SPORTS À BILBAO EN 1950.
Dans les années 1950, le Pays Basque Sud, et en particulier la Biscaye, est une terre de sportifs.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Paris Presse L'Intransigeant, le 15 septembre 1950 :
"Records à Bilbao où l'on veut préparer une équipe d'Espagne pour le "Tour 51".
Bilbao.
(De notre envoyé spécial).
Dans Bilbao, ville de 250 000 habitants, la plus industrielle d'Espagne, largement pavoisée, hier, à l'occasion de l'entrée du premier évêque — Mgr Morcillo devant y résider (car Bilbao comme Saint-Sébastien dépendaient, jusqu'ici, de l'évêché de Victoria) — il est surtout question de football.
L'Athletic, champion d'Espagne 1950 et, pour les Espagnols, le vainqueur de la Coupe est considéré comme le seul et vrai champion ; il recevait, pour ses débuts en Championnat, l'Atlético de Madrid, avec ses Ben Barek et Domingo.
ATHLETIC DE BILBAO MAI 1950 VAINQUEUR DE LA COUPE D'ESPAGNE |
— Vous savez comment on désigne ici les deux Atleticos ? Le nombre est l'Atletico B, c'est-à-dire l'Atletico Bon ; celui de Madrid est l'Atletico M, c'est-à-dire l'Atletico Mauvais.
Le football roi.
L'Athletic de Bilbao s'est toujours placé au sommet de la première division depuis sa fondation en 1898 et c'est la seule équipe qui ait gagné en toute propriété trois Coupes d'Espagne trois fois consécutives (Coupe Alphonse-XIII 1914, 1915, 1916, Coupe nationale 1930, 1931, 1932, Coupe Franco 1943, 1944, 1945), ce qui constitue un véritable record.
C'est aussi l'unique équipe gagnante en toute propriété du premier Trophée de la Ligue, vainqueur simultanément de la Ligue et de la Coupe, trois fois : en 1930, 1931 et 1945. Elle a participé vingt-trois fois à la finale de la Coupe d'Espagne.
Qui peut dire mieux dans n'importe quel pays au monde ?
Son terrain de Saint-Mamès, au coeur même de la ville et qui peut accueillir trente-cinq mille spectateurs, est en instance d'agrandissement pour en recevoir cinquante mille.
SAN MAMES BILBAO 1950 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le football est roi à Bilbao, où l'on se montre fier de posséder une équipe 100 p. 100 basque, pépinière, hier comme aujourd'hui, de l'équipe nationale. Gainza, l'ailier gauche ; Zarra, l'avant centre ; Panizo, intérieur gauche, ne furent-ils pas la base de l'équipe espagnole dans la Coupe du Monde, au Brésil ? Nando, demi volant gauche, qui opéra également au Brésil, et Lezana, gardien de but, figurent aussi au rang des "nationaux" opérant à Bilbao.
AFFICHE COUPE DU MONDE BRESIL 1950 |
Record du monde.
Bilbao vient d'avoir son record du monde mais ni en athlétisme, ni en natation, ni en cyclisme ; mais... en hippisme. En effet, le cheval Balsamo, monté par le colonel Nogueras, a battu de plusieurs centimètres le record mondial en franchissant 8 m. 20 en longueur. Un peu mieux que Jess Owens. Il est à remarquer, d'ailleurs, que le cheval précède de peu — mais assez nettement — l'athlète humain dans les sauts en hauteur et en longueur... sans tremplin, évidemment.
Si la Biscaye et sa capitale ne réalisent que peu d'exploits valables sur le plan international aussi bien en natation, qu'en athlétisme, qu'en boxe, qu'en aviron où seules les courses de croisières obtiennent un grand succès, la pelote basque est très prisée. Les meilleurs joueurs professionnels du monde à part Bégonès V, le plus jeune d'une dynastie de pelotaris, Aguirrebengoa, Baracaldo II, Ituarte, Ermua, remplissent les frontons à chacune de leurs sorties.
— Hélas, je ne puis trouver aucun super as pour envoyer à la Havane ou à Mexico en "sesta punta", le jeu le plus spectaculaire, me disait le représentant en Espagne des frontons d'outre-Atlantique, Eloy Gastamendi, d'Irun, car aucun ne possède la virtuosité suffisante. Et cela tient au fait que les professionnels à chistera ne gagnent plus leur vie en Espagne, les recettes et les cachets par contrecoup ayant diminué.
Le cyclisme en déclin.
Mais le pays basque espagnol, pépinière autrefois de grimpeurs, champ de bataille international sur ses routes de Biscaye, de Guipuzcoa, d'Alava, de Navarre, avec une incursion en France, au cours de la Vuelta, qui partait de Bilbao et y revenait, ne vit plus que dans le souvenir des exploits des Frantz, des Leducq, des Verwaecke et tant d'autres routiers. La "Gazetta del Norte", rétablit un temps le Circuit du Nord, mais aujourd'hui tout est à refaire en cyclisme dans ce beau pays.
AFFICHE TOUR CYCLISTE D'ESPAGNE 1950 |
Deux causes à ce déclin, momentané, j'en suis sûr, du cyclisme espagnol. Absence de dirigeants cyclistes dynamiques et bien soutenus, et désintéressement à peu près total des grandes marques nationales pour les compétitions importantes.
Il y a bien quelques dévoués de ci de là, M. Dorriga, par exemple, mais ils ne trouvent pas sur le plan commercial l'appui sur lequel ils devaient compter. En ce qui concerne les marques de cycles, elles ne font aucun effort, parce qu'elles travaillent au plein et ne peuvent augmenter leur production, elles jugent inutile d'intensifier leur propagande.
J'ai trouvé pourtant à Bilbao un journaliste spécialisé ayant l'autorité et la compétence nécessaires, décidé à réaliser quelques grands projets. C'est M. Uhieta, rédacteur à la "Gazetta del Norte", qui suivit le Tour de France l'an dernier.
Une grande épreuve et la préparation du Tour de France.
— J'ai l'intention, me disait-il ces jours derniers, d'organiser entre le Tour d'Italie et le Tour de France, une grande épreuve en huit étapes de 200 kilomètres chacune rayonnant autour de Bilbao. Je solliciterai l'engagement des meilleurs Italiens, Français et Belges, tels que Coppi, Bobet, Schotte, Van Stenberggen, par exemple. Cela dans le but de frapper un grand coup et de relancer le cyclisme dans le nord de l'Espagne.
CARTE TOUR DE FRANCE 1950 |
M. Uhieta nourrit également un autre projet :
— Je demanderai à M. Jacques Goddet d'inscrire une équipe de six hommes dans le prochain Tour de France. En lui donnant naturellement toutes les garanties nécessaires. Dès la fin de cette saison, je commencerai à faire préparer quelques jeunes coureurs espagnols en vue de la grande épreuve française. Et au début de 1951, nous opérerons une première sélection.
Dalmacio Langarra est, pour l'instant, le meilleur coureur ; avec lui Langarica et Bernardo Ruiz veulent venger leur échec de 1949 et mettront tout en oeuvre pour se réhabiliter sur nos routes. D'autres jeunes les soutiendront avec des qualités indéniables de grimpeurs.
COUREUR CYCLISTE DALMACIO LANGARRA 1949 |
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