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dimanche 21 mai 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (cinquième et dernière partie)

 

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".




pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans cinq précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017

le 20/01/2023, le 20/02/2023, le 20/03/2023 et le 20/04/2023.



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse nationale dans plusieurs articles :



  • Le Petit Journal, le 13 septembre 1928 :

"La fin d'une future étoile.

Agnès Souret la plus belle femme de France est morte en Argentine.

Une crise d'appendicite a emporté en quelques jours la jolie Basquaise.



Elle portait au front tout l'éclat d'une des plus nobles races du monde. Elle était Basquaise et coulait près de ses parents des jours paisibles. Un jour, on organise un concours, celui de la plus belle femme de France.



Elle est jolie, va-t-elle se présenter ? Pourquoi pas ? Elle vient à Paris. Elle est choisie : la voici sacrée la plus belle femme de France. Reproduite à l'infini, son image est partout : sur les écrans, dans les devantures des librairies, voire sur des affiches. C'est la gloire : elle n'a pas seize ans !



Paris s'empare d'elle : la voici au music-hall, danseuse, puis artiste de cinéma. L'an dernier encore, elle dansait à la fête de bienfaisance organisée par le Petit Journal, et recueillait une chaleureuse ovation. 



Elle part pour l'Amérique du Sud. Arrivera-t-elle à prendre sa place au firmament des étoiles ? Puis, brutalement, alors que point le succès, une crise d'appendicite banale l'emporte à vingt-trois ans. Agnès Souret vient de mourir à Buenos-Ayres, 



Son corps, naguère merveilleux, sera ramené en France. Elle reposera dans la terre du petit bourg d'Espelette, dans ce pays basque tout fleuri de pommiers, tout parfumé de brises marines qu'elle quitta un jour, parce qu'elle était trop belle."



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET MISS FRANCE 1920


  • La Petite Gironde, le 19 septembre 2023 :

"Etrange destinée que celle de cette pauvre Agnès Souret, consacrée par le suffrage populaire la plus belle femme de France, dont tous les journaux du monde reproduisent les traits charmants, et qui après avoir essayé vainement de projeter des feux d’étoile à Paris, s'en va mourir seule, en Argentine, des suites d’une opération chirurgicale. Elle n’était pas préparée à son rôle elle n’a pas su brûler l'étape. 



Elle était venue d’Espelette, au Pays basque, pour être le premier prix de Beauté des journaux. Il fallait tirer parti d'une pareille vedette. Les directeurs des Folies-Bergère — dont un au moins fut Bordelais — essayèrent de la présenter dans un numéro de danse, de chant, de poses plastiques. Timide, un peu bourgeoise, Agnès Souret ne "rendait" pas. On songea alors à la montrer dans une corbeille, promenée au dessus des spectateurs. Elle leur jetait des fleurs, des devises. 



Nous avons la curiosité de monter sur le plateau des Folies-Bergère avant son numéro. Agnès Souret est dans les larmes. Elle a traversé les rangs des figurantes en train de répéter, et ces dames, dont la générosité est le moindre défaut, ne manquent pas de conspuer l'enfant : 


— C’est ça le prix de beauté de France !... Ah ! mince, alors... (Et quand je dis : mince...). C'est un petit chameau de plus, voilà tout. 



Peu habituée à ce monde spécial, et surtout à son vocabulaire, Agnès Souret, blessée ne pouvait arrêter le flux de ses glandes lacrymales. Le fard s’en allait sous l’ondée. Le noir et le bleu des yeux se mêlaient au rose des joues. Il fallut refaire une tête à l'étoile pour qu'elle pût prendre place dans son nid de fleurs. Le public fut un peu étonné. Succès médiocre. 



Elle s’était retirée à Espelette Mais elle avait touché aux planches ; elle en sentirait toujours la brûlure délicieuse. Elle revint à Paris, où elle étudia la danse avec passion. Des engagements la familiarisèrent avec le public. Elle fut quelque temps la partenaire de Carpentier au music-hall ; puis elle tourna des films, chanta dans les cabarets montmartrois. 



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'était l’apprentissage. Elle était partie pour l'Argentine afin de mettre, au point un numéro de chant et de danses, sur lequel elle comptait pour faire une rentrée brillante à Paris... On va ramener son petit corps.



Elle avait fait une entrée brusquée sous le projecteur. Douce, réservée, elle eut quelque peine à se mettre à la page, à exploiter la chance. Les années s'écoulèrent. Jamais elle ne dépassa la période des essais.



On l'enterrera dans cette terre d’Espelette, à laquelle la gloire était venue prématurément l’arracher. Sans jouer les moralistes. emploi qu’on n'exerce qu’à l'égard des autres, on peut penser qu’elle eût été plus heureuse en épousant quelque gars basque, auquel elle aurait donné de beaux enfants, maîtres en l’art de la pelote et du football."



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AGNES SOURET MISS FRANCE 1920


  • La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 4 décembre 1928 :

"La jolie Agnès Souret qu’un jury proclama un jour la plus belle femme de France, mourut, on s’en souvient, l'été dernier, d'une crise d’appendicite, au cours d'une tournée théâtrale en Amérique du Sud. Un paquebot vient de ramener à Bordeaux le cercueil contenant le corps embaumé de la jolie Basquaise qui, aussitôt, a été dirigé sur Bayonne pour être transporté à Espelette. Les obsèques seront célébrées jeudi. La charmante et regrettée Agnès Souret reposera ensuite dans le paisible cimetière du riant village qui la vit naître, et auquel la gloire éphémère la vint un jour arracher."


"Convoi funèbre.


Madame Marguerite Souret, 

Prie ses amis et connaissances de lui faire l’honneur d’assister aux obsèques de 

Mademoiselle Agnès Souret 

Sa fille regrettée, pieusement décédée à Buenos-Ayres, le 14 août 1928, et qui auront lieu à Espelette, jeudi 6 décembre, à 9 heures 3/4. 

On se réunira à la villa Ederrenia, à Espelette (B.-P.), à 9 heures 1/2 précises.

 Un service d’autocars partira de la gare du B. A. B., Bayonne, à 8 heures et demie."



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN




  • La Petite Gironde, le 19 février 1929, sous la plume de Marcel Perin :


"Puisqu'on parle des plus belles...


Une visite à la maman d’Agnès Souret.


Espelette, février 1929. 

Un chalet basque aux poutres, aux balcons, aux volets bleus et sur la barrière bleue, elle aussi, cette inscription : "Ederrenia" (chez la plus belle). 


La terrasse domine les maisons d’Espelette, serrées les unes contre les autres, dans un cadre de montagnes cou vertes de neige, sous un ciel bas ouaté de gris. 


Aux murs du studio, sur le bureau, sur chaque meuble, un portrait : cent visages enfantins, candides, mutins, souriants, songeurs, d’une grâce ineffable ; ovale pur, chevelure qui semble un rêve blond, regards profonds de grands yeux bruns caressants. 


Assise en face de moi, une pauvre maman, frappée d’un deuil cruel, ne vivant plus que parmi les souvenirs, dans la demeure où Jamais plus l'enfant chérie ne reviendra, où ne tintera jamais plus son rire clair, plein de jeunesse, où jamais plus ne s’apaiseront ses chagrins dans la douce prison des bras maternels refermés. 


... Si j’osais, je me lèverais, je saluerais, je m'échapperais, car il n’y a plus de place ici pour un étranger, mais comme si elle avait prévu mon geste. Mme Souret me retient.


"Ecoutez-moi... je vais vous parler d’elle. On l'a trop connue et mal connue, ma petite Agnès ; sa beauté physique n'était que le reflet de sa beauté morale. Le cinéma la tentait beaucoup, beaucoup ; à l’époque où le "Journal" organisa son premier concours ; elle tenta sa chance ; non pas, croyez-le bien, pour conquérir un titre de pure vanité, mais bien pour réaliser son rêve : devenir une artiste de l'écran. 


Elle eût dû y parvenir, car, choisie, élue par le public de presque tous les cinémas de France, elle aurait pu en devenir l’idole ! Mais qui expliquera pour quelles raisons un metteur en scène ne sut rien tirer de cette merveille de photogénie ? Faut-il supposer que dans le milieu cinéma, les desseins soient plus obscurs, les intrigues plus redoutables ? Elle n’avait pour se défendre que sa douceur, sa bonté, son désir de mieux faire. C'était sans doute insuffisant à notre époque. 


A vrai dire, sa notoriété subite, mondiale lui nuisait. Elle alla au music4iall, où elle continua à demeurer simple, aimable ; elle avait acquis à force de travail un joli talent de danseuse ; son beau corps, si souple, si élégant, ses gestes si gracieux, si chastes, tout en elle permettait la floraison d’une grande artiste... 


Puis ce fut le départ pour Buenos-Ayres, un engagement de deux mois ! La joie de partir vers cette Amérique du Sud chère à tous les Basques... et c’est la crise foudroyante au moment du retour, l’espoir d’abord envisagé d'une guérison, enfin les complications fatales et le souci constant de l’enfant qui a tout fait pour épargner à sa mère l’horreur de cette angoisse : savoir son enfant en danger loin d'elle."



Mme Souret se tut un instant... lourd silence qu'elle rompit d’un effort : 


"Il y a quelque chose qui adoucit ma douleur, c'est d'être certaine que sur cette terre lointaine, Agnès a trouvé toutes les protections, tous les soins, auprès de ses compatriotes de là-bas. Comment exprimer ma reconnaissance à la générosité d’un Basque au grand cœur à qui je dois cette suprême consolation : pouvoir pleurer et prier sur la tombe de ma fille."



Des poules picorent les iris dans le cimetière qui ceinture la vieille église aux murs blanchis à la chaux. Deux cyprès s’élèvent dans le ciel gris. Le vent, la pluie, les années ont à demi effacé les noms de bien des tombes, mais dans l’angle du dernier contrefort et de l'abside, une dalle affreusement neuve porte gravés, un prénom, mi nom : "Agnès Souret", et l'on croit lire : "Jeunesse, beauté."



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TOMBE D'AGNES SOURET ESPELETTE - EZPELETA
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • Paris-soir dimanche, le 2 février 1936 :

"Agnès Souret et sa robe de communiante.


