L'HISTOIRE DU FANAL OU PHARE DE BIARRITZ.
Le fanal était un feu qu'on allumait autrefois durant la nuit sur des tours, à l'entrée des ports et le long des plages maritimes, pour indiquer aux navires la route qu'ils devaient tenir afin d'être en sécurité.
Je vous ai déjà parlé de ce phare dans plusieurs articles : le 2 avril 2017, le 19/05/2018, le
4/12/2018, le 3/01/2025, le 3/02/2025, le 3/03/2025 et le 3/04/2025.
Voici ce que rapporta à ce sujet le chanoine J.-B. Daranatz, dans la Gazette de Bayonne, de
Biarritz et du Pays basque, le 9 mars 1940 :
"Le Fanal ou Phare de Biarritz de Henri IV, Louis XIII et Louis XIV à nos jours (Suite).
Après l'émigration en masse des marins biarrots et de leurs familles à Pasajes, que va devenir le Fanal ou Phare de Biarritz ?
Va-t-il disparaître ? Devenu sensément inutile, ne le réparera-t-on plus, le laissera-t-on tomber en ruines, suivant l'opinion de James Campbell dans l'Album Pyrénéen de 1841, Souvenir d'une journée à Biarritz, rapportée dans Le Vieux Biarritz, p. 114 ?
D'après un "Recueil de notes inédite sur Biarritz" de Pierre Thomas Ducoureau (Ibid., pp. 112-114), voici d'intéressants détails sur le château Ferragus, le Fanal ou Phare provisoire, etc.
"La tour de la Haille — servant de phare — fut bâtie sur une ancienne tour d'un château du XIVe siècle construit sous les Anglais, appelé Ferragus.
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VIEILLE TOUR DE L'ATALAYE BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
La garde des tours du château de Biarritz était confiée aux miliciens du bourg de Biarritz et à ceux d'Anglet, qui se montrèrent toujours très fiers de ce privilège.
Mais, lorsque tout péril eut cessé du côté des Anglais, on renonça, sous Louis XIII, à la conservation d'une place inutile. Les éboulements de la falaise sapèrent les fondements du château, les murs s'écoulèrent, et l'on peut voir encore les nombreux fragments du mur, de deux mètres d'épaisseur, qui couvrent les bords escarpés du Port-Vieux. Un de ces fragments se voyait vers 1828-1830, sur le bord de la falaise, prêt à rouler à l'entrée du Port-Vieux.
Dès lors, le château de Biarritz ne conserva de ses premières destinations que celle de répéter le feu de signaux, comme le prouve son nom d'Atalaye (gardien ou sentinelle, en basque). Il fallait diriger les pêcheurs, qui se livraient avec tant de succès à la pêche de la baleine, dans le golfe de Gascogne, et l'on construisit deux tourelles rondes, de huit pieds de diamètre et de dix de hauteur, l'une au Nord, l'autre au Sud du Port-Vieux pour l'éclairage directeur des barques, au XVIe et au XVIIe siècles.
Le château de Ferragus avait été, dit-on, bâti par le Prince Noir, fils d'Edouard III ; ce fort fut destiné à protéger la côte dévastée par les corsaires d'Alger et de Tunis. Mais la mer avait ruiné, et plus tard englouti l'isthme qui unissait la grande roche (le Boucalot) à la terre ferme et protégeait la mer de ce côté. Biarritz tomba en décadence.
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VAGUE AU BOUCALOT BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
Plus tard encore, les baleines cessèrent de fréquenter la baie de Biscaye, et ôtant aux Basques leurs dernières ressources, laissèrent leurs vaisseaux inutiles et leurs marins oisifs. Ce fut le coup mortel qui anéantit l'existence commerciale de Biarritz et Saint-Jean-de-Luz.
Campbell et Ducoureau ont ignoré les textes suivants, provenant des Archives communales de Bayonne relatifs au Fanal de Biarritz, qui a éclairé le Golfe pendant tout le XVIIIe siècle.
En 1733, les maire, lieutenants de maire, échevins, jurats et Conseils de la ville de Bayonne décident l'établissement d'un feu à Biarritz pour éclairer l'entrée du port de Bayonne.
M. de Maurepas, ministre de la Marine, approuve l'établissement à Biarritz d'un feu, aux frais de la ville de Bayonne, qui prend à sa charge, les réparations et l'entretien de la tour de Biarritz, servant de Phare, comme aussi les approvisionnements et achats de charbon de terre nécessaire à l'entretien du feu. AA. 21. — De l'établissement d'un feu à Biarritz, pour éclairer l'entrée du port de Bayonne. BB 52 (1738-1739). — Lettre au baile et jurats de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, sur un approvisionnement de charbon de terre nécessaire au phare qui doit être établi à Biarritz. BB 79 (1735-1739). — Lettre à M. de Maurepas, ministre de la marine, pour lui annoncer que le phare de Biarritz a été allumé pour la première fois la nuit du 1er octobre 1739 BB. 80. — Réparations à la tour de Biarritz, servant de phare. CC. 626. 1739.
La tour de Biarritz, servant de phare, s'appelait la tour de la Haille, du nom même des fagots de menues branches, appelées hailles et du soustrage, qu'on brûlait pour servir de signaux. Les hailles se vendaient 15 sols pièce et la charrette de baste ou soustrage coûtait 50 sols.
Le gardien préposé à l'allumage des feux s'appelait haillier. Martin Dalbarade fut nommé gardien du feu de Biarritz, ou haillier le 31 décembre 1739 : il reçut 60 livres (trimestre) de ses gages. (Arch. comm. de Bayonne, CC. 627). En 1753, le haillé s'appelait Dominique Larralde.
Dès les débuts du XIXe siècle, les navigateurs du Golfe réclamaient un feu convenable à la reconnaissance du port de Bayonne. Le capitaine Boulanger, faisait remarquer à la Chambre de Commerce en 1819 que "le phare de Biarritz, très bien placé, n'est presque utile (vu le petit volume de son feu) qu'aux pêcheurs et ne paraît en mer qu'à la distance de 1 lieue 1/2 ou 2 lieues par beau temps, ce qui ne suffit pas pour les bâtiments venant de la mer et qui n'approchent toujours le fond du golfe qu'avec des craintes renouvelées, et justifiées tous les ans par de trop nombreux accidents.
"En conséquence, il serait fortement à désirer qu'au nom du bien général et de l'humanité on réclamait auprès de S. M. Louis XVIII pour que le feu de Biarritz soit mis à l'instar des autres feux de France, comme Chassiron, Les Baleines, etc."
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PHARE DE CHASSIRON 17 ILE D'OLERON |
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