L'AÉRODROME DE PARME EN 1927.
L'aéroport de Biarritz-Parme est actuellement implanté sur le plateau de Parme, un terrain de 29 hectares acquis en 1922 par le Conseil Général des Basses-Pyrénées.
AFFICHE LA CÔTE BASQUE AEROPOSTALE 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
plusieurs éditions :
- le 3 mai 1927 :
"Un des plus beaux panoramas du monde.
Pyrénées et Méditerranée à vol d'oiseau.
L’exposé de M. H. Sallenave, hier à Biarritz — Le réseau intérieur de navigation aérienne et les grandes voies touristiques et panoramiques. — Côte Basque-Côte d’Azur en six heures. — Le Comité d’organisation et l’étude du tracé.
Nous avons donc entendu, hier après-midi, à la Mairie de Biarritz. M. H. Sallenave, délégué, pour notre région, du Comité français de propagande aéronautique, dans son exposé sur l’avenir touristique de l'avion et sur les services qu’il est appelé à rendre dans notre région, notamment en reliant par une voie qui relierait la Côte Basque à la Côte d’Azur, en longeant un des plus beaux panoramas du Monde, ainsi qu'il s'est fort justement exprimé hier.
M. Sallenave s’est défendu de vouloir faire une conférence : simple exposé, a-t-il dit et il s’est tenu à ce programme. Mais que de choses substantielles, que de conseils judicieux, que d'aperçus intéressants et qui ouvraient à l’auditeur des horizons nouveaux y étaient contenus. Cette réunion de l'Hôtel de Ville, où l'on eut aimé voir un plus grand nombre d’auditeurs, appelle certainement des réflexions, des commentaires, aussi est-ce un sujet sur lequel nous reviendrons. Nous nous contenterons, aujourd’hui, de résumer aussi fidèlement que possible, la communication et les suggestions de M. Sallenave, ainsi que le court débat — si débat il y eut — qui les suivit.
C’est le maire de Biarritz, M. Petit, qui présidait, ayant auprès de lui M. Jean Laborde, adjoint et l’un des représentants du Touring Club de France, en même temps que membre du Syndicat d’Initiative du Pays Basque.
AFFICHE TOURING CLUB DE FRANCE |
Dans l’assemblée, des représentants des municipalités de St-Jean-de-Luz, Hendaye, Guéthary, etc... des membres du Comité du Syndicat d’Initiative de Biarritz, M. Peyta, président du Syndicat des Hôteliers, membre de la Chambre de Commerce de Bayonne ; M. Clais, adjoint au maire, lui aussi représentant du Touring-Club ; des conseillers municipaux, des représentants de la Presse, etc...
M. Petit salue le délégué du Comité de Propagande.
C’est M. Petit qui ouvre la séance, pour donner la parole à M. Sallenave, qu'il remercie de sa visite et de l'intérêt qu'il témoigne à notre région. Il précise, en passant, que c'est le 24 Mai et non le 4, comme il avait été dit inexactement, qu'aura lieu l'assemblée aéronautique du Bourget, sous la présidence du maréchal Lyautey, président du Comité. M. Sallenave pourra y porter l'assurance que Biarritz et toutes les communes de la Côte Basque savent le prix qu’il faut attacher au développement de notre aviation et qu'en cela comme en d'autres circonstances et par d’autres moyens, elles n’ont pas de désir plus vif que d’assurer la prospérité de la grande Patrie et de cette petite Patrie : la Côte Basque. Enfin, Biarritz est appelée à être un jour un port aérien important : c'est une raison de plus pour que ceux qui ont la charge de ses destinées ne laissent rien échapper de ce qui touche à l'aviation.
ACTION AERODROME BIARRITZ-BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
L'exposé de M. Sallenave.
M. Sallenave prend ensuite la parole.
Il déclare en débutant qu'il ne se propose d’autre but que d'exposer sommairement la situation de l'aéronautique commerciale et de parler de son avenir notamment au peint de vue touristique.
Il montre le pas énorme déjà franchi par ce nouveau progrès humain. Il avait au début fait bien des sceptiques. Mais n'en est-il pas ainsi à chaque conquête ce l’homme. N'est-ce pas Thiers, n’est-ce pas Arago, n’est-ce pas Théophile Gautier qui nièrent, au début, l’utilité et l’avenir du chemin de fer ?... Et pourtant !...
Il faut rattraper le temps perdu.
Il en sera de même, il en est de même déjà de l’aviation. Il est néanmoins regrettable qu'elle n'ait pas assez vite convaincu de son utilité et de sa puissance de réalisation tous les esprits, en France. En Allemagne, au contraire, l’aviation s’est développée prodigieusement et cet effort sans précédent doit nous préoccuper. Il est peut-être, même, de nature à nous inquiéter un peu. Sans doute, il faut espérer que nous ne verrons pas le retour des terribles événements de 1914 à 1918. Qui peut, néanmoins, répondre de l’avenir ? L’Allemagne qui, aux termes du traité de Versailles, ne peut plus avoir de flotte aérienne guerrière a construit une flotte aérienne commerciale considérable, avec un réseau extrêmement étendu. Ses avions sont des concurrents commerciaux redoutables. Ils pourraient aisément devenir, en cas de conflit et par une transformation qui ne serait qu'un jeu des armes de combat non moins redoutables.
il nous appartient de rattraper le temps perdu.
C’est pour y parvenir, c’est pour y aider, tout au moins, que s’est constitué le Comité de propagande aéronautique que préside ce grand soldat qu'est le maréchal Lyautey et au sein duquel sont représentés la Banque de France, les Compagnies de chemin de fer, les grandes compagnies maritimes.
Ce Comité se propose de faire progresser l’aviation en France par tous les moyens, mais surtout par l'amélioration des engins qu'elle emploie et par l’extension du réseau intérieur.
Le réseau intérieur est, en effet, l'indispensable complément du réseau international.
M. Sallenave rappelle alors les résolutions de la récente conférence de Bordeaux — dont nous avons parlé — relatives au Développement du réseau intérieur et aux organismes régionaux propres à y aider : Chambres ce commerce, Municipalités, Syndicats d'Initiative, organismes touristiques, clubs d'aviations, etc..., avec l'aide des techniciens du Comité de propagande.
M. Bokanowski a accepté ses voeux et ces résolutions sans y apporter de restriction, ce qui laisse entrevoir le statut de la navigation aérienne assimilé à celui des chemins de fer.
MAURICE BOKANOWSKI MINISTRE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE DE JUILLET 1926 A SEPTEMBRE 1928 |
La ligne Biarritz-Côte d’Azur.
En ce qui concerne la ligne Biarritz-Côte d'Azur, M. Sallenave exprime l'opinion qu'elle soit rapidement réalisée. Il y va de l’intérêt des deux côtes, qui sont deux grands réservoirs touristiques, sur un parcours que jalonneront les stations balnéaires et climatiques de la Côte Basque et des Pyrénées.
Le départ a été prévu à Hendaye. Il pourrait, plus utilement, avoir lieu de Biarritz, qui possède déjà l'aérodrome ce Parme. Quant à l’itinéraire exact, il faudra le fixer. Ce ne sera pas toujours chose facile, peut-être. Il n'est pas de ville qui ne croit être la plaque tournante du monde. En six heures, en sept heures, le voyage pourrait être chose faite. Le départ aurait lieu de Biarritz, le matin, à six heures.
M. Sallenave montre quelle source de profits pour la Côte Basque constituerait l'exploitation de cette ligne aérienne en période saisonnière.
Un Comité régional.
Mais il faut s’occuper sans tarder des moyens de réalisation. Il faut former un Comité régional, en relations constantes avec le Comité de propagande de Paris et qui s’assignerait pour première tâche de fixer le trajet.
M. Sallenave cite à ce propos une lettre de son collègue de Nice, dans laquelle celui-ci envisage, non pas une ligne Biarritz-Nice, mais une ligne Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice. C'est là, sans doute, et surtout au point ce vue des intérêts de la Côte Basque, une erreur touristique. Il faudra le démontrer, il faudra réagir. Il faut avant tout agir. Il faut faire un effort local. Des vœux ne suffisent pas ; on sait ce qu’il en advient trop souvent : ils restent dans un tiroir.
M. Sallenave montre, en passant, que Biarritz, encore que les avions de la grande ligne internationale Paris, Bordeaux, Lisbonne, Dakar, les Açores, Pernambuco, n’y feront pas escale, ne peut s’en désintéresser, insiste encore pour la création du Comité régional et permanent.
AFFICHE LIGNES LATECOERE PARIS BORDEAUX ESPAGNE MAROC |
Pour former le Comité.
M. Sallenave ayant invité les membres de l'auditoire à présenter leurs observations ou leurs suggestions s’ils en avaient à formuler, M. Peyta s’est préoccupé de savoir, et ce point de vue avait son importance, si ces lignes intérieures et notamment celle de Biarritz à Nice, pourraient compter sur un fret suffisant à en assurer l'exploitation.
M. Sallenave a fait remarquer que l'exploitation des lignes intérieures aériennes serait bien loin de créer les mêmes charges financières que les Compagnies de chemins ce fer. Elles seront, environ, de l’ordre de 250 millions annuellement, et c'est l'Etat qui assurera l'exploitation, ainsi que M. Bokanowski l'accepte, au nom du gouvernement. Les dépenses seront récupérées par des taxes perçues aux aérodromes, ports et garages, les prix de passage et de fret...
M. Sallenave, revenant à ses précédentes déclarations, signale aussi à ce moment l'intérêt pour le Pays de posséder une armée de pilotes qui, de plus en plus s’appauvrit, si bien qu’en temps de guerre, nous nous en trouverions pour ainsi dire dépourvus.
Il ajoute que le 24 mai, au Bourget, le statut de la ligne aérienne aura fait un grand pas.
AVION COUZINET "BIARRITZ" 93 LE BOURGET |
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