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samedi 3 mai 2025

L'HISTOIRE DU FANAL OU PHARE DE BIARRITZ - MIARRITZE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (cinquième partie)

 

L'HISTOIRE DU FANAL OU PHARE DE BIARRITZ.


Le fanal était un feu qu'on allumait autrefois durant la nuit sur des tours, à l'entrée des ports et le long des plages maritimes, pour indiquer aux navires la route qu'ils devaient tenir afin d'être en sécurité.



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PHARE DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous ai déjà parlé de ce phare dans plusieurs articles : le 2 avril 2017, le 19/05/2018, le 

4/12/2018, le 3/01/2025, le 3/02/2025, le 3/03/2025 et le 3/04/2025.



Voici ce que rapporta à ce sujet le chanoine J.-B. Daranatz, dans la Gazette de Bayonne, de 

Biarritz et du Pays basque, le 9 mars 1940 :



"Le Fanal ou Phare de Biarritz de Henri IVLouis XIII et Louis XIV à nos jours (Suite).



Après l'émigration en masse des marins biarrots et de leurs familles à Pasajes, que va devenir le Fanal ou Phare de Biarritz ?



Va-t-il disparaître ? Devenu sensément inutile, ne le réparera-t-on plus, le laissera-t-on tomber en ruines, suivant l'opinion de James Campbell dans l'Album Pyrénéen de 1841, Souvenir d'une journée à Biarritz, rapportée dans Le Vieux Biarritz, p. 114 ?



D'après un "Recueil de notes inédite sur Biarritz" de Pierre Thomas Ducoureau (Ibid., pp. 112-114), voici d'intéressants détails sur le château Ferragus, le Fanal ou Phare provisoire, etc.



"La tour de la Haille servant de phare fut bâtie sur une ancienne tour d'un château du XIVe siècle construit sous les Anglais, appelé Ferragus.



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VIEILLE TOUR DE L'ATALAYE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



La garde des tours du château de Biarritz était confiée aux miliciens du bourg de Biarritz et à ceux d'Anglet, qui se montrèrent toujours très fiers de ce privilège.



Mais, lorsque tout péril eut cessé du côté des Anglais, on renonça, sous Louis XIII, à la conservation d'une place inutile. Les éboulements de la falaise sapèrent les fondements du château, les murs s'écoulèrent, et l'on peut voir encore les nombreux fragments du mur, de deux mètres d'épaisseur, qui couvrent les bords escarpés du Port-Vieux. Un de ces fragments se voyait vers 1828-1830, sur le bord de la falaise, prêt à rouler à l'entrée du Port-Vieux.



Dès lors, le château de Biarritz ne conserva de ses premières destinations que celle de répéter le feu de signaux, comme le prouve son nom d'Atalaye (gardien ou sentinelle, en basque). Il fallait diriger les pêcheurs, qui se livraient avec tant de succès à la pêche de la baleine, dans le golfe de Gascogne, et l'on construisit deux tourelles rondes, de huit pieds de diamètre et de dix de hauteur, l'une au Nord, l'autre au Sud du Port-Vieux pour l'éclairage directeur des barques, au XVIe et au XVIIe siècles.



Le château de Ferragus avait été, dit-on, bâti par le Prince Noir, fils d'Edouard III ; ce fort fut destiné à protéger la côte dévastée par les corsaires d'Alger et de Tunis. Mais la mer avait ruiné, et plus tard englouti l'isthme qui unissait la grande roche (le Boucalot) à la terre ferme et protégeait la mer de ce côté. Biarritz tomba en décadence.



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VAGUE AU BOUCALOT BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Plus tard encore, les baleines cessèrent de fréquenter la baie de Biscaye, et ôtant aux Basques leurs dernières ressources, laissèrent leurs vaisseaux inutiles et leurs marins oisifs. Ce fut le coup mortel qui anéantit l'existence commerciale de Biarritz et Saint-Jean-de-Luz.



Campbell et Ducoureau ont ignoré les textes suivants, provenant des Archives communales de Bayonne relatifs au Fanal de Biarritz, qui a éclairé le Golfe pendant tout le XVIIIe siècle.



En 1733, les maire, lieutenants de maire, échevins, jurats et Conseils de la ville de Bayonne décident l'établissement d'un feu à Biarritz pour éclairer l'entrée du port de Bayonne.



