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vendredi 8 septembre 2023

L'HISTOIRE DE LA DIGUE DU ROCHER DE LA VIERGE À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième et dernière partie)

 

LA DIGUE DU ROCHER DE LA VIERGE À BIARRITZ.


Dès 1871, la première partie de la digue du Rocher de la Vierge est construite à Biarritz.


pays basque autrefois rocher digue labourd
ROCHER DE LA VIERGE ET DIGUE BIARRITZ
LITHOGRAPHIE KILLINGER ET FRAIVRET



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basquele 25 février 1922 :



"La digue du Rocher de la Vierge.


... Situation actuelle de la digue, à la suite des avaries occasionnées par les tempêtes de l’hiver 1918-1919.


Telle qu'elle était établie, la digue comprenait un massif en maçonnerie ou béton, à section trapézoïdale, fondé à des côtes variables mais toujours au-dessus des plus basses mers, sur une infrastructure en blocs artificiels de 15 mètres cubes. 


Les difficultés rencontrées dans sa construction avaient conduit, pour la première partie de l’ouvrage de 66 mètres de longueur — celle qui s'étend entre le rond-point actuel de la Vierge et le coude que présente le tracé, et sur laquelle se sont produites les avaries — à mettre les blocs artificiels en face, non à l’aide de pontons flottants, ces derniers s’étant montrés inutilisables en raison de l’agitation de la mer, mais par un chemin de fer de service, prolongé de proche en proche au fur et ù mesure de la construction sur la crête de la digue. Les blocs étaient lancés en avant dans la belle saison d’une hauteur de 12 à 15 mètres ; ils prenaient un état d’équilibre provisoire, puis, quand venaient les tempêtes de l'automne et de l'hiver, cet équilibre était rompu ; les blocs se tassaient et se déplaçaient, les talus s’allongeaient, la maçonnerie supérieure qui avait été établie pour supporter le chemin de fer était disloquée et divisée en fragments qui venaient remplir les vides entre les grands blocs. A la fin de l’hiver, la portion de jetée construite dans la campagne précédente n’existait plus que dans les parties basses, mais elle formait alors une fondation solide sur laquelle on pouvait élever, dans une seconde campagne, les nouvelles maçonneries destinées à former le corps de la digue. 


Avant que les avaries surviennent, le corps de la digue présentait en section normale un couronnement d’environ 5 mètres 75 de largeur, établi à l’origine de la digue à la côte (plus 8.60) présentant ensuite une pente de 0.015. Le talus côté port (ou côté est) était incliné à peu près 1/1 ; il présentait une brisure à sa partie supérieure. Quant au talus côté large, sa pente était variable suivant le profil, sans d’ailleurs que la variation soit régulière. Presque vertical près de l’origine, il était incliné à 1 de base pour 1.6 de hauteur au profil 5, à 1 de base pour 1,4 de hauteur au profil 9. On remarquera qu’au contraire de ce qui serait naturel l’empattement de la digue était ainsi d autant plus large que le relief de l’ouvrage était moins accentué. 


La constitution du corps de la digue s’est révélée peu homogène. En raison du mode même de construction, tel que nous l’avons exposé plus haut, les parties de la superstructure comprises entre le niveau des plus basses mers (0,00) et celui des pleines mers moyennes (environ plus 4,00), parties les plus exposées, sont constituées par un enchevêtrement de blocs artificiels ou de fragments de maçonnerie, entre lesquels on a coulé du béton, mais sans réussir à former un ensemble compact et résistant. En sorte que lorsque sous l’action des coups de mer des blocs de l’infrastructure sont entraînés ou déplacés, ils produisent dans la fondation des vides qui se traduisent dans le corps de la digue par des brèches ou cassures. Il s'ensuit des dislocations dans la partie supérieure et les fragments de maçonnerie ou de béton qui sont ainsi formée ne tardent pas à être entraînés par les lames. 


Les avaries occasionnées par les tempêtes de l’hiver 1918-1919 se sont produites de la même façon. Sur une longueur d’environ 50 mètres, c'est-à-dire sur presque toute la première partie de la digue entre le rond-point et le coude du tracé, le corps de la digue a été attaqué du côté du large (côté ouest). 



Intérêt qui s’attache à la réparation de la digue.


