MAURICE RAVEL MUSICIEN BASQUE.
Joseph Maurice Ravel est un compositeur Basque né à Ciboure (Basses-Pyrénées) le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.
Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de la mort de Maurice Ravel, en 2017, en 2019, en
2020, en 2021, en 2022, et en 2023.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Echo de Paris, le 29 décembre 1937 :
"Maurice Ravel par Adolphe Boschot, de l'Institut.
Il faut saluer, avec émotion et reconnaissance, ce musicien qui vient de nous quitter. Depuis quelque 30 ans, il tenait une place de premier rang de la musique française : son nom et son oeuvre s'étaient conquis une éclatante, une légitime célébrité, qui s'était répandue, peu à peu mais sûrement, bien au delà de nos frontières.
Il était né, en 1875, dans les Basses-Pyrénées, sur la Côte basque. Les voyageurs, les baigneurs qui s'arrêtent à Saint-Jean-de-Luz, ne sont pas sans franchir le pont qui traverse le petit port et la gentille rivière appelée la Nivelle. Sur la rive gauche, s'étend une ligne de maisons irrégulières et pittoresques, dont les toits brillent au soleil, sous les verdures ondulantes d'un coteau couvert d'arbres. Une des maisons attire le regard par sa façade insolite. Elle est dominée par un fronton incurvé qui fait songer à certaines toitures hollandaises. C'est là, dans cette maison de Ciboure, que naquit Maurice Ravel.
MAISON DE MAURICE RAVEL CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dès l'enfance, il vient à Paris. Au Conservatoire, il suit la filière des classes de piano, d'harmonie et de composition : en 1901, il remporte un second prix de Rome.
Il ne va point tarder à prouver une maîtrise bien précoce : en 1903, il donne son remarquable Quatuor à cordes. Ainsi, à 28 ans, il s'affirmait comme l'un des jeunes musiciens dont on pouvait attendre le plus. D'ailleurs, d'autres compositions, contemporaines du Quatuor ou même antérieures de quelques années, comme la Pavane pour une infante défunte, étaient déjà beaucoup plus que des promesses.
En 1905, alors que Ravel atteignait la limite d'âge pour le concours de Rome, il ne fut même pas admis à monter en loge. Cet étonnant jugement provoqua une violente campagne de presse. On pourrait, encore aujourd'hui, épiloguer à son propos. Mais la seule conclusion serait sans doute la reconnaissance d'une vérité aussi évidente que banale. On constaterait que tous les jugements humains, et en particulier dans le domaine des arts, sont sujets à l'erreur. Le temps les confirme ou les casse. Une telle relativité, instable, changeante, où le caprice et la mode jouent un rôle inévitable et puissant, offre toutefois un double avantage : elle donne à ceux qui échouent l'espoir d'une revanche ; elle engage ceux qui jugent à garder de la modestie et de la bienveillance.
Maurice Ravel ne fut pas découragé par un échec, qui d'ailleurs le mettait en lumière. Ce Basque nerveux, maigre et souple comme un champion sportif, avec un regard perçant dans un visage aigu, avait la volonté la mieux trempée, l'intelligence la plus lucide, et une parfaite conscience de ses dons personnels, de sa force créatrice et même de ses limites. Peu de musiciens se montrèrent plus ingénieux que lui et plus avisés dans la culture et dans l'emploi de leur talent : sa musique, d'un art médité, minutieux, affirme cette netteté de la vision sur soi-même.
Faut-il rappeler ici, brièvement, les titres les plus célèbres d'une abondante production ? Pour le piano, Jeux d'eau, Miroirs (dont Une Barque sur l'Océan et l'Alborado del graciozo furent ensuite orchestrés par l'auteur), Gaspard de la Nuit, Les valses nobles et sentimentales, sans oublier un Concerto, révélé par l'admirable Marguerite Long, et un autre Concerto pour la main gauche seule... Ecrite d'abord pour le piano à quatre mains, Ma Mère l'Oye, transportée à l'orchestre et convertie en ballet, fut donnée au Théâtre des Arts par M. Jacques Rouché ; elle continue d'être applaudie dans les concerts symphoniques.
Pour la voix, soit avec piano soit avec orchestre, il faut au moins citer Histoires naturelles, sur des paroles de Jules Renard, Trois poèmes de Mallarmé, Chansons Madécasses, Shéhérazade...
Au théâtre, tous les amateurs ont apprécié L'Heure espagnole, comédie musicale sur les exquises paroles de Franc-Nohain, — L'Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique sur le subtil et charmant scénario de Mme Colette, — et l'imposante et puissante "symphonie chorégraphique" Daphnis et Chloé, moderne évocation de l'antique pastorale de Longus, jadis traduite par Amyot et revue par Paul Louis Courier.
DAPHNIS ET CHLOE MAURICE RAVEL |
Au moment où un tel musicien est touché par la mort, il n'est guère séant de rappeler les discussions qui se sont élevées autour de ses oeuvres, et qui ont recommencé, par exemple, lorsqu'il donna La Valse ou Le Boléro. Chose inévitable, chacun des auditeurs apprécie toute oeuvre d'art selon ses propres habitudes et ses aspirations les plus personnelles. Or, elles sont impérieuses et condamnent à une partialité fatale.
LE BOLERO MAURICE RAVEL |
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