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dimanche 6 octobre 2024

PERSPECTIVE D'ÉTAT DE SIÈGE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1850 (première partie)

PERSPECTIVE D'ÉTAT DE SIÈGE À BAYONNE EN 1850.


La ville de Bayonne compte 18 120 habitants en 1850, et est administrée par le Maire Joachim-Alexandre Dubrocq.



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MARCHE AUX GRAINS BAYONNE 1852
ALBUM 2 FRONTIERES DE BLANCHE HENNEBUTTE





Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Eclaireur des Pyrénées, le 17 mars 1850 :



"Bayonne. 16 Mars.

L'état de siège en perspective dans les Basses-Pyrénées.



Ni aujourd'hui, demain peut-être ; sinon la semaine prochaine, la semaine suivante sans doute ; mais, pour sûr l'autre ensuite... un jour enfin, à moins de malheur... ou de bonheur selon que vous l'entendrez.



Bayonnais et Basques, saluez ! Nous lisons dans le Moniteur de la réaction pyrénéenne que la 11e division dont Bayonne est le chef-lieu, vient d'être ajoutée au commandement militaire du général Castellanne dont le siège est à Bordeaux.




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PORTRAIT DU 2e MARQUIS DE CASTELLANE 1858



Bayonnais et Basques, remerciez le commissaire spécial de police Paccard, le sous-préfet Sers et le préfet Cambacérès. C'est à l'entente cordiale et à l'administration hiérarchique de ces agents si bien faits l'un pour l'autre, et les autres pour l'un, Cambacérès pour Sers, Sers pour Cambacérès et Sers et Cambacérès pour Paccard, que vous devez l'insigne honneur d'être mis sous la protection de l'épée dont la poignée est en Gironde.



Voici comment les choses se sont passées.



La Réaction pyrénéenne se lamentait de n'avoir pas été l'une des tranches de ce melon cantaloup qui s'appelle la France, et que l'on a découpée en 5 grandes divisions pour être servie sur la table d'un nombre égal de proconsuls militaires.



— Pourquoi, s'est-elle dit, cette exception blessante ? d'où vient l'obstacle ?



L'obstacle venait d'un homme et d'un fait.



L'homme s'appelait le général Harispe. Ayant commandé en chef, on ne pouvait décemment et hiérarchiquement le mettre sous les ordres d'un général divisionnaire qui n'avait jamais rien commandé qu'en sous-oeuvre, et en hors d'oeuvre.




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PORTRAIT DU MARECHAL HARISPE
PAR JEAN ANDRE RIXENS


Le fait s'appelait la tranquillité morale et matérielle du pays pyrénéen. On ne pouvait ni légalement, ni arbitrairement le mettre sans cause dans la catégorie des pays où les populations s'agitent et s'ameutent contre l'ordre, la propriété, la famille, la religion, etc., etc., etc.


— N'est-ce que cela, bon Dieu ! obstacles d'enfant.

Général Harispe, notre ami, glorieux serviteur ! vous êtes un peu vieux, un peu cassé, vous avez besoin de vous reposer sur vos lauriers, reposez-vous ! Laissez à d'autres le soin de bien mériter de la patrie. Vous consentez, n'est-ce pas ? nous vous en prions...



Le vieux général a bien fini par consentir.



Le général de division Joly a été envoyé à sa place !


Qu'est-ce que cela, le général Joly ? a dit la Réaction. Un général divisionnaire fait sous la République, qui aura gagné ses étoiles sur les champs de bataille de l'Afrique, aux Portes-de-Fer, à Isly peut-être ?... Non, non, il nous faut le caporal-général qui est à Bordeaux. Celui-là est un vieux de la vieille... monarchie ! il ne doit rien à la République, et il a gagné ses étoiles dans les champs de navets de Perpignan et les champs de betterave de Normandie. Il nous faut le grand Castellane, avec son grand sabre et son grand cheval et son grand plumet.



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BATAILLE D'ISLY 1846
Par Horace Vernet — L’Histoire par l’image [2], digital version produced by Agence photographique de la Réunion des musées nationaux [3]. Voir aussi Collections du château de Versailles, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6890802




— Patience, vous l'aurez, fabriquez-nous seulement le droit de vous le donner.


Voilà pour l'homme, 1er obstacle.


Voilà pour le fait, 2e obstacle.



Ah ! la mise des dans la perspective de l'état de siège général de la France, nous donne la clef de beaucoup d'énigmes, dont notre perspicacité avait eu de la peine à trouver le premier mot.



— Comment diable, nous disions-nous ? voilà les ciseaux si prudents, si cauteleux jadis de la rédaction de nos carrés de papier réactionnaires, qui se font bien tranchants, bien effilés ! Ils taillent en plein dans le Chenu, le de la Hodde, le Vaute, le Marchal, le Vidal, le Leymarie ! De bégayeurs de liberté, de démocratie et même un peu de République qu'ils étaient jadis, ils s'ouvrent tout grands pour découper et encastrer dans leurs colonnes les mots de lois exceptionnelles, de royaliste sauveur, de monarchie indispensable ! Ils vont même jusqu'à demander à la plume filandreuse de quelque président de robins, la justification et presque la glorification des gentillesses des Truphémy, des Trestaillons et autres défenseurs modérés de la royauté de 1815 ! Que peut-il donc y avoir là-dessous ?



Quand nous vîmes arriver l'arrêté préfectoral du 27 février, qui restreignait le colportage et le cri des journaux, nous ne comprîmes pas davantage ; et, faute de comprendre, nous nous imaginâmes que c'était une façon couarde de vexer les journaux démocratiques. Nous en demandons bien pardon, c'était de la fatuité de notre part... nous n'étions qu'un atome, qu'une goutte d'eau dans le torrent qui allait se précipiter sur Bayonne et sur le pays Basque, et lui faire entendre une autre musique.



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PLACE DU THEÂTRE BAYONNE 1852
ALBUM 2 FRONTIERES DE BLANCHE HENNEBUTTE



Enfin, quand arriva l'arrêté préfectoral avec approbation ministérielle, qui expulsait du territoire français notre administrateur et ami M. Castro, nous nous demandâmes très sérieusement quel diable d'intérêt le préfet Cambacérès avait eu à glisser dans un de ses considérants cette grosse déclaration, que le pays Basque était surexcité par des passions révolutionnaires ?



Franchement, nous ne comprîmes pas ; et la généralité du prétexte nous fit pitié pour l'individualité du but.



Oh ! nous comprenons aujourd'hui.



La Réaction avait besoin que le pays fût agité, troublé, surexcité, ameuté, c'est-à-dire qu'il fût proclamé tel pour avoir son Castellane et devenir une tranche du fameux melon cantaloup. Il fallait qu'à un moment donné, prévu, qui ne pouvait tarder, et que la Réaction sentait venir, l'épée de l'état de siège pût être étendue sur le point extrême du territoire pyrénéen, où se trouve avec une presse démocratique, audacieuse, énergique, une population intrépide, prête à faire de ses montagnes un boulevard pour la République.


— Allons préfet, aura dit le ministre, livrez-nous ce pays-là, dans un bon rapport... sinon !

— Allons sous-préfet, aura dit le préfet, livrez-nous ce pays-là, dans un bon rapport... sinon !

— Allons s'est dit à lui-même le commissaire spécial de police : livrons leur ce pays-là, dans un bon rapport... sinon !



Et le rapport demandé aura été confectionné... et servi chaud.



Le commissaire Paccard aura écrit au sous-préfet Sers : "Le pays Basque est surexcité par des passions révolutionnaires."



A suivre...



(Source : Wikipédia)







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