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mardi 24 décembre 2024

LA NUIT DE NOËL 1939 AU PAYS BASQUE

NUIT DE NOËL 1939 AU PAYS BASQUE.




La tradition de Noël, au Pays Basque, a toujours été importante, et en particulier les messes, celles de minuit et/ou  celle du jour de Noël.



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NOËL 1939




Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 26 

décembre 1939 :



"La Noël de 1939.



Il a plu pendant presque toute la journée de dimanche. A la nuit tombante, les trottoirs étaient gras et, sur la chaussée mouillée, l'éclairage des vitrines allongeait de longues traînées lumineuses. Puis, le temps s'est rasséréné ; le ciel s'est tendu d'un voile bleu-gris que la lune éclairait par derrière et qui laissait tomber sur la ville une lumière tamisée infiniment douce. Froid vif mais sec ; pas de vent ; la nuit de Noël a voulu faire un brin de toilette pour le moment où sonnera l'heure sainte.



Dans le vieux clocher, qui en a tant vu passer de Noëls, les cloches se font mutuellement de graves révérences, et leur voix vibre sur la ville. Depuis vingt-deux heures, par groupes noirs dans les rues sombres, les fidèles gagnent l'église. Les chants liturgiques célèbrent Celui qui va venir, cependant que la nef et les galeries s'emplissent. Elles seront combles quand minuit sonnera.



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NOËL 1939



C'est qu'en effet, il y a là tout le St-Jean-de-Luz luzien, si j'ose dire ; et aussi tout le St-jean-de-Luz accidentel, formé par tant de Parisiens, d'Alsaciens, de Français venus pour la guerre, de tous les points de la France ; et encore, bien des Bayonnais que l'absence de messe de minuit dans leur paroisse a incités à venir l'entendre ici. Il y a même parmi eux des fidèles de marque qui, humblement, se sont mêlés à la foule.



Le moment grave que nous vivons a mis son empreinte sur l'office, cette année. Il flotte dans l'église comme une brise ténue qui viendrait de ces lointains où la jeunesse veille les armes à la main, et prie d'ailleurs, comme nous, à cette heure. Et puis, dans le choeur même de l'église, voici un marin de la flotte de guerre, qui chante matines et auquel un sacristain dit : "Oui, M. l'abbé". Et, le long des galeries, un ecclésiastique en surplis qui a été salué par un permissionnaire d'un sonore : "Bonsoir, mon adjudant". Et voici, par-ci, par-là, des uniformes de toutes armes, de tous corps, de tous grades, des képis et des bonnets de police qui semblent les délégués de ceux qui n'ont pu venir.



Minuit. La messe commence et étale ses pompes avec une ampleur, une dignité et un recueillement magnifiques. Il existe peu d'églises en France où l'on puisse, comme à cette messe de minuit de St-Jean-de-Luz, comprendre la signification de ces mots : la majesté du Lieu saint. Mais ici, oui.



A la sortie, la foule obscure s'écoule par les fossés d'ombre que sont les rues. Chacun regagne sa demeure. Peu à peu, entre les lamelles des persiennes, de minces filets de lumière s'allument. On réveillonne, cette nuit, en famille, sagement."




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NOËL 1939


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HÔTELS MIRAMAR ET DU PALAIS BIARRITZ 1938
PAYS BASQUE D'ANTAN




Nuit de Noël au Palais à Biarritz.

Le grand dîner où selon une très jeune tradition, le pauvre eut sa part.



Fidèle à la tradition, noblesse oblige, le Palais avait tenu à organiser, avec le soin qui préside à tout ce qui s'y fait, un dîner réveillon de Noël.



Tout à cette soirée fût bon goût, élégance, et jusques à la part du pauvre, vieille tradition française remontant au Moyen-âge, qui ne fut pas oubliée, puisque une partie de la recette de ce dîner allait aux oeuvres charitables de Biarritz. Bien entendu, il y avait l'arbre de Noël planté dans l'entrée, l'arbre de Noël féérique qui nous reporte toujours un peu à nos émotions enfantines.



La belle salle en rotonde du Palais, témoin de fêtes dont le souvenir, même en ces temps graves, ne peut être tout à fait chassé, était décorée de hauts palmiers, (sapin, palmiers... on pensait à ce poème où Henri Heine fait dialoguer l'arbre du Nord et l'arbre du Sud), des étoffes tendues réduisaient les dimensions de la salle en lui donnant plus d'intimité et la mettant en règle avec les exigences de la défense passive.


Le seul regret au point de vue de la tradition qu'aurait pu causer un dîner tel que celui qui fut servi dimanche soir au Palais, c'est que le chef des cuisines n'ait pas été appelé à comparaître au milieu de l'assemblée pour y recevoir des félicitations méritées. C'est un artiste, et un artiste de classe, que le maître-queux du Palais, Grimaud de la Reynière ne nous aurait pas contredit.




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PORTRAIT DE GRIMOD DE LA REYNIERE
PAR BOILLY



La partie artistiquement dite, nous insistons, certains ne considérant pas, à tort, la cuisine comme un art, composait un joli programme avec les noms de jeunes filles de la société espagnole : Mlles Maria-Teresa et Josefina Attaro qui vinrent gracieusement donner leur concours à cette soirée. L'une dansa, l'autre chanta. Elles charmèrent. Mlle Odette Moulin, toute blonde, toute fraiche, toute rose, telle une bergère de Boucher, chanta avec une voix ravissante, plusieurs chansons, qui lui valurent un vif succès.



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CHANTEUSE ODETTE MOULIN 1932 
BNF GALLICA



Nous avons réservé pour la fin, avec tous les éloges, tous les applaudissements qu'elle mérite, Térésina. Nous la vîmes, souvent à Biarritz, où elle compte tant d'admirateurs. L'éloge de Térésina n'est plus à faire, c'est une des plus artistes, des plus intelligentes, parmi les grandes danseuses espagnoles qui se partagent la place de l'inoubliable Argentina. Térésina dansa deux danses, dont cette fameuse Jota aragonaise, par laquelle elle termine habituellement ses récitals et qui lui vaut des triomphes.



L'orchestre Cortès, que l'on peut entendre chaque jour aux thés et aux dîners du Palais, joua pendant toute la soirée. Il est excellent ; il inciterait à danser un paralytique ; il incite un peu moins à la conversation ; mais voilà, il ne faut pas trop mélanger les agréments, chacun en son temps."








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