LA SAINT-VALENTIN.
Le jour de la Saint-Valentin, le 14 février, est considéré dans de nombreux pays comme la fête des amoureux.
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| 14 FEVRIER SAINT VALENTIN |
Je vous ai déjà parlé de la saint-Valentin, en 2021 et en 2023.
Voici ce rapporta à ce sujet Le Soleil, le 14 février 1909, sous la plume de S. -H. Mac-Leod :
"La Saint-Valentin.
(Le 14 lévrier).
Parmi les poésies de Charles, duc d’Orléans, mort le 4 janvier 1465, on trouve la pièce suivante sur la "Saint-Valentin" :
Rondel XXIII
A ce jour, saint Valentin
Que chacun doit choisir son per
Amour demourray-je non per ?
Sans partir à votre butin.
A mon resveiller au matin,
Je n’y ai cessé de penser.
A ce jour, saint Valentin, etc.
Mais Nonchaloir, mon médecin,
M’est venu le poutse taster,
Qui m'a conseillé reposer
Et rendormir sur mon coussin,
A ce jour saint Valentin.
Le patronage de "Saint-Valentin", évoqué par les jeunes gens et jeunes filles à marier, remonte donc à une époque fort éloignée. On s’est ingénié pour trouver l’explication de ce patronage réclamé par les "fiancés", mais personne, jusqu’ici, n’a pu donner une solution très sûre du problème. Les dénominations de "Valentin", de "Valentine", usitées déjà à la fin du quinzième siède, se sont conservées dans plusieurs contrées de la France, comme en Angleterre. Si les rites de cette fête de jeunesse se différencient chez nos voisins d’outre-mer, on re trouve partout la même gaîté, le même fond d’innocente plaisanterie, le même désir de plaire. En Lorraine, par exemple, le matin de ce jour ardemment attendu se lève plus ensoleillé que jamais pour les Valentins, même si la bise souffle dure, implacable !
Dans les rues, un va-et-vient inaccoutumé, des rires joyeux, troublent agréablement la monotonie ordinaire. C’est l’heure des aveux ! Sous la gaité légère se cache parfois une pointe de mélancolie : "Sera-t-on agréé ?..." Grave question. Mais il faut agir, et le gars lorrain envoie sous les fenêtres de la jeune fille aimée une bande de gamins qui, rendus à leur poste, commencent à se diviser en deux groupes : celui des demandes, celui des réponses, puis le chœur de crier à pleine voix :
— Je donne, je donne... Mlle S...
— A qui ? à qui ? vocifère sur la même gamme le groupe questionné.
— A M. D...
— L’aura-t-il ?
— Non, répond quelquefois le groupe chargé de cet office, soit pure malice, soit qu’il désapprouve réellement le projet d’union.
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| 14 FEVRIER SAINT VALENTIN PAR PEYNET |
Cependant, si jusqu’ici la jeune fille n’intervient point personnellement, elle conserve le droit d’agréer ou de repousser la demande du candidat. On lui donne quinze jours de réflexion ; cette quinzaine sera coupée par une nouvelle intervention du "Valentin" qui enverra le second dimanche de carême un présent à sa "Valentine".
Et la seconde huitaine se passera pleine d’anxiété souvent pour ce jeune garçon. Enfin, après l’épreuve, la joie : le troisième dimanche la "Valentine" offre au "Valentin" un spécimen de ses travaux à l’aiguille accompagné d’un cornet de pois épicés enjolivé de faveurs brillantes. C'est le "oui" solennel ; ce sont les fiançailles.
Si, par malheur, au contraire, le cadeau du "Valentin" est retourné à celui-ci, aucune explication n’est à demander et le jeune garçon comprend qu’il n’y a plus d’espoir. Je ne sais si des larmes couleront toujours de ses yeux, mais son amour-propre sera gratifié d’un coup d’épingle... Soyez philosophe, pauvre ami : autant en emporte le vent !
La semaine des "Valentins" est le carnaval de la jeunesse anglaise. Comme les esclaves de Rome avaient autrefois le droit de tout dire à leurs maîtres le jour des Saturnales, de même les faiseurs de "Valentines" se croient tout permis dans leurs lettres extravagantes. C’est le moment de l’intrigue, de la galanterie, du sentiment et chacun s’y livre à cœur joie. Les "Valentins" pleuvent le 14 février à Londres ; ils sont la carte de visite obligée des jeunes gens, et la jeune miss qui ne recevrait rien ce jour-là aurait lieu de se montrer mortifiée. Serait-elle donc si laide que personne ne songeât à l’empêcher de coiffer sainte Catherine ? Mais, toute jeune fille reçoit un "Valentin" et les lettres s’ouvrent avec une ardeur fébrile ; on entend dans le home de bruyants éclats de rire. L’anonymat règne en maître généralement dans ces billets, aussi toute la famille est-elle invitée à le dévoiler.
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| 14 FEVRIER SAINT VALENTIN PAR PEYNET |
En Hongrie, à Vienne, les choses se passent différemment : la fête "des fiançailles" se trouve reculée de quelques mois, c’est le 15 août seulement qu’on se donne rendez-vous sur les ponts où les filles du Danube en présence de l’éventuel fiancé jettent au courant du fleuve des couronnes de roses révélatrices de leur destin. Heureuses celles dont les fleurs sont entraînées par le flot rapide, sans qu’aucun obstacle les arrête : elles auront dans l’année le mari de leurs rêves.
Mais les "Valentins" ne sont pas seuls à se réjouir en cette fête du 14 février. D’après l’Allemand Henri Alt, le saint, qui fut un martyr, enflammé de charité pour ses frères, miracula un épileptique et fut, depuis, considéré comme le grand guérisseur de cette terrible maladie. Sur le feuillet d’un livre allemand, on représente Valentin en costume d’évêque ; à ses pieds, un homme se tord dans la poussière, tandis que le saint, levant les mains au ciel, va lui rendre la santé.
Les pestiférés ne sont pas moins bien partagés que les épileptiques ; plusieurs d’entre eux durent leur salut à l’intercession du pieux évêque décapité sur la voie Flaminienne par l’ordre de l’empereur Claude.
La légende, qui se glisse partout, n’a pas épargné le patron des "Fiancés". Une tradition, en Bourgogne, montre saint Valentin perpétuellement en lutte avec saint Vorles. Rivaux dans l’art du miracle, dit-elle, les deux amis continuèrent plusieurs siècles après leur mort un enjeu qui faisait le bonheur de ceux qui les priaient. Placés à la tête de deux parois ses voisines, nos deux saints, un beau jour, se disputent toutes les terres labourables que possédait chacun d’eux. Saint Vorles, heureux mortel, gagne les champs de blé de son adversaire. Les laboureurs de Marcenay récoltent alors de splendides froments dans la plaine, tandis que les gens de Griselles, dont "Valentin" est le pasteur, n’ont que des prés situés au pied de coteaux. D'où le dicton suivant :
Grisellain Grisellaut
Monte en bas, monte en haut,
L'diabl’aiprès tes étiauts (orteils.)
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| EGLISE ET PLACE 21 GRISELLES |
Les garçons de Griselles (Côte-d'Or) se vengent de ce dicton en en forgeant un autre. Celui-ci vise les habitants de Laignes le chef-lieu de ce canton :
Laignard,
Bâtard,
Garmand,
Feignant,
Prends lei lune aiver tes dents ;
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| 14 FEVRIER SAINT VALENTIN |
Saint Valentin, ému de sa défaite, demande une revanche. L’enjeu, c’est la forêt voisine appartenant de moitié à nos deux curés. Le bois sera la propriété de celui qui lancera le plus loin sa hache. Saint Valentin gagne de cent coudées. Désormais, les Grisellains seront riches en futaies, tandis que le village de saint Vorles n’aura que de frêles bosquets, sans importance. Mais saint Vorles se pique au jeu : il prend la résolution d’accomplir un miracle tellement éclatant que saint Valentin en sera stupéfait !
L’occasion ne se fait pas attendre. Un dimanche matin, tandis que le curé de Marcenay célèbre la messe, le bedeau vient lui apprendre qu’un incendie consume une ferme éloignée de l’église. Déjà les flammes s’élancent des fenêtres, l’air siffle, irrespirable ; un petit enfant, que l’on ne peut sauver, va périr !
Saint Vorles ne répond pas aux alarmantes paroles du sacristain, mais tout à coup les paroissiens s’aperçoivent de l’immobilité rigide de leur curé qui ne quitte pas l’autel. La messe s’arrête, les chantres se taisent, les assistants se regardent pétrifiés, ne sachant ce que tout cela veut dire ! Un quart d’heure se passe, long comme un siècle ; saint Vorles, les bras levés vers le ciel, garde la même étrange immobilité. Enfin, des vagissements se font entendre sur les marches de l’autel, un petit enfant, venu on ne sait d’où, apparaît dans ses langes. Saint Vorles, en esprit, était allé à la ferme menacée, tandis que son corps restait dans l’église, puis, l’enfant sauvé, il continuait la célébration de la messe !
Que dira saint Valentin ?
Nous ne le voyons pas vaincu.
"Je veux une revanche !" pense-t-il.
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| 14 FEVRIER SAINT VALENTIN PAR PEYNET |
Le dimanche suivant, la foule est énorme dans l’église de Griselles ; le soleil brûlant d’été incendie les vitraux. Les moissons sont mûres, il faudrait bien les faucher, car on craint l’orage. Mais le laboureur à cette époque craint encore plus la colère du Dieu qui veut que l’on respecte le jour qu’il s’est choisi. Aussi, n’a-t-on pas hésité ! Les faulx se sont abattues sur la terre chaude, les hommes et les femmes, dociles à l’appel de la cloche, ont gravi le sentier qui mène au cimetière. Maintenant, dans l’église, ils chantent un cantique en attendant leur curé.
Lorsque la porte de la sacristie s’ouvre devant l’enfant de chœur qui précède le pasteur, la foule tombe à genoux, terrorisée : saint Valentin parait entouré de serpents vivants !
— Soyez tranquilles, mes enfants, et, désormais, ne craignez rien de la morsure des vipères, car, par mon intercession, Dieu vous en délivre !
"Quel malin personnage ! se serait exclamé saint Vorles. Il n’y a que des couleuvres à Griselles et Valentin les fait avaler pour des serpents !"
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| 16 JUIN SAINT VORLES DE MARCENAY |
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