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lundi 25 octobre 2021

LES CHAPELLES DE SARE-SARA EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (cinquième partie)

 

LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.


Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.




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CHAPELLE ST ISIDORE ET PONT ECHETCHIPI SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°12, en 1936, sous la plume de 

Philippe Veyrin et P Garmendia :



"...Saint-Antoine (Argaineko-Kapera) est dans un site assez écarté sur les premières pentes de la Petite Rhune. Presque adossée au flanc de la montagne, elle forme le centre d'aboutissement de plusieurs sentiers rocailleux creusés dans une argile rougeâtre qui, à la belle saison, contraste vivement avec les verdures d'alentour : vert foncé des genêts, vert plus terne des fougères et des mousses, feuillage bronzé des vieux chênes, vert éclatant de quelques platanes groupés en quinconce devant l'oratoire...




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CHAPELLE SAINT-ANTOINE SARE


Les murs latéraux protègent le seuil. Quatre degrés en face de la porte et de même largeur que celle-ci donnent accès à des assises de pierre formant devant l'entrée une sorte d'étroite terrasse abritée par l'auvent. Accroché à la face interne du mur latéral de droite s'avance à hauteur d'appui le bénitier, simplement creusé dans une pierre mal équarrie. Un peu au-dessus de la porte, une pierre rectangulaire porte en relief sur deux lignes les mots San Anton.



A l'intérieur, pavé de loses, s'élève contre le mur du chevet un bel autel surmonté d'une croix, tous deux en pierre. Le devant d'autel, formé d'une large dalle sculptée en champlevé, porte sur trois lignes cette inscription : 

San Anton

Othoitz Eguiazu

Guretzat



Il est bordé latéralement de deux plates-bandes rapportées, formant piliers, et décorées de motifs rappelant certains ornements des tribunes de l'église de Sare. Le socle sur lequel se dresse la croix, forme retable au-dessus de l'autel. Il est taillé dans un bloc rectangulaire dont les arêtes s'incurvent en volutes.




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PLAN EGLISE DE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Sur la table d'autel, une statuette de facture "sulpicienne" figure Saint-Antoine de Padoue. Elle a remplacé, il y a quelques années, un tableau (datant sans doute de la réfection ou reconstruction d'après la Révolution) qui représentait le même Saint. Il convient toutefois de ne pas oublier que la dévotion populaire à Saint Antoine de Padoue est assez récente. Aussi n'y aurait-il rien d'étonnant à ce que l'oratoire que nous décrivons ait été - comme plusieurs autres chapelles du Pays Basque - dédié primitivement à Saint Antoine l'Ermite.




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13 JUIN SAINT ANTOINE DE PADOUE


Le plafond à trois pans est de bois peint en gris bleu. Les murs blanchis à la chaux, les boiseries extérieures vert olive.




Cet oratoire est moins solitaire qu'il ne paraît à première vue. Le chemin principal qui, en contre-bas longe sa façade, relie le col de Saint-Ignace au quartier Basaburu. Il est encore très fréquenté par les habitants des fermes blotties au pied du versant Nord de la grande Rhune, et l'était bien davantage avant l'établissement des routes carrossables dans la commune.



Saint-Antoine, qui se trouve sur les terres du domaine d'Argainea, remonte dans sa construction actuelle aux environs de 1830-1835. D'après Pierre Etchegoyen d'Haltzuartea (âgé de 80 ans) cette chapelle aurait été élevée par un arrière grand-père de MM. Pierre et Henri Dop, médecin, habitant sa maison de famille d'Argainea. Il voulut, en construisant ledit oratoire, laisser un témoignage de son attachement à ces lieux, peut-être aussi remercier le ciel de quelque événement favorable.



Aucun souvenir ne permet d'affirmer qu'antérieurement à l'oratoire actuel il n'en existait pas déjà un. Or, des cartes géographiques anciennes, celle de Cassini entre autres, portent au même emplacement l'indication "Saint-Antoine" accompagnée du signe topographique distinctif des chapelles. Cela laisse à penser qu'un oratoire dédié à Saint Antoine s'élevait effectivement sur ce point, au moins dès le XVIIIe siècle ; sa disparition momentanée s'expliquerait, soit par les désordres de la Révolution, soit par les destructions dues à l'invasion anglo-espagnole de 1813-1814.







Un fait certain, c'est que vers 1830, il ne restait plus à cet endroit que des ruines et une simple croix de pierre. Celle-ci, lors de la réédification, fut encastrée dans le mur du fond où elle resta cachée aux regards pendant près d'un siècle. En 1927-1928 une restauration nouvelle fut entreprise par M. Pierre Dop, le propriétaire actuel, sous la direction de l'un de nous.



L'autel de bois qui existait jusqu'alors fut remplacé par celui en pierre de taille que nous avons décrit plus haut ; la croix fut descellée du mur où elle se trouvait enclavée pour être érigée sur un socle et décorer le dit autel. Tous ces travaux furent exécutés par deux vieux artisans du village, nommés Pello et Gaztainalde, qui possédaient encore le métier des anciens lapidaires basques. L'un deux est mort, mais il a trouvé un habile et fervent continuateur en la personne de Patchola qui s'efforce avec succès de rendre aux habitants de Sare le goût des belles tombes basques de jadis. On peut voir plusieurs de ses oeuvres dans le cimetière de la paroisse.



En dehors des dévotions courantes, une coutume immémoriale attire à date fixe près de la chapelle Saint-Antoine les malades atteints d'infirmités aux yeux. A quelques mères au-dessous de la chapelle coule un ruisselet sur les bords duquel un filet d'eau sourd de terre. Cet endroit, aménagé de façon très rudimentaire, porte le nom de San Antoneko iturria (fontaine Saint-Antoine). Là, chaque année, dans la nuit de la Saint-Jean (23 au 24 juin) arrivent en silence les malades qui viennent chercher sinon la guérison, du moins un soulagement à leurs maux d'yeux, car des vertus curatives associées à des croyances religieuses sont attribuées à l'eau de Saint-Antoine. Sans crainte des ténèbres nocturnes, les fidèles se livrent à des ablutions à l'aide de vieux linges blancs dont ils se frottent les yeux et qu'ils abandonnent ensuite accrochés comme des reliques aux ronciers de la haie avoisinante. Cette exposition d'ex-votos ne manque pas de pittoresque ; il faut bien des jours pour que la pluie et le vent finissent par faire disparaître ces nombreux chiffons... Après ses ablutions, chaque pèlerin remonte vers la chapelle pour implorer l'intercession de Saint-Antoine, et allume à cet effet un bout de cierge qu'il colle dans le creux du bénitier à l'aide d'une goutte de cire fondue..."



A suivre...











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