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samedi 2 octobre 2021

LES PAROISSES DU PAYS BASQUE NORD PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE : AHETZE ET ARBONNE ET HALSOU EN LABOURD (sixième partie)

 

LES PAROISSES BASQUES PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Pendant la Révolution française, le Pays Basque Nord, avec sa frontière avec l'Espagne a connu de nombreux combats et a souffert avec la déportation de milliers d'habitants en 1794.


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VUE ENSEMBLE D'AHETZE LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que publia à ce sujet l'Abbé Haristoy, Curé de Ciboure, en 1899 :



"Ahetze et Arbonne, en basque Ahetze et Arbona



Le premier est cité sous les noms de "Villa quæ dicitur Ahece" au XIIe s. ; d’Aheze, au XIIIe s. (cart. de Bayonne fos 8 et 12), d’Ahetce en 1302 (charte du chap. de Bayonne. Le second appelé Narbonna en 1186 (cart. de Bayonne f° 82) fut quelque temps la résidence d’été des évêques de Bayonne. Nous regrettons de n’avoir pas pu connaître le nom de leur demeure.



Ahetze et Arbonne formaient une seule paroisse au XVIIIe s. La population d’Ahetze en 1650, était de 107 foyers ; en 1718, de 747 habitants, en 1820, de 509. Celle d’Arbonne en 1650, de 150 foyers, en 1718, de 1 050 habitants et en 1820, de 577.


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EGLISE D'ARBONNE LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le curé, à la nomination de l’évêque, résidait ordinairement à Ahetze et le vicaire à Arbonne, annexe. Les revenus de la cure consistaient : 

1° dans la 1/2 des fruits décimaux et prémiciaux des terres anciennes et novales, 700 1. 

2° dans la 1/2 des fruits décimaux et des terres anciennes et novales d’Arbonne, 460 1. ; 

3° dans le casuel d’Ahetze 100 1., celui d’Arbonne 80 1. avec charge de 200 1. pour le vicaire, résumé net 1 140 1.



La fabrique possédait, à Ahetze, un revenu net de 120 1. et à Arbonne une part dans les dîmes de quelques terres d’Arbonne et d’Ahetze évaluées 60 1.



A Ahetze, il y avait quelques obits tombés en désuétude ; les prébendes étaient celles d’Arretchea (12 mars 1692) 25 1. ; — de Chahirenea N. ; — de Hargues ; — de Juncas ; — d’Ilbarots-Hirigoyen ; — d’Achoutoa ; — de Dominique d’Ostalerie ; — du  Sr Casaubon, curé de St-Pé-d’lbarren (13 août 1693) 100 1. ; — de Harambillague (15 novembre 1741) 20 1. ; de Lartucea (9 mai 1698) N. ; — de Janier Etcherenea N.



Les obits et prébendes d’Arbonne étaient : 7 obits d’un rapport annuel de 257 1. — Les prébendes : celles de Juncas, fondée par Armand Juncas, vicaire, le 29 août 1727, revenu 50 1. ; — de Labiton, aliàs de Socobie, (4 septembre 1701) 201. ; — de Sorhouet-Etcbesarry 21 1. ; — de Pouy (26 octobre 1710) 200 1. ; — de St-Paul (?) 100 1. ; — de Mentaberria N.



Chapelle : celle de Pouy à Arbonne, mentionnée en 1751 (Intendance E. 38). — Confrérie : celle de N.-D. du Rosaire érigée en 1714 dans l’église de St-Martin d’Ahetze, et approuvée, le 19 juillet 1738, par Mgr de Bellefont. Parmi les membres figurent : "Arnaud Harambillague, prestre et prieur de la frairie 1761 ; Bernard de Hirigoyen, prestre ; Saubot Detcheverry, prestre ; et Dominica Duhalde, gouvernante de Duhart prestre".



Les actes paroissiaux de 1774 à 1779 portent les signatures de Munduteguy et de Duhart, prêtres.



Période révolutionnaire. — A cette époque Ahetze n’avait qu’un vicaire à la tête de la paroisse : c’était Martin Daguerressar, né à Lahonce. Grâce à la piété des fidèles qui ne voulaient pas que leur chef spirituel apostasiât, Daguerressar hésita quelque temps entre sa conscience et son ambition. Les 26 et 30 janvier 1791, il déclare au maire Dupouy, ne pouvoir prêter que le serment restrictif. Quelques jours après il dit au même magistrat : "C’est une affaire qui m’embarrasse, mais il faut en passer par là", et le 13 février suivant, il prêta le serment pur et simple. Grâce à son apostasie, à l’aide de Daguerressar, notaire de Mouguerre, il devint curé constitutionnel de Lahonce jusqu’à l’abolition du culte. Alors il abdiqua et, devint juge de paix. Avant son départ, d’Ahetze, il envoya à la municipalité un don patriotique de 116 1. 13 s. 4 d. .



pays basque autrefois place
PLACE D'ARBONNE LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN



— Un autre prêtre l’abbé Duhart, ancien curé et trésorier de la fabrique d’Ahetze, abdiqua aussi.



