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samedi 25 septembre 2021

LES CHAPELLES DE SARE-SARA EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (quatrième partie)


LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.


Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.




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CHAPELLE ST ISIDORE ET PONT ECHETCHIPI SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°12, en 1936, sous la plume de 

Philippe Veyrin et P Garmendia :



"...Saint-Isidore (suite)...Le rapport de ces arbitres est trop long pour être reproduit ici : nous en avons d'ailleurs largement utilisé les "attendus" pour décrire l'état des lieux. Contentons-nous de donner les conclusions remarquables par l'ingéniosité du compromis :

En principe, raison était donnée à la commune :

"M. Diharassary sera tenu de rétablir dans l'état où il était le rebot et le jeu de paume dont s'agit, en enlevant les noyers par lui plantés (au nombre de six) le long du mur d'encaissement du ruisseau."

Mais aussitôt intervenait une apaisante transaction :

"Si mieux il n'aime payer à la commune une somme de cinq cents francs. Dans le cas où il opterait pour le paiement, la partie de l'ancien jeu de paume, située à l'Ouest du chemin de Lehenbiscay à la place deviendrait sa propriété et la clôture le long du chemin, de l'angle Nord-Est de la chapelle à l'angle Sud-Est de la terre n° 375, serait établie d'accord avec la municipalité.



De plus, il aurait le droit de conserver les arbres plantés le long du mur d'encaissement du ruisseau, tous les matériaux provenant de la démolition et qu'il a utilisés resteront sa propriété ..."



Comme on le voit, la commune maintenait ses droits sur la place, Lehetchipia en conservant partiellement la jouissance. La vieille maison récupérait dans son domaine la petite enclave jadis prise sur ses terres derrière le fronton. Une modeste indemnité compensait la disparition du mur lui-même.



Les beaux noyers qui, depuis bientôt un siècle, continuent à ombrager les bords de Saint-Isidore témoignent que ce compromis fut accepté par les deux parties.



Un autre accord, dont nous n'avons pas pu étudier le texte, régla par ailleurs le sort de la chapelle ; depuis lors, celle-ci appartient légalement à la commune et son entretien fut tour à tour confié à d'autres maisons du quartier.



Mais le temps qui apaise des conflits plus graves que ceux-là, n'a pas manqué d'exercer ici aussi sa bienfaisante action. Les descendants de M. Diharassary sont tout naturellement redevenus aujourd'hui les plus zélé protecteurs du petit oratoire...



Saint-Pierre (Gapelugorrieneko-Kapera), présente cette particularité d'être bâtie sur les terres de Berrueta et de dépendre pourtant de la maison beaucoup plus proche de Gapelugorria.



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CHAPELLE SAINT-PIERRE


Cette chapelle est si nue qu'on pourra la prendre par dehors pour une de ces maisonnettes qui, dans les vignes, servent de resserre aux outils des travailleurs. Un rosier grimpant la fleurit jusqu'au toit.



A l'intérieur, une sorte de garniture en tôle découpée décore l'autel ; ce serait l'oeuvre de Mattin de Gapelugorria. Le Saint apôtre lui-même n'est représenté que par une image dans un cadre. Cette effigie fut donnée, paraît-il, par un vieux prêtre espagnol qui entretenait des relations de parenté avec les habitants de la maison Granada. Ce vénérable ecclésiastique faisait, dit-on, de fréquents séjours à Sare. Les enfants du village l'avaient surnommé (les Saratars sont friands de sobriquets) "Goazen bada" "Allons donc", d'après une exclamation qu'il répétait à tout propos pour stimuler un vieux cheval blanc assez rétif qui lui servait habituellement de monture. C'est à partir de l'oratoire de Saint-Pierre que commence la montée de la galtzada vers Lehenbizcay.



Saint-Jean-Baptiste (Teilariako Kapera) est sise sur le plateau de Lehenbizcay, non loin de la maison Bechienea où le Musée Basque a fait apposer, il y a quelques années, une plaque commémorative à la mémoire du grand bascophile Wentworth Webster.



Très basse et trapue, cette minuscule chapelle, qui s'ouvre en retrait sous un auvent fort abrité par l'avancée des murs gouttereaux, ne manque pas de caractère.



L'image pieuse qui représente le Saint aurait la même provenance que celle de l'oratoire précédent.



Les anciens du quartier ont connu dans leur enfance deux vénérables "mutchurdinak" (vieilles filles) de la maison Teilaria, qui s'étaient constituées les gardiennes vigilantes de cette chapelle et qui en prenaient soin comme un bien de famille. Mme veuve P. Fagoaga (âgée de 74 ans) nous rappelait en ces termes ses souvenirs :

"Sagar baten edo ogi zuri puska baten gatik, gaten ginen koperaren apaintzeko pusken bila Teilariako mutchurdinentzat". En échange d'une pomme ou d'un quignon de pain blanc nous allions chercher pour les vieilles filles de Teilaria les affaires destinées à l'arrangement de la chapelle.


Une réfection assez récente n'a gâté en rien l'aspect archaïque de cet oratoire.



Saint-François-Xavier (Etchetchareko-Kapera), point extrême où se rend la procession de la Saint-Marc, présente cette particularité de n'être pas comme les autres oratoires un édifice indépendant : le mur du fond s'adosse au corps de logis d'Etchetcharia et un des côtés s'appuie sur un appentis de la même maison. Le côté opposé s'avance un peu sur le chemin, afin de protéger des bourrasques d'ouest la façade de la chapelle.



D'une construction quelque peu plus soignée que les précédentes, Saint-François pourrait bien avoir été bâtie en même temps que la maison dont elle dépend. Or, il se trouve que celle-ci portait autrefois un autre nom : on l'appelait Apezteguia (logis de l'abbé). S'agirait-il donc d'un prêtre qui aurait voulu posséder là sa chapelle particulière ? C'est bien possible. En ce cas, la fondation de Saint-François ne proviendrait pas du tout d'un voeu de marin. Elle ferait exception - et ce n'est peut-être pas la seule - à l'origine traditionnellement admise.



Le principal attrait de cet oratoire réside dans les deux oeuvres de bois sculpté qu'il contient.



L'une de ces effigies qui, il y a quelques années encore, était conservée dans la maison même, est un panneau polychromé en ronde-bosse, représentant une vierge de style baroque. Debout sur des nuages en volutes, les mains croisées sur la poitrine, les yeux au ciel, quatre angelots se jouant dans les replis de son vaste manteau, cette madone d'une facture habile et expéditive a l'air échappée d'un retable espagnol. Quelle que soit son origine, elle est incontestablement l'oeuvre d'un homme sûr de son métier.



Tout autre est le Saint-François-Xavier qui trône sur l'autel, dans une niche vitrée. Il lui est impossible d'assigner un âge déterminé, mais il paraît, en tout cas, infiniment archaïque. C'est la création d'un artisan qui, avec toute l'ingénuité et la gaucherie d'un vrai primitif, a essayé de représenter l'apôtre basque sous l'aspect familier d'un prêtre à l'autel. Le Saint missionnaire, revêtu d'un surplis, tend de sa main gauche en un geste plein de raideur, une petite croix de bois noir. Son visage inexpressif a quelque chose d'hallucinant. Naguère encore, la statue était en bois naturel ; depuis, on l'a barbouillée de noir et de blanc d'une façon barbare qui accentue, s'il est possible, l'étrangeté de sa physionomie."



A suivre...









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