LE PAYS BASQUE PAR PIERRE LHANDE EN 1926.
Pierre Lhande Heguy, né le 4 juillet 1877 à Bayonne (Basses-Pyrénées) et mort le 17 avril 1957 à Tardets-Sorholus (Basses-Pyrénées), est un écrivain, prêtre jésuite et académicien basque français, apôtre des banlieues et surtout connu pour le succès de ses "radio-sermons", une grande nouveauté dans les années 1930.
LIVRE LE PAYS BASQUE A VOL D'OISEAU PAR PIERRE LHANDE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Croix, le 17 janvier 1926, sous la plume de
Charles Baussan :
"Le Pays basque à vol d'oiseau par Pierre Lhande.
... Le P. Lhande analyse nettement les caractères de cette famille-souche ; il en fait rapidement l’histoire ; il esquisse la lutte qui s’est poursuivie entre cette coutume basque et la loi du 17 ventôse an II qui abolit la liberté testamentaire et institua le partage égal entre tous tes enfants ; il voit dans cette suppression de la liberté de tester la cause de la ruine de bien des familles-souches, de la ruine de l’autorité paternelle, de la ruine de la bonne entente entre frères et sœurs. Il regarde tristement passer "sous leurs charges de vieux meubles les vieilles charrettes qui n’avaient jamais plié que sous le poids des gerbes où chantaient les petits gars".
La conservation du foyer, voilà la tradition basque, la préoccupation du "maître de la maison", voilà ce que cherche encore aujourd’hui le chef de famille en s’appliquant à racheter aux cadets leur part de l’héritage, au profit de l’héritier.
MAISON AU PAYS BASQUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La conservation du foyer et le statut de l'âme, voilà les deux pensées que le P. Lhande retrouve, toutes pareilles à plus de cent ans de distance, dans un testament du XVIIIe siècle et, de nos jours, dans le testament d'un vieux berger tombé du haut d’un châtaignier.
Mais sur quelle force repose le foyer basque ? Sur l’autorité du maître de la maison, autorité qui lui vient de la tradition : il est celui qui sait ce que lui ont appris les anciens ; autorité douce, d’ailleurs, et modératrice, et qui prend l’avis des autres. Une juste alliance y règne entre l’esprit conservateur et l’esprit d’initiative. Il faut marcher, mais il ne faut pas courir trop vite : "S’il est vrai que tout progrès comporte avec lui des inconvénients, dit le P. Lhande — le progrès purement positif est un mythe, — est-on bien sûr que la somme des bénéfices surpasse, en nombre et en valeur, la somme des dommages ? Qu'on y prenne garde : souvent, le progrès, dans sa course triomphale, écrase une pauvre chose. On dit : "Ce n’est rien. Qu’est cela auprès de ceci ?" Et ce petit rien, une fois détruit, manque si bien au monde que le monde cherche en vain à le remplacer."
Qui pourrait remplacer au foyer basque ce sentiment profond de l’autorité, cette vitalité de la tradition, ce respect de la femme, cette application de chacun à sa tâche, dans un rythme de coordination de tous les efforts, cet apprentissage de la vie du père ou de la mère qui sera la vie du fils ou de la fille, toutes ces mœurs pures, patriarcales et religieuses qu'évoque le P. Lhande, en de si simples et si belles images, quand il suit, de l’aube au soir, au travail, à table, à la chasse, au jeu, à la veillée, une famille de ses paysans basques ?
Regardons avec lui ces joueurs de pelote. Il est midi : "... Soudain, au plus fort du jeu, du haut de la vieille tour d’ocre, une rumeur grave et solennelle vient à tomber. C’est l'Angélus. Aussitôt, la balle expire dans le berceau du gant d’osier. Le bras tendu dans un effort menaçant s’abaisse désarmé, et cet homme qui tout à l’heure n’a pas condescendu aux bravos jusqu’à saluer obséquieusement la foule comme ferait un ténor d’opéra, cet homme qui ne se découvre que devant son Dieu, vient d’abattre son béret. Il prie. Il prie comme ii a joué tout à l’heure, sans forfanterie et sans phrase, noblement, simplement."
Là. est le secret de la force du peuple basque. C’est un peuple qui prie. Chez le paysan basque, l’idée religieuse s’inspire surtout du sentiment de l’autorité : Dieu est pour lui "le Seigneur du ciel". Avant de donner le premier coup de faux dans la moisson, avant d’entamer le pain, le laboureur de la Soule fait le signe de la croix. De blanches chapelles luisent sur les hauteurs, et, certains jours, les pèlerins affluent à Sainte-Barbe, Sainte-Madeleine, Saint-Antoine, Saint-Grégoire, comme à Sainte-Engrace ou à l’Hôpital-Saint-Blaise. Les. Basques aiment leurs églises ; ils aiment leurs prêtres et les prennent pour conseillers. Ils considèrent comme un honneur de donner leurs fils au sacerdoce.
PIERRE LHANDE |
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