LE GAZ ET LE CHARBON À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN MAI 1918 (deuxième partie)

LA RÉGIE DU GAZ À BAYONNE EN 1918.

C'est à partir de 1844 que la société du gaz, avec des actionnaires lyonnais, fournit l'éclairage public de la ville de Bayonne.

ATTENTION AU BEC DE GAZ BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 9 mai

1918, sous la plume d'E. Seitz :

"Gaz et charbon.

Une des questions les plus essentielles à la vie publique est bien celle de l'alimentation en gaz des villes pendant la guerre. C'est par cette alimentation que les foyers peuvent continuer d'exister, par elle que peuvent vivre une foule d'industries indispensables et c'est pourquoi les usines à gaz qui alimentent nos villes ont un rôle d'une extrême importance à jouer au point de vue économique et au point de vue national.

Sans doute nos usines à gaz se sont-elles trouvées en présence de difficultés considérables surtout par la rareté et la cherté du charbon. Beaucoup, par une initiative et une activité méritoire, conscientes de leur rôle et de leur devoir patriotique ont tenu courageusement et consenti les sacrifices nécessaires pour le remplir au mieux des nécessités publiques. D'autres, soit qu'elles aient négligé de faire tous les efforts utiles, soit qu'elles se soient montrées intéressés à l'excès se sont abritées derrière les difficultés créées par la guerre pour émettre des exigences exagérées et pour mettre dans une situation intolérable les villes qui ont fait leur fortune.

Tel a été le cas de l'usine à gaz de Bayonne et nous sommes au regret de constater que tel semble aussi le cas de l'usine à gaz de Biarritz, qui appartient à la même Compagnie que celle de Bayonne.

VILLA GENIN QUARTIER DU GAZ BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Pour aujourd'hui, préludant à une enquête et à une campagne devenue indispensable, nous nous contenterons de constater que la défaillance de l'usine à gaz de Bayonne a été sanctionnée par la prise de possession de cette usine par la municipalité présidée par M. Garat.

JOSEPH GARAT

Et, de même qu'un philosophe ancien démontrait le mouvement en marchant, de même la régie municipale de Bayonne a démontré que les difficultés même les plus graves de l'heure actuelle pouvaient être vaincues, grâce à des efforts constants et peut-être inaccoutumés et qu'on pouvait sauvegarder les intérêts de toute une cité et même réaliser des économies.

A cet égard le rapport lu lundi au conseil municipal de Bayonne et approuvé par un vote unanime, constitue un document capital que nous avons publié en même temps et que nos lecteurs ont pu méditer à l'aise.

On nous rendra cette justice que, depuis plus d'un an et demi que nous sommes privés de gaz, nous avons supporté de graves préjudices avec une résignation peut-être méritoire, croyant d'ailleurs obéir à une nécessité inéluctable et à un devoir patriotique.

Mais, après l'expérience de Bayonne, après l'enquête à laquelle nous nous sommes livrés, nous avons acquis la conviction que les Compagnies d'Eclairage, avec l'appui des autorités, en ne négligeant aucune activité, aucune peine, peuvent arriver à s'approvisionner en charbon. Bayonne n'en a jamais manqué et M. Garat ne prévoit pas que son usine soit menacée d'en être privée. Il est inadmissible que Biarritz soit condamnée à un arrêt du gaz, faute de combustible. Biarritz d'ailleurs, centre d'hôpitaux militaires, de convalescents américains, de réfugiés, de résidents de tous pays, Biarritz, ville de plus de 20 000 âmes, ne saurait être assez abandonnée des Pouvoirs Compétents pour manquer du charbon nécessaire à l'usine à gaz.

TOUR GENIN QUARTIER DU GAZ BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

C'est d'ailleurs justement parce que les charbons manquent dans une grande proportion pour les foyers domestiques et les installations industrielles, parce qu'il convient d'économiser ce charbon, qu'il faut en fournir à l'usine à Gaz ; il n'est plus à démontrer en effet, que le charbon, transformé en gaz de chauffage donne un rendement de beaucoup supérieur à celui du charbon consommé directement par les fourneaux.

Un second point bien démontré est que — en dépit du prix des charbons — les Compagnies d'Eclairage, malgré ce qu'elles peuvent prétendre, ne sont pas en perte, surtout lorsque, — comme c'est le cas à Biarritz, elles ont le bénéfice de l'exploitation très rémunératrice de la lumière électrique et lorsqu'elles ont pu élever de 20 à 35 centimes le prix du gaz consommé. L'usine de Bayonne, qui appartenait à la même compagnie a réalisé de tels bénéfices qu'elle a pu, depuis le 1er mai, abaisser de 35 à 26 et 20 centimes le prix du mètre cube du gaz.

Et c'est une compagnie d'éclairage comme la nôtre, à Biarritz, qui persiste, depuis 18 mois, non seulement à maintenir le prix de l'électricité à un taux très élevé, non seulement à maintenir à 35 centimes le mètre cube de gaz, mais, ce qui est désastreux pour tous les ménages, ruineux et prohibitif pour toutes les industries, à nous supprimer le gaz pendant la moitié de la matinée et presque tout l'après-midi et à nous menacer d'un arrêt total et prochain, faute de charbon ; c'est cette compagnie qui continuerait de s'enrichir de nos privations, notre détresse et notre ruine.

Il faut que cela cesse et nous sommes décidés à y contribuer par une campagne que nous allons continuer en apportant des précisions et des documents."

A suivre...

(Source : https://www.cgb.fr/)

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