Voici la première de toutes, Agnès Souret, cette Basquaise blonde qui vivait avec sa mère, à Bayonne, et qui, parce qu’elle avait lu dans un journal que l’on cherchait la plus belle femme de France (c’était juste après la guerre ; juste à l’aube de ces concours) envoya à M. de Waleffe sa photographie en première communiante, avec ce mot délicieux : "J’ai maintenant 16 ans. Mais je n’ai pas d’autre photo. D’après celle-ci, croyez-vous que j’aie des chances, si je me présente ?" Le maître du concours, fort perplexe, considéra la photo de petite fille... et conseilla de venir. Quelques semaines plus tard, Agnès Souret. par plus de 600 000 voix proclamée reine de France. 


Sa vie, jusque-là, s’était écoulée sans autre histoire que la promenade quotidienne, la messe et les arts d'agrément : véritable éducation de jeune provinciale que sa beauté, tout à coup, jetait dans le vaste monde. Avec de grands yeux étonnés, elle considéra ces messieurs aux paroles persuasives qui venaient lui promettre des contrats, des voyages.


— Voici un contrat d’un million, l'Amérique...


Agnès Souret, effarouchée, refusa net. Comment aurait-elle vécu un an hors de France ?


Mais lorsqu’on a longtemps refusé son cœur, le moment vient où le cœur se tait, on accepte avec sa raison. C’ès ainsi qu'Agnès Souret a trop entendu ses amis lui reprocher de laisser fuir la chance. Quand un nouveau monsieur, combien persuasif, s’est présenté chez elle, demandant qu’elle consentit à paraître aux Folies-Bergère, elle a donné son premier "oui". Ce n’était qu'un début.


pays basque autrefois cabaret paris souret carpentier
AFFICHE LA GRANDE FOLIE
FOLIES-BERGERE 1920


Déesse charmante au milieu d’une immense corbeille de fleurs, dans le plus pur style des décors de cette époque pour nous déjà vieillie. Agnès Souret. chaque soir, parut. Dans les coulisses, une mère jalouse, veillait. Elle passa cent fois, fière et ravissante, toujours un peu lointaine, comme ceux qui n'ont pas encore trouvé leur destin.


Crut-elle l’avoir trouvé, lorsque, lasse de sollicitations, elle consentit à prendre le bateau pour l’Argentine ? Il y avait en elle, lorsqu’elle quitta la France, une grande tristesse. Buenos-Ayres. aux maisons éclatantes, blessa cette jeune vie d’un éclat trop vif. Et puis, le brouhaha des admirations, autour de ses cheveux fauves... Et puis, cette misère dorée des vedettes pures... Un soir, Agnès, prise de fièvre, dut s’étendre. Emportée par une infection maligne, elle ne se releva jamais."






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jeudi 20 avril 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (quatrième partie)

 

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans cinq précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017

le 20/01/2023, le 20/02/2023 et le 20/03/2023.



Voici ce que rapporta à son sujet la presse nationale dans plusieurs autres articles :



  • Aux écoutes, le 27 mars 1927 :

"Tournois de beauté. 


Agnès Souret continue dans l’obscurité une carrière commencée dans la gloire. On la verra, on la devinera plutôt dans la prochaine revue du Palace.



L’autre soir, comme on lui annonçait le succès de Roberte Cusey, qui va essayer de faire triompher la beauté française au tournoi international organisé aux Etats-Unis, elle murmura, désabusée :


— Pour ce que ça sert ! 


Etre la plus belle femme de France n’a peut-être pas servi beaucoup à Agnès Souret, mais certaines de ses rivales, plus intrigantes, ont su profiter de la gloire qui leur était faite alors. Témoin Dolly Davis, qui est devenue une des gloires de l’écran français."



actrice femme
ACTRICE DOLLY DAVIS



  • Comoedia, le 31 août 1927 :

"Il n'est bruit dans certains milieux que du prochain départ de "La plus belle femme de France" en Amérique. Mlle Agnès Souret toutefois ne prendrait pas le paquebot. Elle serait la passagère de l'avion de couleur qui compte déjà à son bord un représentant du pays basque."



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 10 septembre 1928 :

"Une jolie Basquaise disparaît. 



On annonce la mort d’Agnès Souret Agnès Souret, la jolie Basquaise qui avait obtenu, il y a déjà plusieurs années, un prix de beauté et avait été proclamée la plus jolie femme de France, à une époque où on ne l'avait point encore baptisée Miss France, Agnès Souret serait morte en Amérique d'une crise d’appendicite. 


Depuis quelque temps, elle faisait du music-hall, et c'est au cours d'une tournée outre-Océan qu'elle a été frappée du mal auquel elle aurait, dit-on, succombé."



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • Comoedia, le 12 septembre 1928 :

"Agnès Souret est morte.


Blonde au fin profil, Agnès Souret se voyait décerner le titre de "la plus belle femme de France" dans un concours organisé par notre confrère le Journal. Ce titre pompeux la jeune fille le porta avec grâce et crânerie, et il la conduisit directement au music-hall où elle débuta dans une revue des Folies-Bergère.


Depuis ce jour Agnès Souret n'avait jamais manqué d'engagement personnifiant toujours le charme de la Parisienne, et ajoutant à la beauté de son visage les qualités d'une exquise danseuse.


Au Palace elle parut aux côtés de M. Georges Carpentier, et à l'écran elle fut remarquée.


Il  y a quelques mois la gaîté aux lèvres elle partait à Buenos-Ayres, où l'attendaient de nouveaux succès. Au moment de regagner, la France elle succomba le 14 août d'une crise foudroyante d'appendicite.


A peine âgée de 23 ans, elle sera enterrée en terre Basque, dans le petit village d'Espelette où ses admirateurs de passage entre Cambo et Saint- Jean-de-Luz pourront lui rendre un dernier hommage."



  • Paris-soir, le 13 septembre 1928 :


"Agnès Souret vient de mourir.


Elle était la première des "plus belles femmes de France".



Agnès Souret vient de mourir à Buenos-Aires. Agnès Souret qui, pour la première fois, avait porté le titre envié de "plus belle femme de France" à la suite d'un concours organisé par Le Journal entre les provinces françaises.



C'est à Buenos-Aires qu'une appendicite mal soignée vient de l'emporter, à vingt-trois ans. Elle était allée là-bas chanter et danser dans un music-hall, avec l'espoir de revenir un jour à Paris consacrée par le succès et promise à la gloire théâtrale.



On se rappelle qu'elle avait débuté à Paris, où tout son rôle consistait à se laisser traîner à travers la salle dans un panier fleuri. Depuis, elle avait appris la danse et acquis de la voix. Elle travaillait, modeste et bonne ; et la renommée de sa douceur égalait celle de sa beauté. Le corps d'Agnès Souret va être ramené en France. L'inhumation aura lieu dans le village natal de la jeune femme, à Espelette, en pays basque."



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • L'Homme libre, le 13 septembre 1923 :

"Le drame quotidien.


C'était, quand un vague Pétrone des mondanités modernes la découvrit (tardivement) une gamine charmante : 16 ans ; l'œil vif comme seules les Basques savent l'avoir vif ; la cheville fine et ferme ; le mollet haut, les hanches comme il les fallait ; ni concises, ni trop abondantes ; le corps parfait.


Du moins, on le dit.


Elle s'appelait Agnès Souret. 


Un jury de province, qui n'avait d'ailleurs pas mauvais goût, l'envoya à Paris, où elle triompha : elle fut la première des plus belles femmes de France, et non la moindre.


Elle plana, dans un panier vulgaire, mais qu'embellissait sa beauté, au-dessus des spectateurs d'un music-hall. A la foule, elle distribuait à la fois son sourire et des fleurs ; et son sourire était plus joli que les fleurs ; et sa grâce magnifiait tout.


Elle fit du cinéma. Elle y brilla comme savent seules briller les étoiles.


Elle dansa : jamais jolie fille, sur les planches, ne fut aussi souple ; elle était à la fois serpentine et candide. Elle signifiait la volupté, qui ne veut pas sa donner...


C'était Agnès Souret. 


Hélas ! Albert Londres, il y a deux ans, a écrit un livre tragique : Le Chemin de Buenos-Ayres. Il y parlait de pauvres petites femmes trop légères pour n'être point emportées, par le premier souffle, vers la capitale de la galanterie.


Il n'y a pas que de petites femmes qui s'en vont là-bas. D'autres, ayant plus d'assises matérielles, y sont emportées, elles aussi :

Buenos-Ayres aime la danse, et le cinéma, et le théâtre.


Agnès Souret, petite jeune fille sage, et qui avait 23 ans, vient d'y mourir. Drame de la beauté, celui-là."



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • La Dépêche, le 13 septembre 1928 :


"Agnès Souret est morte.

Paris, 12 septembre. 


— Celle qui fut la première "plus belle femme de France" et qui, non contente d'avoir connu, par sa beauté, une rapide popularité, travailla avec une belle ardeur pour se consacrer à la danse, Agnès Souret, est morte le mois dernier en Argentine. Il y a quelques mois, elle était partie accomplir une tournée en Amérique du Sud, où elle avait remporté un très vif succès. 


Elle se préparait à rentrer en France quand elle fut prise d'une crise d'appendicite. Elle. succomba, âgée de 23 ans seulement, à Buenos-Ayres, des suites de l'opération.


Son corps sera ramené en France et inhumé au pays basque, à Espelette, d'où Agnès Souret était originaire.


Quand elle débuta au music-hall elle avait seize ans à peine. Elle paraissait plus intimidée encore sur les planches et l'on se rappelle encore sa première apparition lorsque, dans un panier fleuri qui, partant de la scène et glissant sur un fil, traversait la salle, elle apparaissait souriante et, d'un geste gracieux, distribuait des fleurs aux spectateurs.


Elle comprit qu'il fallait chercher ailleurs sa voie. Elle fit du cinéma, mais elle était trop belle, pour être photogénique et c'est sur la danse qu'elle aiguilla sa vie. Elle travailla courageusement, fit de rapides progrès.


Elle était partie, il y à quelques mois, pour l'Amérique du Sud, où des contrats avantageux l'avaient appelée. Elle venait de remporter un très légitime succès et, heureuse d'avoir enfin trouvé sa voie, elle se préparait à rentrer en France, où elle avait la ferme volonté de mériter, un jour, de conquérir la vedette."



pays basque autrefois miss france espelette
LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE 1920
AGNES SOURET


A suivre...





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lundi 20 mars 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (troisième partie)

  

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans quatre précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017

le 20/01/2023 et le 20/02/2023.



Voici ce que rapporta à son sujet la presse nationale dans plusieurs autres articles :


  • La revue française politique et littéraire, le 5 août 1923, sous la plume de Fabritius :

"De l'ennui d'être la plus belle femme de France.



Y a-t-il, à tout prendre, royauté plus gracieuse que celle qu’exerça Mlle Agnès Souret ! N’était que les concours de beauté ont surtout servi de publicité tapageuse aux grands journaux, nous eussions tous applaudi au couronnement de la plus belle femme de notre pays, où les femmes sont plus belles encore, dit-on, que partout ailleurs.



pays basque autrefois miss france espelette
LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE 1920
AGNES SOURET


Nous avons rencontré Mlle Souret, il y a quelques jours ; c'est une délicate jeune fille, aux traits fins, aux yeux profonds, au teint de lys et de pavots, dirons-nous, car le bleu de théâtre ombrait encore ses paupières ; nous avons été surpris de la réserve presque craintive de celle autour de qui on a mené si grand tapage, dont les photographies se sont vendues par milliers, non seulement en France, mais à l’étranger, où elle a porté un coup fatal aux vedettes de cinéma "les plus mondiales" d'Amérique.



Certes, il eût été imprudent de demander des impressions à Mlle Souret dans l’éclat de son avènement ; mais son règne a deux ans maintenant ; elle a eu le temps de réfléchir, peut-être même de philosopher un peu. Nous avons risqué une ou deux questions. Mlle Souret a souri avec une mélancolie douce et qui, heureusement, nous a paru superficielle.



"Mais je ne suis plus la plus belle femme de France ! s’est-elle écriée. Depuis deux ans, il y a eu d'autres concours, d'autres lauréates... Moi, j’ai vieilli ; j’ai vingt ans maintenant !... Et puis, vous savez, ce n'est pas toujours très amusant d'être la plus belle femme de France.


Sans doute il y a le premier instant de surprise... très agréable. On s’y attend si peu ! On a vu l’annonce du concours dans un journal ; on en a parlé entre amies, à une petite réunion du dimanche provincial. L’une d’elles a dit en riant : "Tu devrais envoyer ta photographie !" Et l’autre a envoyé sa photographie, toujours pour rire. Et voilà qu’un beau jour, au grand effarement de toute la famille, et de tout le quartier, des reporters, des photographes débarquent devant la maison ; vous êtes la plus belle femme de la province ; vous passez dans tous les cinémas, on se passionne pour vous ; on vous discute. Un mois après, il y a un service d’ordre dans votre rue ; vous êtes la plus belle femme de France ? Impossible de sortir sans que la foule s’arrête pour vous dévisager ; on n’a plus qu’a quitter sa ville natale.



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN


La célébrité n’est pas toujours drôle. Sans doute est-il flatteur, les premiers jours, d’être reconnue, discrètement fêtée de sourires. Mais songez qu'aujourd’hui encore je ne puis entrer dans un magasin sans devenir le point de mire de tous les regards. J'ai été très populaire parmi les petites Parisiennes ; ça m’a flattée, car je suis une provinciale, un peu biarrote, un peu bretonne ; mais c’est irritant, à la longue, de ne pouvoir acheter une paire de bas au Printemps ou aux Galeries Lafayette sans qu'aussitôt mon nom ne courre de lèvres en lèvres ; tout le monde me dévisage ; il y a des petits rires pas très gentils, des face-à-main sévères, des monocles un peu dédaigneux, des gens qui ont des mines moqueuses... ou déçues ? Comment ne pas perdre contenance devant un tel examen, et quand on aperçoit une petite midinette de quinze ans qui, à peine vous a-t-elle vue, met furtivement un peu de rouge sur son visage chiffonné en se mirant dans sa petite glace et en ayant l’air de dire :


— C’est elle ? Oh ! Mais alors, j’ai des chances au prochain concours ?


Ah ? Rencontrer quelqu’un qui, en vous voyant, ne se rappelle pas telle couverture de magazine ou telle carte postale en couleurs ? Tenez ! Je ne sais qui j’épouserai, mais je crois que le jeune homme qui, après dix minutes de conversation, répondrait à une question insidieuse en ces termes : "Agnès Souret ? Connais pas. Qu’est-ce quelle a fait ?" aurait bien des chances.


Il me reste le théâtre, direz-vous. Evidemment, au début, je paraissais dans un panier fleuri qui faisait trois petits tours au-dessus de la scène, et s'en allait. Cela suffisait à faire salle comble. — Sans doute ai-je toujours "mon public", comme on dit. Mais il a bien fallu que je me rende à la réalité : je ne savais ni chanter, ni danser, ni jouer ; c est peu ? Je n’avais jamais songé au théâtre.


Alors j’ai voulu rentrer dans l'ombre ; j’ai acheté avec mes parents une petite maison de campagne dans mon pays ; c'était près de la route de Biarritz à Saint-Sébastien ; nous avions quelques terres et je voulais faire de la culture. Impossible ? Ma présence avait été éventée et ma petite maison marquée sur l’itinéraire des agences d’excursions. Songez au nombre de cars automobiles qui défilent sur cette route, en toute saison ? Ils s'arrêtaient tous devant chez nous ; le cicérone se levait et, d’une voix de tenter :


— Ici demeure la plus belle femme de France, dans la retraite et dans la tristesse d'un chagrin d’amour !


Le car attendait, avec recueillement, qu’une quarantaine de paires d'yeux eussent fouillé, à travers leurs lunettes jaunes — parfois leurs jumelles — les bosquets déserts et les vitres voilées de rideaux, derrière lesquels je me cachais, accablée. Car à peine le car s’était-il ébranlé doucement, qu’un autre lui succédait ; une voix nouvelle s'élevait, mais les paroles ne changeaient point :


— Ici demeure, etc..., etc... 


"Si encore j’avais eu, pour de vrai, un joli chagrin d'amour... pour me consoler ? Désespérée, je suis revenue à Paris, — au théâtre, mais sans éclat, cette fois. Je fais de la figuration, tout bonnement, et je profite de mes loisirs pour travailler ; je prends des leçons de danse, de diction ; j'apprends mon métier, comme la plus modeste petite fille qui rêve de devenus, un jour de grand tam-tam de presse, la plus belle femme de France !"


Ne nous attristons pas ; si, en nous faisant ces confidences, Mlle Souret avait le gentil petit air crâne d’une qui fait front à la tempête, elle resplendissait cependant, comme la plus heureuse des femmes ; et ce titre-là, mon Dieu, vaut bien l'autre."



pays basque autrefois miss france espelette
AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • La Presse, le 10 août 1923, sous la plume de Paul Hyex :

"La Quotidienne.



Vous rappelez-vous le nom de celle qui fut proclamée, il y a deux ans, "la plus belle femme de France ?" Peut-être l'avez-vous oublié. Elle s'appelait Agnès Souret. Un concours de beauté, organisé par un de nos confrères du matin, l'avait sortie de l'ombre. Elle connut la célébrité, ou ce qui en tient lieu, par le temps qui court, la publicité tapageuse, mais éphémère. Elle fut, une saison, la grande vedette d'un music-hall. Elle attira des foules dans cet établissement. Elle ne disait rien, ne faisait rien, se contentait de paraître, d'être exhibée plutôt. Chaque soir, elle jouissait de son triomphe. Elle pouvait supposer qu'elle avait conquis la gloire ; elle était en droit de croire qu'elle resterait, désormais, une sorte d'idole vers laquelle iraient les hommages d'un public dont l'enthousiasme et la ferveur ne s'éteindraient jamais.



Mlle Agnès Souret a pu faire, depuis lors, de mélancoliques réflexions sur la versatilité des foules. Ces réflexions, elle les a même confiées à un de nos confrères de la Revue Française, qui signe : "Fabricius". Elles trahissent un amer désenchantement, en même temps qu'un naïf orgueil.



Elle a raconté, à celui qui l'interrogeait, qu'elle ne pouvait "entrer dans un magasin sans devenir le point de mire de tous les regards" et "sans qu'aussitôt son nom ne courre de lèvres en lèvres" ; tout le monde, dit-elle, la dévisage, et cette indiscrétion la fait souffrir. "La célébrité n'est pas toujours drôle !" a-t-elle déclaré, mais on devine qu'elle n'en est pas moins très flattée de subir les inconvénients et les ennuis qu'elle énumère !



Elle a formulé ce souhait dans l'oreille de notre confrère de la Revue Française :


Ah ! Rencontrer quelqu'un qui, en vous voyant, ne se rappelle pas telle couverture de magazine ou telle carte postale en couleurs ! Tenez ! Je ne sais qui j'épouserai, mais je crois que le jeune homme qui, après dix minutes de conversation, répondrait à une question insidieuse en ces termes : "Agnès Souret ? Connais pas. Qu'est-ce qu'elle a fait ?" aurait bien des chances.



Mlle Agnès Souret a dit cela. Mais il serait peut-être imprudent de prendre au pied de la lettre celte déclaration ! Le bon jeune homme qui aurait la candeur de naïvement avouer qu'il ne connaît pas Mlle Agnès Souret risquerait fort d'être considéré comme un dadais et un malotru, impardonnable d'être si mal instruit des événements considérables et si mal renseigné sur les personnalités illustres de ce temps. Il serait évincé sur l'heure, sans espoir de rétablir jamais la situation qu'il aurait si maladroitement compromise. Telles seraient les seules "chances" qu'aurait le bon jeune homme en question, quoi qu'en prétende Mlle Agnès Souret.



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN



Celle-ci, d'ailleurs, a des projets d'un caractère moins pot-bouille. Elle n'a pas renoncé à l'ambition de briller sur les planches et de garder la vedette sur l'affiche. Ayant savouré l'ivresse du triomphe au music-hall, elle désire retrouver cette griserie. Les applaudissement, les ovations, les désirs qui montent vers elle, d'une salle en délire, l'atmosphère capiteuse des coulisses, toute cette vie artificielle et fiévreuse du théâtre lui manquent dès qu'elle s'en éloigne. Elle entend bien y revenir, et déclare fièrement :


Je prends des leçons de danse, de diction ; j'apprends mon métier, comme la plus modeste petite fille qui rêve de devenir, un jour de grand tam-tam de presse, la plus belle femme de France !



Allons ! allons ! le bon jeune homme qui croirait se faire agréer de Mlle Agnès Souret, en feignant de ne pas la connaître, n'aurait, décidément, pas la moindre chance !"



A suivre...







Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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lundi 20 février 2023

AGNÈS SOURET D'ESPELETTE EN LABOURD AU PAYS BASQUE PREMIÈRE MISS FRANCE DE L'HISTOIRE (deuxième partie)

 

LA PREMIÈRE MISS FRANCE ÉTAIT D'ESPELETTE.


Agnès Souret, née le 21 janvier 1902 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et morte le 30 septembre 1928 en Argentine, est un mannequin, une comédienne et danseuse française.

Elle est la première Miss France, élue en 1920, avec le titre de "la plus belle femme de France".



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AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN



Je vous ai déjà parlé d'Agnès Souret dans trois précédents articles, le 29/11/2016, le 7/09/2017 et le 

20/01/2023. 


Voici ce que rapporta à son sujet la presse nationale dans plusieurs autres articles :



  • Comoedia illustré, le 4 février 1921 :

"Folies-Bergère.


Certains journaux se sont fait l'écho d'un bruit selon lequel Mlle Agnès Souret, la plus jolie femme de France, serait sur le point de convoler en testes noces avec le fils d'un lord anglais. La charmante lauréate du grand concours de beauté organisé par Le Journal nous autorise à démentir cette rumeur. Mlle Agnès Souret, pour le moment, se consacre exclusivement à son art, et elle continue à paraître chaque soir aux Folies-Bergère, dans la revue L'Amour en Folie, aux côtés de ses camarades, Dorville, Bach, Laaira de Santelmo, Mitty et Tillio, G. Çharley, Devilder, etc. !"



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AFFICHE FOLIES BERGERE



  • L'Information financière, économique et politique, le 2 décembre 1921, sous la plume 
d'Edmond See :

"Pour vivre heureux.


Une étrange nouvelle nous parvient Mlle Agnès Souret, "la plus belle femme de France" nous quitte, et se retire dans son village natal. Ce village, je crois bien, se nomme Espelette ; il est blotti dans les chaînes pyrénéennes environnant Cambo ; le connais fort bien, et j’en apprécie la blancheur et la douceur caressantes. Ainsi donc, c'est là que vivra désormais celle qu'auréola une telle gloire, mais qui ne fut point grisée par elle ! bien au contraire ! Nombre de gens chercheront les raisons d'une si brusque retraite ; et la décision de Mlle Agnes Souret sera diversement interprétée ! Les uns parleront de déception sentimentale, les autres, de modestie surhumaine et surtout surféminine, mais il me semble que la décision prise par l'intéressée fait surtout honneur à son bon sens, à sa sagesse naturelle et peut s'expliquer aisément ! Songez un peu à ce que dut être pour une petite personne de la condition de Mlle Souret ce brusque passage de la vie familiale à la vie quasi publique, de l'obscurité à la célébrité.



D'un matin à l'autre, la voici photographiée, cinématographiée, répandue à mille exemplaires dans le monde entier. Pour elle désormais plus d'intimité possible, ni avec les siens ni avec elle-même. On assaille sa demeure, on l’en arrache, on la questionne, on la saisit, on la promène, on l'exhibe, et la vie lui apparaît soudain comme une sorte de foire tapageuse, bruyante ; et la vie sentimentale, comme une sorte d’enchère grossière, organisée "autour" de sa beauté primée, de sa notoriété, de sa personnalité "extérieure". Songez qu’elle reçut plus de mille demandes en mariage de gens qui ne lui avaient pas adressé deux mots, et dont quelques-uns ne l'avaient contemplée qu'en effigie. N'y avait-il pas là de quoi déconcerter, décevoir, écœurer une âme sensible !.. Ne prononçons pas de grands mots, n’écrivons pas de grands noms historiques à propos de cette retraite. Mlle Souret n’est point une La Vallière (je parle de la vraie), c'est sans doute une petite personne que la renommée a brusquée, violentée un peu vilainement, et qui éprouve le besoin de se recueillir, de voir clair en elle-même, de se retrouver libre durant quelques mois ou quelques semaines, libre de penser, d'agir, peut-être d'aimer à sa guise, et de se sentir être non seulement la plus belle mais aussi, je gage, la meilleure, non pour tous, mais peut-être pour quelques-uns... ou pour un seul !..."



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AGNES SOURET
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • Les Annales politiques et littéraires, le 15 janvier 1922 :

"Simplicité.



Un numéro de journal, vieux de deux ou trois semaines, me tombe sous les yeux ; et j'y lis la singulière et édifiante histoire de Mlle Agnès Souret. Ce nom ne vous est sans doute pas inconnu, ayant été imprimé partout.



Mlle Agnès Souret est "la plus belle femme de France". Elle ne s'attendait guère à être proclamée telle. Elle vivait ignorée dans un coin de province. Seuls, ses compatriotes avaient pu apprécier les grâces corporelles qu'elle devait à la nature, la finesse de sa taille, l'exceptionnelle pureté de ses traits. Elle se savait jolie, mais ne soupçonnait pas l'étrange aventure où un coup du sort allait la précipiter. S'il s'agissait d'un conte de fée, je dirais que le fils du roi l'ayant aperçue, remarquée, se prit à l'aimer, l'emmena à la Cour, la présenta à son père, qui, ébloui lui aussi, lui permit de l'épouser... Il s'agit d'un conte moderne. Les choses s'y passent différemment, mais ne sont pas moins surprenantes.



Donc, une grande feuille parisienne eut l'idée de convier ses innombrables lecteurs à désigner, parmi les portraits féminins qui leur étaient présentés dans ses colonnes chaque matin, et qui défilaient ensuite sur l'écran des cinémas, la figure la plus séduisante et la plus parfaite. La photographie d'Agnès Souret — communiquée, je présume, par un obligeant ami — fut publiée, admirée. Elle groupa la majorité des suffrages... 191 994 bulletins de vote dotèrent d'un titre retentissant la jeune paysanne abasourdie, accablée, intimidée de cet honneur sans pareil.



Il lui fallut venir à Paris cueillir sa couronne. Quel voyage !... Ovations, discours, empressement de la foule badaude, avide de contempler le merveilleux phénomène ; milliers d'objectifs braqués sur le visage ravi et un peu gêné de l'élue ; assaut des reporters galants, dont l'amabilité se nuance d'une ironie qu'elle ne sent point; pluie de lettres expédiées de tous les lieux du monde offres honnêtes et autres ; cent occasions d'arriver promptement à la richesse... Agnès Souret choisit le moyen le plus correct. Elle accepta les propositions d'un imprésario. Et la voilà qui, sur les planches du music-hall, livre les splendeurs de son architecture aux lorgnettes cosmopolites. Applaudie, adulée, elle gagne beaucoup d'or et jouit vaniteusement de son universelle notoriété.



Est-elle heureuse ?



Elle savoure l'ivresse de la popularité, mais en subit le lourd esclavage... Elle ne s'appartient plus ; elle appartient à la foule, aux passants de la rue, au gamin qui lui emboîte le pas, aux Midinettes qui se retournent pour la mieux examiner, aux hommes amusés et rieurs. Sa tête trop célèbre ne saurait demeurer inaperçue... Et de cette exhibition perpétuelle, de cette impuissance où elle est de s'isoler, de se cacher, naît peu à peu une immense lassitude... Agnès Souret a d'abord enduré avec bonne humeur ce supplice quotidien. Puis, il lui est devenu intolérable. Elle a résolu de s'y soustraire.



Un jour, — récemment, — on a appris que "la plus belle femme de France" réintégrait son village, non point provisoirement, par caprice, mais avec le ferme dessein de s'y fixer. Interrogée, elle a dit son dégoût du bas cabotinage, de la vaine agitation, son besoin de repos, sa nostalgie du pays natal...



Ceci n'est pas d'une âme vulgaire...



Si Agnès Souret persiste dans sa résolution ; si elle revient à l'existence paisible que des circonstances extraordinaires lui ont fait quitter ; si elle se marie selon son coeur ; si elle a des enfants, fonde une famille, elle donnera à ses contemporains une très haute leçon de sagesse. Ayant compris qu'elle n'a pas de talent, mais uniquement une beauté périssable, elle n'attend pas que cette beauté soit morte pour se faire une vie définitive et normale. Cette villageoise est plus sensée que certains artistes irrésignés à vieillir. Elle prend sa retraite en temps opportun.



Nos voeux accompagnent la charmante, l'intelligente Agnès... Beaucoup de vrais princes envieront sa destinée. Car fatigués, comme elle, de jouer un rôle public, ils n'ont pas, eux, la possibilité d'en déposer le fardeau... Ils ne possèdent aucun refuge...

Heureux qui, satisfait de son humble fortune, 

Libre du joug superbe où je suis attaché, 

Vit dans l'état obscur où les dieux l'ont caché..."



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AGNES SOURET "LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE"
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • La Dépêche, le 16 juin 1923 :

"La plus belle.


On sait que Mlle Agnès Souret, dite "la plus belle femme de France" eut tout de sotte après son avènement mille succès mondains. On sait aussi que ces succès passés, elle revint au pays natal. On sait que, depuis quelque temps, elle est devenue à Paris où elle figure modestement dans un grand music-hall. Ce que l'on sait moins, c'est la raison de son retour dans la capitale.


Or, voici. La maison natale de Mlle Agnès Souret se trouve sur la grand'route de Biarritz à Saint-Sébastien. Et, dès qu'elle l'eût regagnée, les organisateurs d'excursions, et il en est, là-bas, s'étaient donné le mot : chaque "car" s'arrêtait devant la petite villa paisible ; le cicerone se levait et d'une voix de stentor : "Ici demeure la plus belle femme de France dans la retraite et dans la mélancolie d'un chagrin d'amour d'amour".


Un "car" reparti, un autre suivait. "Ici demeure... etc..."


Cela se représentait cent fois par jour. Alors, supplice pour supplice, Mlle Agnès Souret a préféré revenir à Paris."



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LA PLUS BELLE FEMME DE FRANCE 1920
AGNES SOURET


A suivre...








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