UN CRIME À BARCUS EN 1827.
En 1827, un drame secoue le village souletin de Barcus, peuplé d'environ 2 500 habitants.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Avenir, le 16 octobre 1922, sous la plume de Pierre
Figerou :
"Méprise criminelle.
Le 1er mai 1827, un nommé Etchegoyen, demeurant, au village de Barcus, fut atteint par la charge d’un coup de fusil, sur la route, à peu de distance de son domicile, comme, il revenait, la nuit tombée, de la foire d’Oloron. Il n’était que blessé ; on accourut à ses cris et on le porta chez lui. Aux questions qu’on lui posa, il répondit que l’obscurité ne lui avait pas permis de reconnaître son assassin.
MARCHE D'OLORON BEARN D'ANTAN |
On ne lui connaissait pas d’ennemis et la justice aurait sans doute été longtemps fort embarrassée si, dans la nuit même du crime, n’avait disparu un des voisins d’Etchegoyen en même temps qu’un de ses amis, le fermier Etchehon.
Cet Etchehon n’était point un mauvais homme, mais il était de nature ardente et de caractère violent. Ces dangereuses dispositions naturelles s’étaient accrues du fait qu’il s’imaginait que sa femme ne lui était point fidèle. A tort ou à raison, il était follement jaloux et sa jalousie lui avait fait vouer une haine féroce à un certain Eguiapal qu’il considérait comme un rival heureux.
Dans ces conditions, la disparition d’Etchehon ayant été constatée, on se souvint que celui-ci, le jour du crime, s'était informé si Eguiapal ne devait pas se rendre à la foire d’Oloron ; on se souvint aussi de l’avoir vu se diriger, le soir, du côté de la route. Enfin, les projectiles extraits des blessures d’Etchegoyen étaient identiques à ceux que fondait lui-même Etchehon. Bref, tous les gens de Barcus furent convaincus que le coup dont Etchegoyen avait été la victime était destiné à Eguiapal.
Tandis qu'au village on en arrivait à cette conclusion, le fugitif s’était réfugié dans la montagne, et là, seul avec lui-même et ses remords, il composait en basque la propre complainte de son crime.
Après s’être comparé, en ses vers, aux animaux sauvages qui fuient l’homme, il contait l’histoire de sa vie et parlait de sa femme :
"Elle me porta sous sa cotte la corde pour me pendre."
Puis c’étaient des imprécations à l’adresse du rival détesté, en même temps que l’aveu de son crime commis par erreur :
"Mon ennemi, tu avais une femme et tu n'avais pas besoin d’abuser de la mienne ; un autre a reçu le coup qui t’était destiné... Tu peux te vanter que ta vie scandaleuse a perdu deux galants hommes... Epouse faible et chère, séduite par un libertin, vous m’avez ruiné et perdu... Mieux vaut être prêtre ou soldat que d’avoir une compagne semblable à la mienne."
Et cette complainte se terminait par ce conseil aux gendarmes :
"Vous qui poursuivez Etchehon, ne le cherchez pas à Barcus ; il compose des chansons à Eguiton, le meilleur des pâturages des Pyrénées, fréquenté par les bergers de la Soule."
Le paysan assassin et poète se lassa vite de sa solitude, d’autant que sa jalousie lui tenaillait toujours l’âme et qu’il imaginait comment sa femme et Eguiapal devaient profiter de son absence.
Une nuit, la maison d’Eguiapal, à Barcus, brûla. Etchehon annonçait ainsi son retour. On l'arrêta.
Etchegoyen était alors à peu près complètement rétabli et, du jour où il ne s’était plus crû en danger de mort, il avait dit que c’était bien Etchehon qui lui avait tiré un coup de fusil et que s’il ne l’avait pas dénoncé plus tôt, c’est que, au cas où il aurait succombé, il voulait avoir devant Dieu le mérite de son généreux silence.
ENTREE DU BOURG BARCUS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN
PAYS BASQUE D'ANTAN
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