Libellés

jeudi 29 février 2024

LE SVASTIKA AU PAYS BASQUE ET LA CROIX GAMMÉE EN 1935 (deuxième et dernière partie)

 

LE SVASTIKA ET LA CROIX GAMMÉE EN 1935.


Le svastika ou swastika, est un symbole que l'on retrouve en Europe (y compris dans l'art catholique), en Afrique, en Océanie, aux Amériques et en Asie, jusqu'en Extrême-Orient.




pays basque avant sello euzkadi
TIMBRE-POSTE POUR L'UNIVERSITE BASQUE 1937


Le mot svastika (ou swastika) vient du sanskrit, dérivé de su ("bien") et de asti ("il est") (ka étant un suffixe adjectival).



Voici ce que rapporta à ce sujet le mensuel La Grande Revue, le 1er janvier 1936, sous la plume de 

J. de la Nive :



"La croix gammée.



... L’accueil que Paris réserva au roi déchu a payé une dette de recoin.



A l’armistice, tous les exilés n’ont pas quitté l'Espagne. Ils ont mis en pratique le principe qui veut que la patrie est là où on est bien. Ils y sont encore. Ils sont les meilleurs amis de ceux qui ont au cœur le culte du Séparatisme. 



Un des quatorze points de Wilson a rallumé les cendres de ce vieux foyer : celui où il est proclamé que les petites nationalités auront le droit de revendiquer leur indépendance. Les agitations de l’Irlande et de l’Ethiopie montrent que ce n'est point lettre morte.



A leur tour, les anciens Carlistes ont cru le moment propice pour redonner à cette idée, et à leur profit, force et vigueur. L'agitation se manifesta dans les divers "Casinos", dont chaque "pueblo" s’honore. On y posa la question d’un Etat indépendant qui aurait groupé les Basques des deux versants. L’Euskarie, cet idéal de tous les temps, devenait une réalité et la proposition conjuguée fut adressée discrètement aux Basques les plus sûrs que l'on connaissait en France. Les Basques français qui avaient fait la guerre et l’avaient gagnée firent grise mine à cette idée. Elle ne rencontre qu’une indifférence qui, même, rejaillit de l’autre côté des Pyrénées. A ce même moment, le gouvernement républicain espagnol apportait comme don de joyeux avènement le statut provincial qui fut voté dans un enthousiasme délirant. Le séparatisme, du coup, devenait le lot d’un groupe de fanatiques carlistes intransigeants. 



Il leur fallait un signe cabalistique pour se reconnaître, une croix pour soutenir leur foi chancelante. Ce fut à ce moment précis que la croix gammée, qui venait d’apparaître dans le ciel allemand, fut donnée aux séparatistes espagnols comme signe de leur foi et de leur espérance.



Ce merveilleux emblème faisait coup double.



Comment le miracle renouvelé de Bethléem, le miracle d'une croix d’une constellation s’arrêtant au-dessus d’une terre ou le protestantisme avait rompu avec les signes extérieurs, a-t-il pris naissance se fortifiant à l’égal d'une religion nouvelle, devenant une menace sur le monde ? Longtemps cette énigme a paru insoluble. Les plus grands savants y perdaient leur langue... ou leur latin. Le dessin de la croix gammée flottait-il informe sur les flots de la Sprée ou du Rhin ? 



On a erré longtemps et bien loin pour retrouver les vestiges préhistoriques d’une race nordique qui aurait eu une place parmi les premières humanités vagabondes. Voici qu’une nouvelle version, qui apparaît bien probante, rejette tout le fatras des exégèses ariennes. Les explications les plus simples sont toujours les vraies, les fortes.



Parmi les familles vouées corps et âmes au nazisme hitlérien, il en est une qui est depuis quelque temps célèbre et qui s’appelle Hagen. Un de ses fondateurs fut notaire impérial, au milieu du XIXe siècle. Les notaires de cette époque, aussi bien en Allemagne qu’en France, aimaient à mettre sur leurs écussons des armes parlantes. Le mot de Hagen qui signifie "dent" se prêtait admirablement à ce dessin. Il dessina sur son écu une dent, l’accrocha à une branche rigide, la retourna, et il eut un bec de corbeau. Cela eût pu être une affiche de dentiste. Il fit, pour compléter le tableau, deux branches pareilles, les croisa. La croix gammée est sortie de ce jeu d’enfant.



Après des démêlés politiques, financiers ou familiaux, le notaire Hagen se trouva dans la nécessité de se retirer du monde. Il se fit bénédictin. Cela vaut peut-être mieux que d’avoir des procès ou de passer devant des tribunaux. Entrer dans un couvent est une fin, comme une autre. L’abbaye de Lambach lui donna le gîte, le couvert. Il n’y trouva pas le repos. Car, en raison de son nom aristocratique et aussi de sa culture, peut-être aussi de la dot qu’il apporta, il devint supérieur de cet établissement. Il avait surtout le sentiment de la grandeur. Il y a eu des bénédictins qui sont devenus célèbres par leurs travaux, par des recherches souvent géniales. L’ambition du chanoine Hagen se porta sur les constructions plus ou moins architecturales. Il fut un tailleur de pierre, un maçon infatigable et les agrandissements que lui doit l’abbaye de Lambach en font la réplique de celle de Westminster en Angleterre et de la Grande-Chartreuse en France. Il eut, en bon Allemand, l’orgueil de son œuvre et le sceau de son panonceau notarial fut gravé au frontispice des portes et des hautes fenêtres des constructions nouvelles. Le bec de corbeau "Hagen-Haken", prolongé de deux branches, se coupant à angles droits, devint la marque de fabrique du chanoine.



abbaye autriche hangen
ABBAYE DE LAMBACH AUTRICHE 1649



Cette petite satisfaction d’amour-propre serait restée sans importance si la destinée, dont les voies seraient, dit-on, impénétrables, n’avait amené le jeune Hitler à passer deux ans d’études dans cet établissement. Il n’en sortit pas bénédictin, mais il en rapporta le coup de marteau de la croix gemmée, gravée sur son cerveau comme une marque fatale. Si bien que lorsque son éloquence l’eut hissé au pinacle, quand il crut pouvoir faire son Napoléon et avoir une étoile, la croix du chanoine Hagen lui apparut idoine à cet emploi. A la croix latine qui a fait une religion de vingt siècles sur le monde, l’ère de la croix gamme surgit en opposition sur la terre allemande.



De la croix gammée à la croix basque, il semblait qu’il y eût une distance. Elle fut vite franchie par les chevaliers fanatisés de la croix nouvelle, demeurés et installés au nord de l’Espagne. Ils s’ingénièrent à prouver à leurs hôtes qu’avec de la bonne volonté les lignes arrondies de leur vieil emblème pouvaient s’adapter avec les lignes rigides du sceau hitlérien, qu’une union morganatique s’imposait, déjà grosse de conséquences. Le séparatisme espagnol ne serait plus seul, il aurait une main protectrice. Les Aryens, race fabulée, pourquoi ne seraient-ils pas les petits-cousins des Celtes-Ibères ? Ainsi manoeuvrés, les Carlistes, abandonnés de Dieu et du Prétendant, se laissèrent convertir à la foi nouvelle. Ils perdirent la croix de leurs pères. Par un miracle comme on en voit encore en Espagne, la croix gammée fit disparaître, par un jeu de passe-passe, la malheureuse croix des Basques.



Ce fut la mode ou la folie nouvelle. La croix ancienne avait été discrète. La nouvelle fit fureur. On l’afficha partout, avec une sorte d’enthousiasme fanatique : sur la bimbeloterie, sur les maisons, sur les frontons, sur les monuments religieux et funéraires, sur les bérets, les brochures, etc.



pays basque autrefois économie labourd svastika
PUBLICITE BERROGAIN BAYONNE 1932
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il y eut bien quelques protestations. Des pierres furent jetées contre des maisons qui affichaient cette insolence. Les protestataires furent poursuivis et jetés en prison. "Cosas de Espana". Ce qui se passe en Espagne ne supporte pas toujours d’explication.



