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vendredi 9 février 2024

L'ARMÉE FRANÇAISE À LA FRONTIÈRE DES PYRÉNÉES AU PAYS BASQUE À LA FIN DU 18EME SIÈCLE (première partie)

L'ARMÉE FRANÇAISE AU PAYS BASQUE À LA FIN DU 18ÈME SIÈCLE.


La frontière, au Pays Basque, a, souvent, été le théâtre de manoeuvres militaires.



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CHASSEURS A PIED BASQUES 1794-1815
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet Le Spectateur Militaire, le 1er mars 1909, sous la plume du 

Lieutenant-Colonel J.-B. Dumas :



"Couverture de la zone-frontière des Pyrénées. 



Le versant nord des Pyrénées-Orientales présente un caractère particulier et très frappant ; tous les cours d’eau rayonnent autour des plateaux de Lourdes et de Lannemezan ; ils forment une série de lignes s’enveloppant l’une l’autre et dont la concavité, à l’ouest de Lannemezan, est tournée vers l’occident.



Ils ont rongé à la base les roches élevées, dont la résistance a ployé et recourbé leurs cours vers l’ouest ; leurs rives droites commandent donc le plus souvent et brusquement leurs rives gauches. Celles-ci, constituées par les alluvions, forment de longues pentes douces d’un accès facile.



La disposition des lieux favorise donc la défense de l’est contre l’ouest, au point de vue tactique, par le commandement des rives droites ; et, au point de vue de la manoeuvre, en raison de la concavité enveloppant des lignes de défense ; cette forme facilite les mouvements d’aile et les retours offensifs.



Tout au contraire, les lignes de la Bidassoa et de la Nivelle sont moins favorables, parce que la rive droite est dominée presque partout par la rive gauche.




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PORTRAIT DU MARECHAL AUGUSTIN-JOSEPH DE MAILLY



Au XVIIIe siècle, le maréchal de Mailly concevait la couverture de cette zone-frontière comme il suit :


"Il conviendrait de porter sous Bayonne un corps de 50 000 hommes, dont 20 000 seraient détachés sur la gauche ainsi qu’on va le présenter, et les 30 000 hommes, formant l’armée, prendraient, en avant de Bayonne et en deçà de la Bidassoa, qui par elle-même ne vaut rien à défendre, la position de Bordagain (sud de Saint-Jean-de-Luz) occupant en force Hendaye et couvrant Saint-Jean-de-Luz. Elle occuperait la rive droite de la Bidassoa par plusieurs postes détachés, dont un à l’hôpital de Saint-Jacques, vis-à-vis du village de Irun, qui est au delà ; un au pas de Béhobie, vis-à-vis de l'Île des Faisans ; un au-dessus, au gué de Biriatou, près de l’église dudit lieu ; et enfin un au pas de Véra, au pied de la montagne de la Rhune.


Cette première position étant prise, il faudrait pourvoir à celle de la gauche qui intéresse les débouchés de Pampelune sur Saint-Jean-Pied-de-Port et celui de Jacca sur Navarrenx.


Pour occuper le premier point, la première position doit être celle qui se présente sous la place de Saint-Jean-Pied-de-Port, c’est-à-dire un peu en arrière du fort, la gauche au-dessus du bois de futaie, ayant la rivière de la Nive devant soi. L’on occuperait en avant Orisson, à la crête de la montagne d’Altobiscar, ainsi que les deux sommets des débouchés de droite et de gauche sur Roncevaux. Cette position exigerait un corps d’environ 6 000 hommes.


Quant au défilé de Jaca sur Navarrenx, quoiqu’il soit bien moins praticable à l’ennemi que celui-ci, cependant il exigerait qu'on y tînt un corps de troupe d’environ 4 000 hommes, dont la position la meilleure serait à Oloron, en avant et un peu sur la gauche de Navarrenx, occupant les deux débouchés d’Urdos et de Laruns tombant de Jaca et la hauteur de la rive gauche du gave de Mauléon pour en défendre le passage et arrêter l’ennemi qui pourrait prendre à revers la position du corps campé sous Saint-Jean-Pied-de-Port.


Ces deux corps formant 10 000 hommes seraient unis à l’armée par des postes de communication le long et derrière les gaves d’Oloron et de Pau, qui couvriraient les dépôts de subsistance que l’on peut tirer dans la plus grande abondance des parties de Navarrenx.


Enfin, on établirait un corps intermédiaire entre celui de Saint-Jean-Pied-de-Port et Bayonne, les ennemis pouvant déboucher de Pampelune par les vallées de Lanz et de Bastan sur Ainhoué et Espelette (vers Cambo), laissant à leur gauche la Bidassoa et à leur droite Saint-Jean-Pied-de-Port, mouvement qui déposterait nécessairement la gauche de l’armée et le corps de Saint-Jean-Pied-de-Port et ouvrirait conséquemment aux Espagnols le passage de la Bidassoa.


