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dimanche 18 février 2024

DEUX BOXEURS BASQUES EN 1932 (deuxième et dernière partie)

 

DEUX BOXEURS BASQUES EN 1932.


Dans les années 1930, deux boxeurs Basques des deux côtés de la frontière, et  de niveau différent, sont à l'affiche de nombreux combats de boxe.




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BOXEUR PAULINO UZCUDUN



Je vous ai déjà parlé, dans des articles précédents de Paulino Uzcudun, le 22/08/2017 et le 

19/12/2019, voici aujourd'hui un nouvel article publié le 20 août 1949 par Gaston Bénac dans le 

quotidien Paris-presse L'Intransigeant, sur Paulino Uzcudun, mais aussi sur un boxeur 

d'Iparralde (Pays Basque Nord) : Bardos.



"Deux Basques ont cherché la gloire sur les rings.

De la belle époque à nos jours : les souvenirs de Gaston Bénac.


Paulino Ezcudun mérita vraiment sa fortune. - Bardos, par contre, ne fut qu’un jouet entre les mains de ses manager


... Premiers échecs.



Qu'importait ! 1928 débutait sous les meilleurs auspices : quatre victoires par K.-O. sur Pet Lester, Keeley, Romero Rojas, Haymann ; victoires aux points sur Otto Von Porat, sur Hartwell, sur l'ancien entraîneur de Dempsey, Jack Renault. Hélas ! il trouvait sur sa route, à Los-Angeles, le nègre George Godfrey, un colosse redoutable, considéré comme le meilleur poids lourd américain, mais tenu à l'écart du championnat en raison de la couleur de sa peau.



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BOXEUR GEORGE GODFREY



— Jock Johnston, "l'indéracinable", nous a suffi, déclaraient ces messieurs de la Boxing Stade Union. Nous ne voulons pas recommencer : qu'il reste dans son fief : l'Ouest.



Après quelques combats de second plan, Paulino Uzcudun était opposé, le 27 Juin 1929, au Yankee Stadium de New-York à l’Allemand Max Schmeling. Le titre étant vacant après l'incident Sharkey, ce match était considéré comme une demi-finale du championnat du monde toutes catégories.



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BOXEUR MAX SCHMELING



Pour la seconde fois, Paulino rata le coche. Il fut nettement battu aux points par Max Schmeling, plus scientifique, plus vite que lut.



L'année suivante, en 1930, il devait tenter de nouveau la grande aventure, la belle aventure. Mais, par deux fois, il dut s'incliner devant Johnny Risko, puis devant le géant Primo Carnera, auquel il était inférieur de 40 kilos de poids, de 35 centimètres de taille..



La route barrée.



Un sursaut d'espoir, en 1931, avec sa victoire aux points en vingt rounds, s'il vous plait, sur le beau Max Bear, mais deux mois plus tard il baissait pavillon devant Tommy Loughran.


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BOXEUR MAX BEAR
Par El Gráfico — http://www.elgrafico.com.ar/thumbs.php?id=16993&w=1500&h=2000, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=53905513


Paulino disparaissait alors des premiers plans américains à la suite de ses défaites accusées devant King Levinsky, Mickey Walker et Ernie Shauf.



Le bûcheron basque rentra en Europe pour remporter quelques succès faciles sur Bergomas, à Barcelone, sur Ruggirello, à Madrid, sur Guhring, à Valencia, sur Schoenratn, à Séville, sur le Belge Pierre Charles, pour le titre de champion d'Europe, à Madrid, sur Mac Corkindale à Barcelone. Mais, un mois plus tard, à Rome, il se vit dépouillé de son titre européen par Primo Carnera qui le battit aux points en quinze rounds.



1934 fut sa dernière année de boxe. Après un court voyage à New-York, juste le temps de battre Steve Hamas et de constater qu'il n'était plus dans la grande course, il rentra en Espagne pour disputer un match contre Schmeling. Son dernier grand match pour un titre...



Trois rings avaient été dressés dans le grand stade de Barcelone et ce ne fut qu'en fin d'après-midi que Paulino et Schmeling montèrent sur le ring central.



Paulino avait trente-cinq ans, Sehmeling vingt-neuf. La jeunesse relative, la science, la souplesse parlèrent éloquemment. Le bûcheron basque perdit, ce soir-là. tout espoir de jouer les premiers plans.



Uzcudun, qui avait amassé une jolie fortune se retira non à Regil, mais dans la capitale de sa région natale, le Guipuzcoa, après avoir acheté à ses parents plusieurs fermes, après avoir fait construire des viviers de truites, acquis une belle maison à Saint-Sébastien, sur la route de Lasarte.



Au votant de somptueuses et rapides voitures américaines, il provoqua quelques accidents en se rendant à une corrida et à un match de pelote dont il était très friand, mais on lui pardonnait en disant :


— Vous savez, les coups de poing reçus l'ont un peu ébranlé. Puis, c'est Uzcudun. Il fut notre grand champion.


Le rêve de Bardos.


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PHOTO DU BOXEUR BARDOS
AGENCE MEURISSE 1930



Un autre Basque, du côté français celui-là, voulut imiter l'exemple de Paulino.



Un chaisier sportif des environs de Peyrehorade, avait remarqué un solide gaillard qui, d'un coup de tête, enfonçait les portes de sa maison. Un mot au speaker, Georges Berretrot, originaire du côté de l.erren, et un beau jour, mon confrère Dethés, de l'"Auto" et Arthus, arrivaient au village de Bardos, cueillir le jeune paysan, au nom peu commercial de Suère.


— Nous tenons en mains, dirent-ils aux parents la fortune de votre fils. Vous allez nous le confier, nous en ferons un champion...



Sous le nom de Bardos, le jeune paysan les suivit jusqu'à Dax en auto. Là, trois couchettes de wagon-lit avalent été retenues et le futur boxeur, pour son premier déplacement, voyagea comme un prince...



Lui aussi vivait un joli rêve. Premières leçons, premiers succès. Bardos était lancé. 



Mais ce qu'il ignorait, c'est que ses managers payaient ses adversaires pour se coucher. Il en était de même pour un autre poids lourd, le rugbyman Herzovitch, du Stade Français. presque un vétéran, qui suivait une route parallèle.



Mais un jour on décida d'opposer l'un à l'autre ces deux espoirs lourds. Cette fois, c'était du vrai...



Chacun d'eux supposait que ce match allait être aussi facile que les précédents. Hélas !...



On s'écrasa devant les portes et on refusa à Wagram, des milliers de spectateurs. Le record de la recette d'avant guerre fut d'ailleurs, largement battu. Tout le Stade Français, Jauréguy en tête, était là pour encourager Herzo.



Au premier round, Herzo allait au tapis, les Basques jubilaient...



Hélas ! au second round, sur un contre du droit d'Herzo, le jeune Bardos était K. O. pour le compte.



Défaites sur défaites s'accumulèrent...




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PHOTO DU BOXEUR BARDOS
AGENCE ROL 1930



Et, un beau soir, Bardos reprit le train pour son pays natal, en troisième classe cette fois. Il s'arrêta à Dax et fit la route qui le séparait de son village à pied...



Depuis il cultive ses champs et fuit la ville.


— Ce fut un beau rêve, mais bien court, me disait-il lorsque je le vis pour la dernière fois en 1939, chez lui, dans un champ de maïs. Et puis Il vaut mieux qu'il en ait été ainsi. Je suis plus heureux à Bardos que je l’eusse été à Paris..."



(Source : M. [Louis] Anastasie [manager et promoteur de combats de boxe] : [photographie de presse] / [Agence Rol] | Gallica (bnf.fr))




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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