La Révolution enleva d’Ahetze une cloche, une petite croix du poids de 1° 21 d etc. On parvint à sauver une belle croix du XVe s. que l’on montre encore dans cette paroisse. Véritable objet d’art, elle a été décrite dans les Annales de M. Didron, par un professeur des plus distingués du séminaire de Larressore, l’abbé Laran, de Bayonne, prématurément enlevé par la mort aux sciences et aux lettres. On nous a assuré que la belle croix d’Ahetze n’a échappé à la rapacité des révolutionnaires que grâce à l’inaltérable fidélité d’un enfant de la paroisse, dont nous regrettons de ne pouvoir pas donner le nom.



A la Révolution, Arbonne avait son curé et son vicaire. Loin d’imiter leur triste voisin, ils se refusèrent à prêter le serment schismatique. Le premier était Laurent Duhart, né à Ayherre, de Jean D. et de Marie Haramboure, ordonné à St-Jean-Pied-de-Port, le ler juin 1765, et le deuxième Guillaume d’Etchepare, né à Ainhoa, le 1er septembre 1758, de Jean d’E. et de Ursule Marticorena, ordonné à Oloron en avril 1783. 11 devint vicaire à Espelette et mourut le 23 août 1810. Arbonne perdit à la Révolution trois cloches, etc. 



Au rétablissement du culte, la paroisse d’Arbonne fut confiée à Martin Duhart. Nous avons déjà dit que celle d’Ahetze fut donnée à Louis Duhalde, d’Ustaritz. En 1793, on appela Arbonne Constante.



Halsou :

Halsou, en basque Haltsu, est cité au XIIIe s. dans le cartulaire de Bayonne (f° 49) et dans les collations du diocèse en 1760, sous le nom de Beata-Maria de Halsou. Ce fut d’abord une chapelle dédiée à la Ste Vierge, fondée en 1506, par Martin d’Uhalde et son épouse Marie de Haïtze. Leur demeure se voit encore près l’église de Halsou. Un jour de dimanche, les deux nobles époux allaient entendre la messe à l’église de Larressore. La rivière de la Nive, grossie par d’abondantes pluies, avait un courant des plus violents. Durant la traversée, une de leurs filles tomba dans le torrent et s’y noya. Dans leur désolation, ils demandèrent et obtinrent de Mgr Bertrand de Lahet, évêque de Bayonne, de fonder, près de leur château, une chapelle particulière ; c’était en 1506. Le seigneur de St-Martin de Larressore ayant hérité de la maison d’Uhaldea nommait à la cure de Halsou.



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HALSOU LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN



Picamillh dit que "l’église de Halsou est une ancienne chapelle édifiée par les soins du baron de Lacarre, en commémoration de la mort de sa fille noyée au passage de la Nive." Mais, comme le dit le capitaine Duvoisin, ce n’est pas dans les anciens écrits que l’auteur a puisé ce renseignement. Les barons de Lacarre n’étaient pas encore alliés à la noble famille de St-Martin de Larressore.



La chapelle fut érigée en paroisse, en 1512, avec l’autorisation du prélat et le consentement du curé de Cambo et de Larressore, annexe. (Halsou ne formait alors qu’un quartier de Larressore). Le manuscrit attribué à l’abbé Larréguy nous donne le nom de ce curé. C’était Monsieur St-Martin. Il était en même temps abbé du couvent d’Urdach. Au XVIIIe s. M. St-Martin, seigneur de Larressore, nommait à la cure de Halsou.



La population, en 1650, était de 100 feux ; en 1718, de 500 habitants et en 1820, de 273. — Les revenus de la cure consistaient en une portion de la dîme, quelques prémices évaluées 336 1. et dans un casuel de 30 l., total 366 l. — Il y avait 14 obits d’un rapport annuel de 68 l. 15 s. — Les prébendes étaient celles de Hiriberria (21 mars 1713), 11 l. 5 s. ; — d’Etchegoyen, aliàs Dithurbide, (20 juin 1693), 30 l. ; — de Hiriartea (30 novembre 1667), 11 1. 5 s. ; — de Dithurbide, aliàs Etehegoyen, (prébende confondue avec la précédente), 45 l. 4 s. ; — d’Ourbarroa (28 février 1727), 6 1. ; — d’Etchegoyen, aliàs Lascorret, (7 avril 1734), augmentée postérieurement, 13 l.10 s.


— La fabrique possédait une rente constituée d’un capital de 120 l. avec charge de quatre messes.



A la Révolution, était curé de Halsou, Pierre Haramboure, enfant de la paroisse, né le 24 septembre 1716 dans la maison Etcheverry-Zahar. Après deux années de professorat à Aire, il y fut ordonné en 1742. Il devint curé de sa paroisse natale et refusa le serment schismatique ; ce qui lui valut la déportation malgré ses 84 ans. Il mourut dans son exil à Mayo (Espagne).



