LE MAIRE D'ANGLET M. FRANÇOIS DOMMAIN ET SON CONSEIL MUNICIPAL À ANGLET EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN FÉVRIER 1941 (première partie)
LE MAIRE D'ANGLET EN FÉVRIER 1941.
François Dommain est élu Maire d'Anglet en 1937, puis révoqué par le Régime de Vichy en 1941, avant de redevenir Maire d'Anglet, entre 1944 et 1952 jusqu'à sa mort.
MAIRE D'ANGLET FRANCOIS DOMMAIN
Dès sa mise en place le 10 juillet 1940, le nouveau régime de Vichy révoque des maires "ayant manqué gravement aux devoirs de leurs charges".
De plus, le 12 décembre 1940, est promulguée au Journal Officiel la loi du 16 novembre "portant réorganisation des corps municipaux".
Dans les communes de plus de 2 000 habitants, le Conseil municipal, le maire et les adjoints ne sont plus élus mais nommés. Le maire, qui n'est plus obligatoirement choisi par les conseillers municipaux, et les adjoints sont nommés par le ministre, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, dans les communes de plus de 10 000 habitants, dont Anglet.
Presque simultanément, une loi du 14 novembre 1940 permet de déclarer démissionnaire d'office pour des raisons "d'ordre public ou d'intérêt général" tout conseiller municipal, comme tout conseiller général ou d'arrondissement, la démission d'office étant prononcée par le ministre dans le cas d'Anglet.
Une loi du 16 novembre 1940 ajoute à cette procédure celle de la révocation des élus municipaux, prononcée par le même motif par le ministre après mise en demeure adressée par le préfet.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, le 13
février 1941 :
"Le Maire d’Anglet s’adresse au Conseil Municipal.
A la séance qui s'est tenue à la mairie d’Anglet, le 9 février, M. Dommain, maire d'Anglet, a adressé aux membres du Conseil municipal les paroles suivantes :
Au moment où une décision administrative va sans doute nous renvoyer de cette maison commune, où nous avait amenés la volonté des électeurs, librement exprimée par le suffrage universel, j’ai le devoir tout d’abord de vous remercier de la collaboration si amicale, si confiante, que vous m’avez accordée pendant quatre ans : je vous en suis reconnaissant.
Nous nous inclinerons en silence devant cette décision, et je ne dirai rien qui puisse créer ou entretenir de la discorde entre Français. Mais il est une parole contre laquelle j’ai le devoir de m’élever en votre nom. On a dit, on a écrit, que seules seraient frappées les municipalités composées de traîtres ou de prévaricateurs.
Mes chers amis, je vois parmi nous des hommes qui ont été comme moi mobilisés de 1914 à 1918, d’autres qui, soldats du la guerre actuelle, ont à peine regagné leurs foyers, et je vois aussi quelques places vides, parce que leurs titulaires sont actuellement prisonniers de guerre, comme notre ami Barets, premier adjoint, deux fois mobilisé, lieutenant d’artillerie, et qui apprendra dans un camp d’Allemagne que les autorités françaises l’ont jugé indigne de rester conseiller municipal de sa commune. Les uns et les autres, nous avons fait notre devoir partout où nous ont placé les circonstances, et, s'il y a des traîtres en France, ce n’est pas parmi nous que l'on en trouvera un seul : patriotes autant que quiconque, dévoués à notre pays, confiants dans ses destinées, prêts à donner pour lui notre vie s'il le faut, nous répudions cette qualification honteuse.
Nous avons conscience d'avoir servi.
Prévaricateurs, nous ne l'avons jamais été : nous pourrons quitter tout à l’heure cette salle de nos séances, la tête haute, car nous avons les mains nettes, et nous avons conscience d’avoir ici servi avec honnêteté les intérêts dont nous avions la charge. Notre passage dans cette maison n'aura pas été inutile. Permettez-moi de vous rappeler brièvement notre action :
Nous avons rétabli l’ordre et la discipline autant que la dignité dans les séances du Conseil ; réservant à nos commissions plénières toutes les discussions, toujours amicales, où chacun exprimait librement ses idées avec le respect des idées qui lui étaient opposées, nous n’avons plus vu de séances publiques où l’on venait comme au cinéma assister à des querelles et à des injures.
Nous avons administré la commune en "bon père de famille", ménageant ses finances, et ne voulant plus rien connaître de nos diverses étiquettes politiques, ne sachant plus qu’une chose, c’est que adversaires ou partisans de la veille, tous, sans aucune exception, avaient droit a notre égale sollicitude.
Pour les enfants de nos écoles nous avons créé deux classes nouvelles dans chacun des groupes de Saint-Jean et des Cinq-Cantons. Nous axons fait admettre le principe de la construction du groupe de Blancpignon et obtenu pour ce groupe une subvention plus élevée que celle précédemment fixée. Et si la guerre en a empêché la réalisation nous avons cependant pu avec l’aide de l’administration de la Poudrerie, annexer à l’école actuelle des filles des salles, maternelle et de garderie, qui peuvent être citées comme modèles aux installations de ce genre. Et j’ouvre ici une parenthèse pour remercier publiquement les anciens directeur et sous-directeur de la Poudrerie. M. le colonel Verola et M. Blum, de la compréhension et de la bienveillance avec lesquelles ils ont accueilli mes suggestions : ils ont bien voulu accepter comme architecte l’auteur du projet de groupe scolaire de Blancpignon, M. Marcel et celui-ci a conduit son œuvre de manière à l’intégrer dans le projet général du groupe à venir ; c’est un commencement ; à nos successeurs de l’achever.
A tous les enfants reçus au certificat d'études primaires, nous avons assuré un livret de caisse d’épargne, voulant, par la récompense, leur donner le goût de l'effort. Nous avons créé des bourses pour des enfants particulièrement méritants et dont les familles ne pouvaient assurer la continuité des études primaires supérieures ou secondaires.
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