces lieux sauvages et solitaires, favorables au crime, ont été déjà, dit-on, le théâtre de quatre assassinats. Elissondo aperçut un homme gisant à terre, sans mouvement. Il le crut ivre, et continua sa route. Le lendemain, en repassant au même endroit, il reconnut cet homme, toujours étendu dans la même position. Hélas ! ce n’était qu’un cadavre ! La justice, aussitôt avertie, constata que le malheureux qui avait péri se nommait Duhalde. Il avait reçu à la tête deux coups de bâton, et sur le corps onze coups de couteau. Son cœur avait été percé de part en part.
La clameur publique désigna bientôt le coupable. Près de la victime se trouvaient un bâton brisé qui lui avait appartenu et un parapluie qui n’était pas à elle, et qui paraissait avoir été oublié par le meurtrier. Ce parapluie était celui de l’accusé Pierre Bidart. Ce jeune homme, fort et vigoureux, exerçait la profession de contrebandier. Il aimait le jeu et le plaisir, et n’avait pas toujours beaucoup d’argent. Il avait passé la journée du 9 octobre avec Duhalde, et avait pu s’apercevoir que celui-ci portait sur lui tout son or, car il se disposait à partir pour Montevideo. Duhalde exerçait, dit-on, l’industrie d’espion de la douane, ce qui le rendait odieux à tous ceux dont la contrebande était l’unique ressource. Il venait de subit une peine pour attentat contre les mœurs, et des témoins rapportent que la veille de sa mort il montrait de l’argent à une jeune fille pour tenter sa vertu.
Lorsqu’on découvrit le cadavre, la bourse avait disparu.
Diverses circonstances habilement recueillies par l’information s’élevaient contre l’accusé pour démentir ses dénégations et démontrer sa culpabilité. Son bâton de néflier entouré d’un cercle de cuivre s’adaptait parfaitement aux blessures ; le parapluie oublié était le sien ; il avait été enfin suivi par l’œil des témoins sur la route où devait succomber l’homme qu’il accompagnait.
VUE GENERALE D'ISPOURE BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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