UN CRIME À IRISSARRY EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN MAI 1837

UN CRIME À IRISSARRY EN 1837.

En 1837, la commune d'Irissarry, en Basse-Navarre, compte environ 1 200 habitants.

VUE GENERALE D'IRISSARRY BASSE-NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Sémaphore de Marseille, le 19 juin 1838 :

"Bayonne, 12 juin. 

— Dans la nuit du 22 du mois dernier un laboureur de la commune d’Irissarry, nommé Legartho rencontra, dans un des sentiers de la montagne, un individu avec lequel il avait eu précédemment quelques démêlés. Cet homme, appelé Iriart-Harat, domicilié aussi dans la commune d'Irissarry, se jeta sur Legartho aussitôt qu’il l’en aperçu et lui porta un violent coup de couteau à la figure. Ce fut en vain que la malheureuse victime, qui commençait à baigner dans son sang, chercha alors à détourner les nouveaux coups qui la menaçaient.

Le meurtrier, rendu plus féroce par le spectacle même de son atrocité, ne cessa de lui porter blessures sur blessures ; et il s'apprêtait à achever son horrible tâche, quand soudain les pas d'un cheval se firent entendre !.... Avant de fuir, Iriart se pencha sur le corps de sa victime, et lui ajouta pour dernière menace : "Si tu as le malheur d’ouvrir la bouche sur ce qui vient de t'arriver, attends-toi à ce que je l’arracherai l’âme !"

Cependant, le libérateur inespéré que le ciel venait d’envoyer à Legartho, arrivait au lieu témoin de cette scène de meurtre : c'était un contrebandier ! Il voit un homme gisant sur la terre ; il le questionne et il apprend que l’auteur de l’assassinat est celui même qu'il voit courir à quelques pas devant lui. Aussitôt il se met sur ses traces, l'atteint ; mais Iriart nie toute participation au crime et, sur ses dénégations, le contrebandier le laisse partir. Alors il retourne auprès du blessé et le transporte à son domicile : là, Legartho est visité par le chirurgien du lieu ; et, quoique tout son corps soit criblé de coups de couteau, celui-ci déclare qu’il n’v a pas de danger pour sa vie. Le lendemain, Iriart reparaît chez lui, et sa famille propose un arrangement pour que, au moyen d’une somme d'argent, les poursuites judiciaires soient étouffées. 

C’est pendant qu’on débat le montant de cette allocation pécuniaire, que la victime rend le dernier soupir. 

Iriart s’est échappé ; mais il n’y a aucun doute sur sa culpabilité, puisque lui-même n’a pas craint de faire les détails les plus circonstanciés de sa rencontre avec Legartho. Les autorités judiciaires se sont rendues sur les lieux, et l’instruction de cette affaire a été immédiatement commencée. 

Legartho laisse une mère, une femme et trois jeunes enfants dont il était l’unique appui. (Mémorial des Pyrénées)."

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LA CAVALCADE À IRISSARRY EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

CAVALCADE À IRISSARRY.

En Basse-Navarre, il existe, de longue date, des cavalcades et des parades charivariques, en particulier à Irissarry.

PHOTO TOBERAK IRISSARRY 1937
INSTITUT CULTUREL BASQUE
PHOTO CEDEE PAR AÑA IDIEDER

Voici ce que rapporta la presse locale, la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

diverses éditions :

• le 9 juillet 1928 :

"Irissarry Grande Cavalcade. 

— Le bon renom de notre cavalcade basque "dite toberac" ne manquera pas d’attirer une foule nombreuse dans nos murs le 15 juillet. A l'heure où paraîtront ces lignes, les affiches auront fait connaître aux communes voisines le programme de la fête. 

Le rassemblement aura lieu au quartier Celhary, ainsi que le départ à deux heures ( heure légale). Le défilé comprendra 180 figurants, ainsi qu’il suit : une quarantaine de cavaliers, sapeurs, baza anderiak, dites dames sauvages ; volants : anderes churiac, dites dames blanches, puis le cortège des danseurs, dits cascarets, avec leurs chemises garnies de sautoirs et broches ; pantalons garnis de petits grelots. Puis suivra la bande de sirsils, dite des bohémiens, composée de toutes sortes de corps de métier. 

A la fin du spectacle, grand bal de jour et de nuit, avec le gracieux concours de l’orchestre Faustin au complet."

QUARTIER CELHAY IRISSARRY
PAYS BASQUE D'ANTAN

• le 22 avril 1937 :

"Irissarry. 

Un complot au village ? 

— Que se passe-t-il à Irissarry ? 

Nous sommes allés dernièrement faire un tour au village ordinairement si paisible. Une étrange animation y règne maintenant. 

Presque tous les soirs, de mystérieux conspirateurs, vêtus selon l'usage de manteaux couleur de muraille, s’y réunissent. Des conciliabules s’y poursuivent jusqu'à une heure avancée de la nuit. Et il se chuchote, de bouche à oreille, bien des choses. 

S’agit-il d'un complot contre la sûreté de l'Etat, d’une manœuvre politique de grande envergure. C’est ce que nous saurons bientôt, car ne reculant devant aucun sacrifice, nous avons envoyé à Irissarry Sherlock Holmes lui-même. Le grand détective doit nous communiquer sous peu le résultat de son enquête et nous ne manquerons pas, selon la formule, de mettre immédiatement nos lecteurs au courant."

DANSEURS BAS- NAVARRAIS 1922
PAYS BASQUE D'ANTAN

• le 3 mai 1937 :

"Un mystère éclairci. 

— Notre collaborateur Sherlock Holmes, envoyé en mission secrète à Irissarry, où une manifestation insolite se manifestait depuis quelques semaines, nous adresse aujourd’hui son rapport. Contrairement à ce que nous pensions la jeunesse d’Irissarry ne prépare pas un complot contre la sûreté intérieure de l'Etat, mais tout simplement une magnifique cavalcade basque, groupant environ deux cents danseurs qui se déroulera le 17 mai. Les enseignements fournis par notre collaborateur s’arrêtent là, mais nous recevrons sous peu des détails complémentaires que nous nous empresserons de faire connaître à nos lecteurs."

• le 21 mai 1937 :

"Cavalcade. 

— Une grande cavalcade basque, avec 200 danseurs, aura lieu dimanche prochain 23 mai, à Irissarry. Cette cavalcade, qui sera la répétition de celle qui s’est déroulée le 17 mai, aura absolument le même programme. Celle du 17 mai, bien que contrariée par la pluie, a obtenu un très vis succès."

• le 25 mai 1937 :

"Irissarry.

La Cavalcade Basque. 

La grande cavalcade basque organisée par la jeunesse d’irissarry a obtenu dimanche dernier un succès sans précédent. De tous les coins de la région le public était venu pour y assister. Nous avons pu y apercevoir des voitures de Bordeaux, Dax, Pau, Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, etc. 

La fête commença vers 4 heures, par un magnifique défilé. Les danseurs étaient précédés de clairons à cheval et de sapeurs du premier empire. Les volants venaient ensuite, suivis des diverses voitures, contenant les koblariak, le tribunal, dont les six juges avaient très bonne allure et les époux en désaccord. 

Des maquignons, un montreur d’ours, un couple fort élégant, vinrent exécuter divers numéros comiques qui eurent un vif succès. 

Les danses des volants, les sauts basques, le fandango, plurent infiniment au public et les danseurs furent photographiés à diverses reprises par des amateurs. 

La fête se termina par un bal, au cours duquel l’orchestre, composé de dix musiciens, fit entendre les meilleurs morceaux de son répertoire. Los danseurs furent nombreux et manifestèrent un vif entrain. 

Nous adressons à la jeunesse d’Irissarry, aux organisateurs, et à tous ceux qui contribuèrent au succès de cette fête nos plus sincères félicitations."

