Libellés

samedi 28 décembre 2024

28 DÉCEMBRE 1937 : MORT DE MAURICE RAVEL MUSICIEN BASQUE



MAURICE RAVEL MUSICIEN BASQUE.


Joseph Maurice Ravel est un compositeur Basque né à Ciboure (Basses-Pyrénées) le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
MAURICE RAVEL


Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de la mort de Maurice Ravel, en 2017, en 2019 en 

2020, en 2021, en 2022, et en 2023



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Echo de Paris, le 29 décembre 1937 :



"Maurice Ravel par Adolphe Boschot, de l'Institut.



Il faut saluer, avec émotion et reconnaissance, ce musicien qui vient de nous quitter. Depuis quelque 30 ans, il tenait une place de premier rang de la musique française : son nom et son oeuvre s'étaient conquis une éclatante, une légitime célébrité, qui s'était répandue, peu à peu mais sûrement, bien au delà de nos frontières.



Il était né, en 1875, dans les Basses-Pyrénées, sur la Côte basque. Les voyageurs, les baigneurs qui s'arrêtent à Saint-Jean-de-Luz, ne sont pas sans franchir le pont qui traverse le petit port et la gentille rivière appelée la Nivelle. Sur la rive gauche, s'étend une ligne de maisons irrégulières et pittoresques, dont les toits brillent au soleil, sous les verdures ondulantes d'un coteau couvert d'arbres. Une des maisons attire le regard par sa façade insolite. Elle est dominée par un fronton incurvé qui fait songer à certaines toitures hollandaises. C'est là, dans cette maison de Ciboure, que naquit Maurice Ravel.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
MAISON DE MAURICE RAVEL CIBOURE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dès l'enfance, il vient à Paris. Au Conservatoire, il suit la filière des classes de piano, d'harmonie et de composition : en 1901, il remporte un second prix de Rome.



Il ne va point tarder à prouver une maîtrise bien précoce : en 1903, il donne son remarquable Quatuor à cordes. Ainsi, à 28 ans, il s'affirmait comme l'un des jeunes musiciens dont on pouvait attendre le plus. D'ailleurs, d'autres compositions, contemporaines du Quatuor ou même antérieures de quelques années, comme la Pavane pour une infante défunte, étaient déjà beaucoup plus que des promesses.



En 1905, alors que Ravel atteignait la limite d'âge pour le concours de Rome, il ne fut même pas admis à monter en loge. Cet étonnant jugement provoqua une violente campagne de presse. On pourrait, encore aujourd'hui, épiloguer à son propos. Mais la seule conclusion serait sans doute la reconnaissance d'une vérité aussi évidente que banale. On constaterait que tous les jugements humains, et en particulier dans le domaine des arts, sont sujets à l'erreur. Le temps les confirme ou les casse. Une telle relativité, instable, changeante, où le caprice et la mode jouent un rôle inévitable et puissant, offre toutefois un double avantage : elle donne à ceux qui échouent l'espoir d'une revanche ; elle engage ceux qui jugent à garder de la modestie et de la bienveillance.



Maurice Ravel ne fut pas découragé par un échec, qui d'ailleurs le mettait en lumière. Ce Basque nerveux, maigre et souple comme un champion sportif, avec un regard perçant dans un visage aigu, avait la volonté la mieux trempée, l'intelligence la plus lucide, et une parfaite conscience de ses dons personnels, de sa force créatrice et même de ses limites. Peu de musiciens se montrèrent plus ingénieux que lui et plus avisés dans la culture et dans l'emploi de leur talent : sa musique, d'un art médité, minutieux, affirme cette netteté de la vision sur soi-même.



Faut-il rappeler ici, brièvement, les titres les plus célèbres d'une abondante production ? Pour le piano, Jeux d'eau, Miroirs (dont Une Barque sur l'Océan et l'Alborado del graciozo furent ensuite orchestrés par l'auteur), Gaspard de la Nuit, Les valses nobles et sentimentales, sans oublier un Concerto, révélé par l'admirable Marguerite Long, et un autre Concerto pour la main gauche seule... Ecrite d'abord pour le piano à quatre mains, Ma Mère l'Oye, transportée à l'orchestre et convertie en ballet, fut donnée au Théâtre des Arts par M. Jacques Rouché ; elle continue d'être applaudie dans les concerts symphoniques.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
MA MERE L'OYE
MAURICE RAVEL



Pour la voix, soit avec piano soit avec orchestre, il faut au moins citer Histoires naturelles, sur des paroles de Jules Renard, Trois poèmes de Mallarmé, Chansons Madécasses, Shéhérazade...



Au théâtre, tous les amateurs ont apprécié L'Heure espagnole, comédie musicale sur les exquises paroles de Franc-Nohain, L'Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique sur le subtil et charmant scénario de Mme Colette, — et l'imposante et puissante "symphonie chorégraphique" Daphnis et Chloé, moderne évocation de l'antique pastorale de Longus, jadis traduite par Amyot et revue par Paul Louis Courier.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
DAPHNIS ET CHLOE
MAURICE RAVEL



Au moment où un tel musicien est touché par la mort, il n'est guère séant de rappeler les discussions qui se sont élevées autour de ses oeuvres, et qui ont recommencé, par exemple, lorsqu'il donna La Valse ou Le Boléro. Chose inévitable, chacun des auditeurs apprécie toute oeuvre d'art selon ses propres habitudes et ses aspirations les plus personnelles. Or, elles sont impérieuses et condamnent à une partialité fatale.



pays basque autrefois musicien boléro ciboure
LE BOLERO
MAURICE RAVEL



Si l'on évite les exagérations, soit dithyrambes, soit dénigrements, sans doute peut-on prendre de Maurice Ravel une vue qui a quelque chance d'être exacte et de n'être pas contredite à trop brève échéance.



La musique contemporaine évolue avec une rapidité, une brusquerie, une allure incertaine et zigzagante, qui sont l'effet de notre désarroi d'après-guerre. Sans être pessimistes, on constate que diminue le nombre des esprits cultivés, ayant à la fois de la fermeté et de la souplesse, conservant le haut et bienfaisant souvenir des grandes oeuvres consacrées par le temps, ce qui n'empêche pas de rester ouvert et bienveillant aux oeuvres nouvelles. De tels esprits considèrent volontiers, soit dans la littérature ou dans les arts, ce qu'on peut appeler le fonds et la forme, ou encore l'idée et le style ; — en musique, on peut dire l'expression et la beauté. Or, que pensait-on de ces qualités primordiales et le plus souvent solidaires, au moment où se forma le talent de Maurice Ravel ?



Peu après 1900, c'est-à-dire quand il avait de 25 à 30 ans et composait déjà son Quatuor à cordes, les cénacles de jeunes musiciens se détachaient du wagnérisme et des théories édifiées par les disciples de César Franck. Ils désiraient autre chose que le lyrisme théâtral et véhément de Bayreuth, autre chose que les lourdes et imposantes constructions où semblait aboutir l'enseignement de la Schola. Ils étaient attirés par l'orchestre chatoyant des Russes, par l'impressionisme de Debussy, par la subtile élégance de Fauré, par l'inventive et spirituelle fantaisie d'Emmanuel Chabrier. Telles sont les principales influences dont se pénétra le jeune Maurice Ravel.



Sans doute faut-il en ajouter deux autres, qu'on s'étonnera de voir rapprocher, car elles sont plutôt contradictoires. D'une part, c'est un étrange "bohème" de la musique, un fantasque, un réfractaire (dont on fit plus tard un bien cocasse chef d'école), mais qui agit sur Ravel bien moins par ses oeuvres qui comptent peu, que par ses propos d'esthète frondeur, libertaire et "en marge". Ce narquois négateur de ce qui est classé ou poncif, était Erik Satie. D'autre part, voici l'antidote, dont on parle peu, et qui n'est autre que Saint-Saëns. On peut être surpris de voir ici un tel nom. Mais il ne faut pas oublier que Ravel était l'élève de Gabriel Fauré, et que celui-ci, jadis élève de Saint-Saëns, lui doit beaucoup plus qu'on ne le dit. D'ailleurs, la précision et la sûreté du style (et un peu la sécheresse), la savante sobriété ou le non-empâtement de l'instrumentation, révèlent plus d'une affinité profonde entre Saint-Saëns et Maurice Ravel.



Ainsi orienté dès sa jeunesse, et par lui-même et par les circonstances, il produisit exactement, sans hésitation ni erreur, l'oeuvre qui était conforme à sa propre nature. Aucun débordement de lyrisme ; peu de mouvements de sensibilité ; mais un très vif, un piquant et nerveux agrément, grâce à un style précis, élégant, alerte et lumineux, — grâce à une construction ramassée et parfaitement équilibrée, grâce à un subtil et impeccable dosage de la sonorité orchestrale. Toute son oeuvre est pénétrée de l'esprit le plus lucide et le plus maître de lui-même.



Maurice Ravel mérite une place de choix dans le souvenir de tous ceux qui aiment la musique. Plus d'une de ses pages retiendra longtemps leur admiration. Et son influence fut des plus heureuses. Alors que des aventures tapageuses risquaient d'égarer le goût du public, cet artiste accompli, parfois en coquetterie avec les modes du jour, rappelait du moins, grâce à ses réussites séduisantes, qu'il y a un style musical, et que la musique, tout en évoluant, doit toujours rester de la musique."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 000 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire