UN PROJET DE COLLÈGE DE JEUNES FILLES À BAYONNE EN 1935.
Dans les années 1930, existe à Bayonne un projet de Collège de jeunes filles.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
plusieurs éditions :
- le 11 décembre 1935 :
"Le Polo de Biarritz ne peut pas, ne doit pas, disparaître.
Aux sujets de préoccupations dont les Biarrots sont assaillis, un autre s'ajoute à présent. Vont-ils perdre le Polo ?
L’activité commerciale de Biarritz, c'est un fait, s’est ralentie. Son activité touristique qui conditionne la première a d’abord fléchi. Depuis les années de prospérité qui avaient suivi immédiatement la guerre, cette décroissance, notons-le en passant, a été davantage encore qualitative plus que quantitative, pour parler comme à la Conférence navale de Londres.
Nous avons bon espoir que cela ne durera pas ; que la crise prenne fin, ou au moins s’atténue, et nous verrons revenir à nous la belle clientèle qui y accourait autrefois, — à condition qu’on mette tout en œuvre pour la ramener chez nous et pour la retenir.
Il est hors de doute que le Polo est, entre beaucoup d’autres, mais peut-être plus que beaucoup d’autres, un élément d'attraction pour la clientèle étrangère On n’ignore pas que la municipalité de Bayonne se proposant de donner une solution, — depuis longtemps attendue. — à la question du Collège de jeunes filles, avait entamé récemment des pourparlers en vue de l'acquisition du terrain de Beyris.
Que ce terrain convienne à l’édification du Collège, qu'il remplisse ou ne remplisse pas toutes les conditions qu’il faut, ce n’est pas le point qui nous préoccupe ici.
Mais ce qui nous parait d’importance, c’est de connaître le sort réservé au Polo de Biarritz.
LE POLO BAYONNE-BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Faudra-t il se résigner à sa disparition? Faudra-t-il admettre qu'il émigre vers une station voisine, — qui ne manquerait pas de l’accueillir avec des transports de joie, sachant le bénéfice qu’elle en tirerait au plus sûr.
Il est incontestable que le Polo attire à Biarritz une clientèle fortunée. Les joueurs qui se déplacent pour venir jouer en Pays Basque arrivent souvent de loin. Il en est venu non seulement d’Espagne, qui est plus près de nous, mais d’Angleterre, de l'Amérique du Nord et de l’Amérique du Sud, — d'Argentine, par exemple.
On sait que, fréquemment, ils ne font pas seuls le déplacement. Ils amènent avec eux des parents, des amis. Autant de profit pour notre hôtellerie. Nous savons de ces joueurs qui, en une courte Saison, ont laissé à Biarritz, plus de deux cent mille francs.
Devons nous craindre que cette ressource encore vienne à nous manquer ? Ne convient-il pas de permettre au Polo de vivre et de prospérer ?
Mais comment le pourrait-il si des subventions ne lui assuraient pas la sécurité du lendemain et s'il restait, par ailleurs, à la merci d’un bail annuel, ainsi que c’est le cas à présent, — et c'est là un état de choses particulièrement grave du point de vue de son existence dans l'avenir.
Mais voici le pire : la suppression, à présent envisagée, du Polo. Si on supprime le terrain de Beyris, croit-on qu’il soit aisé de le transporter, et sans dépenser une somme considérable, sur quelque autre point de Biarritz ou de sa périphérie ? Il ne faut pas perdre de vue, non plus, que les intérêts touristiques de Bayonne sont liés d’une façon étroite à ceux de Biarritz.
Ayant en vue, avant tout, l'avenir, — un avenir où tout redeviendra meilleur, — de la grande station et de la Côte Basque, nous voulons encore espérer que cela ne se fera pas.
Répétons le : rien ne permet mieux de démontrer la nécessité de conserver le Polo, que jusqu'à ces dernières années c'est la clientèle élégante qui a assuré la prospérité de Biarritz et qui en a fait la réputation."
- le 12 décembre 1935 :
"De quoi discutent les Bayonnais ? du Collège de Jeunes Filles.
Il est incontestable, en effet, que le Bayonnais moyen s’est habitué à considérer comme solution, future mais sûre, de ce problème du Collège de jeunes filles l’immeuble de l’ancien hôpital militaire. La réclame faite autour de ce site fut énorme, on s’en souvient, au moment des luttes électorales dernières. Nous sommes ainsi.
