LES USAGES MORTUAIRES À SARE AUTREFOIS.
La mort est un événement important dans les rituels du Pays Basque d'Antan.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée Basque N° 3-4 en 1927, sous la plume de A.
Arçuby :
"Usages mortuaires à Sare et quelques souvenirs d'usages aujourd'hui disparus.
... A l'église, l'assistance est disposée uniformément : les hommes en cape, à la première galerie et au milieu, les femmes devant le corps, un grand tapis noir étendu sous les chaises. Les familles aisées rétribuent et munissent chacun d'un cierge, douze ou vingt-quatre enfants (suivant leur rang) qui assistent à la levée du corps, suivent la croix et se tiennent ensuite, durant les obsèques, aux côtés du cercueil. A l'offertoire de la messe, les personnes qui n'ont aucun titre à offrir une messe pour le défunt et qui veulent cependant participer aux suffrages, viennent faire l'offrande (1 franc habituellement) entre les mains du prêtre qui présente une croix à baiser. De la masse des offrandes on constitue des honoraires de messe. Pour cela, les hommes descendent gravement d'une galerie pour remonter de l'autre côté, comme pour la communion. Les femmes font de même d'un côté à l'autre de la nef. Pendant l'enterrement, les hommes suivent le cercueil jusqu'au heu de la sépulture ; les femmes ferment le cortège (le deuil au dernier rang). Puis tous défilent devant la sépulture pour aller se ranger ensuite dans la rue qui donne vers le quartier auquel appartient la maison du défunt. On y prie un instant en silence, puis le cortège se disloque.
DEPART POUR L'ENTERREMENT DE JACQUES LE TANNEUR PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les étrangers et les proches parents sont souvent invités par la famille à un repas qui se termine par une prière pour le défunt. C'est quelquefois une simple collation qui se donne soit au domicile du défunt, soit dans la maison qui a servi de relais aux "bordatars".
Jadis, le devoir de la prière pour les défunts était rappelé par la pratique suivante : après la cérémonie des funérailles, les dépouilles de maïs ("lastaira") qui entraient dans la composition de la couchette du défunt, étaient brûlées sur le carrefour le plus proche de la maison mortuaire. Les passants qui en comprenaient la signification s'arrêtaient pour adresser une prière à la mémoire du disparu.
Jusqu'à ces dernières années une messe de neuvaine était dite la semaine après le décès : dans ce cas, l'offrande, la prière sur la rue que présidait alors le prêtre, le repas des funérailles, avaient lieu seulement ce jour-là, les assistants aux obsèques revenant encore pour la neuvaine.
PAYSAN DE SARE EN DEUIL 1927 DESSIN DE P GARMENDIA BMB 3-4 1927 |
IV. L'Année qui suit le décès.
Il est de règle que la famille et les proches assistent à la messe quotidienne, les neuf jours qui suivent le décès. La place réservée à chaque famille est alors occupée à l'église et les parents se groupent sur une double ligne. Cette place est marquée par le tapis funéraire aux initiales de la famille et par les lumières.
Celles-ci sont de grands chandeliers à souches ou des rouleaux de cire (sans panier). Cette place sera occupée et les cierges allumés à la messe quotidienne, durant treize mois, soit par un membre de la famille, soit, plus souvent, par une personne pieuse rétribuée dans ce but : c'est l'office de "elizatheia". Les cierges, tapis, livres et autres objets d'église, sont renfermés après usage, dans l'un des petits bahuts que chaque famille possède et qui sont empilés sur les côtés de la nef. La personne chargée d'"elizatheia" en prend soin et renouvelle la provision de cire pour le compte de la famille. Jadis, le prêtre venait, le premier jour de la neuvaine, bénir les cierges qui devaient être allumés à cette place, au cours de l'année.
S'il se trouve un dimanche ou une fête entre le décès et les funérailles, c'est le curé de la paroisse qui annonce ces dernières (avec ou sans "gizon ahukua").
La liste des messes offertes pour le défunt est publiée au prône du dimanche qui suit les obsèques. Pendant cette publication, les femmes, qui continuent à porter la "caputch" toute l'année, baissent le voile sur leur visage. Hommes et femmes s'abstiennent, en signe de deuil, de se lever pour l'Evangile de la messe. A la fin de la publication, le curé annonce le montant du "lachada" offert par la famille. Le "lachada" était, à l'origine, un droit perçu sur la concession de la place pour la sépulture au cimetière. Après la Séparation, il continua à être payé sous la forme d'un don qui est destiné à la Fabrique et au casuel du clergé.
FEMME DE SARE AVEC "CAPUTCHA" DESSIN DE P GARMENDIA BMB N°4 1927 |
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