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dimanche 27 février 2022

FAUSTIN BENTABERRY MUSICIEN BASQUE D'ISPOURE EN BASSE-NAVARRE

FAUSTIN BENTABERRY MUSICIEN BASQUE.


Faustin Bentaberry, né à Ispoure (Basse-Navarre) le 15 août 1865 et mort à Antignac (Haute-Garonne) le 21 février 1936, est un musicien, danseur et chorégraphe Basque.





pays basque basse-navarre musicien
MUSICIEN FAUSTIN BENTABERRY D'ISPOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 17 mars 

1936, sous la plume de Charles Fouladoux :



"Bentaberry musicien navarrais



A l'heure où, un peu partout en France, sous l'influence des nombreuses sociétés régionalistes, on assiste à une renaissance des vieilles traditions, des vieilles danses, des vieux chants, du folklore un instant oublié, nous avons le devoir de rendre hommage à ceux qui, il y a déjà des années, furent les défenseurs et les conservateurs des choses du passé. Ils avaient compris la grandeur du patrimoine artistique, littéraire et musical laissé par nos ancêtres, et s’étaient attachés à sa sauvegarde. Appartenant à toutes les professions : médecins, prêtres, instituteurs, parfois ouvriers ou artisans, ils ont protégé le trésor du passé, et fait revivre, avec toute sa grâce, l'art d’autrefois, créateur des plus belles légendes, des plus belles chansons, des plus beaux monuments.



C’est d'un de ceux-là que nous voulons parler aujourd'hui : Faustin Bentaberry, décédé à Ispoure ces jours-ci et que M. Ybarnégaray appela le "mainteneur des traditions basques".



Mainteneur des traditions basques. Nul, plus que le populaire Faustin ne méritait ce titre. Il passa toute sa vie à aimer la musique euskarienne, et tira de l’oubli les vieux airs de danses bas-navarraises qu'il remit en honneur. 



Petit-fils d’un fameux ménétrier de la Madeleine, il naquit le 16 août 1869, dans une famille où l’amour de la musique était porté a un tel point que son père, quelques instants avant sa mort, demandait à entendre une dernière fois les sauts basques. Son parrain, Faustin Claverie, violoniste de talent, lui communiqua sans doute aussi un peu de sa science musicale. Dès sa quatorzième année, Faustin Bentaberry travaillant à la forge paternelle, démontra que l’hérédité n’était pas un vain mot. Il obtint une clarinette — la première qui fit son apparition dans le canton, apprit seul à en jouer, et fit ses débuts comme ménétrier. Il participa à toutes les noces, à toutes les fêtes locales, devint rapidement le plus connu des musiciens du pays, et son talent fut fort apprécié. 



S'intéressant à la musique basque, il recueillit de très vieux airs locaux conservés par son grand-père, et oubliés sans doute depuis longtemps. Il les arrangea et se mit à les jouer. Il en garda également quelques autres, qui jusqu'à ce jour sont demeurés inédits, et sont les plus intéressants de la Basse-Navarre. 



Ayant appris avec son grand-père les pas basques d'autrefois, il créa alors son école de danses locales d'Ispoure, qui obtint un très vif succès et fut fréquentée, pendant cinquante ans, par toute la jeunesse de la région. Un instant délaissés, les sauts basques redevinrent grâce à lui plus populaires que jamais. Tout dernièrement encore, les élèves de cette école toujours florissante, étaient admirés aux fêtes de Saint-Jean-Pied-de-Port



Avant la guerre, Edmond Rostand le fit appeler plusieurs fois dans sa propriété d'Arnaga, à Cambo. La grande artiste Sarah Bernhard, au cours d'un séjour chez l’auteur de "L'Aiglon" s'intéressa vivement à la musique basque de Faustin. 



Sous le patronage du Musée Basque F. Bentaberry et ses danseurs furent applaudis à Paris, à Londres, à San Sébastian, à Barcelone, à Vergara, à Agen, à Biarritz, à Bayonne



Dans la région, dès qu'il paraissait sur une place, avec sa clarinette, les jeunes gens faisaient cercle. Tandis que, gravement, les yeux mi-clos, il jouait, ses élèves tournaient autour de lui, traçant la trame compliquée des sauts basques. 



Le 15 février 1935, le ministre de l'Education Nationale nommait notre ami officier d'Académie, pour services rendus à l'Art Régional. Cette récompense de toute une vie vouée à la musique basque et aux danses locales suscita de nombreux articles — tous élogieux et enthousiastes — dans les journaux locaux et régionaux. 



En 1934, Faustin dut subir une très grave opération. Après quelques mois de traitement, il put reprendre sa clarinette et conduire à nouveau les danseurs à travers nos rues. Pour les fêtes de Pentecôte 1934, il fut de tous les défilés, et on put espérer un instant qu’il avait vaincu le mal. Mais celui-ci revint, et deux ou trois alertes se produisirent. Faustin n’en continua pas moins à suivre toutes les fêtes, oubliant un instant, quand il jouait, l'implacable maladie. Au début de l'année encore, le 6 janvier, il se fît conduire en auto au garage Cadiou, et joua durant tout le bal organisé à l’occasion de la foire de Saint-Jean-Pied-de-Port. 



Le 26 janvier, survint brutalement la mort de son fils Jean-Jules. Terrassé par l’affreux événement, vaincu, Faustin passa des heures atroces. Mais, dans un sursaut de courage, il tint, malgré les conseils des siens, à accompagner son enfant jusqu'au cimetière. Ce fut sa dernière sortie. Très rapidement, le mal empira, et le 21 février, le plus célèbre des ménétriers basques, le rénovateur des danses bas-navarraises, mourait à 66 ans. 



Tous les danseurs, ses élèves, la Société Musicale, la Lyre de Saint-Jean-Pied-de-Port et les koblaris basques l’accompagnèrent à sa dernière demeure, avec la foule de toute la région. 






pays basque basse-navarre musique
LA LYRE ST-JEAN-PIED-DE-PORT 1899
PAYS BASQUE D'ANTAN



Sur sa demande expresse, son fils ainé coucha avec lui dans le cercueil sa clarinette, qu’il voulut emporter dans la tombe. Il la serre contre son bras, du même geste familier dont il la tenait pendant les pauses ou les défilés. C'est avec elle qu'il a traversé une dernière fois son cher Ispoure que sa musique n’animera plus, avant d’aller dormir sur la colline, dans le petit cimetière qui domine le village. 



Il repose là, le vieux musicien qui faisait danser les sauts basques, et les fit revivre. Et dorénavant, quand sur toutes les places retentira l'air traditionnel, il semblera à tous ceux qui l’ont connu que sa haute silhouette est là, qu’il vient écouter encore les "Lapurtar Motchak" et que Faustin l’enchanteur est revenu près de nous, pour mener la danse de ses élèves et de ses continuateurs."





Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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