L'HISTOIRE DU FANAL OU PHARE DE BIARRITZ - MIARRITZE EN LABOURD AU PAYS BASQUE (sixième et dernière partie)
L'HISTOIRE DU FANAL OU PHARE DE BIARRITZ.
Le fanal était un feu qu'on allumait autrefois durant la nuit sur des tours, à l'entrée des ports et le long des plages maritimes, pour indiquer aux navires la route qu'ils devaient tenir afin d'être en sécurité.
C'est une Tour cylindrique, avec soubassement, peinte en blanc, construite de 1831 à 1834, au Cap Saint-Martin.
Le premier millésime est gravé sur le fût de la colonne, le deuxième sur le fronton du soubassement.
Feu blanc à éclipses.
—Le 1er février 1834, le petit fanal à feu fixe de Biarritz fut supprimé et remplacé par un feu de 1er ordre installé dans la lanterne du nouveau phare : ce feu était blanc, à éclipses se succédant de demi-minute en demi-minute et visible, par beau temps, jusqu'à la distance de 8 lieues marines pour un observateur placé à 10 mètres au-dessus de la surface de la mer.
Feu à éclats réguliers blancs et rouges.
— En 1861, le feu précédent fut placé au phare de Contis. On lui substitua un feu à éclats réguliers alternativement blancs et rouges, présentant les caractéristiques suivantes :
Fonctionnement à l'incandescence par le pétrole : bec à 4 mèches concentriques.
Distance focale de la lentille : 0 m93.
Eclat blanc durée 5 s.
Eclipse durée 15 s.
Eclat rouge 5 s.
Eclipse durée 15 s.
Total : 40 secondes.
Feu à éclats blancs.
— En 1904, ce feu fut retiré et envoyé au phare du Cap Ferret (Bassin d'Arcachon) ; il fut remplacé par le feu à éclats blancs actuellement en service (1936) et dont la description suit :
Feu à éclats blancs toutes les 10 secondes.
Puissance en bougies décimales : 250 000.
Portée lumineuse en milles :
Pendant 50 % de l'année : 27.
Pendant 90 % de l'année : 11.5
Position géographique :
Latitude : 43° 29' 38" Nord.
Longitude : 1° 38' 17" W. Gr.
Hauteur du sommet de la lanterne au-dessus du sol : 47 m. 10.
Hauteur du foyer de la lanterne au-dessus du sol : 44 m. 20.
Hauteur du foyer de la lanterne au-dessus de la haute mer : 73 m. 20.
248 marches en pierre, huit marches en fonte font accéder à la plate-forme de la lanterne.
Date de l'allumage de l'appareil : 15 août 1904.
PHARE DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN
Fonctionnement à l'incandescence par le pétrole : manchon incandescent.
Distance focale de la lentille : 0 m. 70.
Eclat durée 0 s. 38.
Eclipse durée 2 s. 31.
Eclat durée 0 s. 38.
Eclipse durée 6 s. 93.
Total : 10 secondes.
En 1861, à l'occasion de la modification du feu, on procéda à la réfection du soubassement de la tour qui comprend un logement de cinq pièces à l'usage des ingénieurs des Ponts et Chaussées en tournée de service.
Dans le vestibule du phare on a placé les bustes des célèbres ingénieurs Fresnel, Beautemps-Beaupré, et Reynaud. Les deux premiers sont en bronze et placés à droite et à gauche de la porte donnant accès à l'escalier de la tour : le dernier en plâtre, peint, couleur bronze, est au-dessus de la porte.
BUSTE D'AUGUSTIN FRESNEL
BUSTE DE BEAUTEMPS-BEAUPRE
Les bustes portent les inscriptions suivantes : Augustin Fresnel, 1788-1827 ; Beautemps-Beaupré, 1788-1854 ; Léonce Reynaud, 1803-1880.
Une inscription gravée sur le mur dans une pièce intérieure renseigne sur la période de la construction et sur les personnes qui ont édifié cet imposant ouvrage :
1830-1834
N. P. Vionnois, Ingénieur ;
J. Sorbé, Entrepreneur ;
C. Lichero, appareilleur.
L'éminent Ingénieur Vionnois, indépendamment de cette belle oeuvre, a effectué de nombreux travaux dans les ports de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz et il a rédigé des rapports du plus grand intérêt sur l'amélioration de l'embouchure de l'Adour.
M. C. Lichero, en récompense du savoir constaté dans la taille des pierres constituant le phare, fut nommé conducteur des Ponts et Chaussées. Il exerça cette fonction sous le second Empire pendant plusieurs années dans le port de Saint-Jean-de-Luz.
Durant la guerre, la lanterne du phare était reliée téléphoniquement avec le front de mer de l'Adour : le gardien de service, sans être chargé spécialement de la veille sur la mer, était ainsi en mesure d'informer le Commandant de ce qui pouvait l'intéresser et recevoir rapidement des instructions au sujet du feu qui fut, suivant les circonstances, partiellement, masqué dans un certain secteur ou éteint en permanence.
L'on sait que les feux fixes, les feux variés, les feux à éclipses de durée variable sont autant de moyens de distinguer les phares les uns des autres. On a aussi employé des feux colorés, mais outre que les verres de couleur qu'il faut employer absorbent beaucoup de lumière, il arrive que certains états de l'atmosphère peuvent en modifier la teinte d'une façon très sensible.
Nous croyons intéressant de rappeler que le changement du feu, en 1904, fut la cause indirecte du trois-mâts norvégien "Padosa" devant Biarritz, le 14 décembre 1907.
Sorti de Gijon à destination de Setebal, ce navire fut surpris par la tempête et drossé tout le long de la côte vers le fond du golfe. N'apercevant pas le feu blanc et rouge de la pointe Saint-Martin, dont le changement n'avait pas été porté à sa connaissance, le capitaine gouverna sur les feux de la Ville de Biarritz et le navire échoua en pleine nuit, au plus fort de la bourrasque, en face de la Grande Plage, à proximité et à l'ouest de la Roche Plate, trop loin de la terre pour être secouru par le moyen du va-et-vient.
14 DECEMBRE 1907 NAUFRAGE DU PADOSA BIARRITZ PAYS BASQUE D'ANTAN
Vers minuit et demi, la dunette, dernier refuge de l'équipage, s'étant effondrée, les hommes, munis de leurs gilets de sauvetage, se jetèrent à la mer, sept d'entre eux parvinrent à se sauver, quatre se noyèrent.
Donnons, en terminant, la liste des Gardiens du Phare.
Depuis la construction du phare, en 1834, jusqu'en 1904, à l'époque du changement du feu, le service a été assuré par trois gardiens ; il n'y en a plus que deux ; en voici les noms depuis l'année 1845.
MM. Lafleur, de 1845 à 1882.
Guiné, de 1845 à 1850.
Lartigue Bernard, de 1845 à 1888.
Trabay, de 1851 à 1887.
Tauzin Laurent, de 1862 à 1898.
Tollis Dominique, de 1868 à 1897.
Cazauba Jean-Baptiste, de 1887 à 1898.
Tollis Léon-Martin, de 1897 à 1934.
Tauzin Etienne, de 1898 à 1929.
Cazauba Jean, de 1898 à 1907.
Samanos (Intérimaire), de 1928 à 1928.
Semelin Emile, depuis 1929.
Le Diraison Léon, depuis 1934.
Les nuits d'orages, les gardiens font quelquefois des captures prodigieuses de gibier, sans qu'il y ait de leur part la moindre ruse de guerre pour attirer les victimes au piège. Voici comment la chose s'opère. Quand la tempête mugit dans l'ombre, que le tonnerre roule sur les vagues, que les vents furieux sifflent du fond de l'horizon, les oiseaux éperdus, égarés dans les ténèbres, apercevant dans leur vol la lumière brillante du phare qui leur rappelle le jour, se précipitant de toute la rapidité de leurs ailes vers ce point éclairé de l'espace où ils espèrent retrouver le soleil et par conséquent le salut. Mais l'épaisse lentille est là, barrière formidable contre laquelle ils viennent se brise la tête pour retomber sans vie sur le sol. Quand le jour est venu, l'on trouve des monceaux de victimes jonchant les abords du phare.
Chanoine J. B. Daranatz,
Président de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Bayonne."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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