Une de ses sœurs, Gratianne, était mariée à Martin Harriet, grand-père des abbés Fabien et Maurice, chanoines de Bayonne ; Gratianne avec ses trois filles Haurra-Marie, Marie et Josefa, fut victime des mêmes fureurs révolutionnaires. Les quatre furent un moment emprisonnées dans l’église de St-Jean-de-Luz, changée en prison. Josefa y mourut au milieu d’un grand nombre d’internés, entassés pêle-mêle, sans distinction ni d’âge ni de sexe. Les deux autres sœurs rentrèrent au foyer paternel avec leur mère âgée de 80 ans.



Pierre Harriet, fils de cette dernière, était procureur du roi au bailliage d’Ustaritz. Il occupait dignement sa charge, quand la Révolution vint le condamner à mort comme réactionnaire. Pendant quelque temps, il se cacha dans les bois qui entouraient sa maison natale d’Etcheverry-Zahar. Un jour, il était dans une ferme appartenant à la famille et située au bois de Jatxou. Des agents de Hasparren, lancés à sa poursuite, abordent le fermier et réclament la victime. "Il a pris la direction de Hasparren", répond le fermier fidèle. Dépistés un moment, les agents reviennent encore. "Maître, dit le fermier à Harriet, les voici revenus ; ils sont quatre. Je me charge de deux, vous pourriez vous charger des deux autres, nous prendrions leurs chevaux et nous passerions la frontière." Le fermier était un vigoureux bohémien, qui ne quittait jamais son maître. L’ancien procureur rejeta la proposition et franchit la nuit même la frontière. Il alla rejoindre six prêtres émigrés de ses amis et condisciples de Larressore.



C’étaient les abbés Haramboure, curé de Halsou, dont nous avons parlé, Munduteguy, curé de Jatxou, Bernard Etchegoyen, vicaire de Jatxou, Michel Garat, missionnaire de Larressore. et deux autres dont nous regrettons de n’avoir pas les noms. Ils se mirent en communauté, faisant les prières et autres exercices de piété ensemble, exemple suivi toute sa vie, au sein de sa famille, par l’ancien procureur depuis son retour d’Espagne ; l’ex-magistrat servait la messe à ses co- exilés, à raison de deux sous par messe. Le petit pécule servait à augmenter le menu du dîner à certains jours de fête. L’ordinaire se composait de pain et de quelques fruits, assaisonné du bonheur d’une conscience tranquille.



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LIVRE LES PAROISSES DU PAYS BASQUE
PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

DE L'ABBE PIERRE HARISTOY TOME II


Martin de Munduteguy, dont nous avons déjà parlé, était né à Halsou le 19 novembre 1729, et ordonné à Aire en décembre 1755. Un moment il eut la faiblesse de prêter le fameux serment, faute qu’il répara immédiatement en le rétractant publiquement et en déclarant que jamais il ne reconnaîtrait que l’autorité de l’évêque légitime. Il avait la réputation d’un grand prédicateur.



Bernard Etchegoyen, dit Choko, naquit à Halsou, le 25 décembre 1766, et fut ordonné le 20 mars 1790. Sitôt l’onction sacerdotale reçue, il fut nommé vicaire à Jatxou et peut-être aussi chargé de l’administration de sa paroisse natale, après le départ du curé Haramboure, car sur la liste des déportés ou lui donne le titre de curé de cette paroisse. Mais il ne tarda pas d’aller rejoindre ses confrères à Pampelune. La Révolution enleva de l’église de Halsou 1 calice avec patène, 1 ciboire, 1 soleil sans pied, 1 croix brisée, 1 porte-Dieu ; le tout pesant l6 m 50.



A l’ouverture des églises, Martin de Mundutegpy devint curé de Halsou et Jatxou réunis. Il fut remplacé bientôt par Bernard Etchegoyen. Chez ce dernier se retira, à son retour d’Espagne, l’abbé Michel Garat, missionnaire de Larressore, en attendant sa nomination à la cure de St-Pierre d’Irube vers 1805. Démissionnaire de sa cure en 1817, l’abbé Etchegoyen vécut en prêtre habitué dans sa paroisse natale, jusqu’à sa mort, en 1828.



Doué d’une excellente mémoire et connaissant la vie du saint fondateur du séminaire de Larressore, l’abbé Etchegoyen fournit, nous a-t-on assuré, d’intéressants détails à l’auteur de sa vie. Mais son bonheur, surtout dans ses vieux jours, était d’aller raconter aux élèves de cet établissement les événements de la Révolution, sa vie et celle de ses confrères sur la terre d’Espagne. Ses visites étaient désirées autant par les maîtres que par les élèves. Un jour, il y était allé dîner. Que ce fut la faute du fournisseur ou celle de l’économe, on servit à table une viande des plus coriaces. Le vénérable vieillard n’en pouvant détacher miette passa son plat à son chien, qui se tenait à ses pieds. A la récréation qui suivit, il narrait ses aventures, quand son chien vint le caresser. "Saute, lui dit-il, saute, Napoléon, c’était le nom du gardien fidèle, tu as mieux dîné que ton maître". Il paraît que désormais l’économe surveilla sa cuisine, et fêta mieux l’aimable visiteur."



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HALTE DE HALSOU-LARRESSORE LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN



A suivre...




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