Dans cette position générale, si l’ennemi est en forces, il cherchera à pénétrer sur trois points à la fois : Saint-Jean-Pied-de-Port, Cambo, Hendaye et comme il ne peut avoir d’autre objet que le siège de Bayonne, pour prendre une sorte d’établissement, l’on doit envisager tous ses mouvements comme y étant relatifs et diriger conséquemment sa défensive."




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PORTRAIT DE JACQUES FITZ-JAMES
DUC DE BERWICK



Le maréchal de Berwick, dans une lettre adressée de Bordeaux au Régent le 18 février 1719, exposait les grandes lignes d’un système de couverture conçu de façon différente :


... Il serait nécessaire de laisser 15 bataillons et 20 escadrons pour la défense de cette frontière pendant que le gros de l’armée sera occupé en Catalogne... Depuis Bayonne jusqu’à Oloron, le pays est si stérile qu’il est impossible qu’un gros corps puisse y subsister sans magasins faits à l’avance ; de plus, nous avons des places : Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port et Navarrenx, outre l’Adour et les gaves dont les passages ne sont pas faciles...


... Pour mieux exécuter mon système (de navettes), je ne prétends nullement disputer le passage des montagnes ni l’entrée des vallées ; je répands mes troupes dans la plaine afin que, par la droite et par la gauche, elles puissent se mouvoir plus facilement.


... Il y a, par notre droite, deux grands débouchés pour venir d’Espagne en France, celui d’Irun à Saint-Jean-de-Luz et celui de Pampelune à Saint-Jean-Pied-de-Port... Comme nous voyons venir l’ennemi de loin, le corps séparé aura tout le loisir convenable pour se mettre derrière le gave d’Oloron et empêcher qu’il ne puisse passer cette rivière, ni l’Adour.


Si l’ennemi vient de Jaca à Oloron, comme, en ce cas, il peut prendre le gave d’Oloron par ses sources, nos troupes se mettront derrière le gave de Pau qu’elles défendront depuis Lourdes jusqu’à l’Adour ; les bords de cette rivière en sont bons et il y a très peu de gués...



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GENERAL JOSEPH MARIE SERVAN DE GERBEY



Le général Servan, commandant l’armée des Pyrénées en 1793, proposait les mesures suivantes pour la couverture.


Il faut environ 14 000 hommes dont 8 000 hommes de troupes de ligne et 6 000 de gardes nationales pour la garde de Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, le fort de Socoa, celui d'Hendaye, Saint-Jean-Pied-de-Port, Oloron, Mauléon et Navarrenx. Nous proposerons trois camps retranchés, l’un à Oloron pour la gauche, celui du centre à Saint-Palais, le troisième à Bordagain (sud de Saint-Jean-de-Luz) ou à la Croix-des-Bouquets, à l’ouest d’Urrugne.


Le camp d’Oloron, chargé de veiller sur les vallées d’Ossau, d'Aspe, d'Aramitz, le serait aussi de porter des secours dans la vallée de Soule ; ainsi, sa ligne de défense s’étendrait du port de Peyrelue à celui de Larrau.


Le camp de Saint-Palais porterait toute son attention et ses forces sur une ligne de dépense qui s’étendrait du col de Béhorléguy (entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Tardets) jusqu’à Saint-Etienne-de-Baigorry.


Le camp de la Croix-des-Bouquets veillerait sur la ligne depuis Osses et Bidarray jusqu’à Hendaye...



"Au début de la guerre en 1793 et en 1794", écrit le citoyen Beaulac, de l’état-major de l’armée, "le cordon français, faible et rompu par le saillant de Vera aux mains des Espagnols, présentait à l’ennemi de trop grandes chances de succès pour qu’il conservât longtemps une situation immobile. On ne sentait point alors assez l'avantage de former des masses, et la manie de vouloir conserver jusqu’aux plus insoutenables positions mettait en un péril imminent tout le pays et toute l’armée. Les généraux étaient gênés dans leurs dispositions par l’intérêt individuel des habitants des frontières, dont il fallait couvrir, pour ainsi dire, chaque grange, sous peine de passer pour traître à la patrie; ce qui obligeait les généraux à disperser les troupes, au lieu de les réunir sur les principaux points de défense. On n’a osé se mettre au-dessus des clameurs individuelles que lorsque nos revers eurent prouvé à tout le monde qu’en affaires de guerre, il faut sacrifier l’intérêt particulier à l’intérêt général."



A suivre...




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