Le mouvement gammé devait fatalement s’infiltrer en France proche. Pour l’y apporter, il y eut la contrebande.



Et voilà comment le touriste allemand de Biarritz put retrouver les pièces de sa fabrication. On n’est jamais trahi que par les siens.



Nous avons subi en France cette invasion avec une passivité singulière. Les quelques voix qui, dans le début, élevèrent une timide protestation furent réduites au silence. On allégua que cette diffusion de croix alimentait une industrie locale, à laquelle il ne fallait point porter obstacle. Des journalistes, qui n’admettaient pas cette façon de voir, furent cassés aux gages.



L’épidémie de fièvre allemande a duré deux ans, trois ans. Mais la raison finit par avoir raison dans tous les pays du monde.



La constellation de la Croix Gammée qui a brillé au firmament pyrénéen, d’elle-même s’éteint. Des savants osent maintenant se dresser pour prononcer sur l’erreur.



Le bulletin du Musée basque de Bayonne a fait paraître la condamnation suivante :


"Il arrive fréquemment que des étrangers surpris de voir la croix gammée hitlérienne orner les bijoux qu’on leur offre comme "bijoux basques" et de la rencontrer jusque sur nos frontons de pelote, viennent non sans surprise et quelquefois avec mauvaise humeur se renseigner au Musée basque. On leur répond que ce motif n’a rien ici de traditionnel, qu’il n’est apparu que depuis peu d’années dans le pays basque français, que s’il a été employé comme une variante de la charmante rosace qui fleurit sur tant de monuments de notre terre, c’est sans aucune raison sérieuse et que rien n’autorise à le "basquiser" sérieusement. On conseille donc de négliger cette géométrie rectiligne peu conforme au génie de notre pays pour s’en tenir au gracieux svastika curviligne de la Soule, du Labourd et de la Basse-Navarre... La croix gammée n’a que faire chez nous, pas plus chez nos excellents amis espagnols."



A la suite de cette note, le bulletin publie trois études qui, condensant la question, sont une définitive et triple exécution.



La première est celle d’un ouvrage allemand. L’auteur, M. Jory Lechter, établit que la croix gammée a pris naissance dans le bassin du Danube. Les Bohémiens qui nous viennent de là, et dont nous avons des vestiges insaisissables et qui ont été les premiers occupants de la terre basque, auraient pu nous l’apporter. Mais ils n’ont jamais ni feu, ni lieu et la religion a été le moindre de leur souci. Ce savant a retrouvé la croix gammée sur des poteries exhumées dans les ruines de Troie. Il spécifie que le Svastika appartient à l’Inde. La croix gammée en Allemagne, d’après lui, est moins un signe ethnique qu’un talisman. M. Lechter veut ignorer la croix basque.



vase chinois svastika
VASE CHINOIS
VERS 2300 AV J.C.


La seconde étude est de M. Garmendia, secrétaire de la Société des Etudes basques. Elle conclut énergiquement que ses compatriotes ont le devoir d’écarter impitoyablement la croix gammée à branches rectilignes, signe universel adopté par des pays qui n’ont rien de commun avec le pays basque.



Enfin, la troisième, de M. J. Soupre, architecte français, un de ceux à qui nous devons la renaissance de l’architecture locale, prend nettement position pour la croix des Basques, en opposition absolue avec la croix de l’Allemagne.



Cependant, nous l’avons cette croix gammée. Elle affiche son triomphe sur les frontons de plusieurs de nos localités. Elle est sur des stèles funéraires, dont les entrepreneurs ignorants semblent avoir obéi à un mot d’ordre.



Elle était sur des bijoux. Mais les touristes avisés ne veulent plus tomber dans le panneau ou dans le panonceau du chanoine Hagen.



Son rôle s’achève dans un éclat de rire."




(Source : Wikipédia).




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 500 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire