NUIT DE NOËL 1939 AU PAYS BASQUE.
La tradition de Noël, au Pays Basque, a toujours été importante, et en particulier les messes, celles de minuit et/ou celle du jour de Noël.
Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 26
décembre 1939 :
"La Noël de 1939.
Il a plu pendant presque toute la journée de dimanche. A la nuit tombante, les trottoirs étaient gras et, sur la chaussée mouillée, l'éclairage des vitrines allongeait de longues traînées lumineuses. Puis, le temps s'est rasséréné ; le ciel s'est tendu d'un voile bleu-gris que la lune éclairait par derrière et qui laissait tomber sur la ville une lumière tamisée infiniment douce. Froid vif mais sec ; pas de vent ; la nuit de Noël a voulu faire un brin de toilette pour le moment où sonnera l'heure sainte.
Dans le vieux clocher, qui en a tant vu passer de Noëls, les cloches se font mutuellement de graves révérences, et leur voix vibre sur la ville. Depuis vingt-deux heures, par groupes noirs dans les rues sombres, les fidèles gagnent l'église. Les chants liturgiques célèbrent Celui qui va venir, cependant que la nef et les galeries s'emplissent. Elles seront combles quand minuit sonnera.
NOËL 1939 |
C'est qu'en effet, il y a là tout le St-Jean-de-Luz luzien, si j'ose dire ; et aussi tout le St-jean-de-Luz accidentel, formé par tant de Parisiens, d'Alsaciens, de Français venus pour la guerre, de tous les points de la France ; et encore, bien des Bayonnais que l'absence de messe de minuit dans leur paroisse a incités à venir l'entendre ici. Il y a même parmi eux des fidèles de marque qui, humblement, se sont mêlés à la foule.
Le moment grave que nous vivons a mis son empreinte sur l'office, cette année. Il flotte dans l'église comme une brise ténue qui viendrait de ces lointains où la jeunesse veille les armes à la main, et prie d'ailleurs, comme nous, à cette heure. Et puis, dans le choeur même de l'église, voici un marin de la flotte de guerre, qui chante matines et auquel un sacristain dit : "Oui, M. l'abbé". Et, le long des galeries, un ecclésiastique en surplis qui a été salué par un permissionnaire d'un sonore : "Bonsoir, mon adjudant". Et voici, par-ci, par-là, des uniformes de toutes armes, de tous corps, de tous grades, des képis et des bonnets de police qui semblent les délégués de ceux qui n'ont pu venir.
Minuit. La messe commence et étale ses pompes avec une ampleur, une dignité et un recueillement magnifiques. Il existe peu d'églises en France où l'on puisse, comme à cette messe de minuit de St-Jean-de-Luz, comprendre la signification de ces mots : la majesté du Lieu saint. Mais ici, oui.
A la sortie, la foule obscure s'écoule par les fossés d'ombre que sont les rues. Chacun regagne sa demeure. Peu à peu, entre les lamelles des persiennes, de minces filets de lumière s'allument. On réveillonne, cette nuit, en famille, sagement."
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HÔTELS MIRAMAR ET DU PALAIS BIARRITZ 1938 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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