Libellés

samedi 12 octobre 2024

LES CHEMINS DE FER ET TRAMWAYS ELECTRIQUES DES BASSES-PYRÉNÉES ET PAYS BASQUES EN 1912 (sixième partie)

  

LES TRAMWAYS DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1912.


C'est le 10 juin 1877 qu'est inaugurée la ligne de tramway entre les 3 grandes villes du Labourd côtier : Anglet, Bayonne et Biarritz.



pays basque autrefois tramways chemins fer électriques basses-pyrénées
OBLIGATION DE 500 FRANCS 1913
CHEMINS DE FER DES TRAMWAYS ELECTRIQUES
DES BASSES-PYRENEES ET PAYS BASQUES



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Petit Bleu de Paris du 4 juin 1912 :



"Chemins de fer et Tramways électriques des Basses-Pyrénées et Pays Basques.



... Il s'agit donc aujourd'hui de rechercher où est passé l'argent ;


Ce que les banquiers intermédiaires en ont absorbé ;


Quels ont été les intermédiaires directs ou indirects.


En cherchant un peu, il est probable que l'on y arrivera. Les capitaux engagés sont trop importants pour que la lumière ne doive pas être faite, quelles que soient les personnalités qu'elle doive découvrir et les faits qu'elle doive révéler. Depuis longtemps des étrangers trop hardis viennent en France faire des affaires toujours fructueuses pour eux et désastreuses pour nos épargnants : il faut que l'on y mette un frein.


Ce n'est pas d'aujourd'hui non plus que nous avons à critiquer M. Haardt et ses entreprises et son nom n'est pas inconnu à nos lecteurs même récents. — (Le Petit Bleu, 14-5-12)

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


La Société avait entrepris la construction d'une ligne de tramway allant de San Sébastien à Tolosa ; elle avait racheté en mars 1911 à un autre groupe, la Fédération Franco-Belge de Tramways, la majeure partie des actions d'une Société exploitant des lignes dans les Basses-Pyrénées et spécialement le chemin de fer de Bayonne à Biarritz. Toutefois, comme 3 800 000 francs sur les 6 millions de cet achat ne furent jamais payés, les titres sont restés sous séquestre et c'est une des raisons pour lesquelles la Société va prochainement être exécutée.


C'est ici que se place une manoeuvre particulièrement frauduleuse. Les titres précités servaient donc de gage à la somme due à la Fédération des Tramways. Mais ce fait n'empêcha pas que la Société des Chemins de fer et Tramways des Pays Basques inscrivit dans le prospectus d'émission des Obligations en mai 1911, que les titres acquis de la Fédération des Tramways constituaient le gage des obligataires.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Nous avons accompli une oeuvre saine et juste en mettant au jour les scandales de cette entreprise. Si, malheureusement, de tels faits ne sont pas isolés, ils sont du moins fort rares de la part d'établissements présentant une certaine envergure et le mérite de les signaler avec véhémence au public est d'autant plus grand que, par les effets d'une "conspiration du silence" puissamment organisée et entretenue par la puissance occulte mais agissante de l'or, il est devenu particulièrement malaisé de rompre la sphère d'obscurité et de lieux communs, dans laquelle les capitalistes sont sciemment enfermés. Il y a encore des Bastilles à renverser et c'est lorsqu'on se trouve en présence de pareils faits que l'on reconnaît tout le mal causé, par ce que Lysis a fort justement appelé l'"Oligarchie Financière". — (L'Univers Financier, 15-5-12).

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Nous avons souvent à nous occuper ici par grâce d'Etat, d'entreprises passablement compliquées et embrouillées, de celles dont l'on dit que l'on y trouve à boire et à manger. Mais il nous faut avouer que les Chemins de fer et Tramways électriques des Basses-Pyrénées et des Pays Basques battent le record. L'on va en juger.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


A défaut de renseignements réellement officiels, tels que ceux qui sont fournis aux assemblées d'actionnaires, il fallait donc s'en tenir aux indications officieuses, aux notices, prospectus, qui sont trop souvent un peu suspects étant rédigés avec la visible préoccupation de faire bonne impression sur les capitalistes sollicités et de les amener à échanger leur bon argent contre quelques titres, qui sont parfois simplement autant de bouts de papier.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Les "résultats acquis" que fournit la notice pour les trois entreprises en France, dont les Chemins de fer et Tramways Electriques des Basses-Pyrénées et des Pays Basques possèdent la presque totalité des actions, fait ressortir que, de 1 210 044 fr. 60 en 1909, les recettes ont passé à 1235 486 fr. 60 en 1910, soit une augmentation d'un peu plus de 25 000 fr., peu sensible, alors qu'il s'agit d'un bénéfice global supérieur à 1 200 000 francs.


Des ingénieurs, qualifiés, cela va de soi, de compétents, estimaient, de leur côté, que les bénéfices pouvaient être évalués à 950 000 francs avec cette restriction, qui ne les engageait pas beaucoup — mais qui n'était guère engageante pour quiconque étudiait l'affaire d'un peu près ! — "après que certaines lignes du réseau français auront été électrifiées et après la mise en exploitation du réseau espagnol", laquelle était annoncée devait avoir lieu en octobre suivant (1911).


-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

"Le poste figurant à l'actif pour un import nominal de 7 539 254 francs est le montant exact de la créance que possède la Société à charge de la maison de Decker et Cie."


C'est là une grosse créance, d'autant plus fâcheuse qu'elle est considérée, par l'administration même, comme "en partie douteuse".


Voici comment le rapport en explique l'origine :


"La maison De Decker et Cie a repris à des actionnaires primitifs de la Société un certain nombre d'actions en dehors de celles qu'elle avait souscrites personnellement. Elle a pris ferme à l'émission les actions privilégiées et le montant des obligations à une valeur indéterminée.


Malheureusement, l'état général du marché financier n'a pas permis à cette maison de banque de voir se réaliser ses espérances et elle n'a pu, jusqu'à présent tenir vis-à-vis de nous que partie des engagements qu'elle avait contractés.


Il y a lieu d'espérer que cette situation ne se prolongera pas outre mesure. Votre conseil s'en est préoccupé et s'est efforcé de faire constituer un gage d'une certaine importance qui assurerait déjà la rentrée de notre créance à concurrence du tiers de son import.


Mais, d'autre part, ce banquier possède lui-même des recours importants au regard de tiers qui ont contracté avec lui pour l'achat ou la reprise, soit d'actions, soit d'obligations.


Enfin, notre Société n'a pas délivré à la maison De Decker et Cie 27 000 actions de capital originaires et 3 000 privilégiées qu'elle avait prises ferme, de telle manière qu'en termes de liquidation de l'opération, si le banquier en arrivait à ne pas tenir ses engagements, ce qu'il n'y a pas lieu de supposer a priori, la Société n'aurait pas davantage la charge de ce capital...


Ce qui est vrai, c'est que l'inexécution des engagements complets a créé à notre Société une situation de trésorerie difficile, dont le Conseil s'est efforcé et s'efforcera encore de sortir en procédant à toutes les mesures d'exécution nécessaires."



Après ces explications, la discussion a été chaude et longue. Nous en retenons que quelqu'un a dit que la firme de Decker a pris des obligations à 400 francs (elles étaient vendues au public 472 fr. 50 !), qu'elle a reçu une commission de 1 million et qu'elle a essayé de toucher une somme supplémentaire de 425 000 francs pour frais de publicité !


Autre chose : on dit très nettement qu'un financier belge, dont on parle souvent depuis ces dernières années, et rarement pour en faire l'éloge — nous avons nommé M. Gaston Haardt — serait le véritable promoteur de l'affaire.


Il y a donc des trous, des fuites, qu'il s'agit de découvrir, puis des responsabilités qu'il faudra poursuivre. Et il résulte de tout cela qu'il est bien fâcheux que le Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie soit mêlé à une affaire belge, n'ayant sa sphère d'exploitation ni en Tunisie, ni en Algérie, pour laquelle, par conséquent, on ne le voir guère désigné. Si les capitalistes français ont souscrit des obligations il y a un an, c'est à lui qu'ils ont fait confiance et non à la Banque De Decker, ou à M. Haardt, c'est bien évident ; et ils ont donc quelque droit de se plaindre, nous ne voulons pas dire de la mauvaise foi, mais de la légèreté du Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie qui, pour quelque profit, les a si mal engagés.


Ils peuvent d'autant plus se montrer mécontents, que M. André Lebon, dudit Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie, a institué un Syndicat de protection des porteurs de titres de chemins de fer français. Si c'est pour leur colloquer des "rossignols" belges, ce n'est vraiment pas la peine, et l'ironie a des limites qu'il peut être parfois dangereux de dépasser ! — (Les Affaires, 20-5-12.)

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Avis utile aux obligataires.

Syndicat de défense. On peut se faire rembourser.



Aux porteurs d'obligations Basses-pyrénées qui nous ont fait l'honneur de nous demander conseil, nous répétons :


Trompés par des affirmations mensongères, qui avaient pour but de vous faire croire à la réalité d'un gage inexistant, vous pouvez exiger le remboursement de vos titres au prix d'émission, soit 475 fr. 

Au cas où ce remboursement vous serait refusé, n'hésitez pas à déposer une plainte contre les metteurs, dont la responsabilité pénale se trouve engagée. — (Paris-Bruxelles, 25-5-12.)"



A suivre...




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 900 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire