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dimanche 17 mars 2024

PAR LA ROUTE DE SARE EN LABOURD À ETCHALAR EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1928

DE SARE À ETCHALAR EN 1928.


Les relations transfrontalières existent depuis toujours au Pays Basque, en particulier entre Sare en Labourd et Etchalar en Navarre.





pays basque autrefois navarre amitié fête labourd frontière
ETCHALAR NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 27 février 

1928 :



"De France en Espagne.


Par la route de Sare à Echalar.



C’est d’Echalar, en Pyrénées espagnoles, je crois, qu'il est question au premier acte de "Carmen". Bien que nous trouvions citée cette petite ville au cours du célèbre opéra-comique de Bizet, nous n’en avons pas moins affaire à un nom supposé, comme par exemple : Etchezar, dans le "Ramuntcho" de Loti, qui n’est d’ailleurs autre que le charmant et pittoresque Sare, qui touche la frontière. Or, voici que Sare et Echalar unis dans l’art musical et la littérature, unis aussi, depuis longtemps à travers la montagne, par des sentiers que connaissent bien les contrebandiers, vont l’être plus étroitement encore administrativement et grâce à la belle route qui va maintenant de l’une à l’autre de ces agglomérations, à travers la forêt. 



On vient, en effet, pour couronner cette œuvre à Echalar, d’installer, dans cette ville, l’administrateur des Douanes espagnoles. C’est la Municipalité qui a procédé à cette installation et l’a fait avec une certaine solennité, afin de bien marquer l’importance qu’elle attache à cet événement. Ainsi d’un versant à l’autre des Pyrénées, du côté de la France et du côté de l’Espagne, des communications rapides, commodes, on peut même dire confortables — et le Tourisme français y gagnera tout autant que le Tourisme espagnol — sont désormais établies. Les vallées de la Nivelle et de la Bidassoa ibérique verront maintenant se pratiquer entre elle de faciles transactions, voilà pour le côté commercial. Les voyageurs, ceux qui nous viennent de l'étranger, ceux qui nous viennent des autres provinces françaises et même ceux qui sont purement et simplement du Pays Basque, y trouveront prétexte et occasion à des excursions magnifiques. Nous avions jusqu’ici pour nous rendre à Saint-Sébastien la route directe et si bien faite pour la circulation automobile qui va de Bayonne à la grande station espagnole par Biarritz, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye. Mais ceux qui flânent volontiers, ceux qui aiment le chemin des écoliers, ceux qui, sans souci du temps, préfèrent aller "pedibus cum jambis" ou sur une bicyclette — car Dieu merci ! elle n’est pas morte encore, en dépit des progrès de l'automobile — ceux-là pourront aller, de nos stations de la Côte Basque française à la Côte Basque espagnole, au milieu d’un décor prestigieux, sans en éprouver de gêne et de fatigue. "Montagnes Pyrénées..." c’est ce refrain, dont la célébrité a dépassé notre région, c’est ce refrain aux lèvres qu’on franchira les cols, tout en reconnaissant que rien n’est exagéré de ce qu’il promet et de ce qu’il assure. 


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MAISON ETCHALAR NAVARRE 1952
PAYS BASQUE D'ANTAN


Donc, il y eut cérémonie d’installation et la municipalité d’Echelar, par une courtoise et très amicale pensée, y a convié la municipalité de Sare. L’alcade, M. Villareal, avait invité son collègue de Sare à se joindre aux délégations des communes espagnoles de Vera, Lesaca, Yanci et Aranaz, qui assistaient à cette installation. Et lorsque les Français, répondant à sa courtoise invitation se présentèrent à la frontière, conduits par le sympathique adjoint au maire de Sare, M. Goyetche, remplaçant M. le Maire encore indisponible, et M. Leremboure, conseiller municipal, le praticien réputé de Saint-Sébastien, si favorablement connu dans toute la région, ils furent accueillis par des figures radieuses, des mains tendues, des cœurs ouverts qui leur firent comprendre que l’amitié est une bien belle et douce chose ! Tout ce monde-là, — car on était fort nombreux, — ne faisait au bout de quelques instants qu’une famille ; des frères s’étaient retrouvés. 



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ETCHALAR NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Puis, sous un soleil déjà vif, dans un cadre merveilleux, les Français laissant leur vue s’étendre au loin sur les flots immobiles des monts des Pays Basques espagnols à la beauté fière et sauvage qui venaient mourir à leurs pieds, les Espagnols contemplant un panorama d’une grâce riante — vert des vallées piqueté des taches blanches des coquettes maisons du Labourd, collines gracieusement arrondies où fleurit le genêt, — pendant que les fusées aux triples détonations filaient droit vers le ciel d’azur et éclataient là-haut pour faire connaître aux populations voisines qu’une date s’inscrivait dans leur histoire locale, qu’un chaînon s’ajoutait au lien séculaire qui les unissait, la cérémonie se déroula. M. le Curé d’Echalar, assisté de ses deux vicaires, prononça les paroles rituelles et bénit la nouvelle route. Ensuite, en termes élevés, en un langage parti du cœur, il dit la signification de la manifestation et, nous rappelant les heures d’angoisse communes que nous vécûmes aux temps de Verdun, les heures d’allégresse commune qui marquèrent la fin de la terrible guerre, il termina en nous assurant encore une fois de l’attachement constant, de l’affection de ses concitoyens. 




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ETCHALAR NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Aussitôt après cette improvisation qui nous émut profondément, M. le Maire d’Echalar coupa le ruban symbolique qui, reliant les deux piliers d’un arc de triomphe, barrait jusque-là la route nouvelle, et vint en donner une moitié à M. Goyetche, scellant par ce geste les paroles précédemment dites au nom de tous ses administrés. 



Un repas suivit, animé du plus vif entrain et d’une grande cordialité. Mais il ne devait pas marquer la fin de la journée. Nous pourrions presque écrire : bras dessus, bras dessous, en tout cas, très amicalement groupés, tous les délégués passèrent la frontière pour se rendre à Sare. On s’était félicité, on avait trinqué à Echalar à l’amitié des communes voisines, françaises et espagnoles, ainsi qu’à la France et à l’Espagne, il était juste et raisonnable qu’on renouvelât à Sare ce geste symbolique. Et voilà comment, dans Sare, où des excursionnistes étaient venus, arrivèrent une trentaine d’amis espagnols, vers cinq heures de l’après-midi. Ils eurent immédiatement un geste dont les habitants furent très touchés. Ils allèrent se recueillir devant le monument aux morts de la guerre, puis, après avoir visité l’église, ils allèrent s’incliner devant la tombe du regretté M. Henry Dutournier, ancien maire de Sare, ami personnel de M. Villareal, fervent protagoniste dans sa sphère, de l’amitié franco-espagnole. Basque et ami de tous les Basques par-dessus tout. 




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MONUMENT AUX MORTS SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dans la salle de la mairie, M. Hiriart, maire, à qui son état de santé n’avait pas permis le déplacement d’Echalar, fut heureux à son tour de lever le verre à l’amitié des communes frontières, et la fête se termina aux cris de "Vive l’Espagne ! Viva Francia !" 




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MAIRIE SARE LABOURD
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voilà une de ces manifestations d’amitié, comme on en voudrait voir se renouveler fréquemment de l’un et de l’autre côté des Pyrénées !"







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