DES RÉFUGIÉS ALSACIENS AU PAYS BASQUE EN 1939.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses personnes du Nord de la France ont été déplacées de leur région d'origine vers le Sud de la France, et en particulier au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque,
le 16 octobre 1939, sous la plume de Georges Baume :
"Le Haut-Rhin dans le Sud-Ouest.
70 000 Alsaciens évacués sont attendus sur la Côte Basque.
Dans notre Sud-Ouest, dans Mirande notamment, Mirande la joli, aux rues courtes et droites, à l'aristocratique place d'Astarac, où s'ouvrent sur deux côtés les fameux "couverts" que l'on fréquente volontiers à Montauban, à Agen, à Toulouse, c'est un peu la tour de Babel. Car voici l'Espagnol au verbe bruyant, l'Italien à la caressante voix, l'Alsacien à l'accent guttural, le Gascon au calme langage.
J'ai assisté, vers 7 heures du soir, à l'arrivée des "évacués" de l'Alsace, un millier environ, par un train lent qui avait mis trois jours à traverser tant de nos province. Pauvres gens, meurtris de fatigue ! La foule, tous les valides de Mirande qui les attendait dans la cour de la petite gare, se précipita sur les quais et, dans un élan de solidarité française, aida les femmes et les enfants à descendre de leurs voitures, leur offrit toute sorte de vivres et de vêtements chauds.
Ils n'allaient pas vite, étonnés peut-être par la bonne grâce très empressée du charmant peuple de la Gascogne, et chargés de paquets, de matelas, de couvertures. Quelques enfants geignaient timidement ; des vieux, appuyés sur leurs bâtons, semblaient interroger le ciel, tâter avec prudence la vieille terre, partout secourable. Chacun, pour dire merci, adressait de furtifs sourires ici et là, dans la foule.
Le maire, cousin de l'ambassadeur Noulens, qui défendit énergiquement en Russie, chez les cruels et fourbes bolchevistes, les intérêts et la dignité de la France, le maire de Mirande avait mis ses meilleurs soins à organiser l'hospitalisation difficile d'une telle multitude d'involontaires émigrés dans une cité aux dimensions et aux ressources réduites.
Multitude aussi sagement résignée que disciplinée. On la répartit par équipes dans les divers quartiers, sans accroc, sans protestation. Et chacun bientôt chercha le sommeil. Partout l'adaptation s'accomplit très vite. On couche sur un simple matelas, même sur la paille. Personne ne se plaint. Sous la halle, ainsi que dans une école, on sert depuis le matin à des heures fixes, de copieux repas qui satisfont les plus exigeants.
Chez une modiste, deux jeunes filles, de 16 et 17 ans, qui parlent le français à merveille, balaient, lavent l'escalier et la cour.
— Jamais, me dit la modiste, ma cour n'a été aussi propre.
Chez mon cousin, le docteur X..., sont établis une dame de 70 ans, son mari de 75. Ils sont si discrets que, pour ne pas salir l'escalier, ils ne le gravissent que pieds nus. Il a fallu leur reprocher amicalement un pareil scrupule.
En face de chez moi dans une antique maison assez bien restaurée, les jeunes garçons et filles de plusieurs familles qui y sont installées dansent en ce moment une ronde, en chantant.
Hier matin, j'étais assis sur le bord de la route, qui s'en va passer sous Castelmore, maison natale de d'Artagnan et je lisais un journal, lorsque dans la grande paix des champs une voix cordiale m'interpella soudain :
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32 LUPIAC CHÂTEAU DE CASTELMORE CHÂTEAU DE NAISSANCE DE D'ARTAGNAN |
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