HÔPITAL MILITAIRE BAYONNE 1913 PAYS BASQUE D'ANTAN |
On se serait à cette époque fait tuer sur des barricades pour ou contre l’acquisition du dit hôpital militaire. J’ai encore dans l’oreille les vociférations des meetings nocturnes des préaux des écoles publiques et sous la pluie aussi... Et maintenant ; on ne pense que pour mémoire, à un projet, qui, peut-être, d’ailleurs pourra nous revenir un jour ou l’autre mieux assortis à nos possibilités municipales. D’ici là nous nous serons sans doute battu pour le polo, Bénac ou autres lieux...
Le Bayonnais moyen voudrait sans doute qu’on liquide ces questions oiseuses et qui peuvent rebondir pendant cent sept ans. Mais il se rend compte aussi des charges lourdes qu’elles font surgir à nos horizons budgétaires, si j’ose écrire. Et c’est pourquoi, s’il apprécie la sollicitude que ses administrateurs manifestent pour la sécurité de ses jeunes filles, il ne peut pas non plus ne pas tenir compte de leurs intentions économiques, voire les stimuler.
Je dois à la vérité de dire que ce point de vue, un peu féroce d’ailleurs, qui subordonnerait la vie humaine en danger à l’argent, est peu fréquent, mais il est existant et je n’invente rien. Les Bayonnais ont peur des aggravations de charges fiscales. Cette hantise n’a rien de spécifiquement bayonnais. Mais dans le problème qui nous occupe, elle trouve à s’exercer d’une manière assez aigüe.
C’est alors que d’aucuns suggèrent d'apporter des réparations au Collège existant. Ici, deux objections : a) le neuf finit par coûter moins cher que les réparations indéfinies ; b) le Collège actuel ne peut plus subir des réparations. Et, par voie de conséquence, nous affirmons que le souci d’aller vite et de se décider à bon escient est absolument justifié pour ne pas dire d'une urgence impérieuse.
Pas de lésine, donc...
Pas de dépenses somptuaires non plus...
Sur ce deuxième point je ne suis pas tout à fait d'accord. Sans jeter l'argent par les fenêtres de l’Hôtel de Ville, il faut tout de même agir avec audace. En matière administrative, ceux qui ne veulent rien oser, finissent par ne rien faire.
Toutefois, je dois reconnaître que si la rapidité est une vertu, la prudence en est une autre. Si l’on s’était pressé de voter l'acquisition du Polo et que cette affaire eût pu être réalisée, n'aurait-on pas à l’heure actuelle un regret cuisant devant les perspectives peut-être plus agréables encore du projet Bénac ? Et c'est pourquoi toute résolution tourne dans un cercle vicieux.
Demeurerons-nous alors dans les conditions infiniment monotones de l’écureuil qui pédale avec sa propre cage sans avancer d'un pas ?
Je vous ai dit hier que plusieurs projets se valaient et s’offraient. C’est qu’en réalité ceux que l'on croyait enterrés, ressuscitent. Et aussi que certain terrain du camp Saint-Léon demeure cher à beaucoup de Bayonnais.
On disait aussi à Bayonne : pour quoi ne transporterait-on pas le terrain du Parc des Sports sur celui du Polo de Beyris puisque cette acquisition est avantageuse et, vraiment une "affaire". Et sur le terrain du Parc des Sports on édifierait aux portes de la ville un superbe collège de jeunes filles ?
Des objections se présentent. Tout d'abord, il ne nous parait pas souhaitable que le polo disparaisse de notre attraction touristique. Et ensuite le Parc des Sports nous paraît ainsi qu'il est commencé une affaire résolue et qui entraîna déjà des dépenses assez considérables pour qu'on ne s'amuse pas au petit jeu de démolir et de reconstruire "pour le plaisir".
Y a-t-il un moyen de concilier les points de vue ? Essayons toujours. Nous parlons ici — et on le sait bien partout — en toute indépendance et en toute bonne volonté.
Posons une question :
— La partie actuellement non utilisée du camp Saint-Léon ne peut-elle suffire à la construction d'un collège de jeunes filles ?
CAMP ST-LEON BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire