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dimanche 13 février 2022

UN GUIDE POUR LE VOYAGEUR EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1877 (neuvième partie)


UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.


Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les  provinces Basques du Sud.




VUE PANORAMIQUE DE SAINT-SEBASTIEN DONOSTIA
DEPUIS LE MONT ULIA






Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :



"Province du Guipuzcoa.



Saint-Sébastien.



Son nom. — Sa fondation. — Ses ouvrages de défense. — Son histoire. — Sa position. — Climat. — Industrie. — Monuments. — Statistique, etc., etc.



"... Dans le barrio de San Martin se trouve l'usine à gaz dirigée par M. Lopetedi et quelques ateliers de charronnerie. Sur le chemin de l'Antiguo, après avoir dépassé la terrasse de la Concha, se trouve une importante fabrique de chaux hydraulique ; dans le village même, entre la route et le chenal d'Igueldo, est la grande verrerie à fusion continue de MM. Brunet et Cie, désignée sous le nom de Ondarreta, dans laquelle, à l'aide de combinaisons habiles, on fait chaque jour environ six mille bouteilles de toutes formes et de toutes dimensions.


ONDARRETA SAINT-SEBASTIEN GUIPUSCOA 1877
FABRIQUE BOUTEILLES M BRUNET

Le système Simens, employé sans succès au début de l'entreprise, fut modifié avec intelligence par un ingénieur français, M. U. Mantrant, qui a, depuis, changé totalement l'organisation des conduits de chauffe, ainsi que la forme du four, ce qui permet de travailler sans faire relâche pour le nettoyage des conduits, et aussi de donner une plus grande somme de calorique avec une moindre dépense de combustible. Les ouvriers verriers ont toujours, dans le four, la même quantité de matière, au même degré de fusion, de sorte que, sans interruption de travail, la fabrication est constante et uniforme. Les produits de la verrerie d'Ondarreta ont figuré avec avantage dans la dernière exposition vinicole de Madrid. Prochainement, un four spécial, destiné à la fabrication de la gobeleterie fine, sera établi comme annexe de l'usine dans les terrains qui l'avoisinent.






Plus loin se trouve l'importante fabrique de bougies et de savonnerie de MM. Lizarritury fils et Rezola, dont les produits sont répandus dans toute l'Espagne. Une raffinerie d'acide et d'ingrédients chimiques, appartenant à MM. Rezola et Cie, est à côté.


FABRIQUE LIZARRITURY FILS ET REZOLA
ST-SEBASTIEN DONOSTIA GUIPUSCOA 1877


Dans les quartiers situés sur la droite de l'Urumea, la vie industrielle est encore plus développée ; il existe, près de la station, une importante scierie à vapeur, appartenant à MM. Fagoaga et Cie, ainsi qu'une forge ; à la gauche du pont de Santa Catalina, une fabrique de tubes en plomb galvanisé et une fonderie de métaux ; plus loin, la grande fabrique de pointes de M. José Gros ; puis la fabrique de chapeaux de M. Iribas et une fabrique d'allumettes-bougies de M. Albarellos ; etc., etc.



Une brasserie est sur la route ; une autre plus importante, appartenant à Mme veuve Pozzy, est située dans le quartier des Puertas Coloradas. La bière de la brasserie Pozzy est expédiée en barils et en bouteilles dans l'intérieur des trois provinces basques, où cette boisson généreuse est très appréciée.



La fabrication des cigares et le commerce du tabac ayant été libre jusqu'à ce jour dans la province du Guipuzcoa, Saint-Sébastien possède de nombreuses cigareries où sont employées beaucoup d'ouvrières.



Le commerce maritime de Saint-Sébastien, autrefois très important, a beaucoup perdu depuis le commencement du siècle. Cette ville a possédé jadis de véritables flottes, qui furent d'un grand secours à l'Espagne, lors des guerres de cette nation avec l'Angleterre, la Hollande ou la France. Aujourd'hui son port n'est fréquenté que par des caboteurs ou par quelques rares long-courriers, qui font la traversée des Antilles et de l'Amérique du Sud. Du reste, le vrai port de Saint-Sébastien est aux Passages, car c'est là que tend à se concentrer tout le mouvement maritime de la côte basque.



PORT SAINT-SEBASTIEN DONOSTIA
GUIPUSCOA 1877



Quant au commerce intérieur, il est aussi fort limité ; cependant, Saint-Sébastien alimente une grande partie de la province et écoule les marchandises de ses entrepôts et magasins à Tolosa, Azpeitia et Vergara.



A part son château-fort, ses deux églises paroissiales et quelques couvents, dont les ruines sont adossées au mont Urgullo, Saint-Sébastien ne possède que des monuments édifiés depuis la malheureuse catastrophe de 1813.



L'église de Santa Maria, située à l'extrémité de la calle Mayor, fut construite de 1743 à 1764 sur les ruines de celle que Sancho-el-Mayor, roi de Navarre, avait fait élever en 1014. Elle est formée de trois nefs : celle du milieu, ayant une dimension de quinze mètres de large sur soixante mètres de longueur ; les deux autres n'ont qu'une largeur de sept mètres. La hauteur de l'édifice sous la clef de voûte est d'environ quarante mètres.



EGLISE SANTA MARIA
SAINT-SEBASTIEN GUIPUSCOA



L'architecture de ce monument religieux se ressent de l'époque indécise et troublée qui le vit naître. Elle est un composé inextricable de tous les ordres, mais elle n'appartient à aucun. Cependant, sa façade surmontée de deux tours fait un bel effet, vue à distance ; mais elle n'en est pas moins d'un rococo tout pur. Le portail est orné de statues placées dans des niches et d'une foule d'enjolivures d'un goût douteux. Au-dessus se trouve un saint Sébastien percé de flèches, une horloge et l'écusson de la ville.



PORCHE EGLISE SANTA MARIA
SAINT-SEBASTIEN GUIPUSCOA



L'intérieur de l'église est d'une grande richesse au point de vue de l'ornementation et du luxe. Le maître-autel, d'ordre composite très libre, est de grande dimension. Sur les parois de la chapelle existent de grandes et belles peintures, et au fond, au-dessus de l'attique, est placé un saint Sébastien de certain mérite, parfaitement éclairé. Ce maître-autel est l'œuvre de l'architecte Villanueva, directeur de l'Académie de San Fernando.



Les deux autels qui forment la tête des nefs latérales sont également de lui.



Le chœur placé sur voûte, en face du maitre-autel, au fond de la nef principale, est orné d'une riche silleria ; sur l'un de ses côtés existe le grand orgue offert par la ville en 1863.



L'autel de la Communion, dédié à Santa Catalina par le haut commerce de Saint-Sébastien, est d'une grande richesse. Les sculptures sont dues au ciseau de Juan de Mena.



Les deux autels placés au pied du chœur sont l'œuvre du célèbre architecte Ventura Rodriguez ; l'un est en marbre, l'autre en bois.



La sacristie est fort belle et de grande superficie. Son pourtour est garni d'une riche chasublerie en bois de cèdre, ornementée avec goût. On conserve dans ses annexes de précieuses sculptures de Felipe Arizmendi, représentant les scènes de la Passion du Christ en grandeur naturelle.



L'église de San Vicente est plus ancienne que celle de Santa Maria, du moins elle figurait comme existant déjà dans les documents royaux datés de 1014. Détruite au XVe siècle, elle fut reconstruite en 1507 par l'architecte D. Miguel de Landa. Sa longueur totale est de 18 mètres et sa plus grande largeur de 32 mètres. Elle est formée de trois nefs ogivales ; celle du centre mesure 30 mètres d'élévation sous sa clef de voûte. Les colonnes qui supportent ces nefs sont sveltes et bien agencées, appartenant au style gothique, comme d'ailleurs presque toute l'architecture de l'édifice.



EGLISE SAN VICENTE 
SAINT-SEBASTIEN GUIPUSCOA



Le retablo du maître-autel est une grande composition en bois, formée de colonnes superposées entre lesquelles des statues nombreuses sont disposées dans le plus mauvais goût. Un crucifix de dimensions colossales surmonte ce retablo et atteint la voûte, soutenu par d'énormes barres en fer. Sur ses côtés on voit quelques bas-reliefs de bonne facture.



Deux autels latéraux, l'un gothique, l'autre renaissance, garnissent les bas-côtés de l'église ; leurs ornements n'ont aucune valeur. Dans les chapelles existent aussi des autels plus ou moins surchargés d'enjolivures où l'or et la couleur abondent.




INTERIEUR EGLISE SANTA MARIA
SAINT-SEBASTIEN DONOSTIA GUIPUSCOA 1877



L'extérieur de l'église n'est pas harmonisé avec l'intérieur, et il est présumable que certaines parties des façades ont appartenu à l'édifice primitif. L'entrée principale est précédée d'un porche quadrangulaire surmonté d'une voûte en ogive dont les arêtiers se joignent.



Ce porche ressemble plutôt à l'entrée d'un fort qu'à celle d'une église. Dans la façade méridionale, presque à l'angle de la façade principale, existe, à demi noyée dans la maçonnerie, une sorte de tourelle demi-circulaire au pied de laquelle est ménagée une poterne ogivale ; cette tourelle est d'une époque beaucoup plus reculée que le corps principal du monument.



L'église del Antiguo, paroisse qui existait aussi avant 1014, fut détruite durant la première guerre civile carliste. Les ruines, qui sont situées sur le bord du chemin de Lasarte, témoignent encore de son importance. A côté existait un couvent de religieuses Dominicaines, qui fut également détruit. La communauté se transporta, il y a quelque vingt ans, dans le barrio de Loyola, où elle fit construire un magnifique établissement dominant la vallée de l'Uruméa.



Le couvent de Santa Teresa, situé au pied du Castillo, à l'ouest de l'église de Santa Maria, appartient aux religieuses de l'ordre du Carmel. Il fut fondé vers 1660, par Da Simona Lajus. La chapelle du couvent possède des ornements de mérite, mais la majeure partie de ses richesses lui fut enlevée en 1813. Les religieuses de la communauté ont créé une école gratuite d'enseignement primaire pour les enfants pauvres de la ville.



Dans la rue de la Trinidad existait autrefois un couvent de Dominicains, sous le patronage de San Telmo, fondé au XVIe siècle par Dn Alfonso de Idiaquez, ministre de l'empereur Charles-Quint, et par son épouse Da Engracia de Olazabal. Depuis la fin du siècle dernier, ce couvent a été converti en magasin militaire ; il sert encore aujourd'hui de parc d'artillerie et de dépôt de vieux matériel de guerre. Dans l'église, encombrée de débris de toute sorte, existe la sépulture de Dn Alfonso de Idiaquez et celle de son fils Dn Juan, qui fut ministre d'Etat sous Philippe II.



Le cloître, attenant à l'église, est dans un état déplorable ; c'est une œuvre architecturale de l'époque de la Renaissance, qui serait d'un fort bel effet si on la dégageait des plâtras et des détritus qui garnissent sa galerie.



Sur la colline de San Bartolomé, les religieuses Augustines ont réédifié cette année leur antique couvent détruit en 1836. Fondé en 1204, ce couvent avait reçu en 1250 une bulle du Pape Innocent IV, qui lui concédait divers privilèges.



La Casa consistorial est le plus important des monuments civils de Saint-Sébastien. Cet édifice fut construit en 1828 et le roi Ferdinand VII posa sa première pierre le 10 juin de la même année. Il occupe tout le côté occidental de la plaza de la Constitucion, sur laquelle se trouve la façade, et s'adosse à la rue San Geronimo, ses côtés étant reliés par des arceaux aux maisons voisines.




CASA CONSISTORIAL ST-SEBASTIEN DONOSTIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


PLACE DE LA CONSTITUTION
ST-SEBASTIEN DONOSTIA 1877





Sa façade est majestueuse, mais un peu lourde. Elle se compose d'un soubassement de granit voûté en plein cintre, sur les piédestaux duquel reposent six colonnes doriques, dont les entre-deux sont garnis de balcons à la hauteur du premier et du second étage. Les chapiteaux des colonnes supportent un entablement de bon goût que surmonte un attique au sommet duquel sont placées les armes de Saint-Sébastien, composées d'un navire d'argent, voguant sur une mer également d'argent, avec fond azur, entourées de la devisée octroyée par Charles II en 1682, et qui dit : Ganadas por fidelidad, nobleza y lealtad.



ARMOIRIE ST-SEBASTIEN DONOSTIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un escalier spacieux, se divisant sur un large palier, conduit au premier étage, où se trouvent le secrétariat de l'ayuntamiento, les archives municipales et la salle du Conseil. Cette salle, richement décorée, est ornée de quatre statues, représentant la Sagesse, le Commerce, la Prudence et la Justice, et de divers objets d'art, entre lesquels se distinguent deux grands vases en porcelaine de Sèvres, cadeau fait à la ville, en 1858, par S. M. Napoléon III et par son épouse.



Les portraits de la reine Isabelle II et d'Amédée 1er occupent le fond de la salle, en face est celui du roi actuel, D. Alphonse XII.



Sur les parois de l'escalier sont suspendues deux grandes marines de Antonio de Brugada, rappelant les hauts faits de l'amiral Oquendo. Celle de droite représente un combat naval en 1639, où le héros basque résista, avec un seul navire, contre toute une escadre hollandaise. Son adversaire, interrogé par un conseil de guerre, qui voulait lui infliger un blâme, répondit pour toute défense que la Capitana real d'Espagne, commandée par Oquendo, était invincible. La marine de gauche représente un abordage entre le vaisseau d'Oquendo et celui de l'amiral hollandais Hanspater, en 1631. Ce dernier, désespéré dans sa défaite, se jeta à la mer pour ne pas y survivre.



Le second étage de la Casa consistorial est occupé par la justice de paix et par l'administration municipale.



Ce bel édifice a été construit d'après les dessins de Dn Silvestre Perez, architecte de l'Académie royale."




A suivre...





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