Libellés

samedi 10 février 2024

UN CRIME À BARCUS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN MAI 1827

UN CRIME À BARCUS EN 1827.


En 1827, un drame secoue le village souletin de Barcus, peuplé d'environ 2 500 habitants.



pays basque soule fête bal
BAL PUBLIC JOUR DE FÊTE BARCUS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Avenir, le 16 octobre 1922, sous la plume de Pierre 

Figerou :



"Méprise criminelle.



Le 1er mai 1827, un nommé Etchegoyen, demeurant, au village de Barcus, fut atteint par la charge d’un coup de fusil, sur la route, à peu de distance de son domicile, comme, il revenait, la nuit tombée, de la foire d’Oloron. Il n’était que blessé ; on accourut à ses cris et on le porta chez lui. Aux questions qu’on lui posa, il répondit que l’obscurité ne lui avait pas permis de reconnaître son assassin.



béarn autrefois marché foire
MARCHE D'OLORON
BEARN D'ANTAN



On ne lui connaissait pas d’ennemis et la justice aurait sans doute été longtemps fort embarrassée si, dans la nuit même du crime, n’avait disparu un des voisins d’Etchegoyen en même temps qu’un de ses amis, le fermier Etchehon.



Cet Etchehon n’était point un mauvais homme, mais il était de nature ardente et de caractère violent. Ces dangereuses dispositions naturelles s’étaient accrues du fait qu’il s’imaginait que sa femme ne lui était point fidèle. A tort ou à raison, il était follement jaloux et sa jalousie lui avait fait vouer une haine féroce à un certain Eguiapal qu’il considérait comme un rival heureux.



Dans ces conditions, la disparition d’Etchehon ayant été constatée, on se souvint que celui-ci, le jour du crime, s'était informé si Eguiapal ne devait pas se rendre à la foire d’Oloron ; on se souvint aussi de l’avoir vu se diriger, le soir, du côté de la route. Enfin, les projectiles extraits des blessures d’Etchegoyen étaient identiques à ceux que fondait lui-même Etchehon. Bref, tous les gens de Barcus furent convaincus que le coup dont Etchegoyen avait été la victime était destiné à Eguiapal.



Tandis qu'au village on en arrivait à cette conclusion, le fugitif s’était réfugié dans la montagne, et là, seul avec lui-même et ses remords, il composait en basque la propre complainte de son crime.



Après s’être comparé, en ses vers, aux animaux sauvages qui fuient l’homme, il contait l’histoire de sa vie et parlait de sa femme :


"Elle me porta sous sa cotte la corde pour me pendre."



Puis c’étaient des imprécations à l’adresse du rival détesté, en même temps que l’aveu de son crime commis par erreur :


"Mon ennemi, tu avais une femme et tu n'avais pas besoin d’abuser de la mienne ; un autre a reçu le coup qui t’était destiné... Tu peux te vanter que ta vie scandaleuse a perdu deux galants hommes... Epouse faible et chère, séduite par un libertin, vous m’avez ruiné et perdu... Mieux vaut être prêtre ou soldat que d’avoir une compagne semblable à la mienne."



Et cette complainte se terminait par ce conseil aux gendarmes :


"Vous qui poursuivez Etchehon, ne le cherchez pas à Barcus ; il compose des chansons à Eguiton, le meilleur des pâturages des Pyrénées, fréquenté par les bergers de la Soule."



Le paysan assassin et poète se lassa vite de sa solitude, d’autant que sa jalousie lui tenaillait toujours l’âme et qu’il imaginait comment sa femme et Eguiapal devaient profiter de son absence.



Une nuit, la maison d’Eguiapal, à Barcus, brûla. Etchehon annonçait ainsi son retour. On l'arrêta.



Etchegoyen était alors à peu près complètement rétabli et, du jour où il ne s’était plus crû en danger de mort, il avait dit que c’était bien Etchehon qui lui avait tiré un coup de fusil et que s’il ne l’avait pas dénoncé plus tôt, c’est que, au cas où il aurait succombé, il voulait avoir devant Dieu le mérite de son généreux silence.



pays basque autrefois bourg soule faits divers crime
ENTREE DU BOURG BARCUS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Quand les gendarmes conduisirent le meurtrier, de son village à la prison d’Oloron, Etchegoyen était sur le pas de sa porte :


— Ah ! Etchehon, fit-il, tu m’as fort maltraité.

— Tu sais bien, répondit l’autre, que ce n'était pas à toi que j’en voulais.



Et il accepta un verre de vin pour trinquer avec sa victime.



Devant le jury des Basses-Pyrénées, Etchehon adopta un curieux système de défense, inspiré par sa tenace jalousie.



A l’en croire, Etchegoyen avait bien été blessé par méprise, mais ce n’était pas lui, Etchehon, qui l’avait blessé, c’était Eguiapal.


"Eguiapal n’avait aucune raison d’en vouloir à Etchegoyen. — dit-il — aussi était-ce à moi, le mari de sa maîtresse qu’était destiné son coup de fusil."



Durant tous les débats, il ne cessa do crier sa haine à son rival et de dénoncer certain complot qu’auraient ourdi les gens de son village pour le perdre et profiter  librement les uns de ses biens, les antres de sa femme.



Sans doute exagérait-il quelque peu. Il n'en demeure pas moins, fait inouï dans les annales judiciaires, que, pendant le procès, le procureur reçut une pétition dans laquelle des habitants de Barcus demandaient à la Cour de ne jamais remettre Etchehon en liberté, même si on ne pouvait pas prononcer contre lui de condamnation.



Un tel incident servit à l’accusé. Les jurés acquittèrent. Etchegoyen était guéri... Bien peu, cependant, s’en était fallu qu’il ne payât de sa vie les amours adultères du galant Eguiapal.



L’histoire ne dit pas quel fut le retour d’Etchehon, acquitté, dans son village et auprès de sa femme. 



Peut-être oublia-t-il qu’au milieu des solitaires pâturages pyrénéens d’Eguiton il avait écrit : 


"Jeunes gens, fixez vos regards sur ma triste destinée. Si l’hymen a pour vous des charmes, essayez du moins d’éviter les amertumes de cet esclavage. Mieux vaut être prêtre ou soldat que d’avoir une compagne semblable à la mienne..."






Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire