UN CRIME À SAMES EN 1912.
En 1912, un crime odieux vient frapper le village Bas-Navarrais de Sames, peuplé d'environ 800 habitants.
PLACE SAMES BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse nationale et régionale dans plusieurs éditions :
- La Dépêche d'Eure-et-Loir, le 12 janvier 1912 :
"Tuée par son mari.
Bayonne, 11 janvier.
— On trouvait, hier matin, à Sames, dans une mare avoisinant sa demeure, le cadavre de Mme Louise Dufourg, vêtue seulement d'une chemise et portant au cou une blessure profonde faite avec un rasoir. Les voisins ayant constaté que la maison était fermée, l'ouvrirent aux deux enfants, en bas âge de la victime et montèrent à la chambre de la défunte, où régnait le plus grand désordre. Le plancher était couvert de sang.
On alla chercher le mari qui travaillait dans une carrière, à 3 kilomètres de là. Dufourg n’ayant manifesté aucune surprise eu approchant la mort de sa femme, on le soupçonna aussitôt d’avoir assassiné la malheureuse au cours d'une discussion entendue la veille par les voisins. Dufourg protesta de son innocence, mais les contradictions relevées dans ses explications tendant à laisser croire que la morte s'était suicidée, ont motivé son arrestation.
Dufourg, très avare dit on, reprochait à sa femme de trop dépenser."
QUARTIER DE L'INDUSTRIE SAMES BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
- La Gironde, le 17 janvier 1912 :
"Le Crime de Sames.
L’émotion causée par l'assassinat de la femme Dufourc commençait à se calmer, lorsque le bruit a couru que le parquet se transporterait une seconde fois à Sames, à bref délai, pour y continuer son enquête, laquelle, paraît-il, n'avance qu’avec lenteur. Il n'en a pas fallu davantage pour ranimer la curiosité publique.
L'affaire ne serait donc pas aussi simple qu’elle l’avait paru tout d'abord. Elle présenterait peut-être même des dessous et des à-côté, tout comme dans les romans au goût du jour. Cette pointe de mystère nous a intrigué, et nous voilà franchissant, par une journée ensoleillée qui ferait envie au printemps, les 10 kilomètres qui nous séparent de Sames.
BORDS DE BIDOUZE ET QUARTIER SAINT-JEAN SAMES BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
La maison du crime sc trouve aux deux tiers de la rampe qui domine le port du quartier Saint-Jean. Elle est quelconque, comme toutes les maisons d'ouvriers. Une personne du voisinage, avec une obligeance qu’on trouve toujours parmi les habitants de la campagne, s’avance vers nous et nous fournit les renseignements que nous sommes venus chercher. C’est son récit, contrôlé et complété par ailleurs, que nous donnons ici :
"Bernard Dufourc, dit Justin, âgé de cinquante et un ans est né à Sames, le 19 mal 1860. Comme la plupart des ouvriers de notre pays, il exerce une double profession : celle de manoeuvre dans une carrière de pierre sise à vingt-cinq minutes d'ici, appartenant à M. Duclercq, fabricant de chaux à Œyre-Gave, et celle de petit cultivateur. Son domaine n’est pas grand, mais, tel quel, il a suffi pour donner à sa famille une toute modeste aisance : il comprend deux lopins de terre, l'un situé au loin, du côte des Barthes, lui appartient ; de l’autre, que voilà, bordant la cour, il n'est que fermier. Avec deux vaches, qui étaient à lui aussi, il labourait sa terre et nourrissait ses enfants.
Dufourc est un ouvrier rangé, très laborieux, assidu au travail, ennemi des dettes, d'une économie frisant l'avarice. Il se privait même, car, contre l’ordinaire habitude des ouvriers, il ne consommait pas plus d'un litre et demi de vin par quinzaine. Il sortait peu. On ne le voyait à l'auberge que le jour des élections.
Il s’était marié, voilà vingt trois ans, à la victime, Marie Laborde, de six ans plus jeune que lui, née à Hastingues, le 25 août 1856. Son beau père. Jean Laborde, est encore en vie ; il habite Came, mais on ne le voyait pas souvent ici.
De ce mariage sont issus dix enfants, et non neuf, comme certains journaux l’ont dit par erreur. Trois sont morts : des autres sept, cinq sont domestiques, deux habitaient avec les parents, Jean Baptiste, l'aîné, conscrit de la clause 1911, va être obligé de se séparer bientôt de ses frères et soeurs, d'aller vivre loin d'eux, dont un malheur horrible l'a fait père et mère à la fois !
Longtemps, le ménage fut uni. Le mari témoignait d’une grande affection pour sa femme ; il avait des prévenances, des soins que n’ont pas le commun des hommes pour la mère de leurs enfants.
Ainsi il lui remettait invariablement ses quinzaines sans en distraire un sou, il allait lui quérir au loin de grosses charges de bois, pétrissait sa méture, lui lavait quelquefois le linge.
Un nuage cependant s’était élevé dans le calme de ce foyer heureux. Depuis quelque temps on pense.... on croit,... on dit que la femme faisait quelques petites dettes chez l’épicier du coin.
PLACE DU BOURG SAMES BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
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