L'INDUSTRIE FRIGORIFIQUE EN ARGENTINE ET LES BASQUES EN 1912.
Durant la première guerre mondiale, l'Argentine va fournir du bétail aux Alliés.
Voici ce que rapporta à ce sujet le bihebdomadaire La Grande Revue, le 10 juillet 1912, sous le
plume de Georges Lafond :
"L'industrie frigorifique en Argentine.
Les manifestations qui ont été les conséquences directes de la crise sur la cherté des vivres ont mis au premier plan de l’actualité une question abandonnée depuis quelque temps : la question des viandes de provenances étrangères qui, par leurs arrivages réguliers et l’invariabilité de leurs cours, peuvent remédier aux fluctuations exagérées des viandes indigènes.
De tous côtés les Ministères compétents ont été saisis des vœux formulés par les grands Syndicats de l’Alimentation, les Chambres de Commerce, les Conseils généraux ou municipaux, pour une modification des tarifs du 11 janvier 1892, tarifs qui réglementent l'introduction du bétail, vivant ou abattu, provenant des pays étrangers.
Une Commission interministérielle a été nommée, avec mission d’étudier cette primordiale question. De nombreuses propositions lui ont été soumises, parmi lesquelles l’introduction en France des viandes frigorifiées.
C’est dans la République Argentine que l’industrie frigorifique a atteint son plus haut degré de perfectionnement. C’est l’Argentine qui, dans le monde, exporte la quantité la plus considérable de viandes.
Elle doit cette situation dans le commerce international à divers facteurs également importants : l’existence de son cheptel, l’organisation de ses établissements, le contrôle sanitaire de l’Etat, qui garantit ainsi au consommateur les qualités hygiéniques et nutritives des viandes exportées.
Une étude documentée de cette industrie, un aperçu de son histoire, de son évolution et de ses transformations, ne semble pas inutile.
Les origines et les promoteurs.
L’origine de l’industrie frigorifique est française et due à un inventeur méconnu, M. Ch. Tellier, qui expérimenta, dès 1860, le premier procédé de la conservation par le froid.
CHARLES TELLIER INDUSTRIEL DU FROID |
Si des esprits audacieux ont réalisé la pensée du promoteur, il nous plaît ici de rendre hommage à celui qui sacrifia trente ans de sa vie et sa fortune au service de cette œuvre, l’une des plus belles au point de vue humanitaire.
Et si d’autres ont édifié des fortunes colossales grâce à l'idée d’un seul, c’est celui-là que nous saluerons aujourd'hui hui parce qu’il vit oublié dans l’immensité de Paris.
L’Argentine est un pays essentiellement agricole.
Lorsque les Basques français immigrèrent dans les vastes plaines argentines, bergers, ils apportèrent avec eux leurs procédés d’élevage, leurs soins minutieux, et voulant se rappeler leur petite patrie, ils mirent leur grande âme naïve au service de leur amour passionné du troupeau.
TROUPEAU DE BOVINS ARGENTINE |
Ainsi firent jadis les nomades errants qui, ayant trouvé en Italie une région unique, s’arrêtèrent un jour, eux et leurs troupeaux, et dressèrent leurs tentes au pied de ces collines qui devaient voir grandir la plus étonnante, la plus éblouissante des civilisations.
Certes, ces Basques pasteurs ne pratiquèrent pas l’élevage comme on le pratique aujourd'hui dans l'estancia moderne, mais au moins ils surent lui donner l'impulsion méthodique qui ne devait plus s'arrêter.
ESTANCIA DOS TALAS DE PEDRO LURO - DOLORES ARGENTINE D'ANTAN |
Avant eux les propriétaires créoles laissaient leurs bêtes à l’abandon ; eux surent les grouper, les soigner, les élever, en un mot, avec cet esprit d’économie particulier au paysan des campagnes françaises. Le succès couronna leur effort, et bientôt le stock fut tellement considérable qu’il dépassa de beaucoup la consommation. Il fallut chercher des débouchés.
Les Basques tondeurs de bestiaux, dès l’année 1842, se mirent à parcourir les fermes, achetant la laine à raison de cinq centimes le kilo. Quelquefois, profilant de l’abattage des animaux sacrifiés à la consommation, ils achetaient aussi la peau, c'est depuis celte époque que la France a conquis le premier rang dans le trafic des laines argentines. (Roubaix, Tourcoing sont les principaux centres acheteurs.)
Les éleveurs, voyant qu’ils reliraient des sommes importantes des dépouilles de leurs animaux, se mirent alors à les sacrifier pour cette unique valeur.
Des Basques français, Sansinena, Luro, Cambacérès, installèrent des saloirs, révélant ainsi au pays le trésor que représentait cette viande jusqu’alors inutilisée. Ce procédé ne pouvait avoir toutefois qu’une vertu transitoire. Les marchés européens, débouchés éventuels, ne s’empressaient guère à accueillir les viandes conservées d’aussi rudimentaire façon.
"LA NEGRA" COMPAGNIE SANSINENA ARGENTINE |
DON PEDRO LURO |
L’industrie frigorifique : avènement, évolution et développement.
C’est encore un Français, Eugène Terrasson, qui construisit, dans sa propriété de San-Nicolas, le premier établissement en Argentine pour la préparation des viandes destinées à l’exportation.
EUGENE TERRASSON ARGENTINE |
Il fonda et dirigea la Compania Argentina de Carnes Congeladas. Dès 1883 cette Compagnie expédiait sur le marché anglais pour 58 000 francs de viandes frigorifiées.
LA NEGRA COMPAGNIE SANSINENA ARGENTINE D'ANTAN |
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