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lundi 30 décembre 2024

LE "SABOTAGE" DU RAVITAILLEMENT DE BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1918 (première partie)

LE "SABOTAGE" DU RAVITAILLEMENT DE BIARRITZ EN 1918.


Après la fin de la Première Guerre mondiale, des difficultés de ravitaillement existent au Pays Basque Nord, et en particulier à Biarritz.




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CASINO BELLEVUE ET GRAND HÔTEL BIARRITZ 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luz, le 3 décembre 1918 :



"Le sabotage du ravitaillement de Biarritz.



I. 

Nous avons été, depuis le début de la guerre, témoin de l'effort constant et ardu auquel une Administration municipale consciencieuse a dû s'astreindre pour faire face aux difficultés toujours nouvelles créées par l'état de guerre et ses conséquences.



Nous avons vu le sénateur-maire de Biarritz, privé par la mobilisation de ses deux adjoints, du secrétaire en chef et de la plupart des fonctionnaires municipaux au courant des services, accomplir, avec le concours de quelques collègues ou amis, tels que M. Garay, le tour de force d'assurer la bonne marche des affaires courantes, de créer tous les nouveaux services nécessités par les circonstances, de tenir à jour la vaste correspondance d'une cité de 20 000 âmes, de recevoir avec bienveillance une multitude de visiteurs, de lutter contre toutes les difficultés du ravitaillement.



Une telle tâche, si absorbante et pénible qu'elle pût être, fut acceptée et accomplie comme un devoir patriotique : mais malheureusement, comme si cette tâche ne suffisait pas, les plus durs efforts durent être employés — doivent l'être encore — à lutter contre des injustices dont Biarritz est la victime, injustices si constamment répétées qu'elles semblent constituer une véritable tentative de sabotage contre notre population.



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L'ATALAYE A VOL D'OISEAU BIARRITZ 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN



Or, nous l'avons souvent répété, au cours des campagnes entreprises par la "Gazette" pour réclamer d'équitables répartitions, nos concitoyens sont disposés à accepter en bons Français toutes les restrictions nécessaires ; ils ne réclament aucune faveur ; mais ils ne veulent pas que le désordre ou l'inertie des Administrations ou des bureaux aggravent les souffrances ; ils ne veulent pas être traités en parias de la région, du département ou de l'arrondissement.



Et puisque, malgré d'innombrables protestations du sénateur-maire de Biarritz, les errements iniques continuent, nous avons le devoir de mettre le public en présence de la situation telle qu'elle est, des responsabilités telles qu'elles sont.



Commençons par le chapitre des pommes de terre.



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ROCHER DE LA VILLA BELZA BIARRITZ 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN



II. La Pomme de terre.



On se souvient que, depuis la mise en application de la taxe de 0 fr. 55 le kilo, la pomme de terra a disparu de nos marchés, ou à peu près, et que nous sommes réduits à nous en passer ou à la payer 1 fr., 1 fr. 10 ou 1 fr. 20 le kilo. L'Administration a, en effet, tout à fait négligé de nous assurer des apports du précieux tubercule en même temps qu'elle le taxait ; elle a, au surplus, tenu la frontière espagnole hermétiquement close, de peur qu'on puisse se ravitailler chez les fournisseurs ordinaires de notre région, les Espagnols. Les Municipalités ont réclamé ; la "Gazette", a aussi réclamé des pommes de terre et enfin, au bout de près de 2 mois, voici qu'il en arrive 900 000 kilos pour le département. Il n'y a plus qu'à les répartir dans la population.



Biarritz, pour sa part, se voit attribuer 15 tonnes, à distribuer entre 20 000 âmes environ, ce qui représente 700 grammes par personne.




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PLACE STE EUGENIE KIOSQUE PLACE BIARRITZ 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN



C'est sur cette base de 700 grammes par tête que la répartition a été faite dans notre station. Or, de l'enquête à laquelle s'est livrée la Municipalité, il résulte que les attributions faites aux autres villes du département ont permis d'attribuer des quantités bien plus importantes. A Pau, on a pu distribuer 2 kilos par personne ; à Bayonne, la distribution a été faite sans détermination de quantité et, dans une proportion qui semble supérieure même à celle de Pau.



C'est pourquoi M. Forsans, maire, a dû écrire au Préfet du département et au sous-préfet de l'arrondissement, pour leur demander "les bases sur lesquelles a été faite la répartition du contingent départemental".



Il importe, en effet, comme le dit M. Forsans, que le Maire puisse fournir ces renseignements à ses concitoyens. Ceux-ci, en effet, souffrent depuis trop longtemps d'un état de choses dont il n'est pas responsable et dont il ne veut pas surtout prendre plus longtemps la responsabilité.



Comment s'établit la répartition, comment la répartition est-elle dirigée et surveillée ? Nous avons déjà, il y a quelques semaines, été amenés à protester contre ce fait qu'une Commission de Ravitaillement avait été constituée dans notre département, où les villes et pas mal de bourgades et villages se trouvaient représentés, mais où l'on n'avait eu l'idée d'appeler aucun délégué de Biarritz ; on finit par nous donner satisfaction en adjoignant à la Commission MM. Moussières et J. Petit, de notre cité ; mais, comme par hasard, ces derniers n'ont encore jamais été convoqués et c'est sans eux qu'on a fait la fameuse répartition des pommes de terre dont nous venons de parler. Pourquoi ?



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PORT DES PÊCHEURS BIARRITZ 1918
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ajoutons qu'à Bayonne il y a eu, simultanément, avec la distribution de pommes de terre, une distribution de haricots inutilement attendue à Biarritz.



Ajoutons enfin que Biarritz, ainsi désavantagée, en souffre d'autant plus vivement que cette station n'est ni un centre agricole, ni un centre de marchés comme Pau et Bayonne.



Au nom de la population trop justement mécontente, nous joignons nos protestations énergiques à celles que le Maire a déjà fait entendre.



Et demain, nous continuerons par un nouveau chapitre car, de quelque denrée indispensable qu'il s'agisse, Biarritz, est toujours traité en Cendrillon et indignement saboté."



A suivre...








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