(Source : Parades charivariques à Irissarry — Institut culturel basque (eke.eus))

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UN REPAS DE DEUIL À IRISSARRY EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1842

UN REPAS DE DEUIL À IRISSARRY EN 1842.

De nombreuses traditions concernant les rites funéraires ont été conservées, en Pays Basque Nord, en particulier en Basse-Navarre.  

DEPART POUR L'ENTERREMENT DE JACQUES LE TANNEUR
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Patrie, le 5 septembre 1842 :

"Variétés. 

Sous le titre de Moeurs Basques, le journal le Phare des Pyrénées nous transmet les détails suivants qu’il extrait d’une de ses correspondances :

"Les usages et les mœurs du pays basque ont un caractère particulier, comme la langue, comme les sites de cette province ; c’est un peuple à part qui conserve habitudes sociales dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Notre civilisation ne s’infiltre que goutte à goutte et par les extrémités dans cette race à part, qui a conservé l’énergie, les vices et les vertus d’une époque qui n’est plus. Je veux vous donner un exemple d’une des coutumes étranges qui le distinguent, et dont j’ai été en quelque sorte le témoin il y a quelque temps ; tous les détails sont d’une exactitude rigoureuse.

DEUIL AU PAYS BASQUE AUTREFOIS

"J’herborisais le long de la chaîne des Pyrénées. Lorsque je parvins au village d’Irisarry (village situé sur la route de Bayonne à St-Jean-Pied-de Port, à dix-huit kilomètres de ce dernier), une jeune femme de cette localité, appartenant à une des meilleures maisons de l’endroit, venait de mourir ; il s’agissait de la cérémonie des funérailles. Comme elle devait se faire d’une manière proportionnée à l’importance de la famille de la défunte, trois cents personnes furent conviées. Vous eussiez vu arriver tout ce monde au jour fixé, par tous les sentiers qui aboutissent à Irisarry ; les femmes, la tête ensevelie sous d’épaisses mantes noires, et les hommes enveloppés de leurs sombres manteaux. Cependant la maison mortuaire était livrée à la plus grande activité ; il s’agissait du festin qui suit l’enterrement. Tout le voisinage avait été mis à contribution pour se procurer les tables, les chaises, les couverts, les plats, enfin tout l’attirail nécessaire à un immense repas.

DEUIL
PAYS BASQUE D'ANTAN

A peine le corps enlevé, tout prit un aspect nouveau pour recevoir dignement les assistants ; la chambre même où était morte la jeune femme fut transformée en lieu de festin,, car il faut que tout le monde s’asseye. Vingt serviteurs, guidés par le mari, ont fait les honneurs du repas. Voici littéralement ce qui a été consommé à cette occasion :

1 Veau,

4 Moutons, 

50 Kilog. de viande de boucherie, 

80 Poulets, 

12 Conques de froment (à 2 conques et demi par hectolitre.)

2 Barriques de vin de 280 litres chacune. 

DEUIL A GUETHARY
PAYS BASQUE AUTREFOIS

Enfin les choses se passèrent comme il arrive ordinairement en pareille circonstance.

Aux pleurs, aux lamentations, au recueillement, succédèrent le tumulte et les accents de la joie. Souvent plus d’un convive s’enivre. La tristesse fuit en toute hâte un logis où l’on sait si bien s’arranger de la vie. Il advient parfois que, la gaîté s’animant, on arrange, le verre à la main, un prochain et un nouveau mariage. Le soir, chacun regagne son toit en éveillant les échos voisins par le cri basque, heureux quand le bâton conserve ce jour une modération inaccoutumée.

CAPE DE DEUIL
PAYS BASQUE D'ANTAN

Assez souvent les curés invités à ces repas de funérailles s’y rendent dans l’espoir de commander par leur présence une certaine réserve ; d’autres tonnent contre cet usage sans pouvoir l'empêcher ; car lorsque certaines coutumes sont attachées aux mœurs d’un peuple par la rouille des siècles, la raison seule est impuissante pour les faire disparaître, il lui faut l’aide des lumières et de la civilisation."

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