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jeudi 9 septembre 2021

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1947 (première partie)

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN 1947.


Au Pays Basque, il existe de nombreux symboles religieux, et en particulier en Soule.




religion catholique pays basque autrefois
EGLISE DE SAUGUIS-SAINT-ETIENNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, le 31 janvier 1947, sous la plume de Pierre 

Lhande :



"Le divin pelotari.



Notre-Dame de Sauguis.



Parmi toutes les insignes faveurs dont nous aurons été redevables a cette blanche Vierge de Boulogne, qui vient de tracer dans notre Béarn et notre Pays Basque, un sillage de gloire, il en est une qui demeurera rivée à jamais à notre souvenir. C’est surtout ceci qu'elle aura fait surgir en maintes de nos provinces un renouveau surprenant d’anciennes traditions mariales qui semblaient être tombées dans l'oubli peu à peu.



religion catholique vierge
VIERGE NOTRE-DAME DE BOULOGNE



C'est à l'une de ces résurrections, locales sans doute, mais extrêmement anciennes, que vient de donner lieu le passage triomphal de Notre-Dame dans un des coins les plus reculés du Pays Basque. Il semblerait vraiment que la Vierge nautonière, dans sa longue randonnée à travers toute la France, ait pris à coeur de rechercher elle-même tels de nos anciens buts de pèlerinages surannés, pour les remettre en honneur et les faire revivre aux yeux de la chrétienté ! Tantôt, elle s’est bornée à rallier sous son égide des traditions encore prospères ; tantôt elle a ressuscité un nouveau courant de ferveur autour des antiques dévotions à Marie, presque tombées en désuétude. Ce fut le cas, notamment, de "Notre-Dame de Sauguis".



Sauguis n'est, aujourd'hui, qu'un petit village de quelque 30 à 40 feux, situé un peu en retrait de la route départementale de Mauléon à Oloron. Cinq ermitages haut perchés - Saint-Antoine, Saint-Grégoire, Sainte-Barbe, Sainte-Marie-Madeleine et Saint-Joseph - pointillent de leurs façades étincelantes tout le pourtour de la vallée, qui, sur la droite, s'évade par des sentiers de chèvres, vers la frontière d'Espagne. La chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, sur le plus haut de ces pitons, marque le point d'où l'on dévale rapidement sur l'église de Sauguis, blottie tout en bas, dans ses noyers, au bord de son gave clair.



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CHAPELLE SAINT ANTOINE LARRAU
PAYS BASQUE D'ANTAN



Sauguis n'aurait point d'histoire s'il n'avait été, au XVIème siècle, le théâtre d'un long et sinistre épisode - la Réforme, - qui jeta dans tout le Béarn et le Pays Basque un sillage de sang et d'horreur. C'est là, en effet, que Jeanne d'Albret, reine de Navarre - cette reine dont un de nos évêques d'Aire, Mgr Epivent, a dit que nous devrions exécrer sa mémoire si nous pouvions oublier qu'elle fut la mère d'un des plus aimés de nos rois, - déchaîna une violente persécution contre les catholiques basques et béarnais. Cette jeune mère qui, encore catholique, avait accueilli la naissance de son nouveau-né, Henri IV, au chant d'une centilène de pure saveur béarnaise :

Nouste-Dame dél cap déu pount adjuvad-me ad'aqueste hore... (Notre-Dame du bout du pont, secourez-moi en pareille heure !)...


Mais qui nous dit - hasarderons-nous - que Dieu n'a pas fait miséricorde à la malheureuse souveraine précisément par égard pour cette pieuse invocation qui est restée dans toutes les mémoires : "Nouste-Dame... adjuvad-me !..."



Toujours est-il que plusieurs grandes familles de la Soule, abandonnant la religion traditionnelle, passèrent à la Réforme. Notre pauvre petit village de Sauguis fut, un moment, séduit... On connaît le dicton qui a encore cours dans la contrée "Zulgiztarrak higuinau ! Les gens de Sauguis sont huguenots !" Hâtons-nous d'ajouter que la crise fut passagère. Si, à ce moment, nombre d'églises et de statues de la Mère de Dieu furent profanées par les sectaires, la réaction fut également vigoureuse.



Peu à peu, prêtres et fidèles, égarés par les intrigues et les machinations de la reine Jeanne, finirent par retourner à la vraie foi. Il ne reste plus maintenant, à Sauguis, un seul adepte de la secte dont elle s'était faite l'âme.



C'est, sans aucun doute, de cette trouble période que nous est resté un souvenir très authentique : celui de cette antique Vierge en bois de tilleul d'une seule pièce, qui a été exhumée récemment d'un trop long oubli et que les Bayonnais entendirent nommer, pour la première fois, le 8 décembre dernier : "Notre-Dame de Sauguis".



Cette statue, durant toute notre enfance, nous l'avons vue trôner dans une niche ouverte à tous les vents, sur la façade extérieure de l'église s'ouvrant sur le cimetière et sur la rue. Selon toutes probabilités, cette Madone avait dû précéder sur notre ancien autel la Notre-Dame des Victoires, beaucoup plus récente, que nous honorons actuellement dans notre chapelle de la Vierge. Longtemps aussi, cette Vierge au regard énigmatique et figé nous avait intrigué par son archaïsme et sa vétusté, mais nous ignorions, à ce moment, son mérite et sa valeur ; quand, plus tard, la niche où s'érigeait toujours la mystérieuse icone fut aveuglée, on la remisa dans un grenier du presbytère. C'est là qu'en l'examinant de plus près, nous nous sommes rendu compte que, par son antiquité, par la pureté de ses lignes et par sa grâce, elle tranchait nettement sur toutes les autres créations similaires. C'est là surtout que nous avons commencé à l'entourer de notre vénération.



La Vierge de Sauguis, vue ainsi de près, nous apparut comme une oeuvre délicieusement française, pleine de naïveté. Visiblement, elle remontait au 16ème siècle. C'était une Notre-Dame si jeune et si enfant qu'elle en paraissait toute frêle ! Haute de 1 m. 20, extrêmement élancée, avec des traits, infiniment réguliers, elle accusait toute la préciosité du Siglo de Oro. Par la forme même de son habillement, par des traces encore très nettes de dorure ancienne et de décorations polychromées, par les plis de la robe agrafée à deux noeuds bouffant sur les deux épaules, enfin par le manteau relevé en sautoir sur la hanche, il était aisé de dater le petit chef-d'oeuvre. Un léger bandeau entourant les cheveux partagés sur le front était rattaché à la nuque au moyen d'un chignon d'une rusticité amusante. Sans doute, avait-elle dû passer au cours des âges par quelques retouches dont la trace la plus ancienne - et !... plus charmante - avait été le vermillon très accusé des lèvres rouges aux commissures de la bouche ! La Dame avait le nez droit, presque rectiligne, elle avait dû être couverte, primitivement, d'un enduit carminé qui était en partie tombé. Quant au "Petit Jésus", qui était, lui, un gros poupon arc-bouté contre le sein de sa Mère, il faisait paisiblement son "grand Arsène", de ses jambes largement croisées ; et la Vierge le tenait gracieusement par l'extrême petit bout du doigt du pied !"



A suivre...



(Source : https://www.pelerinagendboulogne.org/histoire.html)



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