Dans son état actuel, la digue ne parait cependant pas immédiatement menacée. Construite en excellents matériaux, ses avaries ont donné naissance à des fragments de gros volume, susceptibles d’offrir par eux-mêmes une bonne tenue et qui, dispersés du côté du large au pied de ce qui reste de la digue, constituent pour cette dernière un commencement de protection. Il serait toutefois imprudent d'attendre plusieurs années pour réparer les avaries ; on risquerait tout au moins, sinon de voir l’ouvrage complètement démoli, du moins de voir la dislocation s’étendre et les réparations devenir de ce fait plus importantes et plus coûteuses. 


Or, si la digue n’a plus d’intérêt au point de vue de la pêche et du pilotage, le Port-Neuf étant complètement abandonné, elle n’en constitue pas moins une excellente protection tant pour le promenoir réputé du Rocher de la Vierge que pour le promontoire de l'Atalaye.



pays basque autrefois digue port labourd
ESCALIER A LA DIGUE DU PORT NEUF BIARRITZ 1909
PAYS BASQUE D'ANTAN

À ce titre seul, elle mérite d’être soigneusement conservée. De plus, l’aspect d’un ouvrage disloqué et en ruines, dans un des plus jolis sites de toute la Côte Basque, est fait pour choquer les yeux des hôtes selects de Biarritz et c’est là un autre motif qui milite en faveur de la restauration de la digue.


Il résulte de ce qui précède que la restauration de la digue (si restauration il y a) incombera à la Ville qui a accepté la remise qui lui en fut faite. 


Sans entrer dans le détail d’un projet de réfection, on peut évaluer la dépense à première vue à 400 000 francs. 


L’Administration Municipale justement soucieuse de cette situation, se préoccupa, il y a un an environ, d’y porter remède ; elle fit appel dans ce but au Touring-Club qui se refusa à contribuer à cette œuvre qui, cependant, rentrait admirablement dans le cadre de ses attributions. 


D’autre part, l'Etat, dans les termes même du rapport qui concluait à la remise de la digue à la Ville, indiquait très nettement que c’est à elle uniquement que devait incomber dans l’avenir, la remise en état et l’entretien de cet ouvrage. 


On comprendra dès lors qu’il soit assez difficile pour le moment d’envisager une pareille dépense. 


Le Service des Ponts et Chaussées estimait avec raison en 1919, qu’il n’y avait pas un danger imminent à attendre pour exécuter les réparations. Il ajoutait cependant qu’il serait imprudent d’attendre plusieurs années sous peine de risquer, sinon de voir l’ouvrage complètement démoli, du moins de voir la dislocation s’étendre et les réparations devenir, de ce fait, plus importantes et plus coûteuses. 


II semble bien qu’il y ait un peu d’exagération dans cette façon de voir qui ne tendrait à rien moins qu'à laisser supposer qu’à un moment quelconque le terre-plein du Rocher de la Vierge pourrait être en danger. 


Il suffit de se rendre sur les lieux pour constater que l’amorce de la digue, en partant du terre-plein de la Vierge s'est conservé depuis le rapport des Ponts et Chaussées en parfait état. 


II faut reconnaître d'autre part que la partie qui suit en arc de cercle a été à peu près complètement démolie. 


Cette situation tient évidemment à ce que cette dernière partie reçoit de face le choc direct des lames, tandis que l’amorce qui part du rond-point se trouve presque parallèle à la direction des vagues. 


En résumé, rien dans l'établissement des ouvrages qui ont été suivis de très près par le service compétent, ne permet de croire qu’il y ait péril en la demeure. Il paraît donc conforme aux intérêts de la Ville d’attendre tout au moins que le prix des matériaux se modifie et permette d’envisager une dépense que les conditions actuelles rendent prohibitives. 


Ceci vise l'hypothèse d’une réfection de la partie droite, la seule intéressante. 


Mais, au lieu d’envisager la réfection d’un seul coup, il serait probablement plus indiqué de voter un crédit annuel de quelques milliers de francs qui permettraient de fabriquer en morte saison des blocs artificiels, que l’on immergerait une fois secs. Ce serait là un entretien peu onéreux et parfaitement suffisant pour protéger de façon très efficace ce qui reste de la digue. 


Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, mes sentiments les meilleurs. 


Louis Fitte."











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