M. de Maurepas, ministre de la Marine, approuve l'établissement à Biarritz d'un feu, aux frais de la ville de Bayonne, qui prend à sa charge, les réparations et l'entretien de la tour de Biarritz, servant de Phare, comme aussi les approvisionnements et achats de charbon de terre nécessaire à l'entretien du feu. AA. 21. De l'établissement d'un feu à Biarritz, pour éclairer l'entrée du port de Bayonne. BB 52 (1738-1739). Lettre au baile et jurats de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, sur un approvisionnement de charbon de terre nécessaire au phare qui doit être établi à Biarritz. BB 79 (1735-1739). Lettre à M. de Maurepas, ministre de la marine, pour lui annoncer que le phare de Biarritz a été allumé pour la première fois la nuit du 1er octobre 1739 BB. 80. Réparations à la tour de Biarritz, servant de phare. CC. 626. 1739.



comte homme politique france 18ème siècle marine
JEAN-FREDERIC PHELYPEAUX COMTE DE MAUREPAS
ATELIER DE L-M VAN LOO


La tour de Biarritz, servant de phare, s'appelait la tour de la Haille, du nom même des fagots de menues branches, appelées hailles et du soustrage, qu'on brûlait pour servir de signaux. Les hailles se vendaient 15 sols pièce et la charrette de baste ou soustrage coûtait 50 sols.



Le gardien préposé à l'allumage des feux s'appelait haillier. Martin Dalbarade fut nommé gardien du feu de Biarritz, ou haillier le 31 décembre 1739 : il reçut 60 livres (trimestre) de ses gages. (Arch. comm. de Bayonne, CC. 627). En 1753, le haillé s'appelait Dominique Larralde.



Dès les débuts du XIXe siècle, les navigateurs du Golfe réclamaient un feu convenable à la reconnaissance du port de Bayonne. Le capitaine Boulanger, faisait remarquer à la Chambre de Commerce en 1819 que "le phare de Biarritz, très bien placé, n'est presque utile (vu le petit volume de son feu) qu'aux pêcheurs et ne paraît en mer qu'à la distance de 1 lieue 1/2 ou 2 lieues par beau temps, ce qui ne suffit pas pour les bâtiments venant de la mer et qui n'approchent toujours le fond du golfe qu'avec des craintes renouvelées, et justifiées tous les ans par de trop nombreux accidents.


"En conséquence, il serait fortement à désirer qu'au nom du bien général et de l'humanité on réclamait auprès de S. M. Louis XVIII pour que le feu de Biarritz soit mis à l'instar des autres feux de France, comme Chassiron, Les Baleines, etc."



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PHARE DE CHASSIRON
17 ILE D'OLERON



Ce rétablissement du Phare de Biarritz sur le pied des autres feux de l'Océan avait été d'ailleurs prévu en 1808 et 1818 dans les marchés passés avec les entrepreneurs généraux de tous les phares. Les ingénieurs réclamèrent souvent eux aussi des améliorations ; elles consistaient à exhausser la tour de 3 ou 4 mètres, à augmenter le volume du feu à le protéger d'un vitrage de verre double, à l'exclusion du grillage ancien.



Les approvisionnements de matériaux pour la construction du nouveau Phare de Biarritz, à la Pointe Saint-Martin, étaient assez avancés en décembre 1829, pour qu'on songeât sérieusement à la pose de la première pierre. Cette opération fut prévue, avec quelque solennité, pour les derniers jours de l'année.



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PHARE DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



L'ancien phare, le fanal avait été constamment allumé jusque-là, depuis le 1er octobre 1739.



Ce petit fanal à feu fixe fut remplacé par un feu à éclipses, à la date officielle du 1er février 1834. Le nouveau feu fut allumé au sommet de la Tour récemment construite sur la pointe Saint-Martin de Biarritz.



Voici l'Avis publié par la Direction générale des Ponts et Chaussées sur le Nouveau Phare de Biarritz, à la date du 11 décembre 1833 :


"Les navigateurs sont prévenus qu'à partir du 1er février 1834, le petit fanal à feu fixe de Biarritz sera supprimé et remplacé par un feu à éclipses qui sera allumé au sommet de la Tour récemment construite sur la pointe de Saint-Martin de Biarritz, à un mille marin au N. E. du fanal actuel, et à deux mille et demi au S. 33° O. de l'embouchure de l'Adour.


Les éclats du nouveau Phare se succéderont de demi-minute en demi-minute pendant toute la durée des nuits. Dans un beau temps, ils pourront être aperçus jusqu'à la distance de 8 lieuses marines par un observateur placé à 10 mètres au-dessus de la surface de la mer, et les éclipses ne paraîtront totales qu'au-delà d'une distance de 4 lieues marines."



Grâce au bienveillant concours de M. le commandant Antoine-Henri Goalard, ancien chef du pilotage de l'Adour, de MM. Martin Larretche et Vincent Hargous, ingénieurs T. P. E., ce dernier ancien ingénieur de la Chambre de Commerce, nous sommes à même de donner ci-après sur le Phare actuel de Biarritz, les renseignements les plus précis, puisés aux Archives de la Chambre de Commerce de Bayonne et à la Direction générale des Ponts et Chaussées.


Chanoine J. B. Daranatz."



A suivre...









Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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