"SOUS LE SIGNE DU BÉRET BASQUE" EN 1930.
Dans les années 1930, le béret Basque est à la mode en France.
Voici ce que rapporta le quotidien Comoedia, dans plusieurs éditions :
- le 26 août 1930 :
"... Midi.
Un ah ! admiratif et de contentement. C'est André de Fouquières, toujours jeune, toujours étourdissant, qui monte sur la piste et réclame le silence.
— Mesdames, messieurs, annonce-t-il, l'on va faire défiler devant vous les plus jolies et les plus connes vedettes des théâtres de Paris, qui, pour notre joie et le leur, vont vous offrir... leur interprétation du béret basque.
Et jamais mot ne fut plus juste. Car si le béret basque a une forme classique et immuable, n'est-ce-pas un peu d'elle-même que la femme révèle en sa façon de le camper sur sa tête, de le cabosser d'un coup de poing, de le tendre à droite ou à gauche, de dégager ou non l'ovale.
Autant de femmes ! Autant de bérets. C'est un sonnet — poème à forme fixe. Mais c'est un sonnet où l'âme n'est jamais la même.
On applaudit. On acclame et voici Harry Pilcer, lui-même porteur d'un béret, qui saute sur la poste et tenant Mlle Germaine Auger par la main, présente la première concurrente.
Qui ne connaît, qui n'aime Harry Pilcer, ce danseur merveilleux, ce grand artiste et ce grand coeur ?"
Un peu émue, mais si jolie, Germaine Auger fait son tour de piste, et sous les applaudissements frénétiques se livre aux photographes et opérateurs qui ne veulent pas la lâcher.
Mais André de Fouquières, éblouissant de verve, lance un nom, puis un autre, et tour à tour guidées par Harry Pilcer, qui a des grâces régence, et qui semble conduire un menuet, voici : Lucette Desmoulins, au sourire emprunté à Greuze et à Watteau ; Rose Nivel, aussi jolie que son homonyme florale et jouant au petit chaperon bleu escortée d'un immense Saint-Bernard ; Suzanne Berni, trépidante et adorable à croquer ; Césari, une vision comme en ont les poètes ; Irma Génin, ironique à souhait ; Alice Field, le sourire de la femme et l'âme même de la plage ; Peggy Vère, bébé anglais comme on en voit dans les contes et surtout comme on voudrait en rencontrer aux détours d'un bois, et dont le costume et la mimique acclamés par la foule des spectateurs, hantera de longues nuits les rêves de tous les vieux marcheurs, et enfin Claire Franconnay, dont la tâche était double, puisque en plus du béret basque, elle portait une autre responsabilité : celle de créer La Chanson des bérets, musique de Tiarko Richepin, paroles de notre collaborateur Charles de Richter.
ACTRICE ALICE FIELD |
La chanson.
Nos lecteurs ont pu lire ces paroles alertes, si bien de circonstance et jouer sur les pianos cette musique éblouissante, harcelante, qui demain sera sur tous les pianos et dans toutes les mémoires.
Pour créer une telle oeuvre en plein air, au milieu d'un public, charmant certes, mais un peu bruyant, il fallait une fantaisiste ayant toutes les audaces et du premier coup emballant ses auditeurs.
C'est ce que fit, samedi, Claire Franconnay, que l'on a baptisée une "Chevalier femme", mais qui est avant tout une Claire Franconnay.
Quand la dernière note se fut éteinte, ce fut une adorable guirlande féminine qui, guidée par Harry Pilcer, esquissa la plus jolie des farandoles.
Pendant ce temps, le jury, présidé par l'illustre romancière Lucie Delarue-Mardrus, et comprenant : Mmes Rosenblith, Camille Duguet, MM. Vertès, Pol Rab, Michel Georges-Michel, confrontaient leurs notes et décernaient les prix. On trouvera la liste complète un peu plus bas. Jamais, en tout cas, décision ne fut plus enthousiastement accueillie.
L'après-midi et le soir.
Et puis les bérets ne voyaient pas s'arrêter là leur triomphe.
L'après-midi et le soir, dans le hall et chez Brummell, Mlle Claire Franconnay recueillait à nouveau tous les suffrages avec la chanson de Tiarko Richepin et de Charles de Richter, tandis qu'au grand gala des Ambassadeurs, une scène mimée et jouée, sur cette chanson, par le jazz de Billy Arnold, mettait le public en joie.
Ainsi se termine en apothéose la Journée des bérets, qui furent à la peine quand ils étaient portés par les Alpins, et à l'honneur, et qui furent à la fête et à la joie du jour où Deauville les adopta."
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Les lauréates.
Le jury, présidé par Mme Lucie Delarue-Mardrus, a décerné les récompenses suivantes :
Hors concours.
Mlle Claire Franconnay, du Palace, qui gagne la merveilleuse création de Lalique, le miroir "Eglantines".
Premier grand prix.
Mlle Lucette Desmoulins, des Bouffes-Parisiens.
Premier prix.
Mlle Germaine Auger, du Théâtre Saint-Georges.
Deuxième prix, ex aequo.
Suzanne Berni, du Théâtre de Paris, et Alice Field, de l'Apollo.
ACTRICE ALICE FIELD |
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