DE NOMBREUX PELOTARIS SONT ET ONT
ÉTÉ ORIGINAIRES D'HASPARREN.
En effet, de grands noms de la pelote sont nés, dans la Cité des chênes, à Hasparren.
Dans un article précédent, je vous ai parlé d'Hasparren et de sa pépinière de pelotaris, en 1932.
Voici ce que rapporta le journal Match, dans son édition du 13 septembre 1932, sous la plume de
Jean Labourd :
"Les champions de pelote basque savent bien l'histoire... surtout la leur. Béhaska père — de son vrai nom Darritchon (et non Darritchou) — est sans doute l'homme de Hasparren, et peut-être d'ailleurs, qui connaît le plus d'anecdotes et sait le mieux les raconter. Mais il ne badine pas avec les précisions. C'est ainsi qu'il tient à ce que l'on sache qu'il battit Ciki et Otharré, lorsqu'il joua sa première partie avec le célèbre Yats comme partenaire ; que Léon et Jean-Baptiste Dongaitz avaient dix ans de moins que Béhaska et Gorostiague lorsqu'ils les battirent (un coup d'oeil sur les états-civils le laissait deviner) ; qu'il ne se brisa pas la clavicule, mais se contenta, certain 14 juillet, de se déboîter le coude du bras droit...
PILOTARI GOROSTIAGUE |
Vétilles, direz-vous, au regard des larges tableaux que je brosse dans ces chroniques !... Sans doute : mais leçon pour l'historien : "Gardez-vous des détails ! Ne rappelez pas les défaites", me disait, il n'y a pas longtemps, ce fin renard de Léon Dongaitz... Et je le vis rire de bon coeur lorsque je lui rappelai le mot du vieux pilotari que j'ai déjà cité ici : "Les parties que j'ai perdues, ce sont les autres qui les racontent !"...
J'ai donc esquissé la physionomie de quelques pilotaris haspandars aujourd'hui disparus ou glorieusement retraités. Je veux faire, cette fois-ci, une incursion... prudente dans le domaine de l'actualité.
Parmi les joueurs à mains nues de la génération actuelle, Hasparren est justement fier de compter trois de ses enfants : Pierre Béhaska, le fils du célèbre partenaire de Gorostiague, Pascal Damestoy et Etienne Durruty.
Pierre Béhaska est le benjamin de ce trio, puisqu'il est né à Hasparren le 28 mars 1910. Il débuta comme amateur à l'âge de 15 ans et se tailla très vite de beaux succès. En 1928, il remportait avec son compatriote Etcheverry le titre de champion de France amateur. Passé dans la catégorie des professionnels, il joua tout d'abord à l'arrière avec Léon Dongaitz comme partenaire. En 1931, cette fois avec Arcé, il fut à nouveau champion de France. Désormais, c'est à l'avant qu'il devait jouer et ses moyens physiques, son intelligence du jeu, son coup d'oeil, sa "tête", pour tout dire d'un mot, le prédestinent vraiment à ce poste délicat. Une ombre à ce riant tableau : une sensibilité des mains — commune à beaucoup de grands joueurs — qui ne lui permet pas de se livrer à fond et le handicape même sérieusement, surtout si la balle est trop lourde et trop dure. Le "clou" — cet amas de sang si douloureux oblige Béhaska à modérer son ardeur juvénile : et c'est grand dommage.
Pascal Damestoy n'a pas tout à fait un an de plus que Béhaska, puisqu'il est né le 18 avril 1909. Pour lui, il ne saurait être question de fragilité. C'est le plus bel athlète que l'on puisse rencontrer dans un trinquet : songez qu'il mesure 1 m. 80 et pèse 86 kilogs, ce qui ne nuit en rien à sa souplesse et à sa vitesse, mais ajoute considérablement à sa puissance de frappe. Les colées de Damestoy sont formidables et peu d'arrières possèdent sa sûreté et sa force.
Lui aussi débuta, avec son frère Julien, dans la catégorie amateur. Remarqué par Léon Dongaitz, il affronta, en sa compagnie, l'équipe-reine du moment Arcé-Léonis. Faisant équipe avec Ignacio, Salégui, etc..., il inscrivit de belles victoires avant son service militaire, accompli à Bordeaux.
A son retour, il joua en compagnie de Béhaska et puis, un beau jour, naquit le duo Durruty-Damestoy qui devait tant faire parler de lui. C'est ainsi qu'au cours du dernier championnat de France, les deux D ne succombaient que de quatre points devant les frères Arrayet, vainqueurs de la compétition après l'une des plus belles parties qui se soient jouées au Trinquet Moderne de Bayonne. Remplaçant Darraïdou dans le même championnat, il battait, cette fois au Trinquet Berria de Hasparren, l'équipe Arcé-Béhaska.
Etienne Durruty, l'aîné du trio — puisqu'il est du 11 novembre 1907 — est le neveu des fameux frères Itzia, appartenant, eux aussi, à la riche pépinière de Hasparren. C'est, d'ailleurs, avec son oncle Léon qu'il fit ses premières armes à l'âge de seize ans. Puis il s'opposa, avec Arcé, au duo Léon Dongaitz et Harambillet, enlevant une victoire au Trinquet Moderne de Bayonne.
TRINQUET MODERNE BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Après quelques beaux succès en tête-à-tête, il remportait, dès l'année suivante, le titre de champion de France (professionnels) avec Darraïdou. Lui aussi il fut soldat à Bordeaux où son passage fit, à la Pelote Basque, de nombreux adeptes.
J'ai dit combien a été heureuse son association avec le puissant Damestoy : les plus jolies victoires ont récompensé cet athlète fortement musclé, doué d'une volée et d'un a pugna irrésistibles, buteur émérite...
Plus d'un parieur risquera sa chance sur les deux D de Hasparren, au prochain championnat de France !...
Je n'ai certes pas épuisé la liste des beaux joueurs haspandars de la présente génération. Je n'ai pas — notamment — pénétré dans les fiefs du petit chistera et du rebot : j'y aurais rencontré, entre autres, les frères Madré (sans oublier l'aviateur ni l'abbé !...) et il me serait certainement arrivé de saluer sur la place l'abbé Etcheverry, vicaire de la paroisse, qui m'eût répondu le chistera en main !...
Mais l'histoire de la pelote est assez vaste et assez variée pour que je sois assuré de les rencontrer encore, à quelqu'un de ses tournants.
Pour aujourd'hui, je veux finir cette promenade à Hasparren par une visite chez les espoirs.
VUE AERIENNE TRINQUET BERRIA HASPARREN PAYS BASQUE D'ANTAN |
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